- Caroline de Sury (OSV News, Paris). Face au projet de loi controversé sur la "mort assistée", les évêques catholiques français ont lancé une campagne publique d'une ampleur sans précédent, exhortant les catholiques à s'opposer au projet de loi.
Le projet de loi, défendu par le président Emmanuel Macron, doit faire l'objet d'un vote clé à l'Assemblée nationale le 27 mai et au-delà.
Les évêques ont appelé tous les catholiques de France à prendre des mesures personnelles pour interpeller leurs représentants au Parlement qui s'apprêtent à voter sur le projet de loi.
Désormais séparés : les soins palliatifs et l'aide à la mort
En juin 2024, un précédent projet de loi en faveur de la euthanasieLe projet de loi sur la "fin de vie" était sur le point d'être adopté à Paris. Macron, à l'origine du projet de loi, l'a qualifié de "fin de vie".loi de fraternité". Mais le 9 juin, le président a décidé de dissoudre l'Assemblée nationale et tous les processus législatifs en cours ont été interrompus.
En janvier, le nouveau Premier ministre catholique, François Bayrou, a demandé que les questions des soins palliatifs et de l'aide à la mort, qui étaient auparavant réunies dans le même projet de loi sur la fin de vie, soient examinées par le Parlement dans le cadre de deux textes distincts. Depuis le 9 avril, la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale examine donc deux projets de loi distincts.
Alors que le projet de loi en faveur de la les soins palliatifsAlors que l'autre proposition de loi, qui garantit l'accès de tous les patients aux soins de fin de vie, fait l'objet d'un large consensus, l'autre proposition de loi, qui demande la légalisation de l'aide médicale à mourir, suscite de profondes divisions au sein des partis politiques français.
Évêques : opposition à la réforme
Les évêques sont fortement mobilisés sur la question de l'aide à mourir depuis plus d'un an. Cela fait des années qu'un problème de société ou un projet de réforme ne les a pas mobilisés à ce point", notait "Le Monde" le 19 mars.
"Par le biais d'interviews, d'articles d'opinion et d'interventions dans des émissions de télévision et de radio à des heures de grande écoute, le clergé se mobilise pour exprimer son opposition claire et sans équivoque à la réforme voulue par Emmanuel Macron."
"Le choix de tuer et d'aider à tuer n'est pas un moindre mal.
Ces dernières semaines, les évêques français ont intensifié leurs efforts pour appeler les parlementaires à s'opposer à l'introduction du projet de loi sur le "droit de mourir".
Le 6 mai, le président sortant de la Conférence des évêques de France, l'archevêque de Reims, Éric de Moulins-Beaufort, a réagi aux commentaires de M. Macron sur le projet de loi relatif à l'aide à mourir. La veille, Macron s'était adressé aux francs-maçons de la Grande Loge de France, qualifiant l'aide active à mourir de "moindre mal".
"Non, Monsieur le Président, le choix de tuer et d'aider à tuer n'est pas un moindre mal", a répondu Mgr Moulins-Beaufort. "C'est tout simplement la mort. Il faut le dire sans mentir et sans se cacher derrière les mots. Tuer ne peut être le choix de la fraternité ou de la dignité. C'est le choix de l'abandon et du refus d'aider jusqu'au bout. Cette transgression pèsera lourd sur le les membres les plus vulnérables et les solitaires dans notre société".
"Pas de pseudo-solidarité pour les faire disparaître".
De son côté, l'archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay, a lancé un appel aux parlementaires dans un communiqué du 12 mai : "Il faut des hommes politiques qui aient le courage d'aller à contre-courant" et qui "aient le courage de dire non à une pseudo-solidarité qui reviendrait à dire aux personnes âgées qu'on peut les aider à disparaître".
Opposition conjointe des chefs religieux
Le 15 mai, les responsables religieux français, catholiques, juifs, musulmans, protestants, orthodoxes et bouddhistes, ont publié leur première déclaration commune d'opposition à la proposition de loi. Signée par Mgr Moulins-Beaufort et publiée par la Conférence épiscopale, cette déclaration commune dénonce les "graves dérives" et le "changement radical" qu'entraînerait l'introduction de la proposition de loi sur l'"aide à mourir".
Le lendemain, dans le quotidien catholique "La Croix", l'archevêque de Tours, Vincent Jordy, vice-président de la Conférence épiscopale, explique les raisons de l'opposition de l'Eglise au projet de loi.
Un Français sur deux ne bénéficie pas de soins palliatifs
"Nous aidons vraiment les gens à mourir lorsque nous les accompagnons jusqu'à la fin de leur vie", a-t-il déclaré. "Le manque de soignants est patent, et un Français sur deux pourrait dire qu'il n'a toujours pas accès à des soins palliatifs de qualité, dont on sait qu'ils réduisent les demandes de mort dans la grande majorité des cas", a-t-il ajouté.
Les paroisses de France
Le 17 mai, les législateurs ont approuvé un amendement au projet de loi qui sera voté le 27 mai, créant un nouveau "droit de mourir assisté". Ils ont refusé d'utiliser les termes "euthanasie" - car "il a été utilisé à partir d'octobre 1939 par Hitler et les nazis" - et "suicide", afin d'éviter toute confusion avec la prévention du suicide telle qu'elle a été communément comprise jusqu'à présent.
Le 18 mai, les paroisses de toute la France ont distribué des affiches et des tracts pendant les messes dominicales, qui ont également été diffusés sur les comptes de médias sociaux des diocèses et des paroisses. Les paroisses ont ainsi renforcé la campagne des évêques pour s'opposer au projet de loi. Les évêques ont expressément demandé aux fidèles catholiques de contacter personnellement leurs représentants.
"Ne restons pas silencieux".
"Ne restons pas silencieux", ont-ils insisté. "Disons non à la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté. ... S'il était adopté le 27 mai, ce projet de loi, l'un des plus permissifs au monde, menacerait les plus vulnérables et remettrait en cause le respect dû à toute vie humaine".
Cependant, trois jours plus tard, le 21 mai, les députés de l'Assemblée nationale ont adopté l'article définissant les contours de la procédure de demande d'assistance en cas de décès, qui sera accessible même à ceux qui n'ont pas encore eu accès aux soins palliatifs.
Veillée et témoignages
Le même soir, 12 évêques de la région parisienne ont participé à une veillée et écouté des témoignages en faveur de la vie à la cathédrale Notre-Dame de Paris.
A l'Assemblée nationale, le débat s'est poursuivi jusqu'au 25 mai, avant le vote formel du 27 mai.
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Caroline de Sury écrit pour OSV News depuis Paris.
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Cet article est une traduction d'un article publié initialement dans OSV News. Vous pouvez trouver l'article original ici ici.