L'élection du successeur de saint Pierre ne vise pas seulement à doter l'Église particulière de Rome d'un évêque, mais aussi à donner un berger à l'Église universelle, puisque le successeur de ce pêcheur martyrisé sur la colline du Vatican devient "Vicarius Christi", titre qui lui confère la primauté, à la fois en honneur et en juridiction, sur l'Église du Christ, exerçant sur l'Église un "Vicarius Christi". "le pouvoir plein, suprême et universel". (LG 22). La base de cette juridiction (Jn 21, 15-17) et les notes qui la caractérisent confirment la promesse faite par Jésus en Mt 16, 18-19 et c'est la voie sur laquelle je vais essayer de guider ces lignes.
Prier pour le pape décédé et prier pour le pape élu
Au cours de la NovendialiLes chrétiens implorent Dieu de "qui a été le pasteur de toute l'Église, qu'il jouisse éternellement au ciel des mystères de la grâce et du pardon qu'il a fidèlement administrés sur la terre" (1). (cf. Missel romain. Messes pour les défunts IV. Pour un Pape. Prière de collecte) et maintenant, à la fin de cette période, la supplication prend un tour particulier, nous prions pour un nouveau Pape, pour un nouvel homme de Dieu qui relèvera le défi de conduire son troupeau, qui s'abandonnera totalement à la Providence pour accomplir une tâche au nom du Pasteur Suprême, du Grand Prêtre Éternel.
Nous prions avec insistance pour un berger qui réponde à la multiplicité des éléments qui caractérisent les temps modernes, un homme qui sache continuer la marche de la barque de Pierre, de l'Église ; un homme qui donne une continuité au projet de Jésus au milieu du monde ; un berger qui sache accompagner, guider et être avec les brebis qui lui sont confiées malgré les difficultés que comporte cette charge et qui, sans mérite propre, mais par pure Grâce, sache surmonter les défis et faire resurgir le Royaume de Dieu au milieu du monde ; un homme qui soit présent avec son témoignage de vie sans oublier que "Nous existons pour enseigner Dieu aux hommes". (Benoît XVI. Homélie 24 avril 2005), et donc avec sa charité et la clarté de sa doctrine pour que nous tous, pasteurs et fidèles, au terme de notre pèlerinage terrestre, puissions rendre gloire à Dieu éternellement au Ciel.
Nous prions pour un pasteur qui vous aime "pour la sainteté de sa vie et qu'il nous favorise par son zèle pastoral vigilant". (cf. Missel romain. Pour l'élection du pape ou de l'évêque. Messes et prières pour divers besoins et circonstances, n. 4).
Un pouvoir fondé sur l'amour
Comme vous pouvez le constater, l'évêque de Rome, le pape (Petri Apostoli Potestam Accipiens, c'est-à-dire celui qui reçoit l'autorité de l'apôtre Pierre)Il a une grande mission, qui ne peut être exercée qu'avec l'assistance de l'Esprit divin et non par ses propres mérites. Ce pouvoir a une note caractéristique : l'amour. En fait, presque en note homilétiqueA la lumière du passage de Jn 21, 15-17, nous découvrons la grandeur de l'amour dans l'exercice de l'autorité du Pasteur de l'Eglise universelle. Pierre nie avoir connu Jésus à trois reprises pendant les heures de la Passion (cf. Mt 26, 67-75. Mc 14, 66-72. Lc 22, 54-62. Jn 18, 15-18. 25-27) et Jésus, une fois ressuscité, interroge Pierre le même nombre de fois sur une chose, sur ce qui était, est et reste important pour Jésus : l'amour.
En ces jours où il semble que le critère de choix soit la capacité de dialogue, la ligne doctrinale, l'aspect de continuité, l'unité, le fait d'être issu d'une ligne de formation ou d'une autre, l'attrait de la personne ou la facilité de connexion avec les différentes réalités ecclésiales, ce qui intéresse vraiment Jésus et devrait nous intéresser tous, c'est la capacité d'amour, la profondeur de la relation avec le Maître car, seuls ceux qui ont su se connecter à Jésus à travers leur proximité avec Lui, sont capables d'affirmer avec une conviction radicale : "Dominus est" ("C'est le Seigneur"), comme l'a dit le disciple que Jésus aimait (Jn 21, 7).
L'histoire de la La triple confession de Pierre présente quelques curiosités qui méritent notre attention et, sans vouloir épuiser la richesse du texte, il vaut la peine de les mentionner. Tout d'abord, le type de gradualisme de la question de Jésus, le fait que si les deux tournent autour de l'amour ("ἀγαπᾷς με"), le premier d'entre eux suppose un élément relationnel, non seulement s'il aime Jésus, mais si cet amour au sujet duquel il est interrogé est plus grand que celui des autres, "plus que ces ("ἀγαπᾷς με Πλέον τούτων" ─ Diligis me plus his ?).
La réponse de Pierre à l'amour semble ne pas être à la hauteur, Pierre répond à l'amour par l'affection, Pierre répond à l'expérience de l'amour par le désir, et pourtant Jésus lui confie ce qu'il a, son troupeau. Mais ce troupeau apporte aussi une distinction qui est perçue dans la traduction grecque, avant la réponse à la question relationnelle : Jésus confie son troupeau à Pierre. agneaux: "βόσκε τὰ ἀρνία μου", mais à la seconde question, Jésus confie son mouton: "Ποίμαινε τὰ προβάτιά προβάτιά προβάτιά μου".
A l'aspect relationnel, Jésus confie les petits, ceux qui connaissent une croissance accélérée qui détermine toute leur existence, comme les agneaux, les brebis qui, dans les premiers mois de leur vie, se caractérisent par un pelage doux, de petites cornes et un aspect général tendre et délicat ; ce qui n'est pas le cas des brebis, qui connaissent une croissance lente pour devenir des animaux plus grands et plus robustes, avec un pelage et des cornes plus épais et plus rugueux.
Enfin, Jésus, comme dans le incarnationLe fait que Pierre ne prenne pas la mesure de la gradualité de sa réponse pour qu'elle corresponde à la réalité et aux faiblesses humaines de sa propre vie et qu'il ne prenne pas la mesure de la gradualité de sa réponse pour qu'elle corresponde à la réalité et aux faiblesses humaines de sa propre vie. eodem sensu et adequem sententiac'est-à-dire dans le même sens et dans le même sentimentJésus descend alors la gradualité de sa question et l'interroge sur ce qu'il a répondu : " ... ".φιλεῖς με"c'est-à-dire "Tu m'aimes ?".
La grandeur de cette expérience avec Jésus a déjà été soulignée par le Pape Jean XXIII lorsqu'il a dit que "Le successeur de Pierre sait que dans sa personne et dans son action, c'est la loi de la grâce et de l'amour qui soutient, vivifie et orne tout ; et face au monde entier, c'est dans l'échange d'amour entre Jésus et lui, Simon Pierre, fils de Jean, que la sainte Église trouve son appui comme sur un support invisible et visible : Jésus, invisible aux yeux de la chair, et le Pape, Vicaire du Christ, visible aux yeux du monde entier".. Le pape a poursuivi : "Ayant pesé ce mystère d'amour entre Jésus et son Vicaire (...), ma vie doit être tout amour pour Jésus et en même temps une effusion totale de bonté et de sacrifice pour chaque âme et pour le monde entier". (Journal de l'âme, ce qui fait vivre Pierre).
Faisons confiance à l'action de Dieu qui agit en son temps et que les temps de difficultés et d'épreuves sont le prélude à des temps de gloire, de joie, de vie en, avec et pour Dieu. L'Eglise du Seigneur n'est pas en marge de cela, il n'est pas opportun de la soutenir selon nos critères, laissons l'Esprit agir, laissons le Pasteur Suprême choisir celui dont l'Eglise a besoin pour les temps présents et que, reprenant les mots du Pape Benoît XVIdans notre prière, faites-nous savoir que "L'une des caractéristiques fondamentales du berger doit être d'aimer les personnes qui lui sont confiées, comme le Christ, au service duquel il se trouve, aime. Nourrir signifie aimer, et aimer signifie donner aux brebis le vrai bien, la nourriture de la vérité de Dieu, de la Parole de Dieu, la nourriture de sa présence". (Benoît XVI, Homélie 24 avril 2005).