Monde

Critique du rapport Sauvé en France

Les critiques mettent en cause les "faiblesses méthodologiques et les analyses parfois douteuses" du rapport CIASE. Le geste des académiciens démissionnaires aurait incité le Vatican à reporter une rencontre entre le pape et les membres de la commission Sauvé, initialement prévue le 9 décembre.

José Luis Domingo-3 décembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Après le choc des révélations de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église) sur le nombre exhorbitant d'abus sexuels (plus de 300 000) sur des mineurs dans l'Église depuis 1950, près de deux mois plus tard, les critiques émergent lentement. 

Tout a commencé au début de la semaine. Huit membres éminents de l'Académie catholique de France, créée en 2009 pour assurer une meilleure visibilité de la "production intellectuelle liée (...) au catholicisme", ont adressé une lettre d'une quinzaine de pages à Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, et à Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique en France, représentant direct du pape. Le document est signé par de nombreux membres de la direction de l'Académie, dont Hugues Portelli (président), Jean-Dominique Durand et Yvonne Flour (vice-présidents) et Jean-Luc Chartier (secrétaire général).

Tout d'abord, le document dénonce une évaluation discutable du nombre de victimes, puisque deux études ont été réalisées qui ont donné des résultats très différents : 27 000 victimes au maximum par les chercheurs de l'EPHE (École Pratique des Hautes Études) en extrapolant des données d'archives et d'enquêtes, et 330 000 par les chercheurs de l'INSERM à partir d'une enquête sur Internet auprès de 24 000 personnes, à laquelle 171 personnes avaient répondu qu'elles avaient été abusées, soit une extrapolation très discutable en 330 000.330 000 par des chercheurs de l'INSERM à partir d'une enquête sur internet auprès de 24 000 personnes, à laquelle 171 personnes avaient répondu qu'elles avaient été abusées, qui est devenue 330 000 par une extrapolation très discutable lorsqu'elle a été étendue à la population adulte nationale. Ce chiffre de 330 000 a été le seul retenu et l'étude de l'EPHE a été écartée sans explication. À partir de ce chiffre énorme, le CIASE a pu avancer une explication basée sur la nature "systémique" de la peste, inhérente à la nature et au fonctionnement de l'"institution" de l'Église.

Depuis lors, les recommandations les plus radicales ont été formulées, remettant en cause la nature spirituelle et sacramentelle de l'Église catholique, lui attribuant une image de corruption intrinsèque. Ainsi, les "recommandations" demandaient une "révision" de la confession, de l'absolution, de la morale sexuelle catholique, de "la constitution hiérarchique de l'Église", de "la concentration des pouvoirs d'ordre et de gouvernement entre les mains d'une seule personne", mais aussi d'invoquer la responsabilité civile et sociale de l'Église en raison du caractère "systémique" de ce fléau (alors même que la consultation de spécialistes juridiques de la question les en avait dissuadés), d'abolir le secret de la confession, etc.

Des dissensions ont déchiré l'Académie catholique ces derniers jours à la suite de ces critiques, qui mettent en cause les "faiblesses méthodologiques et les analyses parfois douteuses" du rapport CIASE. Bien que le document n'ait pas été présenté comme la position officielle de l'Académie mais comme l'opinion personnelle de certains de ses membres, plusieurs membres de l'Académie ont démissionné de l'institution. Eric de Moulins-Beaufort lui-même, président de la Conférence des évêques de France, et Sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref). Ce nouveau document disqualifie la position qu'ils avaient précédemment prise publiquement, d'acceptation sans réserve des conclusions du CIASE.

Cependant, l'initiative des universitaires protestataires n'est que la pointe d'un mouvement plus large de critique du rapport Sauvé. Une vague qui atteint les plus hauts niveaux de l'Église. Selon certains médias, le geste des huit universitaires aurait conduit à l'ajournement de la conférence de presse. sine die Le Vatican a annulé une rencontre entre le Pape et les membres de la Commission Sauvé initialement prévue le 9 décembre en raison de problèmes d'agenda du Pape, a-t-on appris.

Au milieu de ce climat confus, l'Église de France a récemment reçu avec consternation la démission de l'archevêque de Paris, Michel Aupetit, à la suite d'une fuite intentionnelle dans la presse d'une accusation d'irrégularités de gouvernement et d'avoir eu des relations intimes avec une femme il y a neuf ans. L'archevêque Aupetit a nié ces allégations.

Le pape François a accepté la démission de Mgr Michel Aupetit de sa charge pastorale à la tête de l'archidiocèse de Paris, jeudi 2 décembre. A son tour, le Saint-Père a nommé Mgr Georges Pontier, archevêque émérite de Marseille, administrateur apostolique de Paris.

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Retrouver une valeur morale dans la société

Il est important de créer ou de favoriser des élites intellectuelles, des groupes de personnes jouissant d'un certain prestige, d'une certaine reconnaissance et d'une certaine influence dans leur domaine, qui servent de points de référence dans les ordres de la vie sociale, afin de reconstruire le modèle culturel européen.

3 décembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Il est provocateur de parler de leadership intellectuel maintenant que la pensée unique est la norme et que ceux qui prétendent avoir leur propre voix sont mal vus parce qu'ils sont censés mettre en danger la cohésion sociale.

Il est curieux de constater que ce sont précisément ceux qui se plaignent que l'Église unifie les pensées et empêche la liberté, qui insistent pour soumettre par tous les moyens les citoyens à l'uniformité d'une pensée unique, d'idéologies fermées et globales, totalitaires.  

En Espagne, le slogan par excellence de la gauche moralisatrice, qui accepte les dogmes sans fondement ni analyse, est que la gauche est moralement supérieure à une droite immorale par nature et égoïste, ainsi que fasciste, un terme fourre-tout.

À partir de cette supériorité supposée, un projet élaboré d'ingénierie sociale est mis en branle : déconstruction de la famille, abolition du mérite et de l'effort, manipulation du langage, libre disposition de la vie (avortement et euthanasie), déformation de l'histoire, manipulation de l'éducation, auto-assignation de genre et bien plus encore. Celle-ci, continuellement martelée dans les médias populistes, finit par intérioriser et façonner un modèle culturel (Goebbels dixit).

Il y a peu de temps, le concept du "piège de Thucydide" a été inventé pour expliquer que lorsque l'hégémonie d'une puissance dominante (la gauche) est contestée par une puissance émergente (la droite), il y a une forte probabilité qu'une guerre éclate entre les deux. Cette guerre a éclaté : la bataille de la culture, une grande chance, car on affirme son être face à la volonté de l'autre et on doit affiner et étayer ses vues.

Pour mener à bien cette tâche, il est important de créer ou d'encourager les élites intellectuelles, des groupes de personnes ayant le prestige, la reconnaissance et l'influence dans leur sphère, agissant comme des points de référence dans les ordres de la vie sociale, afin de reconstruire le modèle culturel européen fondé sur la pensée grecque, le droit romain prolongé, le cas échéant, par la tradition judéo-chrétienne, la révélation, la raison complétée par la foi.

Cette insubordination à la supposée supériorité intellectuelle de la gauche est déjà en cours. Ce n'est pas un hasard si des groupes d'opinion apparaissent spontanément, groupes de réflexion ou de simples talk-shows, engagés dans cette tâche. Une tribu d'écrivains, jeunes pour la plupart et travaillant dans les médias numériques, fait également entendre sa voix et ses opinions. Curieusement, ce sont tous des mouvements populaires, spontanés, émergeant de la société, en dehors de toute subvention et reconnaissance officielle.

Le monde de la fraternité ne peut pas être un simple spectateur dans cette bataille culturelle, bien qu'il existe encore des fraternités dans lesquelles quiconque ose sortir de la pensée commune dictée par les leaders autoproclamés de la tribu est marginalisé. Mais lorsque l'individu assume comme vraie la supériorité morale de la gauche et considère qu'il n'y a que quelques idées moralement acceptables, une seule étiquette de bon citoyen, ou de bonne fraternité, accordée par les hiérarques, il renonce à son autonomie morale, fondamentale pour fonder toute société libre et éviter de tomber dans la "kakistocratie", le gouvernement du pire, dans la société et dans la fraternité.

Il existe encore des confréries qui continuent à se réfugier exclusivement dans le traditionnel comme valeur sûre ; mais ce n'est pas la voie à suivre. Les confréries, qui sont appelées à "sanctifier le monde de l'intérieur" (LG. n. 31 ; CIC c. 298), ils ne peuvent se soustraire à la bataille des idées en se rendant soi-disant imperméables aux changements culturels, en arguant qu'ils sont dans une autre sphère, que la politique n'est pas leur affaire, en se réfugiant dans la tradition et une mauvaise compréhension de la piété populaire. Cette approche est fatale à moyen terme, car les confréries ne peuvent remplir leur mission que dans une société libre.

L'éthique du Grand Inquisiteur (Dostoïevski) part du principe que les citoyens sont incapables de supporter le poids de leur propre moralité et de leur liberté et qu'il faut leur fournir des modèles uniformes, sous la forme d'idéologies totalitaires. Adopter une telle approche et tenter d'annuler la liberté que le Christ a conquise pour nous est fatal pour la société et pour les confréries. Il est urgent de mener la bataille culturelle à partir de la "supériorité morale" et les confréries, constituées en élites intellectuelles, doivent être impliquées dans cette entreprise.

L'auteurIgnacio Valduérteles

Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.

Vatican

"Nous avons besoin d'une Église fraternelle et patiente", déclare le pape à Chypre

La première chose que le Pape a faite à Chypre, au début de son 35ème voyage apostolique international dans le pays chypriote et en Grèce, a été d'embrasser la communauté catholique, qu'il a louée pour son "accueil, son intégration et son accompagnement", et de regarder le "grand apôtre Barnabé".

Rafael Miner-2 décembre 2021-Temps de lecture : 8 minutes

Le Saint-Père a défini le voyage apostolique à Chypre et en Grèce comme un "pèlerinage aux sources". C'est le troisième cette année (après l'Irak et Budapest/Hongrie et Slovaquie), et il suit les traces de Benoît XVI (2010) et de saint Jean-Paul II (2001) sur ces terres. Il y a cinq jours, jusqu'au lundi 6, avec neuf discours, deux homélies et un Angelus. Ce sont les chiffres qui marquent le voyage du Pape dans deux pays à forte majorité orthodoxe et dont les eaux donnent sur la Méditerranée, autre grand protagoniste de ce voyage.

Dans le vol à destination de Nicosie, le souverain pontife a déclaré aux journalistes : "C'est un beau voyage, mais nous allons toucher des blessures". Il n'y avait pas besoin de trop de conjectures, car le Saint-Père, avant de quitter Santa Marta, avait salué quelques réfugiés accompagnés du cardinal Konrad Krajewski. Il s'agissait d'immigrants, résidant désormais en Italie, originaires de Syrie, du Congo, de Somalie et d'Afghanistan, qui s'étaient rendus à Lesbos, où le pape se rendra dimanche. Certaines ont été apportées par François lui-même en 2016.

Après la réception officielle à l'aéroport de Larnaca, avant même la cérémonie d'accueil au Palais présidentiel de Nicosie, la première rencontre du Pape à Chypre a été celle avec la communauté catholique : prêtres, religieux, diacres, catéchistes, associations et mouvements ecclésiaux, dans la cathédrale maronite de Notre Dame de Grâce.

Orthodoxes, frères dans la foi

Nous allons maintenant résumer le premier message du pape François concernant l'apôtre Barnabé. Tout d'abord, il convient de rappeler que le Saint-Père, quelques jours avant son départ, a communiqué dans une message vidéo "La joie" de visiter "ces terres magnifiques, bénies par l'histoire, la culture et l'Évangile", sur les traces de "grands missionnaires", comme "les apôtres Paul et Barnabé".

"Pèlerinage aux sources", a dit François comme un point clé. " La première est la fraternité, " si précieuse " dans le contexte du parcours synodal. "Il y a une 'grâce synodale', une fraternité apostolique que je désire tant et avec beaucoup de respect : c'est l'attente de visiter les bienheureux Chrysostomos et Ieronymos, chefs des Églises orthodoxes locales. En tant que frère dans la foi, j'aurai la grâce d'être reçu par vous et de vous rencontrer au nom du Seigneur de la Paix".

Ce vendredi à Nicosie, le Pape rendra visite à Sa Béatitude Chrysostomos II, l'Archevêque orthodoxe de Chypre, au Palais de l'Archevêque, suivi d'une réunion avec le Saint Synode dans la cathédrale orthodoxe de Nicosie, à laquelle le Pape François adressera un discours.

Samedi, en Grèce, le Pape saluera également Sa Béatitude Ieronymos II, Archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, à l'Archevêché orthodoxe de Grèce, où une rencontre aura lieu dans la salle du trône de l'Archevêché, et le Pape prononcera un autre discours.

Sur les traces du "grand apôtre Barnabé".

Le "petit troupeau catholique", minoritaire à Chypre et en Grèce, a été le premier à recevoir une accolade du Pape, après le salut du Cardinal Béchara Boutros Raï, Patriarche d'Antioche des Maronites, qui a évoqué l'écho de la présence millénaire des Maronites sur l'île. "La migration du Liban a eu lieu au 8e siècle, bien avant l'arrivée des Croisés (1192)", a-t-il rappelé.

"Je suis heureux d'être parmi vous. Je tiens à exprimer ma gratitude au cardinal Béchara Boutros Raï pour les paroles qu'il m'a adressées et à saluer avec affection le patriarche Pierbattista Pizzaballa", a commencé le discours du Pape.

Merci à tous pour votre ministère et vos services. [...]. "Je partage ma joie de visiter cette terre, en marchant comme un pèlerin sur les traces du grand apôtre Barnabé, fils de ce peuple, disciple amoureux de Jésus, intrépide annonciateur de l'Évangile", a-t-il ajouté. Un apôtre qui, "passant par les communautés chrétiennes naissantes, voyait la grâce de Dieu à l'œuvre et s'en réjouissait, exhortant "tous à rester unis au Seigneur avec fermeté de cœur"".

"Je viens avec le même désir", a poursuivi le Saint-Père. " Voir la grâce de Dieu à l'œuvre dans votre Église et dans votre pays, me réjouir avec vous des merveilles que le Seigneur opère et vous exhorter à persévérer toujours, sans vous fatiguer, sans jamais perdre courage ". Je vous regarde et je vois la richesse de votre diversité".

François a salué l'Eglise maronite, "qui au cours des siècles est arrivée sur l'île à plusieurs reprises et qui, subissant souvent de nombreuses épreuves, a persévéré dans la foi". Et "également à l'Église latine, présente ici depuis des millénaires, qui a vu grandir l'enthousiasme de la foi au fil du temps, avec ses enfants, et qui aujourd'hui, grâce à la présence de tant de frères et sœurs migrants, se présente comme un peuple "multicolore", un authentique lieu de rencontre entre les différentes ethnies et cultures".

"Cultiver un regard patient

Le pape François a ensuite voulu "partager avec vous quelque chose sur saint Barnabé, votre frère et saint patron, en s'inspirant de deux mots de sa vie et de sa mission".

Il a ensuite souligné : "Nous devons un patient L'Église. Une Église qui ne se laisse pas troubler et déconcerter par les changements, mais qui accueille sereinement la nouveauté et discerne les situations à la lumière de l'Évangile. Sur cette île, le travail que vous réalisez pour accueillir les nouveaux frères et sœurs qui arrivent d'autres parties du monde est précieux. Comme Barnabé, vous êtes vous aussi appelés à cultiver un regard patient et attentif, à être des signes visibles et crédibles de la patience de Dieu qui ne laisse jamais personne hors de sa maison, privé de sa tendre étreinte.

" L'Église de Chypre a ces bras ouverts : elle accueille, intègre et accompagne. C'est un message important également pour l'Église dans toute l'Europe, marquée par la crise de la foi", a déclaré le Saint-Père. "Il ne sert à rien d'être impulsif et agressif, nostalgique ou plaintif, il vaut mieux aller de l'avant en lisant les signes des temps et aussi les signes de la crise. Il faut recommencer et annoncer l'Évangile avec patience, surtout aux nouvelles générations".

Fraternité des saints Barnabé et Paul

"Dans l'histoire de Barnabé, il y a un deuxième aspect important que je voudrais souligner : sa rencontre avec Paul de Tarse et l'amitié fraternelle entre eux, qui les conduira à vivre ensemble la mission", a également souligné le Pape, rappelant que Barnabé a pris avec lui saint Paul après sa conversion, l'a présenté à la communauté, a raconté ce qui lui était arrivé et s'est porté garant de lui. Et le Pape a déclaré : "C'est une attitude d'amitié et de partage de la vie. Prendre avec soi ", " prendre sur soi ", c'est prendre en charge l'histoire de l'autre, prendre le temps de le connaître sans l'étiqueter, le porter sur ses épaules lorsqu'il est fatigué ou blessé, comme le fait le bon Samaritain.

"Cela s'appelle la fraternité, et c'est le deuxième mot. Barnabas et Paul, en tant que frères, ont voyagé ensemble pour prêcher l'évangile, même au milieu des persécutions" et des désaccords. "Mais Paul et Barnabé ne se sont pas séparés pour des raisons personnelles, mais ils se disputaient sur leur ministère, sur la manière de mener à bien la mission, et ils avaient des visions différentes", a noté François.

"C'est la fraternité dans l'Église, il est possible de discuter de visions, de sensibilités et d'idées différentes. Et se dire les choses en face avec sincérité dans certains cas aide, c'est une occasion de croissance et de changement. [...] Nous nous disputons, mais nous restons frères".

Et voici la deuxième invitation du pape dans son discours à la communauté catholique :

"Chers frères et sœurs, nous avons besoin une Église fraternelle d'être un instrument de fraternité pour le monde. Ici, à Chypre, il existe de nombreuses sensibilités spirituelles et ecclésiales, des origines diverses, des rites et des traditions différents ; mais nous ne devons pas ressentir la diversité comme une menace pour l'identité, ni nous méfier et nous inquiéter de l'espace de chacun.

Message "à l'ensemble de l'Europe

"Avec votre fraternité, vous pouvez rappeler à tous, à toute l'Europe, que pour construire un avenir digne de l'homme, il est nécessaire de travailler ensemble, de surmonter les divisions, d'abattre les murs et de cultiver le rêve de l'unité", a déclaré le pape.

"Nous devons accueillir et intégrer, marcher ensemble, être frères et sœurs. Je vous remercie pour ce que vous êtes et ce que vous faites, pour la joie avec laquelle vous annoncez l'Évangile, pour la fatigue et le renoncement avec lesquels vous le soutenez et le faites avancer. C'est le chemin tracé par les saints apôtres Paul et Barnabé.

L'exhortation finale du Saint-Père était la suivante : "Je vous souhaite d'être toujours une Église patiente, qui discerne, accompagne et intègre ; et une Église fraternelle, qui fait place à l'autre, qui discute mais reste unie. Je vous bénis et continuez à prier pour moi. Efcharistó [Merci]".

L'hospitalité envers les migrants, pas l'hostilité

La première "source" du pèlerinage sur le voyage citée par le Pape dans la vidéo est la fraternité. La seconde, il l'a qualifiée de "source ancienne de l'Europe" : Chypre représente "une branche de la Terre sainte sur le continent", tandis que "la Grèce est le foyer de la culture classique". L'Europe, souligne François, "ne peut donc pas se passer de la Méditerranée, une mer qui a vu la diffusion de l'Évangile" et le développement de grandes civilisations." C'est ainsi que le pape s'exprime :

"La mare nostrum, qui relie tant de terres, nous invite à naviguer ensemble, à ne pas nous diviser en empruntant des chemins séparés, surtout en cette période où la lutte contre la pandémie continue de demander beaucoup d'engagement et où la crise climatique nous guette. La mer, qui abrite de nombreux peuples, avec ses ports ouverts, nous rappelle que les sources de la coexistence se trouvent dans l'accueil.

Et immédiatement est venu l'appel fort du pape à ne pas oublier les migrants et les réfugiés :

"Je pense à ceux qui, ces dernières années et encore aujourd'hui, fuient les guerres et la pauvreté, qui débarquent sur les côtes du continent et d'ailleurs, et ne trouvent pas l'hospitalité, mais l'hostilité et sont même exploités. Ce sont nos frères et sœurs. Combien ont perdu la vie en mer ! Aujourd'hui, la Mare Nostrum, la Méditerranée, est un grand cimetière.

Lesbos, un défi d'humanité

La troisième source du voyage papal, dans cette ligne, sera l'humanité, et elle sera visualisée à Mytilène - Lesbos, où le Pape se rendra le dimanche 5 décembre au matin pour rencontrer les réfugiés. C'est ainsi qu'il l'a fait il y a cinq ans sur la même île, et c'est ainsi que le pape l'a rappelé :

"Pèlerin à la source de l'humanité, je retournerai à Lesbos, avec la conviction que les sources de la vie en commun ne s'épanouiront à nouveau que dans la fraternité et l'intégration : ensemble". Il n'y a pas d'autre moyen, et c'est avec cette illusion que je viens à toi".

La Méditerranée, "une occasion de se rencontrer".

La visite du pape à Chypre et en Grèce a fait l'objet d'analyses et de commentaires de la part des autorités du Vatican et de divers experts. Parmi les autres, les cardinaux Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, et Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, et l'analyste Nikos Tzoitis se distinguent.

"Le pape François apportera à Chypre et à la Grèce la joie de l'Évangile et la lumière de l'espoir, exhortant l'Europe et toute l'humanité à l'unité et à ne pas abandonner ceux qui sont dans le besoin", a déclaré le cardinal Pietro Parolin dans une interview accordée aux médias du Vatican.

Le pape "se sent comme un pèlerin, un pèlerin des origines de l'Église. Rappelons que ces pays ont été marqués par des itinéraires apostoliques de grande importance, ceux qui font référence aux apôtres Barnabé et Paul. Il s'agit d'un retour aux origines, "en redécouvrant - dit-il - la joie de l'Évangile", un thème qui a traversé tout le pontificat, dès le premier document. Le Pape, comme toujours, confie son pèlerinage à la prière et demande à tous de prier".

Quant à la Méditerranée, que François mentionne dans son message, le cardinal Parolin souligne que "le Pape apportera la lumière et l'espérance du Christ, et l'exhortation à ce que la Méditerranée passe d'un espace qui divise à un espace de rencontre".

"Ce qui devrait être l'effort de tous les pays, de tous les peuples qui vivent autour de ce bassin, c'est de le transformer d'un espace qui divise en une opportunité de rencontre. Malheureusement, nous assistons aujourd'hui au phénomène inverse : tant de tensions au niveau géopolitique qui ont pour centre la Méditerranée et ensuite le phénomène de la migration", souligne-t-il.

"Nous devons naviguer ensemble

" Le Pape dit quelque chose de très beau qui reprend un peu l'idée qu'il a développée au moment de la pandémie ", ajoute le cardinal secrétaire d'État : " Précisément quand il dit : " Nous sommes dans un seul bateau "... Et maintenant il dit : " Nous devons naviguer ensemble ". À mon avis, cette invitation à naviguer ensemble signifie : regardez, nous sommes confrontés à tant de problèmes, nous avons des urgences, comme la pandémie, dont nous ne sommes pas encore totalement sortis, comme le changement climatique - nous l'avons entendu à Glasgow ces derniers jours - ou nous avons des phénomènes chroniques, comme la guerre, la pauvreté, la faim... Donc, face à ces grands phénomènes, ces grands problèmes et difficultés, nous devons présenter un front uni, nous devons avoir une approche commune, partagée, multilatérale. C'est la seule façon de résoudre les problèmes du monde d'aujourd'hui", a-t-il déclaré.

En ce qui concerne Chypre, qui a vu la division des deux communautés, chypriote grecque et chypriote turque, le cardinal Parolin a déclaré que "c'est une situation très, très délicate et préoccupante. Je crois que le Pape réitérera la position, l'espoir, l'exhortation du Saint-Siège, à savoir que le problème de Chypre peut être résolu par un dialogue sincère et loyal entre les parties concernées, en tenant toujours compte du bien de toute l'île. Il s'agit donc d'une confirmation de la ligne du Saint-Siège, en la réitérant in situL'espoir est que cela aura un effet différent que de le proclamer de loin.

Les enseignements du Pape

Marcher et mûrir dans la liberté chrétienne. Lettre aux Galates (II)

La catéchèse du Pape sur la Lettre aux Galates a occupé quinze mercredis, du 23 juin au 10 novembre de cette année 2021. Nous complétons maintenant la présentation que nous avons faite des cinq premiers publics dans le numéro de septembre d'Omnes.

Ramiro Pellitero-2 décembre 2021-Temps de lecture : 8 minutes

Saint Paul s'oppose à la "hypocrisie". (Gal 2, 13). Dans les Saintes Écritures, on trouve des exemples où l'hypocrisie est combattue, comme celui du vieillard Éléazar. Et, surtout, les appels de Jésus à certains pharisiens.

Amour de la vérité, sagesse et fraternité 

"L'hypocrite -Francisco fait remarquer. " est une personne qui fait semblant, flatte et trompe parce qu'elle vit avec un masque sur le visage et n'a pas le courage d'affronter la vérité. Par conséquent, il n'est pas capable d'amour véritable - un hypocrite ne sait pas aimer - il se limite à vivre d'égoïsme et n'a pas la force de montrer son cœur avec transparence". (Audience générale 25-VIII-2021). 

Aujourd'hui, nous avons également de nombreuses situations où l'hypocrisie peut se produire, au travail, en politique et aussi dans l'Église : "Travailler contre la vérité, c'est mettre en danger l'unité de l'Église, pour laquelle le Seigneur lui-même a prié". (ibid.). L'hypocrisie est l'un des dangers de s'accrocher au formalisme consistant à préférer l'ancienne loi à la nouvelle loi du Christ. 

L'apôtre Paul veut avertir les Galates de ces dangers dans lesquels ils pourraient tomber et va jusqu'à les appeler "insensé". (cf. Gal 3, 1), c'est-à-dire qu'ils sont insensés. Ils sont stupides, explique le Pape, parce qu'ils s'accrochent à "une religiosité fondée uniquement sur l'observation scrupuleuse de préceptes". (Audience générale1-IX-2021), en oubliant ce qui nous justifie : la gratuité de la rédemption de Jésus et que la sainteté vient de l'Esprit Saint.

Ainsi, observe François, saint Paul nous invite aussi à réfléchir : comment vivons-nous notre foi ? Le Christ avec sa nouveauté est-il le centre de notre vie ou nous contentons-nous de formalismes ? Et le Pape nous exhorte : "Demandons la sagesse de toujours prendre conscience de cette réalité et d'expulser les fondamentalistes qui nous proposent une vie d'ascèse artificielle, loin de la résurrection du Christ. L'ascétisme est nécessaire, mais un ascétisme sage, pas un ascétisme artificiel". (ibid.).

La sagesse chrétienne est enracinée dans le nouveau de la révélation chrétienne. Par le baptême, nous sommes faits enfants de Dieu. Une fois que nous "La foi est venue". en Jésus-Christ (Ga 3,25), une condition radicalement nouvelle est créée qui nous immerge dans la filiation divine. La filiation dont parle Paul n'est plus la filiation générale qui implique tous les hommes et toutes les femmes comme fils et filles de l'unique Créateur. L'apôtre affirme que la foi nous permet de devenir des enfants de Dieu. "dans le Christ". (v. 26). 

C'est la "nouveauté" : "Celui qui reçoit le Christ dans la foi, par le baptême, est enduit de Lui et de la dignité filiale (cf. v. 27)".. Et il ne s'agit pas d'un "habillage" extérieur. Dans la Lettre aux Romains, Paul ira jusqu'à dire que, dans le baptême, nous sommes morts avec le Christ et que nous avons été ensevelis avec lui pour vivre avec lui (cf. 6, 3-14). "Combien le reçoivent" -Francisco souligne- Ils sont profondément transformés, au plus profond de leur être, et possèdent une vie nouvelle, qui leur permet de s'adresser à Dieu et de l'invoquer par le nom " Abba ", c'est-à-dire " Abba ", papa" (Audience générale, 8-IX-2021).

Il s'agit donc d'une nouvelle identité, qui transcende les différences ethno-religieuses. Ainsi, parmi les chrétiens, il n'y a plus de juif ou de grec, d'esclave ou de libre, d'homme et de femme (cf. Gal 3, 28), mais seulement frères. C'était révolutionnaire à l'époque et ça l'est toujours. Les chrétiens - propose François - doivent avant tout rejeter entre eux les différences et les discriminations que nous faisons si souvent inconsciemment, afin de rendre concret et évident l'appel à l'unité de tout le genre humain (cfr. Lumen gentium, 1).

Nous voyons ainsi comment l'amour de la vérité que propose la foi chrétienne se transforme en sagesse et favorise la fraternité entre tous les hommes. 

Foi dans les actes, la liberté et l'ouverture à toutes les cultures

Dans sa catéchèse du 29 septembre, le successeur de Pierre a expliqué le sens de l'action de la Commission européenne. justification par la foi et la grâce, comme une conséquence de la "L'initiative miséricordieuse de Dieu qui accorde le pardon". (Catéchisme de l'Église catholique, n. 1990). Ce n'est pas nous qui sommes sauvés par nos efforts ou nos mérites. C'est Jésus qui nous "justifie". C'est exact : il nous rend justes ou saints (car dans les Écritures, la justice et la sainteté de Dieu sont identifiées).

Mais il ne faut pas en conclure que pour Paul la loi mosaïque n'a plus aucune valeur ; en fait, elle reste un don irrévocable de Dieu, elle est, écrit l'Apôtre, un don irrévocable de Dieu. saint (Rom 7:12). Pour notre vie spirituelle aussi, observe François, il est essentiel d'accomplir les commandements, mais en cela aussi nous ne pouvons compter sur nos seules forces. grâce de Dieu que nous recevons du Christ : "De Lui nous recevons cet amour gratuit qui nous permet, en même temps, d'aimer de manière concrète". (Audience générale, 29-IX-2021).

C'est ainsi que nous pouvons comprendre une déclaration de l'apôtre Jacques qui pourrait sembler être le contraire de ce que dit saint Paul : "Vous voyez comment l'homme est justifié par les œuvres et non par la foi seule [...] Car comme le corps sans l'esprit est mort, de même la foi sans les œuvres est morte." (Jas 2, 24.26). 

Cela signifie que la justification, que la foi opère en nous, exige une correspondance avec nos œuvres. C'est pourquoi les enseignements des deux apôtres sont complémentaires. A partir de là, nous devons imiter le style de Dieu, qui est celui de la proximité, de la compassion et de la tendresse : "La puissance de la grâce doit être combinée avec nos œuvres de miséricorde, que nous sommes appelés à vivre pour manifester combien grand est l'amour de Dieu". (ibid.). 

La liberté chrétienne est un don qui découle de la Croix : "C'est précisément là où Jésus s'est laissé clouer, là où il est devenu esclave, que Dieu a placé la source de la libération de l'homme. Cela ne cesse de nous étonner : que le lieu où nous sommes privés de toute liberté, c'est-à-dire la mort, puisse devenir la source de la liberté". (Audience générale, 6-X-2021). En toute liberté, Jésus s'est livré à la mort (cf. Jn 10, 17-18) afin d'obtenir pour nous la vraie vie.

Par conséquent, la liberté chrétienne est fondée sur la vérité de la foi, qui n'est pas une théorie abstraite, mais la réalité du Christ vivant, qui illumine le sens de notre vie personnelle. De nombreuses personnes qui n'ont pas étudié ou qui ne savent même pas lire et écrire, mais qui ont bien compris le message du Christ, possèdent cette sagesse qui les rend libres.

Ce chemin chrétien de la vérité et de la liberté, souligne François, est un chemin difficile et fatigant, mais pas impossible, parce que nous y sommes soutenus par l'amour qui vient de la croix, et cet amour nous révèle la vérité, nous donne la liberté et, avec elle, le bonheur.

Le mercredi suivant, François a montré comment la foi chrétienne, que saint Paul a prêchée avec un cœur enflammé par l'amour du Christ, ne nous conduit pas à renoncer aux cultures ou aux traditions des peuples, mais à reconnaître les germes de vérité et de bien qu'elles contiennent, en les ouvrant à l'universalisme de la foi et en les portant à leur accomplissement. 

C'est ce qu'on appelle inculturation de l'Évangile : "Pouvoir annoncer la Bonne Nouvelle du Christ Sauveur dans le respect de ce qui est bon et vrai dans les cultures", bien que ce ne soit pas facile, en raison de la tentation d'imposer son propre modèle culturel (Audience générale, 13-X-2021). Et son fondement est l'Incarnation du Fils de Dieu, qui s'est uni d'une certaine manière à tout être humain (cf. Gaudium et spes, n. 22).

C'est pourquoi, déduit Francis, le nom Église catholique n'est pas une dénomination sociologique pour nous distinguer des autres chrétiens." Catholique est un adjectif qui signifie universel : catholicité, universalité. Église universelle, c'est-à-dire catholique, signifie que l'Église a en elle-même, dans sa nature même, une ouverture à tous les peuples et à toutes les cultures de tous les temps, parce que le Christ est né, est mort et est ressuscité pour tous". (Audience générale, ibíd.).

Qu'est-ce que cela signifie dans notre époque de culture technologique ? La liberté que nous donne la foi - a-t-il proposé - nous demande d'être en voyage permanent, d'"inculturer" l'Évangile également dans notre culture numérique. 

Nous voyons ainsi comment la foi chrétienne, qui vit dans les actes, s'ouvre aux cultures avec le message de l'Évangile, encourage le dialogue entre elles et fait ressortir le meilleur de chacune. 

Servir et mûrir sous la direction du Saint-Esprit.

Par le baptême", a insisté le pape par la suite. "nous sommes passés de l'esclavage de la peur et du péché à la liberté des enfants de Dieu". (Audience générale, 20-X-2021). Mais selon saint Paul, cette liberté n'est pas du tout "un prétexte pour la viande". (Gal 5,13) : une vie libertine, qui suit l'instinct et les pulsions égoïstes. Au contraire, la liberté de Jésus nous conduit, écrit l'Apôtre, à être au service les uns des autres par amour.

En effet, il faut noter que la liberté chrétienne exprime l'horizon et le but, le chemin et le sens même de la liberté humaine : le service par amour ; car nous ne possédons la vie que si nous la perdons (cf. Mc 8, 35). "Ceci" -Francisco fait remarquer. "est du pur évangile".. C'est... "le test de la liberté".

Le pape explique qu'il n'y a pas de liberté sans amour. Il prévient de quel genre d'amour il s'agit : " Non pas avec un amour intime, avec l'amour d'un feuilleton, non pas avec la passion qui cherche simplement ce qui nous convient et nous plaît, mais avec l'amour que nous voyons dans le Christ, la charité : c'est l'amour qui est vraiment libre et libérateur " (cf. Jn 13, 15). Une liberté égoïste, sans fin ni repères, ajoute-t-il, serait une liberté vide. En revanche, la vraie liberté, pleine et concrète, nous rend toujours libres (cf. 1 Co 10, 23-24).

La liberté prend tout son sens lorsque nous choisissons le vrai bien pour nous-mêmes et pour les autres. "Seule cette liberté est pleine, concrète et nous fait entrer dans la vie réelle de chaque jour. La vraie liberté nous rend toujours libres". (cf. 1 Cor 10, 23-24). C'est la liberté qui conduit les pauvres à reconnaître dans leur visage le visage du Christ (cf. Ga 2,10). Ce n'est pas, comme on le dit parfois, la liberté qui "s'arrête là où commence la vôtre", mais au contraire : la liberté qui nous ouvre aux autres et à leurs intérêts, qui grandit quand la liberté des autres grandit. 

Eh bien, Francis propose : "Surtout en ce moment historique, nous devons redécouvrir la dimension communautaire, et non individualiste, de la liberté : la pandémie nous a appris que nous avons besoin les uns des autres, mais il ne suffit pas de le savoir, il faut le choisir concrètement chaque jour, décider de cette voie"..

C'est comme ça. La liberté chrétienne n'est pas un don reçu une fois pour toutes, mais nécessite notre collaboration pour se déployer de manière dynamique. La liberté naît de l'amour de Dieu et grandit dans la charité. 

Contrairement à ce qu'enseigne saint Paul, soulignait le Pape la semaine suivante, aujourd'hui "Beaucoup recherchent la certitude religieuse plutôt que le Dieu vivant et véritable, se concentrant sur les rituels et les préceptes plutôt que d'embrasser le Dieu de l'amour de tout leur être. C'est la tentation des nouveaux fondamentalistes, qui "Ils cherchent la sécurité de Dieu et non le Dieu de la sécurité". (Audience générale, 27-X-2021).

Mais seul l'Esprit Saint, qui jaillit pour nous de la croix du Christ, peut changer notre cœur et le guider, avec la force de l'amour, dans le combat spirituel (cf. Gal 5, 19-21). L'apôtre oppose les "œuvres de la chair" (cf. Ga 5, 19-21), qui sont le résultat d'un comportement fermé aux instincts du monde, aux "fruits de l'Esprit" (cf. Ga 5, 22), qui commencent par l'amour, la paix et la joie. 

La liberté chrétienne, comme le dit saint Paul aux Galates, appelle à marcher selon le Saint-Esprit (cf. 5, 16.25). Cela - a expliqué le Pape dans l'avant-dernière de ses catéchèses - signifie se laisser guider par Lui, croire que Dieu "est toujours plus fort que nos résistances et plus grand que nos péchés". (Audience générale, 3-XI-2021).

L'apôtre utilise le pluriel nous à proposer : "Marchons selon l'Esprit".(v. 25). "Comme c'est beau" -Francisco poursuit en disant "quand nous rencontrons des bergers qui marchent avec leur peuple et ne s'en séparent pas". (ibid.), qui l'accompagnent avec douceur et solidarité. 

Le Pape conclut sa catéchèse par une exhortation à ne pas se laisser vaincre par la lassitude, encourageant une attitude d'enthousiasme réaliste, dans la conscience de nos limites. 

Pour les moments difficiles, deux conseils. D'abord, selon les mots de Saint Augustin, "l'éveil au Christ". qui semble parfois dormir en nous comme dans la barque (cfr. Discours 163, B 6) : "Nous devons réveiller le Christ dans nos cœurs et ce n'est qu'alors que nous pourrons regarder les choses à travers ses yeux, car il voit au-delà de la tempête. À travers son regard serein, nous pouvons voir un panorama que, seuls, nous ne pouvons même pas imaginer". (Audience générale 10-XI-2021).

Deuxièmement, nous ne devons pas nous lasser d'invoquer le Saint-Esprit dans la prière. "Viens, Esprit Saint, comme l'ont fait Marie et les disciples. 

Ainsi, le service par amour rend la pleine liberté sous la direction de l'Esprit Saint. Et cette liberté s'accompagne de joie et de maturité.

Culture

Antonio López : "Avec le Christ crucifié, Velázquez a observé un corps et fait un Dieu".

Le célèbre peintre espagnol a partagé ses souvenirs, ses opinions et ses expériences lors d'un dîner-causerie organisé par Omnes, qui a rassemblé un grand nombre de personnes dans le centre de Madrid.

María José Atienza / Rafael Miner-1er décembre 2021-Temps de lecture : 5 minutes

Antonio López, maître du réalisme espagnol, est l'un des peintres et sculpteurs les plus réputés de la scène artistique espagnole. Il est originaire de Tomelloso, où il est né en 1936. Avec des amis, des collaborateurs et des proches d'Omnes, il a partagé un dîner et une discussion animée vendredi dernier à Madrid.

La réunion a commencé par une introduction et un mot de bienvenue de la part de Jorge Latorre, Professeur d'histoire de l'art à l'Universidad Rey Juan Carlos de Madrid qui, au cours de la rencontre, a combiné, de manière naturelle, les souvenirs du peintre avec les nombreuses questions du public.

"Mon oncle a changé ma vie".

L'un des noms les plus importants dans la vie d'Antonio López, comme il l'a lui-même expliqué, est celui de son oncle, le peintre Antonio López Torres, qu'il décrit comme "un peintre vraiment extraordinaire". C'est López Torres qui a changé le cours de la vie du garçon Tomelloso quand "à l'âge de 13 ans, il a convaincu mon père et je suis venu à Madrid pour me préparer à entrer aux Beaux-Arts. À cette époque, je me préparais à travailler dans un bureau... Cela a changé ma vie. Après cela, c'est comme être le neveu de Mozart, c'est la force, la présence et l'exemple qui vous soutiennent".

antonio lopez
Antonio López avec Jorge Latorre

"Je suis arrivé chez moi".

Son arrivée à Madrid marque un changement radical dans la vie du peintre qui, à l'âge de 14 ans, arrive dans une grande ville "pleine de voitures, avec beaucoup de prêtres" et où il commence à peindre en vue de son admission aux Beaux-Arts. À Madrid, "j'ai rencontré des gens qui, comme moi, voulaient être peintres ou sculpteurs, et j'ai rencontré ma famille. J'ai pensé : "Je suis arrivé chez moi".

La période à Madrid et ses études en beaux-arts ont été, selon les mots de López, "le moment le plus merveilleux de ma vie". À Madrid, il rencontre sa femme Mari et est fasciné par l'art classique, qu'il peint et copie grâce aux reproductions que l'on pouvait voir au Casón del Buen Retiro à l'époque.

Avec une certaine ironie, le peintre se rappelle que "bien que je ne connaisse que très peu l'art, j'avais un grand instinct pour savoir lequel de mes camarades de classe en savait le plus. Nous ne faisions pas vraiment confiance aux enseignants. Nous aurions eu besoin d'eux pour nous parler d'art moderne. Lorsque j'ai commencé à en savoir plus, j'ai réalisé que l'art était un mystère et que comment y entrer, qui vous donne la clé ? Les enseignants de l'époque n'étaient pas prêts pour cela, ils avaient été dépassés par les événements. Il n'y avait pas de Picasso, de Paul Klee, de Chagall... C'est ce dont nous rêvions.

J'ai réalisé que l'art était un mystère, et comment y entrer, qui vous donne la clé ?

Antonio López. Peintre

"Pour moi, par exemple, je n'avais aucun mal à comprendre l'art moderne, mais j'avais beaucoup de mal à comprendre Velázquez, ou le grand art espagnol du baroque. Quand je comprenais l'art moderne, je comprenais l'art du musée du Prado, et non l'inverse. C'est pourquoi je pense que dans les écoles des beaux-arts, il faut d'abord enseigner ce qui se fait au moment où l'on vit".

antonio lopez
Vue générale de la réunion

Au vu du cadeau reçu, remerciez

Les questions variées du public ont été l'occasion pour le peintre de partager ses souvenirs, ses réflexions et ses opinions sur les tendances picturales, le rôle de l'artiste, l'importance du spectateur et ses expériences de foi à travers l'art.

En réponse à une question sur l'expressionnisme ou l'image de "l'artiste tourmenté", Antonio López a déclaré que "le cliché selon lequel les artistes sont des gens tristes est horrifiant, nous devons dire non. Je pense que d'autres personnes vivent plus mal que nous, parce que nous, les artistes, sommes motivés par un travail que nous aimons. Je pense que les autres vivent moins bien que nous, parce que nous, les artistes, sommes motivés par un travail qui nous plaît. Si vous pouvez en vivre, bien sûr. Je vois les nouvelles et j'ai peur. Je pense que la vie est pire que l'art. L'art me semble être une beauté pour la vie". Dans ce sens, il a souligné que "j'ai vécu l'art comme une libération. Ceux qui commencent avec la volonté d'apprendre trouvent le meilleur de la vie. Je pense que c'est une torture dans le cas du peintre, du musicien, du cinéaste..., qui ne trouve pas de public, mais parfois ce que je vois, à la faculté ou dans les ateliers, ce sont des gens qui sont là par erreur et qui ne devraient pas être là".

Antonio López a également tenu à rappeler qu'il faut avoir la force de se consacrer au domaine artistique car "dans l'art, tout le monde a des doutes, mais maintenant, les peintres, par exemple, ont la liberté de faire ce qu'ils veulent. Jusqu'à Goya, les peintres étaient commandés, ils vivaient de commandes. Pas maintenant. Avant, l'artiste était un serviteur de la société, maintenant il l'est aussi, mais il fait le premier pas".

S'il s'agit de transmettre ce qui est religieux, il faut le ressentir. Si vous le ressentez, vous le transmettez.

Antonio López. Peintre

"Je suis un homme de foi"

"Je suis un homme de foi", a répété Antonio López à plusieurs reprises. À cet égard, il a évoqué ses visites au Prado et la contemplation de ce "grand art religieux" qu'il avait du mal à comprendre. Lorsqu'on lui a demandé quel était le tableau qui reflétait sa foi, Antonio López a déclaré catégoriquement : "Le Christ crucifié de Velázquez". Cette œuvre, a-t-il souligné, "est un merveilleux reflet de l'art religieux". Je crois qu'il n'y a pas d'autre figure du Christ crucifié à ce niveau. Si immense, si réel et si surnaturel. Velázquez a regardé un corps et je ne sais pas ce qu'il a fait, mais il a créé un Dieu. C'est un miracle.

Le peintre a voulu signaler, dans ce domaine, que l'art religieux doit conduire à la prière, et c'est pourquoi il admire "l'art populaire, les sculptures des vierges : le Rocío, la Macarena... Ces vierges habillées que les gens décorent et sur lesquelles ils mettent des bijoux, tout cela me semble subjuguant parce qu'on ne se distrait pas en faisant de l'art". Il va directement au religieux et il fait bien les choses. Si vous essayez de transmettre le religieux, ce dont vous avez besoin, c'est de le sentir. Si vous le ressentez, vous le transmettez. Velázquez y parvient dans ce Christ de manière impressionnante".

L'émotion a créé l'art

Qui crée l'art ? L'historien de l'art Ernst Gombrich a déclaré que l'art n'existe pas, il n'y a que des artistes. Antonio López avance un argument similaire, soulignant que le créateur de l'art est l'émotion : "lorsque je suis dans le tableau de la Puerta del Sol, on attend de moi, et j'espère, qu'il y ait quelque chose de plus qu'une reproduction de la Puerta del Sol, car c'est pour cela que nous avons une photo". Ce plus, a souligné López, est "de capturer l'émotion, la chose importante est l'émotion. L'émotion est ce qui justifie l'art. Une fois que l'émotion est là, la langue n'a plus d'importance". "L'émotion est ce qui a créé l'art. Je crois que les peintres d'Altamira ont fait ces tableaux parce que quelque chose dans la nature a attiré leur attention... et ce n'est pas l'émotion du peintre mais l'émotion de celui qui regarde".

Lorsque je suis dans le tableau de la Puerta del Sol, je m'attends, et j'espère, qu'il y a plus qu'une simple reproduction de la Puerta del Sol.

Antonio López. Peintre

"L'art est né d'un besoin humain, comme la religion, je pense qu'ils vont ensemble. Mon point de départ est la précision. Je mesure les choses pour que la proportion soit exacte... au début, je fais les choses comme un artisan et puis vient un moment où c'est le tableau qui parle, qui lui fait avoir quelque chose que la photographie n'a pas, quelque chose qui m'appartient. Si ce n'est pas le cas, ce sera un étalage de compétences, mais ce n'est pas un art qui transmet des émotions, comme le grand art, de Bach au flamenco".

antonio lopez
Antonio López

Le dîner, qui s'est poursuivi toute la soirée, s'est achevé par la présentation du projet multiplateforme Omnes aux personnes présentes et quelques mots de Jorge Beltrán, membre du conseil d'administration, ainsi que par une petite tombola.

Comme on le sait, le lancement de omnesmag.comLa première édition du portail d'information et d'analyse de l'Église a eu lieu au début de l'année par la Fondation Centro Academico Romano (CARF). En outre, la revue Omnes poursuit sa publication mensuelle, ainsi que divers forums et réunions thématiques avec des personnalités de différentes disciplines, et la publication de bulletins d'information périodiques, tels que La boussole.

L'auteurMaría José Atienza / Rafael Miner

Espagne

Ages of Man, Hakuna et Laura Daniele, Bravo Awards 2021

Ces prix, décernés par la Commission épiscopale des communications sociales de la Conférence épiscopale espagnole, récompensent chaque année des personnes et des projets qui se distinguent par leur "service à la dignité humaine, aux droits de l'homme ou aux valeurs évangéliques".

Maria José Atienza-1er décembre 2021-Temps de lecture : < 1 minute

Le site Jury désigné par le Commission épiscopale pour les communications sociales (CECS) et constituées à Madrid le 1er décembre 2021 ha accordé le site "Prix Bravo !" décerné annuellement par cette Commission.

Avec ces prix est reconnu "de la part de l'Église, le travail méritoire de tous ceux qui les professionnels de la communication dans les différents médiasqui ont été distingué par le le service de la dignité humaine, des droits de l'homme ou des valeurs évangéliques" (Règlement, art. 2).

Dans la longue histoire de ces prix, des personnalités telles que le journaliste Luis del Val, le chanteur Rozalén, le réalisateur Pablo Moreno ou des délégations diocésaines de médias comme celle de Cordoue.

Les lauréats de cette année sont les suivants :

Prix Bravo ! SpécialFondation Ages de l'Homme à l'occasion de son 25e anniversaire.

Prix Bravo ! de la presseLaura Daniele.

Prix Bravo ! de RadioEva Fernández.

Prix Bravo ! pour la télévisionVicente Vallés.

Prix Bravo ! du cinémaJosé Luis López Linares pour le film "L'Espagne, la première mondialisation.

Prix Bravo ! à la communication numériqueAsking you questions" par CEU Media.

Prix Bravo ! pour la musiqueHakuna Group Music.

Prix Bravo ! pour la publicité : Fondation Juegaterapia pour sa campagne "Princesses Disney" en faveur des enfants atteints de cancer.

Prix Bravo ! à la communication diocésaineSantiago Ruiz Gómez, de l'équipe de la Diocèse de Calahorra et La Calzada-Logroño.

Le site cérémonie de remise des prix La cérémonie de remise des prix Bravo ! aura lieu le lendemain au siège de la Conférence épiscopale. 26 mai 2022L'événement aura lieu le dimanche 29 mai, avant la solennité de l'Ascension du Seigneur, la 56e journée mondiale des communications.

Monde

"Le martyre ne peut être recherché comme un projet de vie".

A l'occasion du décès du frère Jean-Pierre Schumacher, nous rappelons l'entretien que Miguel Pérez Pichel a réalisé avec le dernier survivant de Tibhirine. Ce cistercien, décédé à l'âge de 97 ans le 21 novembre dernier, a rappelé les journées de persécution et d'enlèvement en 1996, qui ont conduit au martyre de ses 7 compagnons.

Miguel Pérez Pichel-1er décembre 2021-Temps de lecture : 9 minutes

Le 27 mars 1996, un groupe de terroristes prétendument liés au Groupe islamique armé a enlevé puis assassiné sept moines du monastère de Tibhirine en Algérie. Les événements ont été relatés dans le film Des dieux et des hommesqui a gagné en notoriété il y a quelques années. L'un des survivants était le Père Jean-Pierre Schumacher, qui voit dans l'exemple de ses frères assassinés un témoignage d'amitié envers l'Islam et de pardon envers leurs ravisseurs.

Le père Jean-Pierre Schumacher était l'un des survivants de l'enlèvement puis de l'assassinat des moines cisterciens du monastère de Tibhirine (Algérie) en 1996. Il est aujourd'hui âgé de 89 ans et vit au monastère de Notre-Dame de l'Atlas. Kasbah Myriemdans la ville marocaine de Midelt. Au cours d'une conversation avec Palabra, il évoque ces événements et réfléchit au martyre et au monachisme.

Qu'est-ce que cela signifie d'être un moine chrétien dans un pays à majorité musulmane ?

Être moine dans un pays musulman, c'est avoir une présence chrétienne sur ces terres au nom de Jésus et de l'Église. Une présence par laquelle nous ne cherchons aucune autre satisfaction que de nous laisser habiter par Lui, et de participer au meilleur de la vie des personnes qui nous ont accueillis, autant que la vocation contemplative cistercienne nous le permet. Ainsi, nous faisons partie de leur vie, nous partageons leurs soucis et leurs espoirs, leurs besoins et leurs joies, leurs souffrances. Il s'agit donc d'une présence gratuite dans laquelle nous recevons tout par la prière. Ce désir de vivre avec les habitants de ce lieu nous amène à apprendre leur langue, à connaître leur patrimoine culturel et à tirer le meilleur parti des ressources matérielles à notre disposition en fonction de nos possibilités.

-Comment est la vie au monastère ?

La vie au monastère est structurée en trois domaines d'activités : d'abord, l'office divin et l'eucharistie quotidienne, ainsi que des temps de prière individuelle ; ensuite, la lecture des textes sacrés pendant les temps de repos ; enfin, les travaux que chaque religieux s'est vu attribuer selon ses aptitudes : administration, relations avec les fournisseurs et les autorités publiques, liturgie, accueil des visiteurs et des retraitants, comptabilité, etc. Nous consacrons huit heures par jour à chacune de ces trois activités.

-Depuis combien de temps es-tu un moine ?

Je suis entré à l'abbaye de Notre Dame de Timadeuc (Bretagne, France) en 1957. J'ai fait ma profession solennelle le 20 août 1960, en la solennité de saint Bernard.

Je m'étais senti appelé à la vie monastique pendant mon noviciat chez les Pères Maristes en 1948. Cet appel intime s'est poursuivi pendant mes études de philosophie et de théologie au séminaire des Pères Maristes à Lyon, et aussi plus tard, pendant les quatre années où j'ai exercé mon ministère d'éducateur au centre vocationnel pour les jeunes aspirants au sacerdoce de l'Université de Lyon. Saint Brieucen Bretagne. C'est alors que, en accord avec mes supérieurs, j'ai pris la décision d'entrer à l'abbaye de Timadeuc. Lorsque j'y suis arrivé, en octobre 1957, je l'ai fait avec l'intention de passer le reste de ma vie avec les frères en participant à la vie communautaire, qui est, selon la règle bénédictine suivie par l'ordre cistercien, une "école du service divin". Il n'avait donc pas d'autre prétention que d'apprendre à aimer Dieu. Je ne pouvais pas du tout imaginer que la providence divine avait d'autres voies pour moi. Comme le dit le proverbe, "l'homme propose et Dieu dispose".

-Quand es-tu arrivé au monastère de Tibhirine ?

C'était le 19 septembre 1964. Je faisais partie d'un groupe de trois religieux désignés par la communauté de Timadeuc pour répondre à une demande urgente du cardinal Duval, archevêque d'Alger, de maintenir le petit monastère de Tibhirine, qui était sur le point de fermer. L'archevêque a souhaité que, malgré le départ massif des Européens et des chrétiens à la fin de la guerre d'Algérie en 1962, l'Église reste sur place, tout en offrant un nouveau visage : celui d'une Église au service de tous les Algériens, quelle que soit leur religion. Le monastère, selon la pensée du cardinal, doit avoir son propre espace. J'ai aimé la direction que prendrait alors ma vie : tout en conservant son caractère monastique, elle prenait le visage d'une présence chrétienne au milieu de la communauté musulmane. Il fallait découvrir, dans l'esprit du Concile Vatican II, la forme de présence la plus adaptée.

Le petit groupe de Timadeuc n'était pas seul. Un groupe de quatre moines envoyés par le monastère d'Aiguebelle (Rhône) nous a rejoints. Puis deux autres moines sont arrivés de l'abbaye de Citeaux (Bourgogne), dont le Père Etienne Roche, qui est devenu notre premier prieur. À notre arrivée, nous avons rencontré trois moines de l'ancienne communauté établie là. Parmi eux, le père Amédée. Ainsi commença l'aventure de Tibhirine, ou plutôt, "recommença", mais avec un nouveau visage. C'est une aventure qui a duré 32 ans, de 1964 à 1996.

-Quelle était la vie au monastère de Tibhirine ?

Le rythme de la routine quotidienne était tel que je l'ai expliqué précédemment. Il y avait aussi une relation particulière avec les voisins du petit village de Tibhirine : un processus d'inculturation était nécessaire, pour se découvrir mutuellement avec nos différences de langue, de culture, de religion et de nationalité. Nous avons réussi à être acceptés en tant que moines chrétiens grâce à des activités communes, comme le travail dans le jardin ou les soins médicaux aux pauvres et aux malades dans la clinique de Frère Luc à l'intérieur du monastère. Il y avait aussi la maison de retraite, la prière monastique pour les religieux et les prêtres, à laquelle participaient aussi des laïcs, et, plus tard, les rencontres biannuelles avec des musulmans soufis. A travers toutes ces activités, nous nous sommes intéressés à la vie, aux préoccupations et aux joies des gens. En bref : comme le soulignait le Père Charles de Foucauld, le témoignage de l'Évangile se réalise davantage par notre manière d'être et de faire que par nos paroles.

Le terme "conversion" implique de se "convertir" soi-même, plutôt que d'essayer de convertir les autres. Le but de notre présence là-bas était de vivre pour les habitants de Tibhirine, de partager leurs expériences, de nourrir leur amitié, de marcher ensemble vers Dieu dans la fraternité, en respectant l'identité religieuse et culturelle de nos voisins et en nous identifiant à eux, en acceptant comme nôtre la diversité des religions ou des nationalités.

-Quand les problèmes ont-ils commencé ?

La situation est devenue difficile et dangereuse lorsque le gouvernement algérien a interrompu le processus électoral en réalisant que le Front islamique du salut (FIS) pouvait prendre le contrôle du pays. Le FIS prend alors le chemin des collines et commence la guérilla. Ce sont les années noires, entre 1993 et 1996.

-Pourquoi avez-vous décidé de rester à Tibhirine malgré le danger ?

Tout d'abord, il nous a semblé totalement erroné d'opter pour une solution qui consisterait à se retirer dans un endroit sans danger, comme nous le demandaient les autorités de l'ambassade de France en Algérie et le gouverneur de Médéa (la province à laquelle appartient Tibhirine), alors que la population locale, nos voisins, n'avait d'autre choix que de partir pour échapper à la violence. De plus, notre présence leur donnait de la sécurité.

La deuxième raison est liée à notre vocation. Nous avons été envoyés par le Seigneur pour assurer une présence chrétienne parmi les musulmans. Fuir sous prétexte de danger nous semblait être un grave manquement à la confiance dans le Seigneur : c'était douter qu'il nous ait vraiment envoyés.

Que s'est-il passé la nuit de l'enlèvement ?

L'enlèvement des moines a eu lieu dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 entre 1h00 et 1h30 du matin. Un groupe se réclamant du Groupe islamique armé (GIA) avait pénétré dans l'enceinte du monastère en sautant par-dessus le mur, puis avait accédé au bâtiment par la porte arrière menant du jardin au sous-sol. Ils ont d'abord arrêté le gardien du monastère, un jeune père de famille, et l'ont forcé à les conduire dans le bureau du prieur, puis dans la chambre du frère Luc, le médecin.

Le père Amédée regarda par le trou de la serrure de sa porte et vit dans la pièce surplombant sa cellule deux des ravisseurs qui s'agitaient. Ils n'ont pas essayé d'entrer dans la cellule, car ils ont vu que la porte était verrouillée. C'est ainsi qu'Amédée a échappé à l'enlèvement. Puis ils sont montés au premier étage et ont fait prisonniers les cinq moines qui y dormaient. Dans la maison d'hôtes, adjacente à cet étage, se trouvaient des invités qui étaient arrivés la nuit précédente. L'un d'eux, intrigué par les plaintes des parents, a voulu savoir ce qui se passait. Il quitte sa chambre et rencontre le gardien du monastère, qui l'avertit discrètement du danger et lui demande de partir. Pendant ce temps, les ravisseurs ont fait sortir les moines de leurs chambres, mais n'ont pas pénétré dans la zone où se trouvaient les invités.

Moi, qui étais le portier, j'ai dormi dans la loge du portier du monastère. Les assaillants, conduits par le gardien directement au premier étage, n'ont pas essayé d'entrer dans la loge du portier et, dès qu'ils ont mis la main sur les sept moines, ils ont quitté les lieux, pensant avoir attrapé toute la communauté. Le père Amédée et moi étions toujours là, mais ils ne savaient pas que nous étions là. Pour la même raison, nous n'avons pas non plus été témoins de la façon dont nos frères ont été sortis du bâtiment. Ils l'ont probablement fait par la porte arrière du cloître.

Peu après avoir quitté sa cellule, le père Amédée a d'abord constaté la disparition du frère Luc et du père Christian, notre prieur. Puis il est monté au premier étage et a vu que les autres moines avaient également disparu. De retour au rez-de-chaussée, il m'a appelé - j'étais encore dans la loge du gardien - pour me raconter ce qui s'était passé. "Savez-vous ce qui s'est passé ?"il a dit ; "Nos frères ont été enlevés. Nous sommes seuls..

Le Pape embrasse les mains deJean-Pierre Schumacher lors d'une réunion à la cathédrale de Rabat en mars 2019. (Photo CNS/Vatican Media)

Qu'ont-ils fait ensuite ?

Le père Amédée, deux prêtres séjournant à l'auberge et moi-même avons décidé de prier les vêpres. Puis, lorsque le couvre-feu a été levé au lever du soleil, nous avons envoyé tous nos invités à Alger. Je me suis ensuite rendu avec le père Thierry Becker - l'un de nos invités - à Draâ-Esmar pour signaler les événements aux militaires chargés de la sécurité locale, puis à Médeá pour prévenir la gendarmerie. Nous n'avons pas réussi à les prévenir d'abord par téléphone, car toutes les lignes avaient été détruites par les ravisseurs. Sur le chemin du retour au monastère, nous avons rencontré un groupe de la sécurité militaire qui a interrogé le garde et le père Amédée. Le père Amédée, le père Thierry Becker et moi-même avons ensuite été contraints de passer la nuit dans un hôtel du village.

Enfin, nous avons été transférés à la maison diocésaine d'Alger. Nous avons prié le Seigneur pour nos confrères, afin qu'Il leur donne suffisamment de force et d'union avec Lui pour qu'ils puissent rester fidèles à leur vocation, quoi qu'il arrive. Le 27 mai, nous avons été informés de son décès par le biais d'une cassette du GIA adressée au gouvernement français. Nous avons l'intime certitude qu'ils ont donné leur vie comme une offrande parfaite au Seigneur, comme le stipule le testament du Père Christian.

Qu'avez-vous ressenti, vous et le père Amédée, lorsque vous vous êtes retrouvés seuls après l'enlèvement ?

Nous avons été choqués, même si nous savions que, dans ce contexte de violence, un tel événement pouvait se produire à tout moment. Nous ne voulions pas mourir en martyrs. Notre vocation restait de rester parmi les musulmans et parmi nos amis algériens, pour le meilleur et pour le pire.

-Pourquoi pensez-vous que Dieu ne vous a pas appelé au martyre, comme les autres moines ?

C'est évidemment un de ses secrets... La vie de chaque religieux est consacrée au Seigneur selon sa profession religieuse. Chacun d'entre nous doit se poser cette question, et trouver la réponse que l'Esprit lui suggère. Ce n'était pas le moment d'y penser. Nous devions nous mettre au travail pour faire face à la nouvelle situation : autant que possible, ne pas baisser la garde face à ce qui était arrivé à nos frères, et nous demander ce que le Seigneur voulait de nous pour l'avenir.

-Que pensez-vous des terroristes qui ont assassiné les moines ?

Nous ne savons toujours pas qui a tué les moines et pourquoi. Les enquêtes n'ont pas encore fourni de données définitives. Cependant, je pense que la réponse exacte à votre question devrait être basée sur la volonté du Père Christian : "Et à toi aussi, ami du dernier moment, qui ne saura pas ce que tu fais, oui, car je veux aussi te dire ce merci et ce "a-dieu" sur le visage duquel je te contemple. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons remplis de joie, au paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père, notre Père à tous deux. Amen.".

-Quel est l'intérêt de mourir en martyr aujourd'hui ?

Il me semble que le martyre n'est pas quelque chose qui peut être recherché comme un projet de vie que l'on s'offre. Être un martyr signifie être un témoin. Ce terme est souvent utilisé pour désigner celui qui reste fidèle au Seigneur, qui ne craint pas et n'hésite pas à subir des affronts très douloureux, voire à exposer sa vie si nécessaire. Le martyre est quelque chose qui se produit sans être choisi pour soi-même, mais dans lequel nous nous engageons librement par loyauté. Cela nécessite la grâce de Dieu.

Avez-vous le mal du pays de Tibhirine ?

Je continue à témoigner mon amour et mes meilleurs vœux à mes amis de Tibhirine. Je reste en contact avec eux par téléphone et par courriel. Quoi qu'il en soit, je pense qu'un sentiment de nostalgie n'est pas approprié ; il est inutile et malsain. Nous devons être corps et âme là où le Seigneur veut que nous soyons. S'il est vrai que, dès le début, lorsque nous avons commencé au Maroc, nous avons envisagé avec espoir la possibilité de nous réinstaller en Algérie dès que les circonstances le permettront.

L'auteurMiguel Pérez Pichel

Lectures du dimanche

La parole de Dieu entre dans l'histoire. Lectures pour le deuxième dimanche de l'Avent

Andrea Mardegan commente les lectures du deuxième dimanche de l'Avent et Luis Herrera prononce une courte homélie vidéo. 

Andrea Mardegan-1er décembre 2021-Temps de lecture : 2 minutes

Dans les premiers mots qui suivent l'Évangile de l'enfance de Jésus et de Jean, Luc suit une coutume fréquente dans les livres prophétiques de l'Ancien Testament et commence par citer les autorités civiles et religieuses de l'époque où la parole de Dieu "tombe" sur Jean.

Comme Isaïe, Jérémie, Baruch, Ézéchiel, Osée, Amos et d'autres, qui commencent leur livre en définissant le temps historique dans lequel la parole de Dieu leur a été manifestée. Cela signifie que la Parole de Dieu entre dans l'histoire pour la sauver, et que son apparition est historiquement vérifiable. Luc révèle ainsi également qu'il veut présenter Jean comme un prophète envoyé par Dieu. Déjà dans les passages consacrés à l'enfance de Jésus et de Jean, Luc nous avait habitués à cette structure : situation historique et parole de Dieu qui vient. "Au temps d'Hérode, roi de Judée", Selon Luc, la parole de Dieu, apportée directement par l'ange Gabriel, est parvenue à Zacharie, puis à Marie de Nazareth. Il introduit la naissance de Jésus en citant le décret de César Auguste concernant le recensement effectué. "à cette époque", et que "a été faite quand Quirino était gouverneur de Syrie". 

L'histoire humaine et la Parole de Dieu s'entremêlent, et la Parole de Dieu qui se fait homme dans le sein de Marie entre dans l'histoire d'une manière totalement nouvelle et jusqu'alors inimaginable. Les noms des autorités sont au nombre de sept, cinq civiles et militaires et deux religieuses. Un nombre qui, dans la Bible, rappelle la plénitude. Luc nous fait comprendre que toutes les autorités de tout genre et de tout âge, et toute l'histoire humaine, seront habitées de manière nouvelle et pour toujours par la parole de Dieu, avec une puissance et une efficacité extraordinaires. "Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront aplanies ; le tortueux sera redressé, l'inaccessible sera nivelé". 

Nous nous souvenons des paroles de Jésus qui définit Jean comme suit "le plus grand parmi ceux qui sont nés de femmes", mais ajoute aussi : "Le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui". Nous aussi, nous sommes dans cette petitesse. Rappelons-nous donc la dimension prophétique de notre vocation chrétienne. Nous reconnaissons qu'il s'agit d'une initiative de Dieu, et que sa parole reçue provoque en conséquence : aller, agir et parler. C'est le même processus qui se produit chez Marie et, avec plus de difficulté, chez Zacharie. Ils reçoivent la parole et ils agissent, puis ils prophétisent. C'est ce qui se passe au baptême et tout au long de la vie chrétienne. Pour faciliter l'écoute de la parole, nous sommes appelés à reproduire le désert de Jean : le silence, l'écoute, la distanciation par rapport aux choses qui crient et ne permettent pas d'écouter Dieu qui parle et nous envoie en son nom. Et laissons sa parole nous conduire là où il veut que nous allions.

Homélie sur les lectures du deuxième dimanche de l'Avent

Le prêtre Luis Herrera Campo offre ses nanomiliaune courte réflexion d'une minute pour ces lectures.

Famille et idéologies

La lecture de "Feria", la première œuvre d'Ana Iris Simón, confirme une chose que beaucoup de gens aujourd'hui ne veulent pas entendre : que la famille n'est le patrimoine d'aucune idéologie.

1er décembre 2021-Temps de lecture : 2 minutes

Je viens de lire Foirele premier livre de Ana Iris Simón. L'œuvre transpire la sagesse qui distingue ce qui est permanent et commun à tous les êtres humains, et qui fait partie de l'authentique sagesse du peuple, à laquelle - comme tant d'autres - je me suis sentie identifiée. Je me réjouis de son succès et félicite sincèrement l'auteur pour cette invitation à repenser les choses qui valent vraiment la peine, le progrès.

Des membres éminents du mouvement progressiste se sont insurgés contre le fait que l'auteur, un militant de la cause des droits de l'homme, ait été condamné à la peine de mort. gauche- d'offrir un témoignage sincère et attachant sur la famille, une institution qui est ouvertement de droite. Ceux qui prêchent le plus la tolérance ne semblent pas pouvoir accepter que quiconque dans leurs rangs s'écarte de ce qui leur a été dicté. politiquement correct sur une question aussi fondamentale.

Selon le discours progressifLa famille est la consécration de l'hétéropatriarcat, qui doit être démoli au profit d'un égalitarisme qui élimine la différence ; et l'émancipation de l'individu. Certains - du moins en théorie - voudraient que la première communauté humaine soit un contrat entre des individus asexués et autonomes. Malheureusement, certains des fruits de cette approche sont déjà plus qu'évidents : la solitude et la précarité, non seulement sur le plan économique, mais surtout sur le plan affectif. 

L'auteur se demande si c'est vraiment progrès le renoncement aux vraies valeurs des relations familiales, comme l'amour durable et inconditionnel, ou la maternité et la paternité. J'ai aimé ce livre avant tout parce qu'il confirme quelque chose que beaucoup de gens aujourd'hui ne veulent pas entendre : la famille n'est pas l'héritage d'une quelconque idéologie.

Ortega a déclaré que "être de gauche est, comme être de droite, l'une des infinies façons dont l'homme peut choisir d'être un imbécile". Ces formes d'"hémiplégie morale" montrent l'incapacité de penser d'une manière qui est extensive et réaliste, au-delà des filtres de l'idéologie, analogue à une personne souffrant d'une paralysie motrice de la moitié de son corps. Il est donc grand temps de mettre fin aux idéologies, qui rigidifient et immobilisent les idées et, surtout, obscurcissent notre vision de la réalité.

La famille - qu'elle fonctionne mieux ou moins bien - est ce que nous avons tous en commun. Nous sommes tous issus d'une famille, qui est notre réseau de soutien et de soins mutuels. L'amour familial est le plus démocratique et le plus égalitaire, car il s'agit essentiellement d'un amour sans préférences. Selon les mots de Fabrice Hadjadj, la famille est la communauté d'origine, donnée par la nature et pas seulement établie par convention. C'est pourquoi c'est dans la famille que se vit la liberté la plus authentique : la liberté de consentir et de vouloir ce qui nous est donné. La famille est ce qui reste toujours avec nous, même si nous échouons dans tous les autres domaines de notre vie. C'est l'endroit où nous pouvons toujours revenir.

Ne pas avoir de famille est le seul véritable déracinement. Nous avons tous un désir de famille, y compris - même s'ils ne veulent pas l'admettre - ceux qui souffrent de cette triste maladie. hémiplégie moraleIls insistent pour faire passer l'idéologie avant les preuves.

L'auteurMontserrat Gaz Aixendri

Professeur à la faculté de droit de l'Université internationale de Catalogne et directeur de l'Institut des hautes études familiales. Elle dirige la Chaire sur la solidarité intergénérationnelle dans la famille (Chaire IsFamily Santander) et la Chaire sur les politiques de l'enfance et de la famille de la Fondation Joaquim Molins Figueras. Elle est également vice-doyenne de la faculté de droit de l'UIC Barcelone.

Les festivités, dans leur propre temps

Les fêtes sont une partie essentielle de l'humanité et c'est même un commandement de les sanctifier. Nous ne sommes pas faits seulement pour travailler et pleurer pour vivre dans cette vallée de larmes, nous sommes faits pour le ciel, pour le grand banquet céleste.

1er décembre 2021-Temps de lecture : 2 minutes

Il y a quatre mois, alors que je profitais de mes vacances d'été, la radio, la télévision, la presse écrite et numérique me rappelaient chaque jour que je pouvais déjà acheter un numéro de loterie de Noël car : "Et s'il arrivait ici, sur le lieu de mes vacances d'été ?

Il y a trois mois, alors que je n'avais pas encore eu le temps de ranger mon maillot de bain, la boulangerie de mon quartier a commencé à exposer dans ses vitrines les friandises typiques de Noël : mantecados, polvorones, roscos de vino...

Il y a deux mois, alors qu'ici à Malaga, ma ville, nous portions encore des manches courtes, les premiers ouvriers ont commencé à installer des arbres de Noël, des décorations et des lumières dans les principales rues et places de la capitale.

Il y a un mois, alors que nous nous rendions dans les cimetières pour honorer les morts comme le veut la tradition, les centres commerciaux ont commencé leur campagne avec des offres spéciales pour la période de Noël.

Nous attendons Noël avec impatience, et c'est très bien, mais si nous l'avançons autant, quand il arrive enfin, ce que nous voulons, c'est qu'il se termine le plus vite possible.

Pour éviter la fatigue de Noël, et pour vraiment profiter des festivités, j'impose une règle de zéro tradition à la maison jusqu'au premier dimanche de l'Avent. Une fois cette limite franchie, l'interdiction des sucreries, les visites au centre pour voir les lumières, les premières propositions de lettres aux rois, etc. s'ouvrent progressivement.

Et non, je ne vais pas me lancer dans le discours éculé selon lequel Noël a été commercialisé et qu'il s'agit de la fête de la consommation, car je n'ai pas honte de dire qu'à Noël, je consomme beaucoup plus qu'à tout autre moment de l'année. Bien sûr que je le fais !

Bien sûr la consommation n'est pas le sens de Noël, bien sûr la Nativité du Seigneur nous apporte un message de proximité avec les pauvres, de simplicité, et bien sûr il n'y a rien de plus éloigné de la charité que de gaspiller quand d'autres sont dans le besoin, mais attention à ne pas tomber dans le puritanisme.

Les fêtes sont une partie essentielle de l'humanité et c'est même un commandement de les sanctifier. Nous ne sommes pas faits seulement pour travailler et pleurer pour vivre dans cette vallée de larmes, nous sommes faits pour le ciel, pour le grand banquet céleste. Manger quelque chose que nous ne pouvons nous permettre qu'une fois de temps en temps, donner ce que nous savons que quelqu'un d'autre attend avec impatience, ou offrir à la famille et aux amis ce que nous avons de mieux, sont des façons de vivre notre foi dans un esprit de fête, parce que l'époux est avec nous. Les jours de jeûne et de pénitence viendront, mais Noël ?

En tant que bon fils de la culture méditerranéenne, Jésus était très porté sur la fête et, pour cette raison, très critiqué ; il était catalogué comme un mangeur, un buveur et un dépensier. Et c'est précisément le mystère de l'Incarnation que nous allons célébrer : que Dieu se fasse homme comme vous et moi, qu'il jouisse des mêmes choses que vous et moi, qu'il mange, boive, rie, chante... Un Dieu qui ne vit pas dans les nuages, mais qui vient à Noël s'asseoir à notre table. Allons-nous lui donner un peu de laitue pour qu'il n'ait pas d'indigestion ?

En guise de recommandation pour ce temps de l'Avent, le film que le pape François cite dans Amoris Laetitia : "Le Festin de Babette" (PrimeVideo). Cela nous aidera à voir l'importance que nous, catholiques, accordons à cette fête. Car maintenant, oui, il est temps de se préparer pour le festin.

L'auteurAntonio Moreno

Journaliste. Diplômé en sciences de la communication et licencié en sciences religieuses. Il travaille dans la délégation diocésaine des médias à Malaga. Ses nombreux "fils" sur Twitter sur la foi et la vie quotidienne sont très populaires.

Espagne

Liberté et engagement, clés du monde contemporain

Le 10e symposium de saint Josémaria, qui s'est tenu à Jaén les 19 et 20 novembre, a traité de la relation entre liberté et engagement. Des politiciens, penseurs, influenceurs, théologiens et religieux se sont réunis pour réfléchir à ces aspects des enseignements de saint Josémaria dans la société d'aujourd'hui.

David Fernández Alonso-30 novembre 2021-Temps de lecture : 10 minutes

"La liberté et l'engagement sont deux concepts inextricablement liés, pour autant que nous comprenions correctement la signification de la liberté.". C'est ainsi que s'est exprimé l'ancien ministre de l'Intérieur, ancien député européen et actuel promoteur de la Fédération européenne. Un de nousJaime Mayor Oreja, son discours lors de la conférence inaugurale du 10e symposium de saint Josémaria, qui s'est tenu à Jaén les 19 et 20 novembre, intitulé Liberté et engagement

Le Symposium international de saint Josémaria est une rencontre qui vise à réfléchir sur les enseignements de saint Josémaria dans le monde d'aujourd'hui. Elle a lieu tous les deux ans depuis 2002, avec des thèmes tels que l'éducation, la coexistence, la famille et la liberté. Le symposium est organisé par la Fondation Catalina Mir, une organisation à but non lucratif qui promeut des activités à caractère social et d'orientation en faveur de la famille et des jeunes dans leurs années de formation. Elle encourage le volontariat social et le développement dans les pays du tiers monde. Elle s'inspire des valeurs éthiques de la civilisation chrétienne. Cette année, comme les années précédentes, elle a été suivie par un grand nombre de jeunes.

La liste des intervenants au symposium était large et variée, comprenant des noms éminents, en plus de l'ancien ministre Mayor Oreja, tels que le philosophe Jose María Torralba, le professeur Rafael Palomino, Isabel Rojas, psychologue et psychothérapeute, Juan Jolín, prêtre responsable de la prise en charge des patients du COVID pendant la pandémie à l'IFEMA, Rosa María Aguilar Puiggrós, coordinatrice de la Fundación Aprender a Mirar, Víctor Petuya, président de l'Association pour la protection de l'environnement et de la santé publique. Association européenne des parents d'élèvesHarouna Garba, migrant du Togo ; Toñi Rodríguez, membre numéraire auxiliaire de l'Opus Dei ; Joaquín Echeverría, père d'Ignacio Echeverría ; Enrique Muñiz et Jesús Gil, auteurs du livre Laissez Jésus seul brilleret Javier López Díaz, directeur de la Chaire Saint Josémaria de 2013 à 2019 à l'Université Pontificale de la Sainte-Croix.

Parallèlement, un programme destiné exclusivement aux jeunes a été organisé, intitulé Millennials de la foi. Parmi les intervenants figureront, entre autres, les fiancés Marieta Moreno González-Páramo et Iñigo Álvarez Tornos, Pietro Ditano, Carla Restoy, Teresa Palomar, et Mère Verónica Berzosa, fondatrice de Iesu Communio

La vérité vous rendra libre

Le maire Oreja a filé son discours en utilisant deux expressions antagonistes, comme une proposition pour définir deux façons de comprendre la liberté : la première est la phrase évangélique "...".la vérité vous rendra libre". La seconde est la déformation de cet aphorisme, " ... ".la liberté te rendra vrai". Il s'agit de "deux attitudes face à la vie qui s'affrontent dans le principal débat qui nous occupe aujourd'hui". Considérez que la liberté nous rend vrais ".constitue un mensonge". En plus, vivre comme ça, penser que faire ce que tu "Elle nous rapproche de l'égoïsme, du caprice, du superficiel, du matériel, de la banalité. C'est l'expression du relativisme moral. C'est-à-dire le néant. Cela conduit à ne croire en rien ou presque rien. Et c'est ainsi qu'elle est devenue la mode dominante.", a déclaré l'ancien ministre. 

Cependant, "embrasser l'évangile en disant la vérité vous rendra libresignifiera un changement profond et total dans la vie."Le maire voulait souligner. Malgré cela, il considère que la mode dominante actuelle se fonde davantage sur la phrase déformée que sur le dicton évangélique. Pour cette raison, ".Nous devons nous demander pourquoi cette prédominance du mensonge sur la vérité, surtout ces derniers temps. Nous n'avons pas su gérer notre amélioration du bien-être matériel. On est passé du prestige de la vérité au ressentiment à son égard. La mode qui prévaut a transformé la hiérarchie des valeurs.". 

L'ancien député européen a rappelé qu'il y a des années, nous avions l'habitude de désigner ceux qui n'avaient pas de fondation comme "... des gens qui n'avaient pas de fondation".pas de fondationset maintenant il est marqué comme "...".fondamentalistes” a aquellos por el mero hecho de tener unas convicciones, unos fundamentos, precisamente porque ha cambiado la moda dominante. 

Le maire de Jaén, Julio Millán ; l'ancien ministre Jaime Mayor Oreja ; et le président de la Fondation Catalina Mir, Daniel Martínez Apesteguía.

Une crise de civilisation

La crise de la société occidentale, a déclaré M. Mayor, "... est une crise de l'avenir.ce n'est pas une crise politique, ni une crise économique ; c'est une crise de civilisation, une crise de vérité, une crise des fondements, une crise de conscience.". C'est donc que "lorsque cette crise pénètre l'individu, le résultat est une société dominée par le désordre social, qui est la principale caractéristique de la politique et de la société espagnole et européenne aujourd'hui.". 

Par conséquent, poursuit le rapporteur, "Nous avons tous l'obligation de rechercher la vérité, mais ceux d'entre nous qui ne cachent pas leur foi ont un degré d'obligation plus élevé que les autres, car nous croyons en une vérité absolue. Ce fait de notre foi ne constitue pas une raison pour une prétendue supériorité morale absurde ou tout autre type de supériorité. Ce qu'il signifie, c'est un plus grand degré d'obligation et de service envers notre société dans son ensemble.". C'est donc une obligation pour le chrétien "de ne pas rester à la surface des faits, sans prendre conscience de ce qui se passe réellement dans notre société.". 

Un moment unique dans l'histoire

"Nous ne vivons pas à n'importe quelle époque dans la société occidentale.", a déclaré le maire Oreja. "Dans le sillage de la fracture politique et sociale que connaissent les États-Unis, nombreux sont ceux qui, en Europe, cherchent à remplacer un ordre fondé sur des bases chrétiennes par un désordre social.". Il a souligné qu'il s'agit du principal défi auquel les chrétiens sont confrontés dans la société actuelle. Un défi auquel est confronté un "une offensive culturelle accélérée qui a commencé il y a quelque temps et s'est accélérée au cours de la dernière décennie.". Un processus culturel qui, dans la législation, a commencé par légitimer l'avortement, a-t-il dit. Pour paraphraser le penseur et philosophe espagnol Julián Marías, "a été la chose la plus grave qui se soit produite au XXe siècle : l'acceptation sociale de l'avortement, jusqu'à croire qu'il s'agit d'un progrès et non d'une régression vers les formes les plus sombres de l'histoire comme la torture ou l'esclavage.". L'avortement constituerait donc ".la première expression du mal dans ce processus. Après quelques années, le mal s'est sophistiqué, dans une deuxième phase, plus difficile à combattre : l'idéologie du genre. Et dans un troisième temps, la socialisation du mal : l'euthanasie. Ce qui signifie l'élargissement et l'extension de la culture de la mort.". 

Cette crise des fondamentaux, a conclu Mayor Oreja, repose sur une autre crise. Il s'agit d'un "crise de la foi". "le mépris de la dimension spirituelle et religieuse de l'individu et de la société", a-t-il poursuivi. Il est donc nécessaire de lutter contre cela ".l'obsession malsaine qui nous hante contre les fondements chrétiens de l'Europe et la culture de la vie". "Le débat le plus important en Europe aura lieu, face à l'avancée du relativisme, entre le relativisme et les fondamentaux chrétiens. Entre ceux qui ne croient en rien ou presque et ceux d'entre nous qui essaient de croire, même si on nous appelle des fondamentalistes. Ni l'Europe ni l'Espagne ne se régénéreront en faisant abstraction de leur dimension spirituelle. Ils ne se régénéreront pas en se vengeant des fondements qui ont constitué le cœur de notre civilisation.". Au contraire, il conclut : "nous devons rechercher la vérité. Nous voulons confirmer que la vérité nous rendra libres, sur la base de l'authenticité de nos convictions, de nos fondements. Et surtout de l'engagement. Liberté et engagement". 

La liberté en tant que pèlerins ou en tant qu'errants

La relation entre la liberté et l'engagement était le thème cadre de la conférence qui s'est tenue à Jaén les 19 et 20 novembre. "Enseigner comment vivre la liberté aujourd'hui est le plus grand défi de l'éducation.", a déclaré le professeur Josemaría Torralba dans l'une des conférences principales. 

Le professeur Torralba a expliqué que "La liberté peut être comprise comme le point de vue d'un "pèlerin", de quelqu'un qui traverse la vie en partant d'une origine, en quittant sa maison et en allant vers un autre lieu, vers un but, une autre maison qui l'attend. Le pèlerin sait d'où il vient et sait où il va. Par conséquent, pour lui, la liberté est la capacité d'atteindre le but qu'il s'est fixé. En revanche, l'autre façon de traverser la vie est celle du "vagabond", celui qui va d'un endroit à l'autre sans fin, et qui n'a pas de maison. Le vagabond comprend la liberté comme le fait de décider simplement des choses sans finalité claire, sans but, sans orientation. Il traverse la vie sans direction claire". 

Le professeur a déclaré que de nos jours, il est de plus en plus courant de trouver de telles pensées sur la liberté. Le fait de pouvoir vivre sans contraintes, "les liens qu'offrent un foyer, des liens, une famille".

Ce sont précisément ces liens, "l'engagement" dit Josémaria Torralba, ".est un chemin de liberté". L'engagement n'est donc pas quelque chose qui nous limite simplement. "L'engagement nous permet de réaliser des biens, tels que l'amitié ou la famille.". "Et on pourrait dire", a-t-il poursuivi, "qu'à travers les engagements nous acquérons une liberté réalisée. On peut rendre la liberté réelle". Le professeur d'éthique a estimé que nous vivons dans une société où il semble que la liberté soit atteinte dès lors qu'elle ne limite pas sa vie, ce qui consiste à ne pas acquérir d'engagements. Cependant, ".C'est une erreur, une tromperie, une illusion, un mirage.". D'autre part, "On peut dire que la personne qui a su faire de bons compromis est plus libre. Il a su choisir les engagements qui en valent la peine. Amitié, amour, famille, société, religion, etc.". 

Torralba a raisonné que "aujourd'hui, cette capacité à diriger sa propre vie produit un certain sentiment d'inconfort". Un sentiment qui est donné parce que ".il n'est pas facile de s'y retrouver parmi tant d'options". Il affirme que la solution consiste à découvrir que la liberté ne se réduit pas à l'autonomie. "Nous devons apprendre à traverser la vie comme des pèlerins, qui ont une maison et savent où ils vont. Et non pas comme des vagabonds, qui pensent être libres parce qu'ils sont sans attaches, mais en réalité ils ne le sont pas.". 

Se sentir chez soi dans le monde

Le philosophe a utilisé une image très illustrative pour réfléchir à la véritable signification de la liberté : "...la liberté n'est pas une simple chose du passé.La liberté au sens plein du terme pourrait être définie par cette image, se sentir chez soi dans le monde.". Se sentir chez soi parce que vous "s'adapte aux circonstances de sa propre vie. Celles que vous avez choisies, mais aussi celles qui se sont produites.". "La grandeur de la liberté est de savoir ne pas se laisser conditionner par les circonstances difficiles qui se présentent dans la vie, mais de les surmonter.". 

Il est courant d'associer le relativisme dominant à la liberté. L'orateur a transmis l'idée que la liberté nous rend capables du plus bas, mais aussi, et c'est là le point important et précieux, la liberté nous rend capables du plus haut et du plus noble. Par conséquent, "sans liberté, il n'y aurait pas d'amour". Et donc, dans son sens le plus profond, "...".Aimer, c'est donner et partager la vie avec une autre personne. C'est la chose la plus précieuse que nous ayons. C'est la réponse ultime à la question de savoir pourquoi nous sommes libres. Nous sommes libres d'être capables d'aimer. Aujourd'hui, il est plus nécessaire que jamais de reconquérir la liberté.". 

Aimer, c'est donner et partager sa vie avec une autre personne. C'est la chose la plus précieuse que nous ayons. C'est la réponse ultime à la question de savoir pourquoi nous sommes libres. Nous sommes libres d'être capables d'aimer. Aujourd'hui, il est plus nécessaire que jamais de reconquérir la liberté.

Josemaría TorralbaPhilosophe et directeur du programme de base de l'université de Navarre.

À la fin de son discours, le professeur Torralba a fait un commentaire sur l'idée du bien, qui est précisément l'essence de la liberté. "Le bon", il a dit, "a toujours le nom d'une personne. Il porte le nom d'un ami, d'un enfant, d'un conjoint, de Dieu. Le bien est paradigmatiquement et principalement dans les actions que nous réalisons pour ou avec ces personnes. Le bien ne peut être compris comme quelque chose d'abstrait. Il est important d'éviter la confusion fréquente qui consiste à penser que l'engagement est libre exclusivement parce que personne ne nous a forcé à le prendre et parce que nous pouvons le défaire.". 

Ainsi, "est plus libre celui qui s'est engagé". C'est "la liberté du pèlerin, qui à chaque pas s'approche de sa fin. La liberté du vagabond, dans sa version extrême, est celle qui ne prend pas de décisions importantes et n'établit pas de liens profonds. Il est moins libre parce qu'il ne sait pas où il est utile d'aller. Précisément parce que la liberté est une ouverture incertaine sur l'avenir, elle exige, si nous voulons grandir dans la liberté, un regard capable de trouver un sens aux situations dans lesquelles la vie nous place. Celui qui aime, souffre".

Intégrer tout dans la vie

Le sens que nous donnons à nos vies "nous permet d'intégrer ce qui s'est passé dans notre vie et de nous adapter à des circonstances que nous ne pouvons pas changer.". "Le vagabond reste toujours insatisfait. Et c'est le reflet de ce qui abonde aujourd'hui. Le vagabond ne trouve pas de sens à ce qu'il fait. Et le sens n'est pas un sentiment superficiel. C'est l'expérience que l'on intègre dans sa situation de vie". 

"C'est gratuit, conclu, "la personne qui, dans la situation dans laquelle elle vit, parvient à assembler les pièces du puzzle, à donner un sens à la situation, à donner un sens à la situation, à donner un sens à la situation, à donner un sens à la situation, à donner un sens à la situation.". 

La foi dans la culture du 21e siècle

Après la conférence, le programme du symposium comprenait trois panels, le premier étant intitulé Est-ce que ces temps sont bons? le deuxième Libération de la douleur et de la peuret un troisième avec des témoignages. 

Dans le premier, il convient de souligner l'intervention du professeur Rafael Palomino, lui-même collaborateur d'Omnes. Sa réflexion était basée sur la foi dans la culture du 21ème siècle. Une réflexion que l'on peut résumer par les mots de Mgr Javier Echevarria, prédécesseur de l'actuel prélat de l'Opus Dei : "... la foi dans la culture du XXIe siècle".Ne laissons pas tomber dans le vide le défi salutaire d'encourager de nombreuses personnes et institutions, dans le monde entier, à promouvoir - à l'exemple des premiers chrétiens - une nouvelle culture, une nouvelle législation, une nouvelle mode, conformes à la dignité de la personne humaine et à son destin à la gloire des enfants de Dieu en Jésus-Christ.".

Le professeur Palomino a encadré ses propos par les données du baromètre du Centro de Investigaciones Sociológicas (CIS). En juin 1979, selon ces données, 90,03 % se considéraient comme catholiques en Espagne. Parmi ceux-ci, 55 % se considéraient comme pratiquants, et 34 % non pratiquants. En septembre 2021, le même baromètre montre que seulement 57,4 % se considèrent comme catholiques et le rapport entre pratiquants et non-pratiquants est inversé : 18,4 % se considèrent comme pratiquants et 39 % non-pratiquants. Il y a 2,5 1,5 % de croyants dans d'autres religions et les 38,9 % restants se considèrent agnostiques, indifférents ou athées. 

Il est donc clair que le catholicisme n'est plus une force culturelle influente. Et cela est évident car "l'un des éléments permettant de mesurer la culture d'un pays", a reflété Palomino, "qui est la législation, introduit depuis 1981 l'ingénierie sociale, une expérience visant à changer la société espagnole". Cela a commencé avec la modification qui a introduit le divorce causal, ce qui a lancé un processus dans la législation. Elle s'est poursuivie avec la dépénalisation de l'avortement, du divorce sans cause, du mariage homosexuel, de l'euthanasie". Et le drame est que "la législation fait paraître tout à fait normal ce qui est en soi contraire à la dignité humaine". 

Un changement de climat culturel

On peut dire, dans ce sens, que ".nous vivons une glaciation spirituelle en occident, et un changement climatique culturel, également pour les religions.". "La religion chrétienne a besoin d'être inculturée, de vivre dans la chair des personnes qui la professent.". 

Le professeur Palomino a proposé quelques considérations concrètes sur cette situation : tout d'abord, ".Il est important que dans le débat public, nous sachions comment changer les cadres conceptuels. Si l'on vous dit "ne pensez pas à un éléphant", vous êtes en train de penser à un éléphant. Lorsqu'ils vous imposent les cadres de réflexion, ils fixent déjà les limites du débat.". Deuxièmement, que ".le support est le message. Ne laissez pas l'interposition des médias empêcher l'exposition des personnes. Ce qui se communique dans une communauté, c'est la joie d'être chrétien, c'est une famille souriante.". Troisièmement, il est nécessaire de "toujours avoir un plan d'entraînement en place. Notre foi est la foi du Logos. Nous sommes obligés d'avoir une formation solide. Avoir toujours un plan de formation ouvert.". Et enfin, que ".si vous ne faites partie ni de la solution ni du problème, vous faites partie du paysage. Et un chrétien ne peut pas faire partie du paysage. Pour que le mal triomphe, il suffit que les hommes de bien ne fassent rien.". 

La religion chrétienne a besoin d'être inculturée, de vivre dans la chair des personnes qui la professent.

Rafael PalominoProfesseur de droit ecclésiastique de l'État.

Il a conclu en soulignant qu'il est nécessaire de "rendre la foi présente dans la culture". Et ce n'est pas une affaire comme les autres". Il s'agit d'une "nouvelle évangélisation".  

Lors de la clôture du symposium, le vicaire de la prélature de l'Opus Dei en Andalousie orientale a lu le message du prélat de l'Opus Dei, Monseigneur Fernando Ocáriz. Dans son message, il a déclaré que "les concepts de liberté et d'engagement sont souvent présentés comme opposés et pourtant ils sont complémentaires. Qui plus est, ils ont besoin les uns des autres. Sans liberté, je ne peux pas m'engager, et l'engagement implique toujours une décision libre". Il a également assuré que, précisément si "nous sommes clairs sur les raisons de nos engagements, sur le pourquoi et le comment de nos obligations quotidiennes, nous serons en mesure de les remplir librement, par amour, même si parfois nous nous en lassons et qu'elles deviennent difficiles".

Vatican

Le rôle des personnes handicapées

Le pape François a adressé un message à l'occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, dans lequel il a insisté sur le fait qu'en tant que laïcs et baptisés, ils sont "partageant la même vocation que tous les chrétiens", et que leur présence "interpelle la pastorale de la famille et est au cœur de la préoccupation de l'Église pour la défense de toute vie".

Giovanni Tridente-29 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

"L'Église vous aime et a besoin de chacun d'entre vous pour remplir votre mission au service de l'Évangile. Ce sont les premiers mots du message du pape François aux personnes "vivant avec un handicap" à l'occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre.

Il s'agit d'un anniversaire instauré par les Nations unies en 1992 afin d'accroître la sensibilisation et la compréhension des questions liées au handicap, ainsi que les efforts visant à garantir la dignité, les droits et le bien-être des personnes vivant avec un handicap.

Du Vatican, le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, qui a récemment entamé une réflexion et une action pastorale dans ce domaine, "un nouveau thème dans lequel nous avons décidé de nous engager et d'investir beaucoup d'énergie", a expliqué le père Alexandre Awi Mello lors d'une conférence de presse en présentant le message du pape. Il s'agit d'un engagement qui concerne les trois compétences principales du Dicastère, car les personnes handicapées, en tant que laïcs et baptisés, sont "partageant la même vocation que tous les chrétiens", et leur présence "interpelle la pastorale de la famille et est au cœur de la préoccupation de l'Église pour la défense de toute vie".

Le thème choisi pour le Message de cette année est tiré du 15ème chapitre de l'Evangile de Jean, "Vous êtes mes amis", et c'est précisément sur ces paroles de Jésus que le Pape François a basé sa "salutation" et sa réflexion.

Jésus comme ami

"Avoir Jésus comme ami est la plus grande des consolations et peut faire de chacun de nous un disciple reconnaissant et joyeux, capable de témoigner que notre propre fragilité n'est pas un obstacle pour vivre et communiquer l'Évangile", explique le souverain pontife dans le document, rappelant que précisément cette "amitié confiante et personnelle avec Jésus" peut être "la clé spirituelle pour accepter les limites que nous connaissons tous et pour vivre notre condition de manière réconciliée".

Le besoin de la communauté

En plus de la relation personnelle, la communauté est nécessaire, et les personnes handicapées sont des membres à part entière de l'Église - répète le pape François - précisément en raison de leur baptême et du choix de Jésus d'"être notre ami".

Il est donc nécessaire de bannir toutes les formes de discrimination, encore présentes à différents niveaux de la société, liées aux préjugés, à l'ignorance et à une culture qui peine à comprendre "la valeur inestimable de chaque personne". Dans la sphère ecclésiale, cette absence de discrimination se traduit par une plus grande "attention spirituelle", à commencer par l'accès aux sacrements.

Le protagonisme à la lumière de l'Évangile

Dans la dernière partie du message, le Pape réitère la nécessité pour ces personnes d'être des protagonistes à la lumière de l'Évangile : " l'Évangile est aussi pour vous. C'est une Parole adressée à tous, qui console et, en même temps, appelle à la conversion". Cela se traduit par un profond appel à la confiance en Dieu - comme en témoignent les récits évangéliques des personnes handicapées qui ont rencontré Jésus à son époque - et par une volonté de prier, comme une mission spécifique confiée par le pape : "chers frères et sœurs, votre prière est aujourd'hui plus urgente que jamais".

"Ils ont besoin de moi"

"Je suis heureux que le pape ait écrit que je suis important pour l'Église, que je suis nécessaire. Certes, en raison de ma situation, j'ai besoin de beaucoup de choses, mais j'ai aussi ma tâche de disciple de Jésus", a commenté Antonietta Pantone, de la Communauté "Foi et Lumière", en présentant le message de cette année aux journalistes.

Entre-temps, le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie a préparé une collection de cinq vidéos pour la campagne #IamChurch, qui sera lancée le 6 décembre, avec les témoignages de chrétiens handicapés de différents pays, notamment de jeunes sourds du Mexique et de religieuses trisomiques vivant leur vocation dans un monastère en France.

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Amérique latine

L'Église synodale marque l'Assemblée ecclésiale d'Amérique latine

Le rêve du pape François d'une "Église synodale", avec trois clés fondamentales - la communion, la participation et la mission - a été au centre des travaux de l'Assemblée ecclésiale d'Amérique latine et des Caraïbes, qui s'achève aujourd'hui, dimanche, au Mexique.

Rafael Miner-28 novembre 2021-Temps de lecture : 5 minutes

Dimanche dernier, le pape François s'est adressé aux participants de l'Assemblée ecclésiale de l'Amérique latine et des Caraïbes, réunis à Mexico, avec le désir de "promouvoir une Église à rayonnement synodal, de raviver l'esprit de la cinquième Conférence générale de l'épiscopat qui, à Aparecida en 2007, nous a appelés à être des disciples missionnaires, et d'encourager l'espérance, en envisageant à l'horizon le Jubilé de Guadalupe en 2031 et le Jubilé de la Rédemption en 2033"..

Dans son MessageLe Souverain Pontife a remercié tous les participants pour leur présence à cette Assemblée, "qui est une nouvelle expression du visage latino-américain et caribéen de notre Église, en harmonie avec le processus de préparation de la XVIe Assemblée générale du Synode des Évêques, dont le thème est "Le visage latino-américain et caribéen de notre Église". Pour une Église synodale : communion, participation et mission".

Sur la base de ces clés qui " structurent et orientent la synodalité ", le Pape a exhorté " à prendre en compte de manière particulière deux mots sur ce chemin que vous faites ensemble : écoute et débordement ". Et il a brièvement expliqué leur signification.

À propos de l'"écoute", il a déclaré : "Le dynamisme des assemblées ecclésiales réside dans le processus d'écoute, de dialogue et de discernement. " L'échange permet de mieux écouter la voix de Dieu au point d'entendre avec lui le cri du peuple, et d'écouter le peuple au point de respirer en lui la volonté à laquelle Dieu nous appelle. "Je vous demande, a ajouté le pape, d'essayer de vous écouter les uns les autres et d'écouter les cris de nos frères et sœurs les plus pauvres et les plus oubliés".

En ce qui concerne le "débordement", le Saint-Père a souligné que "le discernement communautaire exige beaucoup de prière et de dialogue afin de trouver ensemble la volonté de Dieu, et il exige également de trouver des moyens de surmonter les différences afin qu'elles ne deviennent pas des divisions et des polarisations.

Dans ce processus, je demande au Seigneur que votre Assemblée soit l'expression du "trop-plein" de l'amour créateur de son Esprit, qui nous pousse à aller sans crainte à la rencontre des autres, et qui encourage l'Eglise à devenir toujours plus évangélisatrice et missionnaire à travers un processus de conversion pastorale".

Le souverain pontife a ainsi encouragé chacun à vivre ces journées "accueillant avec gratitude et joie cet appel au débordement de l'Esprit dans le peuple fidèle de Dieu en pèlerinage en Amérique latine et dans les Caraïbes".

De nombreux cardinaux et archevêques

Des milliers de participants ont pris part à l'Assemblée ecclésiale, certains en personne et d'autres en ligne. Vous pouvez voir ici un guide de l'Assemblée en version populaire. La présence de cardinaux de la Curie du Vatican et d'autres cardinaux et archevêques d'Amérique latine et d'ailleurs était notable.

Le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine ; Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques ; le Hondurien Óscar Rodríguez Maradiaga ; le Péruvien Pedro Barreto, président du Réseau ecclésial panamazonien (REPAM) ; l'archevêque du Luxembourg, Jean Claude Hollerich, président des Conférences épiscopales d'Europe ; Oswald Gracias, archevêque de Bombay ; le Birman Charles Maung Bo, archevêque de Yangon, président de la Fédération des conférences épiscopales d'Asie ; naturellement l'archevêque Miguel Cabrejos, président du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), ainsi que le secrétaire du Dicastère pour la communication, Monseigneur Lucio Ruiz, entre autres prélats, avec le secrétaire général de la Commission pontificale pour l'Amérique latine, Rodrigo Guerra.

Écouter le Saint-Esprit

"Qu'est-ce que le rêve d'une Église synodale, une nouvelle mode, une stratégie de communication, une idéologie déguisée en programme pastoral, une méthode de conversion missionnaire de l'Église ? Face à ces interrogations, le cardinal Marc Ouellet a commencé par expliquer dans son intervention qu'au-delà des questions et des doutes qui peuvent surgir sur le rêve du pape François d'une Église synodale, la réalité est très simple.

"Le pape croit en l'Esprit Saint", a souligné le cardinal, et "veut que nous apprenions à mieux l'écouter à tous les niveaux de l'Église, du dernier quartier des grandes métropoles d'Amérique latine au sommet du collège des pasteurs, en passant par les paroisses, les universités, les associations, les paysans, les mouvements populaires, culturels et sociaux, etc.".

Selon le préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Ouellet, "le point central est d'écouter attentivement ce que l'Esprit Saint dit à chacun, "sans précipitation, sans idées préconçues ni préjugés, sans induire au moment de la consultation ce que nous voudrions promouvoir comme modèle d'Église", rapporte Vatican News.

En ce sens, le président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine a souligné que le pape souhaite que, à partir de l'expérience de la foi, "nous puissions tous contribuer à renouveler nos cœurs, notre pastorale et nos structures afin que l'Église vive de plus en plus selon le style de Jésus".

Dimensions de l'Église synodale

Le cardinal du Vatican a également mis l'accent sur les trois dimensions d'une Église synodale, que le pape François a décrites pour nous guider dans l'écoute de l'Esprit Saint. Ce sont la communion, la participation et la mission.

" Participer, c'est éveiller la foi, pour que nous nous mettions tous en chemin, que nous allions vers Jésus, que nous rencontrions Marie sur sa Croix, que nous nous réunissions au Cénacle pour communier à son Corps et à son Sang, que nous sortions dans la rue pour témoigner de sa résurrection et proclamer les merveilles de son Esprit de Vie nouvelle et éternelle, la Vie du Ressuscité partagée et célébrée dans notre baptême ", a déclaré le cardinal Ouellet.

Avant de conclure, le Cardinal a félicité le CELAM pour ses efforts dans l'organisation de cette Assemblée en temps de pandémie, dans laquelle la figure de la Vierge Marie joue un rôle fondamental, au-delà de la dévotion populaire, car, a-t-il ajouté, "l'Église synodale en Amérique latine sera mariale ou ne sera pas".

"Je ne dis pas cela par simple dévotion", a-t-il ajouté, "je le dis en raison des faits qui obligent à penser à l'avenir de l'Amérique latine à la lumière du parcours marial de nos églises au cours des siècles". L'expérience de saint Juan Diego, qui a rencontré la Vierge de Guadalupe, qui a apporté la bonne nouvelle à l'évêque Zumárraga et qui, finalement, a été disponible pour construire la communion et la réconciliation, nous éduque à la véritable synodalité qui peut renouveler l'Église", a-t-il conclu.

Relation entre synodalité et mission

Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, a souligné l'énorme valeur de l'approfondissement du lien entre synodalité et mission. "Ces deux dimensions de l'Église peuvent constituer l'une des contributions les plus significatives de cette Assemblée et du parcours synodal de notre Église", a-t-il déclaré.

Prenant en compte l'histoire de cette Assemblée et citant les phases de Medellín, Puebla, Santo Domingo et Aparecida, "comme les étapes d'un parcours post-conciliaire, dans lequel les Eglises d'Amérique latine et des Caraïbes ont vécu une expérience extraordinaire de communion ecclésiale", le Cardinal Grech a souligné l'approche de conversion pastorale promue également par l'Exhortation Apostolique Evangelii gaudium.

"Cet événement représente une expression de la vision pastorale du pape François. Cette Assemblée représente également un pont entre le Synode sur l'Amazonie - Chère Amazonie comme expérience véritablement transformatrice pour sa région et le Synode sur la Synodalité. Ils sont explicitement liés par l'approche centrée sur la périphérie et l'ecclésiologie du peuple de Dieu", a ajouté le cardinal.

Selon lui, il existe une relation étroite entre la synodalité et la mission. "Il s'agit de deux dimensions constitutives de l'Église, qui - précisément parce qu'elles sont constitutives - se tiennent ou tombent ensemble. Essayez de penser au scénario de mission d'une Église non synodale ; une Église dans laquelle nous ne marchons pas ensemble, nous ne procédons pas dans un ordre particulier, chacun revendiquant le droit à la mission", a-t-il précisé.

Le cardinal Grechci s'est également adressé au pape François dans la Evangelii gaudium (nn. 115 et 117), pour souligner l'idée de "traduire l'unique Évangile du Christ dans le style latino-américain". Cela "ne menacera pas l'unité de l'Église", a-t-il dit, mais l'enrichira, "montrant que la Tradition n'est pas un chant à l'unisson ou une ligne mélodique d'une seule voix, mais une symphonie, où chaque voix, chaque registre, chaque timbre vocal enrichit l'unique Évangile, chanté dans une possibilité infinie de variations", a rapporté l'agence officielle du Vatican.

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Initiatives

Alberto Pascual. Les Madrugadores, le chapelet à la première lumière

Dans la paroisse de San Agustín de Guadalix, à Madrid, il y a un groupe de personnes qui se réunissent à 7h30 le premier samedi du mois pour prier le chapelet dans les rues de la commune.

Arsenio Fernández de Mesa-28 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

"Le Rosaire est un escalier vers le Ciel", disait saint Jean-Paul II, qui l'a tant prié et encouragé. Dans l'imaginaire populaire, cette prière semble destinée uniquement aux vieilles dames qui la marmonnent dans l'obscurité d'une église pour prier pour leurs proches. Mais penser que des hommes sortent dans le village pour la prier, après un départ matinal, en plein week-end et sans craindre le respect humain parce que ceux qui contemplent la scène singulière rient, cela semble impossible. Eh bien, dans la paroisse de San Agustín del Guadalix, une commune de moins de 15 000 habitants située au nord de Madrid, c'est une chose qui arrive assez fréquemment. Ce n'est pas une expérience ponctuelle, c'est quelque chose qui se fait depuis des années avec constance et avec une véritable piété et affection pour la Vierge. 

Les lève-tôt est un groupe d'hommes qui se réunissent le premier samedi du mois à 7h30 du matin pour prier le chapelet en marchant dans les rues. Alberto Pascual est l'un des heureux membres de cette aventure insolite qui déverse tant de bénédictions dans la vie de ceux qui entreprennent de la parcourir. "Nous nous rassemblons à la porte de l'église pour nous saluer et nous réveiller les uns les autres. Le nouveau venu dans le groupe est accueilli d'une manière particulière par chacun des membres. Nous partageons les mystères. Puis nous entrons dans l'église pour nous recueillir devant le tabernacle. Nous commençons par prier l'Angélus, puis nous sortons dans les rues pour prier le Rosaire lentement.". Le village se lève tranquillement et peu d'âmes sont dans les rues : le week-end vient de commencer ! C'est pourquoi une telle scène est si frappante. Alberto avoue fièrement : "Les gens ont l'air très surpris, car il n'est pas fréquent de voir trente hommes prier des Ave Maria et des Notre Père à cette heure de la journée. A la fin, nous avons chanté le Salve Regina et avons terminé par un petit déjeuner simple préparé par un membre de la paroisse.". 

Les lève-tôt se compose de trois moments : la prière du Rosaire, un petit-déjeuner réparateur et un exposé sur un point de formation. Cette conférence est préparée par une personne qui fait une présentation de quinze minutes sur un sujet d'actualité, qu'elle essaie toujours d'éclairer avec le Magistère de l'Église. Lorsque la présentation est terminée, une discussion s'engage, au cours de laquelle chacun apporte ses sentiments sur le sujet. Le groupe se termine à 21h30 et chacun rentre chez soi. Alberto insiste sur le fait que "le rôle du prêtre est fondamental pour modérer ou corriger les approches erronées, car il s'agit d'une rencontre formative et non d'un simple débat.". 

Les lève-tôt est né il y a des années, en juillet 2013. "Nous nous sommes rencontrés pour la première fois par hasard. Quelques hommes se sont réunis. Le groupe compte environ 60 personnes de la paroisse, mais tout le monde ne participe pas toujours. Il y a une grande liberté de participation.". Alberto me dit qu'une fois par an, ils se réunissent au monastère de Silos, à Burgos. Ils y passent le week-end et renforcent leurs liens personnels d'amitié et de foi. Ils participent également à des excursions culturelles. Tout est très familial dans une atmosphère de foi. Tout cela ressemble beaucoup à Dieu. 

Ce paroissien de San Agustín del Guadalix se sent béni par la prière du Rosaire et me dit que les membres de ce groupe appartiennent à Schoenstatt et ont fait le pacte d'amour avec la Sainte Mère depuis plusieurs années.Mois après mois, année après année, j'ai le sentiment que ce groupe n'est pas formé par des hommes mais vient de Dieu. L'Esprit Saint, d'une manière mystérieuse, touche le cœur de ceux d'entre nous qui sont là, soit à cause de ce que dit un compagnon, soit à cause d'un mystère du Rosaire qui vous marque, soit à cause de l'atmosphère d'affection qui règne. C'est une atmosphère sainte et spéciale. Vous pouvez voir que Dieu est au milieu.


Famille

Every Life Matters mobilise ce dimanche avec l'histoire de Leire

La jeune femme de Saint-Sébastien, Leire, s'est fait avorter en 2009 sous le slogan "nous donnons la vie, nous décidons". En 2010, elle a fait une fausse couche, qu'elle considère comme étroitement liée à la première, et peu à peu, elle a décidé de s'opposer à cette "destruction",

Rafael Miner-27 novembre 2021-Temps de lecture : 10 minutes

L'histoire de Leire est émouvante. Elle ne veut pas être la protagoniste de quoi que ce soit, mais ce dimanche, elle sera l'un des témoignages dans le rallye du Chaque vie compteà 12h00, à la Puerta de Alcalá (Madrid). La plate-forme, ainsi que les participants, manifesteront contre le manque d'aide publique à la maternité, la loi sur l'euthanasie, les enfants à naître, l'attaque contre l'objection de conscience des médecins et la réforme du code pénal contre la liberté d'expression des pro-vie.

"Nous sommes moralement obligés. Si on ne parle pas maintenant, quand ? Si nous ne le faisons pas, qui le fera ? a déclaré le président de l Forum de la famille espagnole, Ignacio García Juliálors d'une conférence de presse organisée cette semaine par la plateforme Every Life Matters. Dans ce document, les organisateurs (Foro Español de la Familia, Fundación +Vida, Provida España et Fundación Más futuro - Rescatadores Juan Pablo II) ont fourni des détails sur le rassemblement de ce dimanche, ainsi qu'une vidéo que vous pouvez regarder ici. ici.

"Notre expérience est que personne n'est indifférent lorsque ce sujet est abordé. Il est important de montrer la vérité, car la vérité et le bien lui-même ont une valeur impressionnante. La culture de la vie est très forte, c'est imparable", a-t-il déclaré. Alicia LatorrePrésident de la Fédération espagnole des associations pro-vie en Espagne.

"Lors de l'événement, les protagonistes seront les femmes, les malades et les médecins. Pourquoi ne pas laisser la parole aux femmes qui ont avorté ? Nous voulons que la société voie que ces nouvelles lois, ces réformes, ces négligences et ces attaques nuisent à nos familles", a-t-elle déclaré. Marta Velardeprésident de Plus d'avenir - Les sauveteurs de Jean-Paul II.

Parmi les associations adhérentes figurent les suivantes : Assemblée pour la vie, la liberté et la dignité, Fédération européenne One of Us, Association pour la défense du droit à l'objection de conscience (ANDOC), Fondation Jérôme Lejeune, Association catholique des propagandistes (ACdP), Association pour la défense de la vie humaine (ADEVIDA), Association des chercheurs et professionnels pour la vie (CÍVICA), Fondation Educatio Servanda, 40 jours pour la vie, Association espagnole des pharmaciens catholiques, Fundación Villacisneros, AESVIDA, Fundación Valores y Sociedad, Asociación Deportistas por la Vida y la Familia, E- Cristian, Cristianos en Democracia, Asociación de Ayuda a la Madre y al Bebé (AMABE), AYUVI, Asociación Voz Postaborto, Plataforma por la Familia Catalunya-ONU, Asociación Cinemanet , Associació Catalana d'Estudis Bioètics (ACEB), ANDEVI y PROVIDA Alicante, Alcalá de H., Badajoz, Barcelona, Bilbao, Castellón, Gijón, Santander, Valencia, Valladolid, Zaragoza, Guadix, Sevilla, Torrejón de Ardoz.

Leire parle : rendre visible le traumatisme post-avortement

Leire Navaridas, consultante en communication et marketing, sera présente au rassemblement de la Puerta de Alcalá. La jeune femme se décrit sur les réseaux sociaux comme "mère de 3 enfants, un seul vivant qui me donne la force de me battre pour défendre l'amour, la vérité, la vie et l'union entre la femme et l'homme". Victime de l'IVE".

Lors d'une conversation avec Omnes mardi dernier, en plus de raconter son histoire, elle a fait ressortir le meilleur d'elle-même en parlant de la maternité, "le plus beau cadeau du monde". Puis nous le voyons. Et il y a 48 heures, elle a écrit sur LinkedIn : "De par mon expérience, non seulement en tant que victime, mais aussi en tant qu'accompagnatrice d'autres femmes, je sais combien il est important et nécessaire, aujourd'hui plus que jamais, de rendre visible la douleur post-abortum (ce qui n'est pas facile, soit dit en passant, car elle est traumatisante). Ce dimanche, je serai là, comme toujours, disponible pour aller partout où cela me permettra de démonter les mensonges qui entourent #IVE, de mettre en lumière les conséquences de la perte d'un fils ou d'une fille, et de partager l'expérience de sauver #maternité et avec elle #happiness".

Les mensonges autour de l'avortement

A partir de maintenant, c'est le Leire qui poursuit son histoire. "En 2009, à Donosti, je me suis laissée violemment intervenir dans ma grossesse. Je le dis très consciemment. Parce qu'ils utilisent le mot IVE, qui signifie selon eux Interruption Volontaire de Grossesse, mais non seulement je ne suis pas d'accord avec ce terme, mais je le rejette complètement parce qu'il contient un très gros mensonge, enfin deux : un, l'idée d'une "interruption" comme si elle pouvait en quelque sorte être reprise. Et deuxièmement, et c'est le plus important, "volontaire". Et ceci est fondamental et critique pour les femmes qui y passent, car pour que ce soit "volontaire", il faudrait qu'elles nous donnent : d'abord, toute l'information, ensuite la sensibilisation, et enfin, les alternatives. "Et l'IVE dont je vous parlais tout à l'heure, je l'appelle Violent Pregnancy Intervention, et pour moi c'est l'acronyme IVE. Je m'y réfère toujours en ces termes.

"Ils ne m'ont même pas montré que ce que je portais dans mon ventre était la vie de mon fils, qui avait déjà son petit cœur et son "tout", et encore moins dit ce que j'allais vivre, car lorsque vous êtes soumis à une action violente, ce qui est le cas, le traumatisme s'installe. Il est impossible que la violence n'ait pas de conséquences traumatiques et, troisièmement, on ne m'a donné aucune autre alternative. Ainsi, avec l'idée que si je continuais, j'aurais des problèmes mentaux, ils ont nié que le fait de le faire ne les causerait pas. C'est un piège incroyable", dit-elle.

J'appelle l'avortement une intervention violente pendant la grossesse.

Leire

Avortement en 2009 : la solitude absolue

"Mon cas de fausse couche était l'un des plus typiques", se souvient Leire. "On tombe enceinte et on se dit "ça ne me convient pas" : parce que ce n'était pas dans mes projets, parce que j'ai encore une idée d'évolution professionnelle qui ne s'est pas encore concrétisée, et parfois parce qu'on n'est pas en bons termes dans le couple. Cela m'est arrivé lorsque j'étais à Macao, qui est une île située à côté de Hong Kong", raconte-t-elle à Omnes. "Mon partenaire et moi vivions en Australie, et nous avions décidé de venir vivre en Espagne, pour cela nous nous sommes mariés là-bas en Australie, mais il a trouvé un travail et je suis partie avec lui, mais nous étions dans une crise énorme, et l'erreur a été d'avoir des rapports sexuels pendant une crise, mais c'est comme ça que ça s'est passé et le résultat a été ma première grossesse".

"J'étais totalement pris au dépourvu, en état de choc, et surtout, et c'est très pertinent, avec un sentiment absolu de solitude face au problème. J'étais donc à Macao, qui est le berceau de la perversion, du jeu et d'un monde très sordide. Un monde très malade. C'est comme une mini île chinoise, une réplique de Las Vegas, et c'est là que tous les joueurs viennent du continent pour dépenser leurs économies, ruiner leurs familles, fumer et boire autant qu'ils le peuvent, puis rentrer chez eux dans un sale état. La situation, c'est que je suis tombée enceinte, je l'ai vécu comme un brun et sachant que j'étais seule, j'ai eu le sentiment de ne pas compter sur mon mari, ni sur ma famille, ni sur rien d'autre", avoue ouvertement la jeune femme.

"Alors qu'est-ce que je fais avec ça ? Il se trouve que j'ai appelé un ami à Donosti qui est très proche d'un homme que je connaissais également et qui possède une clinique d'avortement. Eh bien, c'est une clinique de gynécologie, mais je savais qu'ils faisaient des avortements. À l'époque, j'aurais pu me rendre à une manifestation pro-avortement sous le slogan "Nous donnons la vie, nous décidons". Et comme ce que nous avons en nous semble n'être qu'un enchevêtrement de cellules, qui n'a aucune autre valeur, on peut l'enlever comme un kyste ou une verrue".

"J'ai pris cela comme la solution viable pour résoudre ma situation, et aussi avec l'idée que cela allait être inoffensif et que cela allait me ramener à la situation d'avant ma grossesse, sans aucune sorte de conséquences ou d'autres histoires", révèle Leire. "Je suis retourné à Donosti, je l'ai dit à mes parents. C'était en 2009. Ma mère m'accompagne, paie l'opération, je signe que je la fais, car elle est censée me causer des problèmes psychologiques, et là, comme quelqu'un qui va se faire épiler, je me laisse violemment intervenir dans ma grossesse".

Grossesse en 2010 : "se construire".

Leire souffrait de vertiges depuis l'université. Une fois à Madrid, elle a décidé d'aller voir un thérapeute qui lui avait été recommandé. La première chose qu'elle a comprise est que "je me sentais plus seule qu'une, ce qui est en fait l'origine des vertiges, et qu'en les traitant, ils disparaissaient". Lors de la deuxième séance avec lui, "j'étais déjà à nouveau enceinte en 2010, et d'une certaine manière, je l'ai vécu à nouveau comme une nouvelle non désirée, disons une mauvaise nouvelle. Ce que je savais, c'est que je ne pouvais pas revivre la même chose", révèle-t-elle, "mais pas parce que j'étais consciente de ce que j'avais vécu, mais à cause d'une idée que j'avais, à savoir que si je revivais cela, mon système reproductif serait détruit et que, d'une certaine manière, je ne pourrais plus être mère.

J'ai vu que j'avais une alternative, qui était de construire, et d'être conscient que ce qui était à l'intérieur était la vie de ma fille ou de mon fils.

Leire

"J'ai eu l'illusion d'être une mère, puis j'ai vu que ce n'était pas possible. Mais en même temps, je n'avais aucune issue, aucune option. Et puis j'ai appelé le thérapeute qui m'a dit : " ne t'inquiète pas, viens ici, ne fais rien ". C'était mon partenaire et moi, et je ne me souviens que d'une phrase qui a fait effet. Il m'a dit : "Leire, arrête de détruire et commence à construire".

Avec cette phrase, j'ai pu comprendre la dérive de destruction que j'avais dans ma vie, parce que je consommais tout : drogues, sexe, relations... et quand je ne faisais pas mal, je les laissais me faire mal, et donc une dynamique constante. Mais j'ai vu que j'avais une alternative, qui était de construire, et en étant consciente que ce qu'il y avait à l'intérieur était la vie de ma fille ou de mon fils, soudain toute l'illusion de ce qui allait se passer était liée à moi : j'aimais l'idée de pouvoir lire de belles histoires et de pouvoir ensuite les lui raconter, d'apprendre des chansons ?

Soudain, un halo de lumière et d'espoir s'est ouvert pour moi et la vie était merveilleuse. J'avais beaucoup de joie et d'enthousiasme pour la vie. Les mauvaises conditions de travail dans lesquelles je me trouvais me semblaient sans importance, j'étais prête à tout faire pour que mon fils ait tout. Je me souviens de la première échographie, j'entendais son cœur, je pleurais d'émotion, tout était très beau et très excitant, sauf que lors d'un contrôle après trois mois, le gynécologue m'a dit que le cœur ne battait plus et que mon fils n'était plus vivant".

"Tout a encore été un coup très dur", révèle la jeune femme de San Sebastian. Froide comme une pierre, je me suis dit : "c'était bien le temps que ça a duré", je n'ai pas versé une larme et ni mon partenaire, ni ma famille, ni tous ceux qui savaient que j'étais enceinte, n'en ont reparlé, cette perte s'est effacée, elle a été rayée de la carte de la surface de la terre et nous sommes passés à autre chose".

"La douleur, une terrible catharsis".

Cela a duré quelques années de plus, poursuit-elle. "J'avais vécu l'avortement, j'avais vécu cette fausse couche et, d'une certaine manière, j'allais de l'avant sans aucune forme de deuil et de conscience de la perte. Et puis le couple s'est séparé, mais j'ai continué sur un chemin de développement personnel, grâce au thérapeute, où j'apprenais à mieux me connaître et où j'épluchais des couches, jusqu'à atteindre cette couche où toute l'immense douleur que je portais à l'intérieur est sortie, et c'était aussi très graphique, parce que la douleur sortait de mon ventre et je ne pouvais pas m'arrêter de pleurer et de pleurer, comme une terrible catharsis.

Mais c'était très agréable, car disons que l'amour que je ressentais pour ces enfants, pour mes enfants, est ressorti. Ensuite, j'ai pu rétablir ma relation d'amour avec eux, j'ai pu voir qu'après toute cette douleur, il y avait l'amour que j'ai en tant que mère et une nouvelle porte s'ouvrait également. Je me sentais très coupable parce que j'étais déjà très consciente de ce qui s'était passé, j'étais très consciente d'avoir perdu mes enfants et je me sentais très coupable.

Je me suis proposée comme témoin pour démonter tous ces mensonges et essayer d'empêcher d'autres femmes de faire la même erreur.

Leire

"Deuxième chance : je dois me pardonner.

"Puis vient la culpabilité, on ne peut pas se pardonner, on pense qu'on est la pire, qu'on est une femme sans cœur, cruelle, qu'on ne mérite rien et d'une certaine manière, je cherchais une punition. Et j'ai commencé à avoir des relations avec des hommes, ce qui était essentiellement pour qu'ils finissent de me détruire complètement. Mais bon, grâce au fait que je suis toujours dans cet environnement thérapeutique, je garde un peu conscience que c'est une très mauvaise façon de faire, et aussi grâce à mon partenaire actuel qui m'encourage et me pousse à me donner une seconde chance.

"C'est à ce moment-là que j'ai finalement réussi à me pardonner, grâce aussi à la compréhension, ce qui était très difficile à accepter pour moi, grâce au fait d'assumer que j'avais été victime d'un système qui promeut la violence de manière aussi cachée et sibylline. Parce qu'a priori [l'avortement] est un droit et une solution, et très loin de cela, il te détruit fondamentalement et a le potentiel de mettre fin à ta vie ; et puis je me suis un peu indignée à l'idée qu'une femme doive en arriver là par manque de soutien social, et à cause d'une tromperie si peu sociale à laquelle j'avais cru, parce que j'étais féministe, pro-avortement et tout ; et puis, quand tu le fais, tu vois que ça te détruit, à part le fait que tu ne peux plus récupérer la vie de tes enfants perdus".

"Et Lander est arrivé".

"Mais Lander est arrivé", avons-nous commenté. "Oui, c'est une fin heureuse. Lorsque je me donne une nouvelle chance de revenir à la vie, de revenir à l'amour, non seulement je tombe amoureuse de mon partenaire, mais il me donne Lander, ce qui est la chose la plus merveilleuse au monde. La maternité est le plus beau cadeau du monde, si ce n'est le plus beau cadeau du monde, car ce que je vis avec Lander est presque difficile à expliquer".

"Lander est né en décembre 2017", explique Leire. "J'étais à la manifestation du 8-M en 2018, avec Lander, déjà un bébé de quelques mois, dans son petit sac à dos attaché à moi, et bien sûr, quand j'ai vu que beaucoup de revendications étaient basées sur la promotion de l'avortement, j'étais tellement indignée que j'ai refusé. Et c'est là que j'ai commencé à élever la voix : je me suis proposée comme témoin pour démonter tous ces mensonges et pour essayer d'empêcher d'autres femmes de faire la même erreur que moi, parce que les femmes qui font la promotion de ces affiches vantant l'avortement libre, gratuit et super accessible, ne sont pas conscientes de combien cela détruit les femmes".

"En fait, depuis que mon témoignage a touché de nombreuses femmes, il y en a beaucoup d'autres qui me contactent, parce qu'elles comprennent enfin que quelqu'un va les comprendre, elles savent que je peux les comprendre, que j'ai vécu la même chose, qu'il est possible de revenir à la vie. Beaucoup ont fait plusieurs tentatives de suicide, et celles qui ne l'ont pas fait parce qu'elles ont déjà des enfants vivants, mais elles n'ont aucun moyen de sortir de ce qu'elles ont fait, et il y a beaucoup de cas de femmes que j'ai accompagnées qui sont dans un état terrible".

Cela m'est arrivé avec des femmes que j'ai accompagnées et il est aussi arrivé un moment où elles m'ont dit : "ça y est". En fin de compte, la clé est l'amour.

Leire

"La maternité, beaucoup d'amour".

La dernière partie de la conversation porte sur la maternité. Il est presque impossible d'arrêter Leire. Ses arguments fusent. "La maternité, loin de détruire votre vie, est une opportunité où vous recevrez beaucoup d'amour pur, parce que les bébés sont comme ça, et vous aurez la possibilité, grâce à cette inspiration, de transcender tout type de problème, toute difficulté, dans laquelle vous auriez pu être bloqué tout au long de votre vie. Donc, pour leur amour, une femme est capable de tout faire. Ainsi, loin de vous détruire, de vous assujettir ou de vous priver de quoi que ce soit, c'est le contraire qui se produit.

"Pour moi, la maternité est déjà une réalité, disons, parce que je suis mère depuis mon premier enfant, mais une fois que Lander est arrivé, ce que je peux dire, c'est que je suis une femme avec beaucoup de ressources, ce qui me donne un pouvoir incroyable pour tout surmonter et tout réaliser, et aussi une joie et un amour que je ressens, et une illusion d'être avec lui tous les jours, qui n'a aucune comparaison avec tout ce que j'ai vécu dans ma vie".

En outre, grâce à la prise de conscience de la vulnérabilité et de la valeur de la vie, Lander est un enfant super respecté, super aimé, et tout ce que ses frères et sœurs aînés n'ont pas pu prendre, il le prend avec lui, c'est un enfant heureux. Et pour moi, mettre au monde des enfants heureux me semble non seulement un bel acte, mais aussi un acte très nécessaire, vu l'état de la société.

"Cela m'est arrivé avec des femmes que j'ai accompagnées et il y a aussi un moment où elles m'ont dit : "ça y est". En fin de compte, la clé est l'amour. Le manque d'amour détruit beaucoup et ce qui sauve, c'est l'amour", conclut Leire.

Zoom

La couronne de l'Avent arrive

Phillip et Nicholas préparent une couronne de l'Avent à New York. Dans la lecture du troisième dimanche de l'Avent, le 12 décembre 2021, il est dit : "Ne vous inquiétez pas du tout, mais en toute chose, par la prière et la demande, avec des actions de grâces, présentez vos requêtes à Dieu".

David Fernández Alonso-26 novembre 2021-Temps de lecture : < 1 minute
Vatican

Le Pape dans une nouvelle catéchèse sur St Joseph : "Il est un vrai maître de l'essentiel".

A quelques semaines de la fin de l'année consacrée à saint Joseph, le pape François veut axer un cycle de catéchèse sur la figure du saint patriarche.

David Fernández Alonso-26 novembre 2021-Temps de lecture : 5 minutes

Le pape François a commencé la catéchèse en rappelant que "le 8 décembre 1870, le bienheureux Pie IX a proclamé saint Joseph patron de l'Église universelle. Aujourd'hui, 150 ans après cet événement, nous vivons une année spéciale dédiée à Saint Joseph, et dans la Lettre Apostolique Patris corde J'ai recueilli quelques réflexions sur sa figure. Jamais comme aujourd'hui, en ce temps marqué par une crise mondiale aux composantes diverses, il ne peut nous servir de soutien, de consolation et de guide. C'est pourquoi j'ai décidé de lui consacrer une série de catéchèses qui, je l'espère, nous aideront à nous laisser éclairer par son exemple et son témoignage. Pendant quelques semaines, nous allons parler de Saint Joseph".

"Dans la Bible", a souligné le Saint-Père, "il y a plus de dix personnages qui portent le nom de Joseph. Le plus important d'entre eux est le fils de Jacob et de Rachel, qui, à travers diverses vicissitudes, est passé du statut d'esclave à celui de deuxième personnage le plus important d'Égypte après Pharaon (cf. Gn 37-50). Le nom de Joseph en hébreu signifie "que Dieu augmente". Que Dieu fasse grandir". Il s'agit d'un souhait, d'une bénédiction fondée sur la confiance en la providence et faisant référence en particulier à la fécondité et à la croissance des enfants. En effet, c'est précisément ce nom qui nous révèle un aspect essentiel de la personnalité de Joseph de Nazareth. C'est un homme plein de foi en sa providence : il croit en la providence de Dieu, il a foi en la providence de Dieu. Chacun de ses actes, tels qu'ils sont relatés dans l'Évangile, est dicté par la certitude que Dieu "fait croître", que Dieu "augmente", que Dieu "ajoute", c'est-à-dire que Dieu organise la poursuite de son plan de salut. Et en cela, Joseph de Nazareth ressemble beaucoup à Joseph d'Égypte".

François a affirmé que les principales références géographiques de Joseph, Bethléem et Nazareth, jouent également un rôle important dans la compréhension de sa figure, et il a voulu s'attarder sur l'environnement dans lequel il a vécu afin d'éclairer sa figure.

"Dans l'Ancien Testament", dit-il, "la ville de Bethléem est appelée du nom de... Beth LehemLe nom est également Efratá, qui signifie "Maison du pain", ou Efratá, du nom de la tribu qui s'y est installée. En arabe, cependant, le nom signifie "Maison de la viande", probablement en raison du grand nombre de troupeaux de moutons et de chèvres présents dans la région. En effet, ce n'est pas un hasard si, à la naissance de Jésus, les bergers ont été les premiers témoins de l'événement (cf. Lc 2,8-20). À la lumière de l'histoire de Jésus, ces allusions au pain et à la chair renvoient au mystère de l'Eucharistie : Jésus est le pain vivant descendu du ciel (cf. Jn 6,51). Il dira de lui-même : "Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle" (Jn 6,54)".

"Bethléem est mentionnée plusieurs fois dans la Bible, déjà dans le livre de la Genèse. Bethléem est également liée à l'histoire de Ruth et Naomi, racontée dans le petit mais merveilleux livre de Ruth. Ruth a donné naissance à un fils nommé Obed, qui à son tour a donné naissance à Jesse, le père du roi David. Et c'est de la lignée de David qu'est issu Joseph, le père légal de Jésus. Le prophète Michée a prédit de grandes choses au sujet de Bethléem : "Mais toi, Bethléem-Ephrata, bien que tu sois la plus petite des familles de Juda, de toi sortira pour moi celui qui sera le chef d'Israël" (Michée 1:1).Mon 5,1). L'évangéliste Matthieu reprendra cette prophétie et la reliera à l'histoire de Jésus comme son accomplissement évident.

"En effet, le Fils de Dieu n'a pas choisi Jérusalem comme lieu de son incarnation, mais Bethléem et Nazareth, deux villes périphériques, loin de la clameur des nouvelles et du pouvoir du temps. Pourtant, Jérusalem était la ville aimée du Seigneur (cf. Est 62,1-12), la "ville sainte" (Dn 3,28), choisis par Dieu pour l'habiter (cf. Zac 3,2 ; Ps 132,13). C'est là, en effet, qu'habitaient les maîtres de la loi, les scribes et les pharisiens, les grands prêtres et les anciens du peuple (cf. Lc 2,46; Mt 15,1; Mc 3,22; Jn1,19; Mt 26,3)".

"C'est pourquoi, a poursuivi le pape, le choix de Bethléem et de Nazareth nous dit que la périphérie et la marginalité sont les préférées de Dieu. Jésus n'est pas né à Jérusalem avec tout le tribunal... non : il est né dans une périphérie et a passé sa vie, jusqu'à 30 ans, dans cette périphérie, à travailler comme charpentier, comme Joseph. Pour Jésus, les périphéries et les marginalités sont ses lieux de prédilection. Ne pas prendre au sérieux cette réalité revient à ne pas prendre au sérieux l'Évangile et l'œuvre de Dieu, qui continue à se manifester dans les périphéries géographiques et existentielles. Le Seigneur est toujours à l'œuvre dans les périphéries, même dans nos âmes, dans les périphéries de l'âme, des sentiments, peut-être des sentiments dont nous avons honte ; mais le Seigneur est là pour nous aider à avancer".

"Le Seigneur continue de se manifester dans les périphéries, tant géographiques qu'existentielles. En particulier, Jésus va à la recherche des pécheurs, entre dans leurs maisons, leur parle, les appelle à la conversion. Et il est aussi réprimandé pour cela : " Mais regardez ce Maître ", disent les docteurs de la loi, " regardez ce Maître : il mange avec les pécheurs, il se salit, il va chercher ceux qui n'ont pas fait le mal, mais qui l'ont subi : les malades, les affamés, les pauvres, les plus petits ". Jésus va toujours aux périphéries. Et cela doit nous donner une grande confiance, car le Seigneur connaît les périphéries de notre cœur, les périphéries de notre âme, les périphéries de notre société, de notre ville, de notre famille, c'est-à-dire ce côté obscur que nous ne laissons pas voir, peut-être par honte.

"A cet égard, conclut François, la société de cette époque n'est pas très différente de la nôtre. Aujourd'hui aussi, il y a un centre et une périphérie. Et l'Église sait qu'elle est appelée à proclamer la bonne nouvelle depuis les périphéries. Joseph, qui est un charpentier de Nazareth et qui a confiance dans le plan de Dieu pour sa jeune fiancée et pour lui-même, rappelle à l'Église qu'elle doit fixer son regard sur ce que le monde ignore délibérément. Aujourd'hui, Joseph nous enseigne ceci : " ne pas trop regarder ce que le monde loue, regarder les angles, regarder les ombres, regarder les périphéries, ce que le monde ne veut pas ". Il rappelle à chacun d'entre nous que nous devons accorder de l'importance à ce que les autres rejettent. En ce sens, il est un véritable maître de l'essentiel : il nous rappelle que ce qui est vraiment précieux n'appelle pas notre attention, mais nécessite un discernement patient pour être découvert et valorisé. Pour découvrir ce qui a de la valeur. Demandons-lui d'intercéder pour que toute l'Église retrouve ce regard, cette capacité de discernement et cette capacité d'évaluer l'essentiel. Recommençons à partir de Bethléem, recommençons à partir de Nazareth".

"Aujourd'hui, je voudrais adresser un message à tous les hommes et les femmes qui vivent dans les périphéries géographiques les plus oubliées du monde ou qui vivent dans des situations de marginalisation existentielle. Qu'ils trouvent en saint Joseph le témoin et le protecteur vers qui se tourner. C'est vers lui que nous pouvons nous tourner avec cette prière, une prière "faite à la maison", mais qui vient du cœur" :

San José,
vous qui avez toujours eu confiance en Dieu,
et vous avez pris vos décisions
guidés par sa providence,
nous apprendre à ne pas trop compter dans nos projets,
mais dans son plan d'amour.
Vous qui venez des périphéries,
aidez-nous à convertir notre regard
et de préférer ce que le monde jette et met en marge.
Réconforte les solitaires
Et soutient celui qui s'acharne à se taire.
Pour avoir défendu la vie et la dignité humaine. Amen

Actualités

Mgr Luis Marín : "L'Église synodale n'est pas une invention du Pape".

Mgr Luis Marín de San Martín, O.S.A., est l'un des sous-secrétaires du Synode des évêques. Ce frère augustin de Madrid, avec le Secrétaire général du Synode, le Cardinal Mario Grech et la religieuse française Nathalie Becquart, forme le noyau visible du Secrétariat du Synode qui coordonne et anime toute l'Église dans ce parcours synodal.

Maria José Atienza-26 novembre 2021-Temps de lecture : 10 minutes

Traduction de l'article en anglais

Marcher ensemble, unis, pour redécouvrir l'essence de l'Église, sa propre manière d'être synodale. C'est l'objectif d'un synode qui a commencé en parallèle à Rome et dans tous les diocèses du monde, et dont nous avons parlé avec Mgr. clés et risques et, surtout, sur la nécessité de la participation de tous afin de retrouver l'essence de l'Église dans la vie même de chaque catholique. 

Comment vit-on un Synode de l'intérieur ?

D'après mon expérience, on vit avec des émotions mitigées en sachant que l'on est devant quelque chose de grand.

Tout d'abord, elle est vécue avec un sentiment d'émerveillement, de gratitude envers Dieu parce qu'il s'agit vraiment d'un tournant dans l'histoire, d'un temps de l'Esprit auquel il vous fait participer. 

Deuxièmement, elle est aussi vécue avec une certaine crainte, surtout au début, lorsque la question de savoir comment tout gérer se pose. Mais cette question est rapidement résolue avec une énorme confiance. J'ai une confiance énorme, alors vous vous remettez entre les mains de Dieu et vous vous laissez porter avec tout l'enthousiasme dont vous êtes capable.

Troisièmement, elle est vécue avec une grande reconnaissance. Reconnaissance parce que, même si nous sommes petits, le Seigneur fait son travail. 

Alors vous le vivez avec tous ces sentiments... et beaucoup de travail. Le Synode est un travail qui a demandé beaucoup d'efforts. Ceux d'entre nous qui travaillent au secrétariat du Synode ont travaillé, et travaillent encore, très dur, mais nous le faisons avec la conviction que cela en vaut la peine. En outre, plus on s'implique et on apprend à connaître, plus on devient enthousiaste. 

Quel est le travail des sous-secrétaires du Synode ?

Pour la première fois, nous sommes deux sous-secrétaires et, pour la première fois également, nous sommes deux religieuses, avec deux spiritualités complémentaires : la mienne augustinienne et celle de Sœur Nathalie Becquart, ignatienne. Notre tâche est de collaborer avec le Secrétaire Général, le Cardinal Mario Grech, et de l'accompagner dans ses fonctions. Il ne s'agit pas seulement de préparer le Synode des évêques, mais surtout de promouvoir la synodalité dans l'Église : rendre l'Église synodale. Nous formons une équipe dans laquelle nous devons être les premiers à vivre ce style synodal : de collaboration, de communion, de dialogue avec le Cardinal Grech et entre nous. 

Église synodale" : vous faites allusion à un terme qui est entré dans notre vocabulaire ces derniers mois, mais qu'est-ce que l'Église synodale ? 

Jusqu'à présent, on préparait traditionnellement l'Assemblée du Synode des évêques qui, de temps à autre, se réunissait à Rome pour discuter de certains sujets. Maintenant, le Pape a ouvert ce sujet beaucoup plus. Il s'agit d'aller vers ce qui est l'Église elle-même. Ce n'est pas une invention du Pape. L'Église est synodale, tout comme elle est communautaire ou missionnaire. Elle appartient à l'essence de l'Église. 

Que signifie l'Église synodale, qu'est-ce que ce "marcher ensemble" ? Être chrétien, c'est participer à ce que le Christ est. Par le baptême, nous sommes incorporés au Christ et cela signifie que nous faisons nôtre et participons à cette réalité salvatrice qui est celle du Christ Rédempteur. Nous sommes missionnaires par le baptême, nous apportons le salut du Christ aux autres parce que les chrétiens ne vivent pas leur foi dans la solitude, mais en communauté : l'Eglise est une famille, c'est le "ensemble", marcher ensemble. C'est ce qu'est l'Église. 

En tant que chrétiens, unis au Christ et les uns aux autres, nous allons de l'avant en portant un témoignage salvateur au milieu du monde jusqu'à la plénitude de la fin des temps. 

Vivre l'Église, c'est cela : vivre l'Église, c'est vivre la synodalité. Promouvoir cette synodalité est la tâche de tous les chrétiens. Cette synodalité se manifeste de diverses manières : le synode des évêques est la manière dont la synodalité se manifeste pour les évêques, mais ce n'est pas la seule. Il y a des conseils pastoraux, des conseils paroissiaux, des conseils épiscopaux... et il peut y avoir d'autres manifestations et concrétisations de la synodalité. Nous devons discerner et voir ce que le Seigneur nous demande pour vivre la communion, la participation et la mission en tant qu'Église.  

-Tant le Saint-Père que les documents publiés à l'appui de ce Synode soulignent le passage d'un "événement" à un processus.

Nous ne devons pas identifier le "Synode" avec le Synode des évêques. Ce qui est important, c'est le voyage. En octobre, un synode a été ouvert, et non une préparation. Toute l'Église a commencé le voyage et nous avançons sur ce chemin d'écoute, de discernement, pour voir comment nous pouvons participer, ce que l'Esprit Saint nous demande à ce moment de l'histoire, quelle est notre mission. 

Ce voyage se fait à partir d'en bas : tous les chrétiens, les paroisses, les diocèses, les conférences épiscopales, les conférences épiscopales continentales, l'assemblée du Synode des évêques, et ensuite nous reviendrons vers tous les fidèles, parce que les décisions, les idées, etc. reviendront dans les diocèses. 

Le Synode n'est pas une question administrative, ce n'est pas un projet d'accord ou de "partage du pouvoir", ce n'est pas une question de "faire". 

Mgr Luis Marín. Sous-Secrétaire du Synode des évêques

S'agit-il de ce que l'on pourrait appeler un changement de mentalité, et pensez-vous que cela sera possible ?  

Je pense que c'est le début d'un voyage, mais nous devons changer de mentalité. Le changement de base essentiel est de reconnaître qu'il s'agit d'un événement de l'Esprit Saint.

Le Synode n'est pas une question administrative, ce n'est pas un projet pour se mettre d'accord ou pour "partager le pouvoir", ce n'est pas une question de faire. 

Le Synode est un temps du Saint-Esprit avec tout ce que cela signifie, c'est-à-dire ce que la Pentecôte signifiait pour l'Église primitive. Que signifiait la Pentecôte ? Changer les mentalités, abattre les murs, les peurs, se lancer dans la prédication jusqu'au bout du monde. C'est pourquoi se remettre entre les mains de l'Esprit est le changement fondamental. A partir de là, nous découvrirons le chemin, les choses à changer. 

Il y aura des changements, oui. Parfois fondamentales et basiques, qui ne nous mèneront pas à des choses farfelues mais à vivre l'essence de notre foi, de ce qu'est l'Église. 

Avec le temps, dans l'Église, nous nous sommes habitués, nous avons perdu notre enthousiasme... nous n'atteignons pas tout, bref, nous avons stagné. 

Nous sommes dans un moment de réveil avec une grande impulsion de l'Esprit Saint qui nous conduira à être vraiment ce que nous sommes. L'évêque et le prêtre doivent être véritablement évêque ou prêtre, et le laïc doit être véritablement laïc.

La beauté de l'Église réside dans le fait que chacun apporte son charisme, sa vocation, dans l'unité avec tous, sous l'impulsion de l'Esprit Saint. On ne "donne" pas aux laïcs certaines tâches "pour qu'ils soient heureux et nous aident ainsi, nous les clercs". Ce n'est pas qu'ils "aident", c'est que les laïcs doivent participer à l'Église, et le faire en tant que laïcs, sans se cléricaliser. Ne cléricalisons pas les laïcs et ne laïcisons pas les clercs : chacun selon sa fonction dans l'Église. 

L'Église n'est pas un système de pouvoir, mais de service. Nous avons tous le même rang, ni au-dessus ni au-dessous, mais nous avons des tâches différentes. C'est pourquoi, dans le logo de ce Synode, nous marchons tous à égalité. 

Le laïc "aide" dans certaines tâches de l'Église. Le laïc doit participer à l'Église et le faire en tant que laïc.

Mgr Luis Marín. Sous-Secrétaire du Synode des évêques

-Tous les changements font peur et dans l'Église aussi ?

Le Pape fait souvent référence au danger du "ça a toujours été fait comme ça" pour éviter le changement, parce que nous avons peur de la nouveauté, de perdre nos sécurités... C'est un temps de changement, de nouveauté, de perte de nos sécurités et de remise entre les mains de Dieu. 

Nous devons faire confiance à l'Esprit, qui "fait toutes choses nouvelles" et qui nous rendra plus heureux, car il nous rendra plus cohérents... Nous devons nous débarrasser de nos peurs, c'est un temps de renouvellement de l'intérieur. 

En effet, la peur est l'un des problèmes auxquels nous sommes confrontés dans ce processus. La peur est très humaine et nous devons nous ouvrir au divin, à l'Esprit qui nous transforme. Je pense que ce temps synodal est un temps de Dieu, car c'est un temps d'authenticité. Ce n'est pas le moment de penser "c'est comme ça qu'on a toujours fait", mais "qu'est-ce que Dieu nous demande". C'est de cela qu'il s'agit lorsque nous parlons de discernement. Nous allons nous écouter les uns les autres et écouter le Saint-Esprit. Dans ce parcours synodal, la dimension de la prière est indispensable. Sans une dimension de prière, nous ne pourrons pas aller de l'avant et surmonter nos peurs et nos insécurités.  

-Dans le monde des horaires chargés et de la précipitation, comment retrouver cette nécessaire dimension de prière ?

Évidemment, cela nécessite une conversion et, surtout, un début. Récemment, une difficulté majeure m'a été posée : pourquoi le message chrétien ne passe-t-il pas ? Nous produisons de merveilleux documents qui restent sur l'étagère, de merveilleux gestes qui n'atteignent pas les gens. Bien que cela puisse sembler paradoxal, c'est le moment de s'arrêter et d'aller de l'avant. Faire silence, arrêter le bruit et redécouvrir la valeur de la prière. 

Parfois, nous nous rendons compte que nous avons perdu non seulement la capacité de prier mais aussi le goût de la prière et, par conséquent, nous nous abandonnons à l'activisme, au "faire des choses" ou au "savoir des choses". Cependant, Benoît XVI a déclaré que l'on est chrétien en raison d'une rencontre personnelle avec le Christ, et non parce que l'on dit ou fait beaucoup de choses. C'est de cela qu'il s'agit, de la rencontre personnelle et de l'amitié avec le Christ. Sans cette rencontre et cette amitié, rien de ce que nous faisons ou disons n'aura de sens. 

Nous devons revenir à la rencontre personnelle avec le Christ, car c'est là que nous commençons le voyage. Parfois, nous voulons dire au Seigneur ce qu'il doit faire, nous voulons contrôler, suivre un programme... La beauté de ce processus est que nous ne savons pas où il va nous mener. On me demande parfois "quelle sera la fin de ce Synode ? Et je réponds : "demandez à l'Esprit Saint, car je ne sais pas". 

Que devons-nous placer à la lumière de l'Esprit Saint ? Notre monde de bruit, de faire, de pouvoir... ces constructions que nous nous sommes faites et à partir desquelles nous devons voir ce que nous devons changer pour revenir à l'essentiel, pour redécouvrir les fondements de notre foi. 

Nous, chrétiens, devons être une graine d'espoir. Apporter le salut qu'est le Christ au milieu du monde. C'est très beau de voir que ce processus synodal émerge à un moment de pandémie, à un moment où l'Église est marquée par des scandales, à un moment de temples vides, de crise de laïcité... Nous avons tous demandé à Dieu de nous aider en ce moment et nous avons ici une réponse : Église synodale, allant à l'essentiel, à l'écoute de l'Esprit Saint, unis entre nous... Et nous avançons. 

C'est une réponse de Dieu et une grande responsabilité pour nous tous, car cette réponse de Dieu dans l'histoire passe par nous. Si nous ne participons pas, si nous pensons que cela "complique notre vie", nous risquons de contrarier l'action de l'Esprit Saint. C'est un moment très important pour lequel nous avons besoin de beaucoup d'humilité, beaucoup de confiance et beaucoup d'amour, et nous le recevons dans la prière. 

-Il y a des catholiques qui disent qu'ils n'ont pas le sentiment d'appartenir à l'Église ou que l'Église ne les écoute pas ? 

Chaque catholique fait partie de l'Église parce qu'il fait partie du Christ. Il n'y a pas de Christ sans l'Église. Le Christ ressuscité est le Christ tête de l'Église, uni à elle, inséparable. Rejoindre le Christ vous unit à l'Église. Il est vrai que nous vivons à une époque où il y a beaucoup de chrétiens qui ne participent pas à la vie de l'Église, qui sont en marge à cause de diverses circonstances. C'est pourquoi le pape nous encourage à aller vers ceux qui sont en marge, à aller à leur rencontre. Nous devons écouter tout le monde, pas seulement ceux qui viennent à la messe ou qui sont avec nous, mais tout le monde : offrir à ces personnes la possibilité de participer, de parler et de les écouter, en les unissant à nous. Ce moment d'écoute est aussi un très beau moment d'évangélisation.

Comment commencer à le faire ? En commençant. On apprend à nager en nageant. Nous apprenons à marcher ensemble en marchant ensemble dans l'Esprit Saint. Et nous constatons qu'ils viennent, qu'ils demandent : comment puis-je participer ? En s'adressant à leur paroisse, en demandant au curé. Aller au plus simple, c'est-à-dire vivre notre foi chrétienne, qui est communauté, écoute de l'Esprit et union au Christ. 

Bien sûr, nous devons être patients. Nos temps ne sont pas les temps de Dieu. Le christianisme se répand par contagion, par l'enthousiasme des premiers chrétiens. Je crois que tout chrétien doit être un apôtre dans le sens d'être un enthousiaste de sa foi, parce qu'il connaît le Christ de manière expérimentale et qu'il porte le Christ au milieu du monde. En vivant l'authenticité de notre foi, nous "infecterons" et intégrerons davantage de personnes, même celles qui nous insultent, comme nous l'a dit le pape.

Écouter tout le monde et, à partir de là, discerner, et prendre les décisions qui sont nécessaires et que l'Esprit Saint indiquera, et non la volonté de chacun d'entre nous. Beaucoup de choses devront être changées et renouvelées, oui, et ce sera un chemin d'espoir pour tous. 

Nous devons écouter tout le monde, pas seulement ceux qui viennent à la messe ou qui sont avec nous.

Mgr Luis Marín. Sous-Secrétaire du Synode des évêques

-Comment effectuer ce discernement, en sachant ce que Dieu demande et sans tomber dans les modes ou les idéologies ?

Le discernement requiert l'ouverture à l'Esprit Saint, l'axe vertical qui nous met en communication avec Dieu, et la participation de nos frères et sœurs, de tous, l'axe horizontal. C'est ainsi que nous traçons ensemble le chemin qui nous conduira à discerner ce que Dieu demande à l'Église aujourd'hui. 

Le thème du Synode nous met face à trois thèmes que Dieu demande à l'Église : la communion, la participation et la mission.

La première est la communion. Nous devons nous demander comment je le vis personnellement lorsque, dans l'Église même, des groupes s'opposent, lorsque des idéologies sont imposées, etc.

La communion signifie qu'ensemble nous nous enrichissons. C'est très bien que nous n'ayons pas la même personnalité, la même sensibilité, la même culture... sinon la vie s'appauvrirait. Parfois, nous oublions que nous sommes frères et nous nous comportons comme des ennemis, comme les membres d'une sorte de parti politique, et le christianisme n'est pas une idéologie. Il y a autant de façons de suivre le Christ qu'il y a de personnes dans le monde.

Ensuite, il y a la participation. Chacun doit participer selon sa condition et son charisme, comme nous l'avons souligné précédemment. Nous ne pouvons pas avoir une attitude passive ou cléricaliste, c'est-à-dire que le clergé fait tout et sait tout alors que de nombreux laïcs sont passifs ou veulent devenir des "petits clercs". Les structures de participation dans l'Église doivent être développées bien davantage.

Et enfin, la mission. Dans ce monde difficile, apportons-nous la bonne nouvelle aux autres ou créons-nous une sorte de ghetto où nous parlons une langue que personne ne comprend ? Allons-nous vers les périphéries, c'est-à-dire vers tous les domaines de la vie ? Ce sont les questions du Synode, le défi. Nous ne pouvons pas réduire le Synode à la recherche de recettes ou de quatre points d'examen, mais c'est un mouvement de l'Esprit, c'est quelque chose de plus profond.

Comment ce nouveau Synode a-t-il été accueilli dans l'Eglise ? 

Je dois dire, et je suis très heureux de le dire, qu'en général, il a été très bien accueilli, avec beaucoup d'enthousiasme. Depuis le Secrétariat du Synode, nous sommes en contact avec les conférences épiscopales du monde entier, avec les assemblées d'associations religieuses et laïques. Il y a beaucoup d'attente, d'impatience et, je dirais, d'enthousiasme. Nous sommes également conscients que, dans de nombreux domaines, des doutes subsistent quant à la manière dont nous allons nous y prendre, à l'endroit où nous devons aller, à la manière de commencer... l'impulsion initiale a été très forte. Dans la grande majorité des diocèses, elle a été prise pour ce qu'elle est, un temps de Dieu et une opportunité extraordinaire pour la vie chrétienne. 

Le pape nous a dit que nous devions nous préparer à des surprises. Le Saint-Esprit va nous surprendre. Dans notre société, nous aimons que tout soit "bien ficelé", mais en ce moment, il nous est demandé d'être ouverts à la surprise de l'Esprit. Par exemple, le Secrétariat du Synode a envoyé un document préparatoire qui est une aide, mais si cela ne fonctionne pas... ce n'est pas grave. Nous avons mis dix thèmes. Au début, il y avait dix questions claires et générales... et quelqu'un nous a fait remarquer que cela ressemblait à un examen, que cela courait le risque de se réduire à répondre à une série de questions ; or ce que nous voulons, c'est une expérience d'écoute, pas des réponses fermées. C'est pourquoi nous l'avons modifié en dix noyaux thématiques, qui offrent une plus grande possibilité de réflexion. S'ils fonctionnent, très bien. Sinon, nous devrons en chercher d'autres.

Depuis le Secrétariat du Synode, nous essayons de faire en sorte qu'il y ait une connexion de matériel, d'aide... afin que nous puissions tous nous aider mutuellement sur ce chemin, et c'est pourquoi les différents matériels sont disponibles sur le web. L'essentiel est que toute l'Église soit impliquée dans cette écoute et ce discernement et qu'elle serve. 

En outre, le Secrétariat du Synode entretient des contacts très intensifs avec les Conférences épiscopales du monde entier. Pour la première fois, nous avons organisé de grandes réunions en ligne, divisées par langue. Il y en a eu deux, et pour le prochain, nous voulons que les coordinateurs du Synode de toutes les conférences épiscopales participent également.

Nous rencontrons les présidents et secrétaires des dicastères de la Curie romaine. Parallèlement, nous avons eu des rencontres télématiques avec les patriarches des Églises orientales et avec l'union des supérieurs des instituts religieux, et nous avons des contacts avec des communautés de vie contemplative et des associations de laïcs. Il s'agit d'un travail intense, mais il a permis de créer une grande connexion avec les églises du monde entier.

-La Curie romaine a-t-elle également initié ce processus synodal ?

Si nous disons que l'Église est synodale, tout ce qui est Église est synodale, c'est un Synode, donc aussi le Saint-Siège. En effet, même à la Curie du Vatican, nous sommes dans ce processus de réflexion, de voir ce que l'Esprit Saint nous dit en ce moment et de pouvoir y répondre.

La théologie du 20ème siècle

Gustave Thils et la "Théologie des réalités terrestres".

Gustave Thils appartient à l'âge d'or de l'Université de Louvain au 20e siècle. Il a été un pionnier et un auteur sur des thèmes théologiques majeurs, comme l'œcuménisme et le dialogue avec les religions, mais surtout sur les réalités temporelles. 

Juan Luis Lorda-25 novembre 2021-Temps de lecture : 7 minutes

Avec Gérard Philips, Charles Moeller et bien d'autres issus d'autres disciplines (Delhaye, R. Aubert, Coppens, Onclin...), Gustave Thils (1909-2000) est essentiellement le fruit du souci du cardinal Mercier pour la préparation intellectuelle et spirituelle du clergé diocésain de Bruxelles (Malines) et pour le renouveau intellectuel et chrétien de l'Université de Louvain.

Thils a fait ses études dans le diocèse de Bruxelles, dans ses petit et grand séminaires, et à Louvain, où il a obtenu ses diplômes et ses thèses de doctorat (1935) et d'habilitation (1937) sur Les notes de l'Église sur l'apologétique depuis la RéformeLe premier d'entre eux, montrant les changements depuis la patristique et le Credo (un, saint, catholique et apostolique) jusqu'à la controverse confessionnelle avec le luthéranisme, est l'un des sujets classiques de l'apologétique. C'était l'un des sujets classiques de l'apologétique. Et ce sujet a été le premier qu'il a enseigné lorsqu'on lui a demandé de devenir professeur de séminaire (1937-1949). Il a également été l'un des directeurs spirituels les plus appréciés de ce séminaire, qui comptait alors plus de deux cents candidats. Il devient ensuite professeur de théologie fondamentale à Louvain (1947-1976). 

Thils se caractérisait par sa connaissance approfondie des sujets qu'il devait enseigner ou qu'il voulait introduire. Il n'était pas satisfait des manuels scolaires standard. Dans chaque cas, il a compilé un historique et un aperçu thématique. Et comme, surtout au séminaire, il s'est intéressé à plusieurs sujets, il a rapidement produit un ensemble d'ouvrages très instructifs. Cela lui vaut une réputation précoce et il est cité dans toute l'aire théologique francophone. Jusqu'à presque la fin de sa longue vie, il a conservé sa capacité à écrire clairement et à synthétiser. Et il était largement traduit. 

Aperçu et synthèse

Les entretiens sur la spiritualité du séminaire sont devenus une synthèse de la spiritualité sacerdotale, Le sacerdoce diocésain (1942-1946), prolongé ensuite dans La sainteté chrétienne. Un compendium de la théologie ascétique et plus tard dans Existence et sainteté en Jésus-Christ (1982). Ils restent une source d'inspiration et de spiritualité laïque. 

Certains cours de morale de la vertu au séminaire ont donné lieu à un intéressant essai Tendances actuelles de la théologie morale (1940). Les élargissements thématiques de l'Apologétique et de la Théologie fondamentale (et de sa thèse) l'ont amené à synthétiser un célèbre ouvrage sur le sujet. Histoire du mouvement œcuménique (1955). Et, en mettant tout ça ensemble, à un Orientations actuelles de la théologie (1958). Elle l'a également incité à étudier historiquement le rôle de la primauté dans l'Église, en Infaillibilité papale (1969) y La primauté du pape (1972). Et, toujours dans la ligne de la Théologie fondamentale, d'entrer dans le monde des religions, Buts et problèmes de la théologie des religions non-chrétiennes (1966). Et, en les voyant arriver, le syncrétisme ou... Catholicité ? (1967). Et ceci n'est qu'une petite sélection de ses livres, à laquelle il faut ajouter de nombreux articles et un grand nombre de critiques et de comptes rendus. Il n'a pas perdu de temps. 

Les réalités temporelles et le Conseil 

Mais sa contribution la plus reconnue a été sa première Théologie des réalités terrestres (Théologie des réalités terrestres (Desclée 1946, édition que nous citons). Il a ensuite été accompagné d'autres essais complémentaires, tels que Transcendance et incarnation (1950), y Théologie et réalité sociale (1963). 

Il était original parce qu'il abordait le sujet de manière systématique, en étant sensible à la façon de penser des professionnels et des travailleurs, qu'il connaissait pour avoir animé des groupes et donné des cours. 

A l'époque du Conseil (1962-1965) et surtout dans le cadre des travaux du Gaudium et speson comptait sur lui. Outre le fait qu'il était un collègue d'autres lovaniens tels que Gérard Philip et Charles Moeller, qui ont joué un rôle majeur dans la forme finale et la rédaction de la Lumen Gentium et d'autres documents (ils étaient tous de bons latinistes). Il a fait de bons commentaires sur les progrès du Conseil et sur plusieurs de ses documents. Et il a travaillé au secrétariat de l'Union chrétienne. 

Le but du livre 

Le monde médiéval a disparu. Le christianisme (l'Église) n'a plus de place officielle dans la constitution des États. Mais comment les chrétiens peuvent-ils se désintéresser de la cité temporelle, n'y ont-ils pas leur mission et leur vocation, surtout les laïcs ? Que faire, sans tomber dans le cléricalisme ? 

"Rendez à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César". D'accord, mais ne devrait-il pas y avoir une théologie, une foi réfléchie, qui serve à former les futurs prêtres pour éclairer les chrétiens ? Le marxisme ne pourrait-il pas être le seul à interpréter les "réalités temporelles" et leur progression ? 

Comme il l'explique dans l'avant-propos, cette réflexion justifie ce remarquable essai en deux volumes. Le premier volume, PréludesLe second est consacré à la Théologie de l'histoire (1939) et nous le commenterons plus tard. Comme toujours, Thils fait une excellente carte du sujet, ce qui est en soi une contribution.

Préludes

Il est divisé en quatre parties. Les trois premiers sont la préparation et le cadrage des questions ; le quatrième est l'esquisse d'un jugement chrétien sur les principales "réalités terrestres". Elle tient compte de l'essai de Maritain (Humanisme intégral1936), sur le rôle du chrétien dans une société qui n'est plus officiellement chrétienne ; et un article du jésuite Montcheuil, Vie chrétienne et action temporelle (1943), ainsi que d'autres écrits qui expriment le souci d'être présent dans l'élaboration du nouveau monde. 

Il commence par souligner que les philosophes, théologiens et sociologues chrétiens "Ils forment un chœur très homogène pour exiger de la science théologique des indications sur la valeur du monde, de l'univers des sociétés humaines, de la civilisation". (14). Catholiques, protestants et orthodoxes (Boulgakov, Berdiaev). Il cite même Donoso Cortes : "Une civilisation est toujours le reflet d'une théologie".

Nuances et cadrage

La deuxième partie fournit les éléments théologiques du jugement, en entrant dans les oppositions et les paradoxes : Dieu et le monde, le sacré et le spirituel et le profane, l'esprit et la matière, la chair et l'esprit. Il faut de la méditation et beaucoup de nuances pour mettre les choses au point. 

La troisième partie montre le grand mouvement depuis la création de Dieu, avec le mystère du péché et de la rédemption, jusqu'à la consommation en Christ, par l'action de l'Esprit Saint. C'est ici que ces réalités doivent être encadrées. 

Il y a le dessein créatif de Dieu pour l'action humaine dans le monde (qui prolonge sa création), il y a le péché qui déforme, et l'action rédemptrice qui guérit, et il y a une tension eschatologique et transcendante vers la fin : on ne peut pas faire un monde qui reste fermé sur lui-même. 

Dans ce contexte, Gustave Thils est convaincu que l'action de l'Esprit Saint dans le monde ne se limite pas à la sanctification intérieure des individus et à l'action liturgique de l'Église, mais embrasse l'ensemble de la création blessée par le péché. Les chrétiens doivent participer à ce mouvement depuis leur place dans le monde. 

Application aux réalités temporelles

La quatrième partie, appelée "simples croquis".La section la plus longue applique tout ce qui a été vu à quelques grandes réalités terrestres : la constitution des sociétés, la culture et la civilisation, la technologie, les arts et le travail humain. Dans chaque cas, il s'agit de comprendre leur place dans le prolongement de l'action créatrice de Dieu, de réfléchir à la manière dont ils sont affectés par le péché, guéris par la rédemption et orientés par l'Esprit vers la gloire de Dieu. 

Par exemple, sur le travail. S'inspirant de saint Thomas, il affirme que toute œuvre participe à l'action divine, à sa causalité, et est une extension de sa création. L'aspect créatif souligne le fait que l'être humain est l'image de Dieu. Certes, il est touché par le péché, mais le travail n'est pas une conséquence du péché, il n'est qu'une conséquence de son aspect douloureux. Et c'est précisément pour cette raison qu'elle peut aussi avoir un aspect rédempteur. "Restaurer une société, une culture ou un art, c'est les transfigurer selon l'Esprit Saint : ce n'est pas seulement une promesse, c'est une réalité. [...] C'est pourquoi l'activité humaine qui transmet la rédemption au monde terrestre est, par là même, une activité rédemptrice". (191). 

" En réunissant toutes les formes d'activités rédemptrices terrestres et en les reliant aux activités théologiques et théocentriques de la vie intérieure, on aura une vue assez complète de ce qu'est la "vie chrétienne" dans son ensemble, avec toute l'universalité qu'elle possède en Dieu et dans l'Esprit " (1 Corinthiens 3, 1). (194). Il est nécessaire de fuir à la fois d'un " L'humanisation du christianisme qui en fait une force de moralisation [...] comme d'une désincarnation totale du christianisme par l'insistance unilatérale sur une grâce qui ne se mêlerait pas du tout au monde pour le pénétrer et le transformer. [...] Il est nécessaire de penser à la lumière du Christ le traité d'anthropologie chrétienne, dont la réforme sera peut-être la plus grande œuvre du XXe siècle". (198). Ce sont les derniers mots. 

Résumé dans Guidance

Douze ans plus tard, dans son Orientations actuelles de la théologie (1958), résume la question. "Nous ne sommes plus à l'époque où l'idée de perfection était liée à celle de "monachisme" ou de "couvent" [...]. Les laïcs sont immergés dans le temporel et liés à des tâches terrestres. Leur devoir d'état - qui est le premier moyen de sanctification - les conduit à accorder une attention visible et un intérêt vital au développement du monde profane [...]. Ce monde, de manière précaire et transitoire, est le lieu dans lequel ils doivent se sanctifier". (cité par Troquel, Buenos Aires 1959, 133). Des orientations sont nécessaires pour "considérer ce monde avec les yeux de la révélation, en les aidant à adapter leur regard au regard de Dieu".. "Une théologie des réalités temporelles peut aider à comprendre la finalité du travail temporel et à l'accomplir". savoir comment l'image de Dieu se réalise dans le monde. "En dernière analyse, il s'agit d'une 'anthropologie chrétienne'".mais "intégral", non réduit à la description de l'âme et du rôle intérieur de la grâce. "Si notre anthropologie théologique avait été "intégrale", il n'y aurait jamais eu le problème de la théologie des réalités temporelles". (135). 

Il s'étend en rassemblant la bibliographie qui avait grandi. D'abord le "La théologie du quotidien".où il cite Jesús Urteaga (La valeur divine de l'humain), Mouroux, Scheler, C. S. Lewis. Puis sur le corps (Mouroux, Poucel), le travail (Haessle, Chenu), la famille et la société (Dubarle, Journet) ; également l'art et la technologie. 

Eschatologues et incarnationnistes

Comme mentionné ci-dessus, le deuxième volume de l Théologie des réalités terrestresest dédié à la Théologie de l'histoire (1949) et à l'aspect eschatologique, c'est-à-dire à la question de savoir si l'action humaine dans le monde et son progrès ont un rapport avec l'établissement du Royaume de Dieu maintenant et à la fin des temps (les nouveaux cieux et la nouvelle terre). 

Les histoires de la théologie ont tendance à diviser les auteurs en "eschatologues" et "incarnationnistes". Les "eschatologues" (Daniélou, Bouyer) seraient ceux qui centrent le sens de l'histoire sur la spiritualité et la vie de l'Église, le reste étant accessoire ou même, à des degrés divers, subsumé au "monde" comme réalité opposée au salut. Les "incarnationnistes" (Thils, Chenu et plus tard Metz et la théologie de la libération) seraient ceux qui donnent une valeur transcendante et eschatologique aux réalités humaines, où ils comprennent que le Royaume est initié. Ils diffèrent et, en fait, Daniélou a critiqué Thils comme étant "trop optimiste".. Mais la question, si riche et complexe, n'est pas bien reflétée dans une division bipartite aussi simple.

La conclusion de Gaudium et spes

Gaudium et spesqui consacre un chapitre à l'action de l'homme dans le monde (nn. 33-39), fait prudemment écho à tout cela au n. 33 : "Le progrès temporel et la croissance du royaume du Christ doivent être soigneusement distingués".mais le premier peut aider "est d'un grand intérêt pour le royaume de Dieu".. En outre, "les biens de la dignité humaine, de l'union fraternelle et de la liberté ; en un mot, tous les fruits excellents de la nature et de nos efforts, après que l'Esprit du Seigneur les aura répandus sur la terre et conformément à son ordre, nous les retrouverons".transfiguré dans la consommation de
Le Christ.

Ressources

Teresa Barrera, psychologue : "Les blessures peuvent générer des forces".

La demande de psychologues et de psychiatres a augmenté avec la pandémie, et parfois les gens ne savent pas comment aider face à des fractures vitales. La psychologue et thérapeute Teresa Barrera passe en revue sept outils d'accompagnement psychologique et spirituel. Elle parle, par exemple, de la manière dont "les blessures peuvent générer des forces", ou de la nécessité de regarder "de manière intégrée".

Rafael Miner-25 novembre 2021-Temps de lecture : 5 minutes

Qu'est-ce que cela signifie de considérer les gens de manière intégrée ? "En tenant compte de leurs trois dimensions : psychologique, biologique et spirituelle". Nous avons tous nos fractures au cours de notre histoire, "c'est quelque chose que nous devons accepter et qui génère aussi des forces en nous". C'est ce que nous assure la psychologue Teresa Barrera, spécialiste qui collabore avec la Consulta Dr. Carlos Chiclana.

"Vivre de manière intégrée permet aux gens d'être heureux et de savoir ce qu'ils ont été appelés à faire", a déclaré Teresa Barrera lors de la conférence. Psychologie et vie spirituelledans une session intitulée Aborder les fractures dans la cohérence de la vie du sujet chrétien, qu'il a donné devant plus de 300 personnes à la Faculté de théologie de l'Université de Navarre.

La question de la santé mentale, surtout en ces temps de pandémies, préoccupe de plus en plus certains spécialistes, qui ont averti dès 2020 que la pandémie de Covid-19 serait suivie de problèmes de l'esprit. Pour un bon accompagnement, Barrera considère qu'il est important de savoir ce que la personne fait, comment elle le fait, pourquoi et pour qui : "De cette façon, nous comprendrons les causes de la rupture, afin de pouvoir réorganiser son comportement et permettre à la personne de vivre en liberté. Souvent, ce n'est pas une question d'attitude, et le patient se sent ainsi beaucoup moins coupable". 

En ce qui concerne l'origine de l'incohérence, il a distingué deux cas : lorsqu'elle a une racine psychiatrique, comme dans les cas de trouble obsessionnel compulsif (TOC) ou de trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) ; ou lorsque l'incohérence a une racine psychologique, auquel cas il est utile de connaître l'histoire personnelle.

Ce sont quelques-unes des questions que la psychologue Teresa Barrera a abordées avec Omnes, suite à son intervention à l'Université de Navarre.

-L'Association américaine de psychologie (APA) a averti à la fin de l'été dernier que les psychologues et les psychiatres voyaient une augmentation des consultations dans le cadre de la pandémie. Certains ont dit à l'époque que Cette demande a-t-elle continué à croître ?

Oui, c'est évident. Il y a des choses qui étaient déjà dans les gens, ils étaient déjà adaptés, et les situations d'incertitude que nous avons vécues les ont déstabilisés, et ils sont devenus plus présents, et c'est pourquoi ils ont demandé de l'aide. Et puis il y a beaucoup de chagrin à traverser. Non seulement les deuils personnels, mais aussi les choses que nous avons perdues dans nos relations avec les autres, le temps que nous avons passé loin des autres, les projets qui ont dû être fermés... Ce sont aussi des deuils que nous devons vivre. Il y a eu de nombreuses variables. Il y a eu des gens qui ont été déstabilisés par l'instabilité du moment, et par les situations auxquelles ils ont dû faire face.

-A quel type de fractures faites-vous référence ? Parce qu'il peut y avoir différents types de fractures. La vie est dure et beaucoup de choses peuvent arriver.

Il n'est pas nécessaire qu'il s'agisse de grandes fractures. Pour un chrétien, une difficulté de communication ; dans le mariage, un manque d'intimité est une fracture de la cohérence. Nous ne sommes pas obligés de parler uniquement de dépendances, d'infidélité ou de choses sérieuses. Et cela peut avoir des origines, d'un point de vue psychiatrique, ou d'un point de vue psychologique.

Par exemple, la paresse peut être un symptôme de dépression, et c'est une fracture de la cohérence, mais elle a une origine, elle a une explication. Le surmenage, par exemple. Les personnes qui vivent plus pour leur travail que pour leur famille.

-Vous avez parlé des fractures dans la cohérence de vie du sujet chrétien, mais les outils psychologiques que vous proposez sont censés être valables aussi pour les non-chrétiens.

Le titre de la conférence portait sur la fracture de la cohérence. C'est-à-dire lorsqu'une personne agit de manière incohérente. C'est à cela que nous faisions référence. Où est l'explication de l'incohérence, qui peut avoir une origine psychiatrique ou une origine psychologique. Une personne qui est dépendante d'une autre personne. Elle peut avoir une origine psychologique dans la première relation familiale, et des dépendances affectives sont générées. C'est pourquoi il s'agit d'une fracture de cohérence. C'est peut-être une personne qui fait tout ce qu'il faut pour être aimée par l'autre.

Et la fracture n'est pas dans la blessure, mais dans la cohérence, dans ce cas. Bien que mon exposé ait été intitulé "fractures du sujet chrétien", ce sont des choses qui s'appliquent aussi, logiquement, aux non-chrétiens. C'est la fracture de la cohérence. Bien qu'il s'agisse ici de valeurs chrétiennes.

-Passons aux outils psychologiques pour un bon accompagnement de la personne. Vous avez parlé de sept, et vous avez commencé par celui-ci : "La relation qui guérit".

La relation thérapeutique en elle-même est curative, par conséquent, dans l'accompagnement spirituel, elle est également fondamentale. Cette relation thérapeutique génère une relation stable et sûre, où l'expression émotionnelle est permise, où la personne peut se montrer telle qu'elle est, sans être jugée.

-Deuxièmement, le cadre de l'accompagnement spirituel, pouvez-vous le résumer ?

Un cadre est nécessaire pour aider la personne accompagnée à comprendre ce qu'est l'accompagnement spirituel et ses limites : les aspects à traiter, les domaines de la vie à aborder, les moments, le lieu, la fréquence et le mode de communication.

-Troisièmement, que signifie "établir une ligne de vie, que nous relierons ensuite au travail sur les forces et les émotions" ? Ce sont ses mots.

Ordonner sa vie est la clé de la connaissance de soi et permet d'aligner les événements de la vie. Cela peut se faire de différentes manières, par années, par crise...

-Quatrièmement. Points forts.

Nos blessures peuvent générer des forces. Il est important d'en tenir compte, car si nous nous contentons de montrer où sont les problèmes, la personne finit par être frustrée. Si nous renforçons les tentatives de solutions et les choses qui ont été apprises en cours de route, la personne devient autonome.

-Cinquièmement. Conscience et régulation des émotions.

Elle consiste à aider à détecter les émotions que la personne éprouve aux moments importants, afin qu'elle puisse les intégrer dans la vie et apprendre à les réguler. Nommer les émotions, les définir et les exprimer nous permet de nous connaître.

-Sixièmement. Questions d'habilitation et de réflexion.

Nous pouvons utiliser des questions qui aident la personne à réfléchir sur elle-même, sur les conséquences de ses actes, sur ce qu'elle ressent et à avoir un aperçu des points forts décrits dans la section précédente.

-Et le septième. Le moi idéal contre le moi réel.

Permettre à la personne, à travers la carte de son histoire où se trouvent ses lacunes et ses forces, de connaître son originalité et de s'aimer, afin de savoir où elle veut orienter sa vie en toute liberté. On peut traduire cela comme le fait de travailler sur l'idéal en tenant compte de la réalité. L'idée est de travailler sur la personne à partir de ce qu'elle est, et pas seulement à partir de l'idéal ; de travailler sur l'idéal à partir de la réalité.

-Parlons un instant du fait de " faire tout ce qu'il faut " pour attirer l'attention, comme vous l'avez mentionné précédemment. Il arrive souvent que, face à une rupture, par exemple, on puisse penser à n'importe quoi...

Lorsque de tels extrêmes sont atteints, un accompagnement thérapeutique est nécessaire. Parce que ce que l'on ressent et ce que l'on fait n'est pas proportionnel à la réalité de la vie. Dans ces cas, lorsque la personne ne peut pas supporter l'anxiété, l'inconfort ou la douleur de la séparation, un accompagnement thérapeutique est nécessaire, car il n'est pas proportionné. Lorsque les émotions sont disproportionnées, elles signifient que quelque chose ne fonctionne pas bien. C'est autre chose si une personne est triste, qu'elle pleure ou se met en colère à cause des circonstances, mais qu'elle est capable de poursuivre sa vie.

Nous concluons la conversation. Jorge Iriarte, médecin, prêtre et professeur à la faculté de théologie de l'université de Navarre ; Montserrat Lafuente, psychiatre et psychothérapeute, professeur à l'université Abat Oliva-CEU et au séminaire de Barcelone ; le professeur Wenceslao Vial, professeur à l'université pontificale de Santa Cruz (Rome) ; et les professeurs d'université José María Pardo et Martiño Rodríguez-González Rodríguez, professeur à l'université pontificale de Santa Cruz (Rome) ; Le professeur Wenceslao Vial, professeur à l'Université pontificale de la Sainte-Croix (Rome), et les professeurs d'université José María Pardo et Martiño Rodríguez-González, qui ont animé les débats.

Vatican

Le pape aux journalistes : "Une mission pour expliquer le monde et le rendre moins obscur".

Deux journalistes ont reçu du pape François la Grand-Croix de l'Ordre du Plan, qui est habituellement décernée aux chefs d'État. Lors de la cérémonie de remise des prix, le pape a profité de l'occasion pour adresser quelques mots au monde du journalisme.

Giovanni Tridente-24 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Pour la première fois dans l'histoire du Saint-Siège, deux journalistes ont reçu du pape François, le 13 novembre, la Grand-Croix de l'ordre de Piana, qui est habituellement décernée aux chefs d'État. Il s'agit de Valentina Alazraki de la chaîne de télévision mexicaine Televisa et de Phil Pullella de Reuters, qui couvrent tous deux le Vatican depuis plusieurs décennies. Tous deux sont, en fait, les "doyens" de ce qu'on appelle les "Vaticanistas", le groupe de journalistes qui vivent à Rome et qui suivent quotidiennement toutes les activités du Vatican et du Saint-Siège, et voyagent avec le pape lors de ses voyages internationaux dans le monde entier. Alazraki, par exemple, a effectué plus de 150 voyages à la suite des trois derniers pontifes.

Pour l'occasion, le Saint-Père a adressé un message à toute la communauté des professionnels de l'information, dont une représentation était présente dans la salle, pour leur dire qu'avec cet honneur, il entendait "rendre hommage à toute votre communauté de travail", ainsi que montrer "qu'il vous aime, vous suit, vous estime, vous considère précieux".

À cette occasion, le pape François a donné une petite leçon de journalisme, rappelant les éléments fondamentaux qui caractérisent - ou devraient caractériser - une profession véritablement au service du bien et de la vérité, vécue comme une "mission" naturelle consistant à "expliquer le monde", à le "rendre moins obscur", afin que "ceux qui le vivent en aient moins peur et regardent les autres avec une plus grande conscience, et aussi avec une plus grande confiance".

Cette véritable vocation doit reposer sur trois piliers importants. Tout d'abord, écouter les protagonistes des histoires racontées, ce qui signifie aussi voir, être là, afin de capter les nuances et les sensations à travers une nécessaire rencontre personnelle "irremplaçable".

Le deuxième pilier fait référence à l'analyse approfondie, à la capacité de pénétrer le contexte des situations afin d'éviter les simplifications et les contrastes, très en vogue dans le paysage médiatique et web actuel.

Enfin, raconter, ce qui ne signifie pas "se mettre en avant, ni s'ériger en juge", mais acquérir l'attitude qui conduit à "se laisser toucher et parfois blesser par les histoires que nous rencontrons, afin de pouvoir les raconter avec humilité à nos lecteurs".

Le souhait du Pape est donc d'avoir affaire à des journalistes et des communicateurs "passionnés par la réalité, capables de trouver les trésors cachés dans les plis de notre société et de les raconter, en nous permettant d'être touchés, d'apprendre, d'élargir notre esprit, de saisir des aspects que nous ne connaissions pas auparavant".

Cette capacité d'empathie avec les problèmes des personnes, de saisir les éléments de vérité, de les contextualiser et de les relater avec bienveillance s'applique également à tous les événements liés à l'Église, qui "n'est pas une grande entreprise multinationale dirigée par des managers qui étudient à table la meilleure façon de vendre leur produit", mais qui est née et existe "pour refléter la lumière d'un Autre, la lumière de Jésus".

Le pape François n'hésite pas à donner des indications utiles aux journalistes pour qu'ils puissent mieux remplir leur délicate mission de service. Très souvent, dans des discours, des interviews, des messages et des vœux, il a mis en avant certaines de ses "convictions communicatives" et de ses "conseils vertueux" pour remédier à ce qu'il a défini ailleurs comme les "péchés des médias". Il s'agit notamment de la désinformation, de la calomnie et de la diffamation.

Face à ces "violations de la vérité", le souverain pontife a réitéré à plusieurs reprises la nécessité de donner la priorité à l'amour de la vérité, du bien et de la beauté, une "triade existentielle" comme il l'a définie lors de sa première audience avec des journalistes après son élection en 2013.

L'écoute fait également partie de cette "proximité et culture de la rencontre" typique d'autres prises de position de son Magistère, conscient que l'implication personnelle devient ainsi la racine même de la fiabilité du communicateur.

Dans tout cela, il y a la responsabilité, l'attitude qui conduit à maintenir un haut niveau d'éthique professionnelle, à éviter la superficialité et à être toujours respectueux des personnes, tant celles qui font l'objet de l'information que celles qui reçoivent le message.

Le Pape parle également d'espérance, en faisant référence à un type d'information et de communication qui est constructif. Face aux visions défaitistes ou pessimistes, la bonne attitude - qui est une tâche et aussi un engagement - doit être positive, laissant place aux bonnes choses qui arrivent.

Enfin, le pape est conscient que les centres nerveux où se concentrent la plupart des informations se trouvent dans les grands centres. Mais cela ne doit pas nous faire oublier les innombrables histoires de ceux qui vivent loin, à distance, dans les désormais célèbres banlieues, où à côté de la souffrance et de la dégradation, il y a certainement des histoires de grande solidarité, qui peuvent aider chacun à regarder la réalité d'une manière renouvelée.

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Lectures du dimanche

Commentaire des lectures du premier dimanche de l'Avent : " Votre rédemption est proche ".

Andrea Mardegan commente les lectures du premier dimanche de l'Avent et Luis Herrera prononce une courte homélie vidéo. 

Andrea Mardegan / Luis Herrera-24 novembre 2021-Temps de lecture : 2 minutes

Nous commençons l'Avent avec les discours de Jésus sur la fin des temps et sa seconde venue. Jésus parle de bouleversements cosmiques. Ses auditeurs étaient convaincus du lien entre la nature et l'histoire, et voyaient dans la mer déchaînée une image du chaos s'opposant à l'ordre des étoiles et des cieux. Si le désordre et le chaos s'installent dans les cieux, alors la fin est proche.

Luc, en bon médecin, insiste sur les réactions d'"angoisse", d'"anxiété" et de "peur" qui provoquent la mort. Dans ce tableau dramatique, qui nous rappelle des événements réels - tremblements de terre, ouragans, inondations, éruptions volcaniques - apparaît l'image de la seconde venue du Fils de l'homme "dans une nuée avec grande puissance et gloire". 

Dans la Bible, la nuée est un signe de la présence de Dieu. Une nuée enveloppe Jésus avec les trois apôtres, Moïse et Élie sur le mont de la Transfiguration.

Luc décrit l'Ascension comme suit : "Comme ils regardaient, il se leva et un nuage le cacha à leurs yeux". (Actes 1:9). Deux hommes vêtus de blanc disent aux apôtres : "Ce même Jésus, qui du milieu de vous a été enlevé au ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu monter au ciel.

En entrant dans la nuée sur le Mont de la Transfiguration, les apôtres "ils avaient peur" ; Jésus, en revanche, après avoir parlé de la nuée de sa seconde venue, nous incite à nous lever et à relever la tête, attitudes qui expriment une attente pleine d'espérance : "Car votre rédemption est proche".

Mais Jésus nous avertit aussi que nous pouvons toujours perdre ce salut, et il nous invite donc à veiller et à prier pour éviter que nos cœurs et nos esprits ne se perdent, et à prier pour le salut des autres. "obscurcir". à cause de "l'ivresse, l'ivrognerie et les soucis de la vie". Le verbe utilisé par Luca rappelle l'endurcissement du cœur de Pharaon lorsque Moïse lui a demandé de laisser partir son peuple (Ex 7, 14).

Nous veillons à garder nos cœurs éveillés avec l'espoir que le Seigneur nous donne avec Jérémie : "Je susciterai à David un rameau juste, qui exercera la justice et l'équité dans le pays. En ces jours-là, Juda sera sauvé, Jérusalem habitera en paix, et on l'appellera : "Le Seigneur notre justice"..

Les paroles de Paul aux Thessaloniciens, le plus ancien écrit du Nouveau Testament qui nous soit parvenu, plongé dans l'attente de la seconde venue du Christ, nous suggèrent comment prier dans cette attente : "Que le Seigneur vous remplisse et vous fasse déborder d'amour les uns pour les autres, et d'amour pour tous, comme le nôtre pour vous, afin que vos cœurs soient affermis dans une sainteté irréprochable"..

En outre, le Seigneur ne viendra pas seul, mais "avec tous ses saints", ses amis, nos compagnons de route, nos frères dans la foi et dans la gloire, qui sont nos intercesseurs.

Homélie sur les lectures du dimanche 1er dimanche de l'Avent

Le prêtre Luis Herrera Campo offre ses nanomiliaune courte réflexion d'une minute pour ces lectures.

L'auteurAndrea Mardegan / Luis Herrera

Espagne

Semaines sociales en Espagne : vers une régénération de la vie publique

Séville accueille la XLIIIe semaine sociale espagnole sous le titre de La régénération de la vie publique. Un appel au bien commun et à la participation. 

Maria José Atienza-24 novembre 2021-Temps de lecture : 2 minutes

La Commission épiscopale pour la pastorale sociale et la promotion humaine organise la XLIIIe Semaine sociale espagnole à Séville, du 25 au 27 novembre, sous le titre de La régénération de la vie publique. Un appel au bien commun et à la participation

Comme le souligne Jesús Avezuela, président des Semaines sociales d'Espagne, à Omnes, "La célébration des Semaines sociales en 2021 revêt une importance particulière après un processus de revitalisation de cette institution".

La réunion de Séville est également précédée, pour la première fois, d'une présentation, "par les travaux d'une série de débats et de forums de délibération dans différents diocèses d'Espagne pendant toute l'année 2021".

La prochaine Semaine sociale, qui prend le relais de la dernière organisée à Orihuela-Alicante en 2015, débutera le 25 novembre par la séance inaugurale à laquelle participeront le nonce apostolique en Espagne, Mgr Bernardito Auza, l'archevêque de Séville, José Ángel Saiz Meneses, Jesús Avezuela lui-même, et le maire de Séville, ainsi que le secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole, Mgr Luis Argüello, qui prononcera le discours inaugural. 

Le vendredi sera la journée de travail des diocèses participants à travers des groupes de travail, tandis que deux tables rondes sont prévues le samedi : Une perspective politique y Le point de vue des entreprises et du secteur social modérés par les journalistes Diego García Cabello et Juan Carlos Blanco Cruz, respectivement.

Le programme du samedi comprend également la présentation des conclusions avant l'événement final, auquel assisteront l'archevêque de Séville et le président du gouvernement régional d'Andalousie.

M. Avezuela souligne également l'importance de cette réunion pour les Semaines sociales et considère que "C'est un moment très opportun, dans le cadre du chemin emprunté par la Conférence épiscopale pour les prochaines années, pour renouveler ces initiatives de dialogue et de rencontres sociales et culturelles, en réunissant les approches très différentes des forums de délibération des différents groupes de travail d'experts sur les questions politiques, économiques et socioculturelles des diocèses, très différentes les unes des autres mais qui partagent cette recherche du bien commun".

Que sont les Semaines sociales ?

Les "Semaines sociales" sont basées sur l'encyclique "Semaines sociales". Rerum Novarum du pape Léon XIII. C'est à Lyon, en 1904, que les premières Semaines sociales ont été organisées sous ce nom et dans le but de réunir des représentants de différentes organisations religieuses, sociales, politiques et économiques. Les Semaines sociales d'Espagne, dont l'organisation remonte à 1906, sont un service de la Conférence épiscopale espagnole pour l'étude, la diffusion et l'application de la doctrine sociale de l'Église aux questions sociales pertinentes et actuelles.

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Monde

Allemagne, vers une autre Église ?

Lors de l'assemblée plénière du Comité central des catholiques allemands a été présenté le rapport d'une commission d'historiens sur les abus sexuels dans le diocèse de Münster, dans lequel les auteurs remettent en cause les fondements de l'Église catholique. En outre, la conférence de l'"archevêque" d'Uppsala a ébloui la majorité des membres de l'assemblée. La Voie synodale allemande considère-t-elle l'Église luthérienne de Suède comme un modèle pour ses discussions ?

José M. García Pelegrín-23 novembre 2021-Temps de lecture : 4 minutes

Les 19 et 20 novembre, l'Assemblée plénière du Parlement européen s'est tenue à Berlin. Comité central des catholiques allemands (ZdK), l'organe qui, avec la Conférence épiscopale allemande (DBK), oriente la voie synodale. Outre l'élection de la nouvelle présidente Irme Stetter-Karp, 65 ans, en tant que successeur de Thomas Sternberg (qui présidait le ZdK depuis 2015), et d'autres nominations, les temps forts ont été au nombre de deux : la présentation des résultats provisoires d'une nouvelle étude sur les abus sexuels - en l'occurrence dans l'Église de Münster, préparée par un groupe d'historiens, et la conférence donnée par l'"archevêque" de l'Église luthérienne suédoise.

Le projet sur le l'abus sexuel à Münster, qui a débuté il y a deux ans sous la direction de Thomas Grossbölting et Klaus Grosse Kracht et qui devrait s'achever au printemps 2022, les résultats obtenus jusqu'à présent correspondent à peu près à ceux du rapport dit MHG (parce que des professeurs des universités de Mannheim, Heidelberg et Gießen y ont participé) : environ quatre pour cent du clergé de ce diocèse ont été accusés d'abus depuis 1945.

Globalement, ces chiffres - selon Grossbölting et Grosse Kracht - correspondent à la part des abuseurs dans la population allemande, qui est estimée entre trois et cinq pour cent. "En d'autres termes, les prêtres catholiques ne sont ni plus ni moins susceptibles de commettre des abus sexuels. Ni leur formation ni leur ordination à la prêtrise ne les en protégeaient.

De manière surprenante, les directeurs de ce projet ne tirent aucune conclusion de ces résultats pour la prévention pendant la période de formation des prêtres. Ils ne tirent pas non plus de conclusions d'un fait particulièrement pertinent : ils mentionnent que les trois quarts des victimes sont des garçons, ce qui contraste fortement avec la structure des victimes dans la population générale, où l'on estime que les filles sont trois à quatre fois plus souvent touchées que les garçons, c'est-à-dire exactement l'inverse. Il semble que la relation entre les abus et l'homosexualité soit encore un sujet tabou.

Au lieu de cela, ils concluent : "L'Église catholique n'a peut-être pas un problème quantitatif d'abus sexuels, mais un problème qualitatif. Parce que les faits, mais aussi la dissimulation des abus, ont un caractère profondément catholique à bien des égards". En d'autres termes : selon Grossbölting et Grosse Kracht, les abus ont des "causes systémiques" : dans la morale sexuelle de l'Église (là encore, c'est surprenant : la morale sexuelle catholique n'interdit-elle pas les abus sexuels ?), ainsi que dans "la conception que l'Église a du ministère en général", en ce sens que "le prêtre n'est pas seulement supérieur aux laïcs dans la direction de la communauté, mais aussi dans sa nature" car, avec l'ordination, il acquiert une partie de l'autorité de Jésus-Christ et le représente "in persona". 

" C'est la base transcendante du pouvoir pastoral que le " saint homme " exerce sur ses victimes. De ce contexte découle l'échec du leadership des évêques".

Dans leur interprétation des résultats de l'étude, Grossbölting et Grosse Kracht plaident pour une autre Église : "Nous nous référons à quelque chose de fondamental, la compréhension du ministère sacerdotal, la relation entre les prêtres et les laïcs et entre les femmes et les hommes, nous nous référons au contrôle externe des évêques et des gestionnaires de personnel et, essentiellement, à la limitation du pouvoir pastoral. Ainsi, les abus sexuels sont l'occasion de remettre en question les fondements de l'Église catholique. À cet égard, il est surprenant que Thomas Söding, théologien et membre du présidium du ZdK, se soit senti obligé de qualifier l'expression "abus d'abus" de "mot empoisonné".

Archevêque" luthérien d'Uppsala, Suède Antje Jackelen

Dans ce contexte, l'enthousiasme avec lequel les participants à l'assemblée du ZdK ont accueilli la conférence de l'"archevêque" luthérien Antje Jackelén d'Uppsala (Suède) est également compréhensible. Originaire d'Allemagne, elle vit en Suède depuis 40 ans et est à la tête de l'Église luthérienne suédoise depuis 2014. La présidence du ZdK lui avait demandé d'apporter un "regard extérieur" sur le parcours synodal en Allemagne.

Bien qu'elle considère qu'il serait " insolent " d'indiquer un objectif pour le chemin synodal, car " l'Église de Suède n'a pas la solution ", Antje Jackelén a souligné comment la synodalité est comprise dans cette Église luthérienne : " Il y a ce que nous appelons deux 'lignes de responsabilité' : d'une part, la "ligne épiscopale", avec les évêques, les prêtres et les diacres : les évêques sont élus dans chaque diocèse par les prêtres et les diacres, ainsi que par un nombre égal de laïcs ; d'autre part, la "ligne synodale", dont les représentants sont élus au scrutin direct et démocratique. Le concept clé est la responsabilité commune.

Le fait qu'il soit "largement accepté en Suède que les hommes et les femmes puissent être ordonnés" est un autre aspect qui est tombé sur un terrain fertile lors de l'assemblée du ZdK. Irme Stetter-Karp, sa présidente nouvellement élue - qui est également vice-présidente de Caritas en Allemagne - a déclaré après son élection : "En tant que femme, cette exclusion [des femmes de l'ordination à la prêtrise] n'est pas acceptable pour moi, et pas seulement depuis les années 2000, mais depuis toujours. Je ne pense pas qu'il soit raisonnable pour mon église d'ordonner certains par décret ou sur la base du sexe.

C'est mon point de vue en tant que femme, mais il est également partagé par de nombreux hommes. Une raison tout aussi décisive me semble être la question pastorale. J'utilise souvent une analogie à ce sujet : vous ne pouvez pas abaisser indéfiniment la pâte lorsque vous voulez faire un gâteau ; à un moment donné, elle se brisera. C'est un risque que je vois dans de nombreuses communautés. Pour moi, la foi est si importante qu'elle m'amène à dire : il serait bon que nous reconsidérions la question.

Il n'est donc pas surprenant qu'à la fin de sa présentation, Irme Stetter-Karp ait invité Antje Jackelén à la Convention des catholiques allemands en 2022 ; mais aussi que d'autres participants à l'Assemblée se soient empressés de l'inviter à participer aux délibérations du voyage synodal. Il semble qu'au moins certains membres de l'assemblée du ZdK considèrent l'Église luthérienne suédoise comme un modèle pour la voie synodale allemande.

Vatican

Images du pape en Grèce et à Chypre

Rapports de Rome-23 novembre 2021-Temps de lecture : < 1 minute
rapports de rome88

Le récent voyage apostolique du pape François en Grèce et à Chypre a laissé plusieurs moments mémorables, comme sa rencontre avec l'archevêque orthodoxe d'Athènes et de toute la Grèce, Hieronymus II, où il a présenté ses excuses pour le traitement historique des orthodoxes par les catholiques, et sa visite du camp de réfugiés sur l'île grecque de Lesbos.


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Monde

Rapport Sauvé : l'épiscopat français reconnaît la responsabilité institutionnelle de l'Eglise

L'étude Sauvé, commandée par la Conférence des évêques de France, ne s'est pas limitée à un décompte numérique, mais a demandé une analyse détaillée des causes et des remèdes possibles à la dérive des abus. Les évêques n'ont pas voulu "contester l'addition" mais assumer leur responsabilité et appeler à une profonde conversion.

José Luis Domingo-22 novembre 2021-Temps de lecture : 4 minutes

Les récentes révélations dévastatrices du rapport Sauvé suggérant un nombre important de victimes d'abus sexuels par des prêtres et des religieux au cours des 70 dernières années en France ont été analysées par les évêques français lors de leur réunion à Lourdes la semaine dernière.

L'étude commandée par la Conférence des évêques ne s'est pas limitée à un décompte numérique, mais a demandé une analyse détaillée des causes et des remèdes possibles à cette dérive. La hiérarchie avait laissé à M. Sauvé, ancien vice-président du Conseil d'Etat, la liberté de constituer son équipe et de suivre les méthodes qu'il jugeait appropriées. Le caractère indépendant de cette commission, qui comprend des personnalités aux compétences multiples et complémentaires et aux opinions philosophiques et religieuses diverses : croyants, non-croyants, agnostiques et athées, a été souligné. L'Eglise a voulu montrer une transparence absolue et sa volonté de prendre les mesures nécessaires pour éradiquer ces crimes.

D'autre part, le rétablissement de la crédibilité aux yeux de l'opinion publique était perçu comme une nécessité exigeant des moyens extraordinaires. En toile de fond, l'affaire de l'abbé Preynat - désormais démissionnaire de l'état clérical - avait choqué l'opinion publique en raison du nombre exorbitant de jeunes scouts agressés et avait mis le cardinal de Lyon lui-même, Mgr Barbarin, au banc des accusés pour crime de non-dénonciation, condamné en première instance à six mois de prison et finalement acquitté en appel. Un film intitulé "Merci à DieuLe film "The Affair" de François Ozon a été largement diffusé dans le pays.

Ayant rendu publics les résultats du rapport déjà connu, les évêques ont accepté sans réserve ces conclusions, souhaitant rendre public un profond changement de mentalité et un repentir sincère. L'ensemble du corps épiscopal a reconnu la responsabilité institutionnelle de l'Église et le caractère systémique de cette violence, "en ce sens qu'elle n'est pas seulement le fait d'individus isolés, mais qu'elle est aussi rendue possible par un contexte global", selon les termes de Mgr de Moulins Beaufort, président de la Conférence des évêques de France : "un système ecclésiastique dégradé".

Les mesures votées le 8 novembre par les évêques reconnaissent que le traitement de ces situations dans le passé, uniquement en interne, n'avait pas permis de les clarifier. Afin de réparer toute injustice, un organisme ecclésiastique indépendant chargé de reconnaître et de réparer les violences sexuelles a été créé pour indemniser toutes les victimes "quel qu'en soit le coût". Le moyen pratique de réunir les fonds nécessaires n'a pas encore été déterminé, mais la vente de biens immobiliers ou mobiliers en solidarité entre les diocèses n'est pas exclue. Les évêques de France demandent au pape d'envoyer des visiteurs apostoliques pour analyser comment chaque diocèse travaille dans ce domaine. Neuf groupes de travail, animés par des laïcs, ont été mis en place, selon les recommandations du rapport Sauvé, dans le but de renouveler la forme de gouvernance.

À la fin de l'assemblée plénière, sur l'esplanade de la basilique de Lourdes, au cours d'une célébration pénitentielle, les évêques et les fidèles présents se sont agenouillés pour demander pardon au Seigneur pour tous les abus commis dans l'Église, tandis que les cloches ont sonné les morts pour toutes les victimes.

La réaction de l'épiscopat correspond à une prise de conscience de la responsabilité devant Dieu et devant l'humanité de cette grave perversion que l'Église n'a pas su traiter en son sein, indépendamment du comportement des autres institutions sociales séculières. Les évêques n'ont pas voulu "contester l'addition" mais assumer leur responsabilité et appeler à une profonde conversion. Et c'est peut-être la chose la plus significative à retenir par les autorités ecclésiastiques.

Sur le rapport Sauvé

Du point de vue d'un observateur extérieur, tout en reconnaissant la gravité du problème et sans le minimiser, il est légitime de suggérer quelques questions qui pourraient nuancer en quelque sorte les conclusions du rapport Sauvé afin de les rendre plus pertinentes pour la transformation de la société ecclésiale française.

La mise en scène de la présentation du rapport aux évêques le 5 octobre 2021 a montré que la Commission avait pris conscience de sa mission de conseil, la transformant en une mission de sanction à la manière d'un tribunal moral de la société sans appel possible et dépassant la mission qui lui était confiée. Il est louable que la Commission soit indépendante mais tout travail d'audit indépendant nécessite une phase de confrontation avant la publication du rapport. Tout indique que les évêques n'ont pas eu la possibilité d'étudier le rapport avant sa présentation publique.

Indépendant ne veut pas dire incriminant. M. Sauvé a donné le premier quart d'heure de la présentation au président d'une association de victimes qui n'a pas ménagé ses reproches aux évêques : " vous êtes la honte de notre humanité " ; répétant et répétant à l'assistance présente : " vous devez payer pour tous ces crimes ". Face aux conclusions du rapport, il a déclaré que "la meilleure chose à faire est de se taire et de commencer à travailler dur et rapidement pour remanier en profondeur le système". Une semaine plus tard, il demandera la démission de tous les évêques de France. 

En dehors de ces manifestations de violence, certainement liées à des expériences douloureuses, les recommandations du rapport pour l'avenir sont largement pertinentes, sans exclure quelques recommandations isolées, moins pertinentes ou plutôt impertinentes par rapport à la spécificité de l'Église, comme par exemple l'abolition du secret sacramentel de la confession ou la reconsidération du célibat des prêtres dans ce domaine.

Le rapport indique que la plupart des abus ont eu lieu entre 1950 et 1970. Pour évaluer les causes et proposer des recommandations, il y a sans doute un anachronisme à considérer ces événements passés avec la mentalité et les paramètres d'aujourd'hui, sans tenir compte du long chemin que l'Église a parcouru et que la société tente de parcourir pour démasquer ces comportements et les coordonnées culturelles et spatio-temporelles qui les permettent. Le rapport fait une analyse détaillée pour des périodes de 20 et 30 ans, cependant, la synthèse globale estompe les différences et pourrait laisser penser que la moyenne de cette longue période de 70 ans d'agressions contre les mineurs constitue la moyenne actuelle. Ainsi, on pourrait faussement conclure qu'actuellement 3 % des prêtres sont des abuseurs et que les institutions religieuses sont plus dangereuses pour les enfants que toute autre, alors qu'en fait la période la plus sombre, avec 56 % d'agressions, a été identifiée dans les années 1960.

D'un point de vue objectif, il aurait fallu faire un bilan global des pratiques de pédérastie en France depuis 1950, et des paramètres culturels qui les sous-tendent, dans tous les secteurs liés à la jeunesse (éducation nationale, clubs sportifs, etc.) et ne pas se focaliser uniquement sur l'Église.) et de ne pas se focaliser uniquement sur l'Eglise, oubliant qu'une certaine élite intellectuelle française défendait ces pratiques dans ces années-là (il suffit de rappeler Jean-Paul Sartre, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Gilles et Fanny Deleuze, Francis Ponge, Philippe Sollers, Jack Lang, Bernard Kouchner, Louis Aragon, André Glucksmann, François Châtelet et bien d'autres).

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Culture

Zena Hitz. Les plaisirs de la vie intellectuelle

Dans la société consumériste américaine, ce livre fascinant de défense de la vie intellectuelle a attiré l'attention car il vise à restaurer un véritable sens de l'apprentissage et de l'étude. Il mérite bien sa traduction précoce en espagnol. 

Jaime Nubiola-21 novembre 2021-Temps de lecture : 4 minutes

Publié en 2020 par Princeton University Press, le livre La pensée perdue : les plaisirs cachés d'une vie intellectuelle [Lost in Thought : The Hidden Pleasures of Intellectual Life" (Perdu dans la pensée : les plaisirs cachés de la vie intellectuelle) du professeur américain Zena Hitz vous saisit dès la première page. 

L'avant-propos (pp. 1-24) est sous-titré Comment la vaisselle a restauré ma vie intellectuelle et dans ces pages, elle raconte son enfance, remplie de livres et de nature, ses études universitaires, son travail de professeur de philosophie ancienne jusqu'à ce que, à l'âge de 38 ans, elle entre dans une communauté religieuse éloignée, appelée Maison de la MadoneLa première fois qu'il s'est rendu dans les forêts de l'est de l'Ontario (Canada), il a décidé de revenir à la collège de sa jeunesse pour enseigner les classiques.

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Dans cet avant-propos, il revient sur ses études en St. John's puis dans trois universités différentes jusqu'à ce qu'elle obtienne un emploi stable dans une université du sud des États-Unis, entièrement consacrée au football américain. Elle y a commencé à travailler comme bénévole dans des hospices, des centres de réfugiés et des programmes d'alphabétisation : "Ce service de personne à personne était comme un lent filet d'eau sur une éponge sèche". (p. 13). À cette époque, Zena Hitz a décidé qu'elle devait avoir une religion puisqu'elle avait grandi sans, malgré son appartenance à une famille juive. Les différentes églises qu'elle fréquentait ne lui plaisaient pas, mais un dimanche, elle a assisté à la messe à la paroisse catholique locale et tout a changé. Elle a été baptisée lors de la liturgie de Pâques en 2006.

Peu après, il s'est rendu dans une autre université à Baltimore, où il a été frappé par la souffrance des pauvres et des nécessiteux, qui contrastait si fortement avec la superficialité de la vie académique d'une université américaine d'élite. Il donnait des conférences sur Platon, Aristote et l'éthique contemporaine à de grands groupes d'étudiants et recevait un salaire confortable et d'excellents avantages, mais ce genre de vie lui semblait très pauvre : "L'enseignement qui constituait l'activité principale de ma vie professionnelle n'avait rien à voir avec la recherche animée et collaborative d'idées que j'avais aimée en tant qu'étudiant". (p. 17). L'organisation académique rendait presque impossible un dialogue et une communication efficaces entre les enseignants et les étudiants. Face à cette crise, Zena Hitz a cherché de l'aide pour discerner sa vocation et a décidé d'entrer dans l'Institut de formation des cadres de l'Union européenne. Maison de la Madone. Elle a passé trois ans dans la communauté canadienne, se consacrant à la vie contemplative et aux tâches manuelles du monastère, notamment la vaisselle.

Cette présentation biographique permet de comprendre la force du livre. "Comme je l'ai découvert" -écrit Hitz (p. 22). "L'apprentissage est un métier ; [...] il commence par se cacher : dans les pensées intimes des enfants et des adultes, dans la vie tranquille des rats de bibliothèque, dans les regards secrets sur le ciel du matin sur le chemin du travail ou dans l'étude désinvolte des oiseaux depuis une chaise longue. La vie cachée de l'apprentissage est son cœur, ce qui compte pour lui. L'activité intellectuelle nourrit une vie intérieure, ce noyau humain qui est un refuge contre la souffrance autant qu'une ressource pour la réflexion elle-même. Il existe d'autres façons de nourrir la vie intérieure : jouer de la musique, aider les personnes faibles et vulnérables, passer du temps dans la nature ou dans la prière, mais l'étude est cruciale.

Comme l'annonce l'éditeur du livre sur la quatrième de couverture : "Perdu dans ses pensées est un rappel passionné et opportun qu'une vie riche est une vie riche en pensées. Alors que les humanités sont souvent défendues uniquement pour leur utilité économique ou politique, Hitz soutient que nos vies intellectuelles sont précieuses non pas en dépit de leur inutilité pratique, mais précisément à cause de celle-ci".

Vie intellectuelle

La thèse centrale du livre m'a captivé car elle nous invite à repenser le rôle des universités et des sciences humaines dans notre société : "Le bon enseignement a pratiquement disparu de nos campus universitaires, ne survivant que grâce à des personnes résilientes, dévouées et dotées de principes qui font du beau travail sans reconnaissance ni récompense adéquate." (p. 199). "J'espère que nos institutions qui soutiennent l'activité intellectuelle retrouveront leur objectif initial. Nous devons nous reconnecter et nous rappeler l'importance de ce que nous faisons, afin de ne pas perdre cette manière d'être particulièrement humaine, ses joies et ses peines, ses modes d'excellence et ses liens de communion uniques". (p. 200).

Pour donner un exemple concret, contrairement à l'image quelque peu grandiloquente de l'École d'Athènes dans les salles de Raphaël, vers laquelle nous, intellectuels en herbe, avons tendance à nous tourner, Hitz affirme que "une image beaucoup moins connue de la vie intellectuelle, bien que beaucoup plus ancienne et plus courante dans l'art européen, représentant une jeune fille qui aime lire". (p. 60). 

Hitz fait référence à la Vierge Marie et, dans sa belle description, il retrace certaines des peintures les plus merveilleuses de cette tradition artistique : du retable de Van Eyck à Gand, où Marie apparaît couronnée et ornée de bijoux comme une reine, regardant un code dans ses mains, à la scène de l'Annonciation dans les tableaux de Filippo Lippi, Fra Angelico ou Matthias Grunewald, où la jeune Marie attend la visite de l'ange qui lit un livre, peut-être même ce passage du prophète Isaïe dans lequel il est dit qu'une vierge concevra un enfant (Is. 7, 14). Selon la tradition chrétienne, Marie était versée dans les écritures hébraïques ; elle avait étudié la loi et médité sur les prophètes. Marie a connu la vie intellectuelle, elle a apprécié la vitalité intérieure.


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Monde

Le Pape appelle les jeunes aux JMJ diocésaines : "Lève-toi et témoigne !

L'édition diocésaine des Journées mondiales de la jeunesse 2021 (JMJ) se déroule en la solennité de Jésus-Christ Roi de l'Univers, qui est célébrée ce dimanche 21. La devise est "Debout ! Je fais de toi un témoin des choses que tu as vues"., inspiré par les paroles du Seigneur à St Paul sur son chemin de Damas. Le pape François nous encourage à nous "lever".

Rafael Miner-21 novembre 2021-Temps de lecture : 5 minutes

" Le verset qui inspire le thème de la Journée mondiale de la jeunesse 2021 est tiré du témoignage de Paul devant le roi Agrippa alors qu'il était détenu en prison. Lui, autrefois ennemi et persécuteur des chrétiens, est maintenant jugé pour sa foi en Christ. Quelque vingt-cinq ans s'étaient écoulés lorsque l'Apôtre raconta son histoire et l'épisode fondamental de sa rencontre avec le Christ", écrit le Pape dans sa lettre d'intention. Messagesigné le jour de la fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix cette année.

Ce texte papal fait partie d'un cycle de trois messages accompagnant les jeunes sur le chemin entre les JMJ Panama 2019 et Lisbonne 2023. Ils se concentrent tous sur le verbe "se lever".

Aujourd'hui, une fois de plus, Dieu dit à chacun de vous : "Lève-toi", dit le pape. "J'espère de tout cœur que ce message nous aidera à nous préparer à des temps nouveaux, à une nouvelle page de l'histoire de l'humanité. Mais, chers jeunes, il n'est pas possible de recommencer sans vous. Pour se remettre sur pied, le monde a besoin de votre force, de votre enthousiasme et de votre passion. À cet égard, je voudrais que nous méditions ensemble le passage des Actes des Apôtres dans lequel Jésus dit à Paul : "Lève-toi ! Je te rends témoignage des choses que tu as vues' (cf. Ac 26, 16)".

Conversion de Saint Paul

La Journée 2021 invite les jeunes à réfléchir et à méditer sur la conversion de saint Paul, qui est passé du statut de "persécuteur-exécuteur" à celui de "disciple-témoin". Dans ce contexte, et après l'épisode de Damas, le Pape guide les jeunes à découvrir l'amour inconditionnel de Dieu pour chacun d'entre nous. "Le Seigneur a choisi quelqu'un qui l'avait même persécuté, qui avait été complètement hostile à lui et aux siens. Mais il n'y a pas de personne qui soit irrécupérable pour Dieu. Par une rencontre personnelle avec Lui, il est toujours possible de recommencer. Aucun jeune n'est hors de portée de la grâce et de la miséricorde de Dieu, écrit le Saint-Père.

D'autre part, le Pontife note que l'attitude de Paul avant sa rencontre avec Jésus ressuscité n'est pas étrange pour les jeunes, puisque l'apôtre avait de la force et de la passion dans son cœur, même s'il menait "une bataille insensée". C'est pourquoi, explique-t-il, il est essentiel d'ouvrir les yeux pour voir correctement, et d'éviter de se perdre dans des idéologies destructrices.

"Combien de jeunes aujourd'hui, peut-être poussés par leurs propres convictions politiques ou religieuses, finissent par devenir des instruments de violence et de destruction dans la vie de beaucoup de gens ! Certains, natifs du numérique, trouvent dans le monde virtuel et les réseaux sociaux le nouveau champ de bataille, utilisant sans scrupule l'arme des fake news pour répandre du venin et détruire leurs adversaires", note le Pape.

D'où l'importance, souvenez-vous, de souligner que lorsque le Seigneur a fait irruption dans la vie de Paul, Elle "n'a pas annulé sa personnalité, elle n'a pas effacé son zèle et sa passion, mais elle a fait fructifier ses talents pour en faire le grand évangélisateur des extrémités de la terre".

"Au nom du Christ, je vous dis

Le Pape invite ensuite fortement les jeunes : "Levez-vous et témoignez", "vous serez mon témoin". Aujourd'hui, l'invitation du Christ à Paul s'adresse à chacun d'entre vous, les jeunes : "Lève-toi ! Vous ne pouvez pas rester allongé sur le sol en vous apitoyant sur votre sort, une mission vous attend ! Vous aussi, vous pouvez être un témoin des œuvres que Jésus a commencé à faire en vous. C'est pourquoi, au nom du Christ, je vous le dis : 

- Lève-toi et témoigne de ton expérience d'aveugle qui a trouvé la lumière, qui a vu le bien et la beauté de Dieu en lui-même, dans les autres et dans la communion de l'Église qui surmonte toute solitude. 

- Levez-vous et témoignez de l'amour et du respect qui peuvent être établis dans les relations humaines, dans la vie familiale, dans le dialogue entre parents et enfants, entre jeunes et vieux. 

- Se lever et défendre la justice sociale, la vérité, l'honnêteté et les droits de l'homme ; les persécutés, les pauvres et les vulnérables, les sans-voix de la société et les migrants. 

- Lève-toi et témoigne du nouveau regard qui te fait voir la création avec des yeux étonnés, qui te fait reconnaître la terre comme notre maison commune et qui te donne le courage de défendre l'écologie intégrale. 

- Levez-vous et témoignez que des existences ratées peuvent être reconstruites, que des personnes déjà mortes en esprit peuvent ressusciter, que des personnes asservies peuvent devenir libres, que des cœurs opprimés par la tristesse peuvent retrouver l'espoir.

 - Lève-toi et témoigne avec joie que le Christ est vivant ! Répandez son message d'amour et de salut parmi vos contemporains, à l'école, à l'université, au travail, dans le monde numérique, partout".

De Panama 2019 à Lisbonne 2023

Les célébrations internationales des JMJ ont généralement lieu tous les trois ans dans différents pays avec la participation du Saint-Père. La dernière a eu lieu à Panama en 2019, et la prochaine, comme on le sait, sera Lisbonne 2023. C'est ce qu'a annoncé le Saint-Père le 27 janvier 2019, à la fin des JMJ de Panama. Par la suite, la réunion de Lisbonne (Portugal) a été fixée à août 2023, en raison de la pandémie.

La célébration ordinaire des JMJ, en revanche, a lieu chaque année dans les Églises particulières, qui organisent l'événement de manière autonome, et qui sert également de moyen de préparation aux JMJ de Lisbonne 2023, comme expliqué dans le rapport de la Commission européenne. Dicastère Vatican pour les laïcs, la famille et la vie. 

Ce dicastère, présidé par le Cardinal Kevin Farrell, a publié il y a quelques mois le document Directives pastoralespour la célébration de la Journée Mondiale de la Jeunesse dans les Eglises particulières, comme le rapporte Omnes. Il s'agit d'une célébration dans les diocèses qui "a une grande signification et valeur non seulement pour les jeunes vivant dans cette région particulière, mais pour l'ensemble de la communauté ecclésiale locale", a déclaré le cardinal Farrell dans un communiqué. texte approuvé par le Pape François, et signé le 22 avril 2021, date anniversaire de la remise de la Croix des JMJ aux jeunes.

La célébration "sert à sensibiliser et à former toute la communauté ecclésiale - laïcs, prêtres, personnes consacrées, familles, adultes et personnes âgées - pour qu'elle soit toujours plus consciente de sa mission de transmettre la foi aux nouvelles générations", ajoute le document, qui cite l'Assemblée générale du Synode des évêques sur le thème "Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel", qui s'est tenue en 2018.

Un peu d'histoire

L'institution des Journées mondiales de la jeunesse a sans doute été une grande intuition prophétique de saint Jean-Paul II, qui a expliqué sa décision de la manière suivante : "Tous les jeunes doivent sentir que l'Église se soucie d'eux : par conséquent, que toute l'Église, en union avec le Successeur de Pierre, se sente toujours plus engagée, au niveau mondial, envers les jeunes, envers leurs préoccupations et leurs inquiétudes, envers leur ouverture et leurs espoirs, pour correspondre à leurs attentes, en communiquant la certitude qu'est le Christ, la Vérité qu'est le Christ, l'amour qu'est le Christ......'. C'est ce qu'affirme le document précité du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie.

"Le pape Benoît XVI a pris le relais de son prédécesseur et, à plusieurs reprises, n'a pas manqué de souligner combien ces événements représentent un don providentiel pour l'Église, les qualifiant de "médicament contre la lassitude de croire", de "manière nouvelle et rajeunie d'être chrétien", de "nouvelle évangélisation vécue"".

"Pour le pape François aussi, poursuit le cardinal Kevin Farrell, les Journées mondiales de la jeunesse sont un élan missionnaire d'une force extraordinaire pour toute l'Église et, en particulier, pour les jeunes générations. Quelques mois seulement après son élection, il a inauguré son pontificat par les JMJ de Rio de Janeiro en juillet 2013, à l'issue desquelles il a déclaré que les JMJ étaient "une nouvelle étape du pèlerinage des jeunes avec la Croix du Christ à travers les continents"".

"Nous ne devons jamais oublier que les Journées mondiales de la jeunesse ne sont pas des "feux d'artifice", des moments d'enthousiasme, des fins en soi ; elles sont les étapes d'un long parcours, commencé en 1985, à l'initiative du pape Jean-Paul II", comme l'a rappelé le pape François en 2013, et comme le précise le document. "Rappelons-nous toujours : les jeunes ne suivent pas le Pape, ils suivent Jésus-Christ, en portant sa Croix. Le pape les guide et les accompagne sur ce chemin de foi et d'espérance", a ajouté le Saint-Père. 

Espagne

Les évêques prient Saint Jacques l'Apôtre pour La Palma et les victimes d'abus.

"L'inquiétude et la douleur des habitants de La Palma". "Les abus commis par certains membres de l'Église", qui "nous causent douleur et honte", et l'accompagnement des "victimes". " Les 11 millions de personnes en situation d'exclusion sociale ", et " l'engagement synodal " de l'Église, ont été portés à Saint Jacques Apôtre par les évêques espagnols.

Rafael Miner-19 novembre 2021-Temps de lecture : 5 minutes

Dans la Assemblée plénière de la Conférence épiscopale espagnole (CEE), dans sa 118e édition, a été clôturée en Saint-Jacques-de-Compostelle Cette semaine, avec un pèlerinage des 63 évêques espagnols, de deux administrateurs diocésains et des deux vice-secrétaires de la CEE, accompagnés par le nonce apostolique en Espagne, Mgr Bernardito C. Auzaqui, à l'occasion de l'année jubilaire de Compostelle, ont déposé leurs espoirs et leurs préoccupations aux pieds de l'apôtre saint Jacques.

L'événement principal était la messe des pèlerins à 11h00 dans la cathédrale. Les évêques sont entrés dans l'église par la Porte Sainte vers 10 h 45 pour vénérer la tombe de l'apôtre saint Jacques dans la crypte. L'archevêque de Santiago, Mgr Julián Barrio, a présidé la célébration eucharistique. 

Après la lecture de l'Évangile, le Président de la CEE et Archevêque de Barcelone, Cardinal Juan José Omellaa réalisé le offrant à l'Apôtre au nom de la Évêques espagnols. Il a commencé par évoquer les habitants de l'île de La Palma, qui ont été touchés par l'éruption du volcan Cumbre Vieja.

Solidarité avec La Palma

"En tant que pèlerins, nous venons devant toi, pour demander ta protection sur tous les projets de nos églises locales, ainsi que ta présence encourageante dans les joies et les souffrances de notre peuple et de toutes nos communautés que nous servons en tant que pasteurs. Nous vous présentons de manière spéciale la préoccupation et la douleur des habitants de La Palma, qui subissent l'éruption du volcan depuis plus de deux mois maintenant. Nous leur souhaitons non seulement les prières dont ils ont tant besoin, mais aussi la solidarité de tous les peuples d'Espagne".

Auparavant, il s'était adressé directement à l'apôtre saint Jacques : " Nous, évêques de l'Église d'Espagne, venons en pèlerinage dans cette cathédrale, où vos restes sont vénérés depuis des temps immémoriaux. C'est vous, selon la vénérable tradition, qui avez apporté la lumière de l'Évangile sur ces terres. Nous venons ici dans le cadre de cette Année Sainte, qui amène périodiquement des dizaines de milliers de personnes du monde entier dans cette cathédrale, et nous venons aussi dans le cadre de notre réunion de l'Assemblée plénière, que nous avons voulu conclure par ce pèlerinage.

Les causes de la souffrance

Le cardinal Omella a également fait référence à la pandémie, et a souligné qu'"aujourd'hui encore, nous ressentons la douleur de tant de personnes qui souffrent de l'absence d'êtres chers ou des conséquences de la maladie : sanitaires, familiales, religieuses, pastorales, sociales et aussi économiques".

"Nous avons partagé ces jours-ci d'autres causes de souffrance", a-t-il ajouté. "Les abus commis par certains membres de l'Église nous causent douleur et honte. Nous te demandons ta force et ta lumière pour que, dans tous les diocèses, nous puissions rencontrer, accueillir et accompagner, face à face, les victimes dans la guérison de leur douleur."

Le président de la CEE a également voulu remettre entre les mains de l'apôtre Jacques "les difficultés économiques qui laissent de plus en plus de personnes en situation d'exclusion. Nous sommes sensibles à la préoccupation pour la terre, le logement et le travail, si souvent soulignée par le pape François. Les données offertes par Caritas et d'autres entités de l'Église nous indiquent qu'il y a actuellement 11 millions de personnes qui sont déjà en situation d'exclusion sociale. Sans oublier les plus de deux millions et demi de personnes en situation d'extrême vulnérabilité".

Engagements envers ceux qui souffrent le plus

"Nous te demandons, Apôtre Jacques, d'accompagner tous ceux qui souffrent de ces souffrances et de susciter en nous tous des sentiments de compassion, ainsi que des engagements effectifs pour qu'il soit vrai que nous sommes un seul peuple, et que nous sommes tous engagés les uns envers les autres, et tous envers ceux qui souffrent le plus", a déclaré le cardinal Omella.

Enfin, il a remis entre les mains de l'apôtre Jacques "l'entreprise synodale dans laquelle toute l'Église est engagée", lui a demandé "son aide pour cette belle et passionnante mission [l'évangélisation], car nous sommes conscients qu'elle nous dépasse", et a prié "avec Marie, étoile de la nouvelle évangélisation, sous l'invocation du Pilier qui, selon la tradition, est si étroitement lié à ta personne et à ton œuvre évangélisatrice, intercède pour nous maintenant et toujours".

Un décret pionnier pour lutter contre les abus

L'Assemblée plénière a approuvé cette semaine un décret général sur la protection des mineurs. Il s'agit de la première Conférence épiscopale au monde à approuver cet ensemble de règles pour faire face aux cas d'abus sexuels sur des mineurs et des personnes qui ont habituellement un usage imparfait de la raison, a souligné la Conférence épiscopale espagnole elle-même,

Le texte rassemble, en un seul document, "les normes canoniques dispersées dans divers documents, et sera valable dans tous les diocèses espagnols, dans les institutions religieuses de droit diocésain. Il sera également un bon instrument pour son application dans ceux de droit pontifical. Sa mise en œuvre permettra une plus grande coordination et rapidité dans le traitement de ce type de cas et garantira également les droits de toutes les parties en clarifiant des aspects qui étaient auparavant interprétés par analogie juridique".

Ce décret "intègre déjà les modifications que le Saint-Siège a introduites, à ce sujet, dans le livre VI du Code de droit canonique, présenté le 1er juin de cette année", et entrera en vigueur dès qu'il aura reçu la recognitio du Saint-Siège.

Toujours en ce qui concerne la protection des mineurs, l'Assemblée plénière a précisé la formation et le travail du Service de coordination et de conseil pour les Offices de protection des mineurs. Et "le besoin croissant d'accueillir toutes sortes de personnes cherchant de l'aide pour des abus qui ont eu lieu dans d'autres domaines a également été discuté. Ils ont également discuté des services communs que le CEE peut offrir pour faciliter le travail de ces bureaux", pour lesquels "la formation d'une équipe de personnes dans la Conférence qui peut aider et fournir les services que les bureaux demandent" est à l'étude.

Au cas par cas, pas de statistiques

Mgr Luis Argüello, évêque auxiliaire de Valladolid et secrétaire général de la CEE, a rendu compte des travaux de l'assemblée plénière, en compagnie du vice-secrétaire aux affaires économiques, Fernando Giménez Barriocanal. Au sujet des abus, Mgr Argüello a souligné que la Conférence épiscopale est favorable à "la connaissance au cas par cas des situations d'abus qui ont pu se produire, avec le désir qu'elles ne se répètent pas", mais pas à un travail de "recherche sociologique ou statistique".

"Notre principal intérêt est que chaque victime puisse sentir que l'Église, dans chaque diocèse et dans chaque congrégation, est prête à accepter sa situation, et si la possibilité d'ouvrir une procédure se présente, elle serait ouverte, car bien que l'Église ait un délai de prescription de vingt ans, elle est toujours ouverte à la levée de la prescription", a déclaré le secrétaire général, selon Cope.

Statuts, famille, budgets

L'ordre du jour de l'Assemblée plénière comprenait également l'approbation des statuts de la CEE et de ses organes. Les évêques ont été informés du projet de structure et de fonctionnement du Conseil pour les études et les projets de la CEE, dont la création est l'une des activités prévues dans le plan d'action. "Fidèle à l'envoi de missionnaires".qui a été approuvé lors de la plénière d'avril 2021.

D'autre part, le Pèlerinage européen de la jeunesse aura lieu à Saint-Jacques-de-Compostelle du 4 au 8 août 2022, avec pour thème Jeune homme, lève-toi et sois un témoin. L'apôtre Jacques vous attend".qui se tient à l'occasion de l'Année sainte de Compostelle. Il y a déjà 10 000 jeunes inscrits, rapporte le CEE.

Dans le cadre de la  Année "Famille Amoris Laetitia"Le programme a été avancé à Semaine du mariagepromu par la CEE, du 14 au 20 février 2022. En outre, les évêques ont accepté de s'associer à la Rencontre mondiale des familles, qui aura lieu à Rome du 22 au 26 juin, par une rencontre nationale, en plus de celles organisées dans les différents diocèses. Quant au budget du Fonds commun interdiocésain pour 2022, l'instrument par lequel transite la distribution de la dotation fiscale aux diocèses espagnols et aux autres réalités ecclésiales, " le montant cible a été fixé à un peu plus de 295 millions d'euros, ce qui représente une augmentation de 3,5 % par rapport à l'année précédente ".

États-Unis

Les évêques américains approuvent un document sur l'Eucharistie

Dans le cadre du projet national de renouveau eucharistique, l'assemblée plénière des évêques d'Amérique du Nord a approuvé un document clé sur l'Eucharistie.

Gonzalo Meza-19 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Le 19 juin 2022, en la solennité du Corpus Christi, le National Eucharistic Revival Project débutera dans les diocèses des États-Unis sous la devise "Ma chair pour la vie du monde". C'est ce qu'ont décidé les évêques des États-Unis le 17 novembre 2021 lors de leur Assemblée plénière à Baltimore. L'initiative, dont le saint patron sera le bienheureux Carlo Acutis, mort d'une leucémie à l'âge de 15 ans et béatifié en 2020, aboutira à un Congrès eucharistique national en juillet 2024 à Indianapolis, dans l'Indiana. L'objectif du projet est de renouveler l'Église par une relation vivante et personnelle avec Notre Seigneur Jésus-Christ dans la très sainte Eucharistie. L'initiative comporte deux phases : diocésaine et paroissiale.

La première phase débutera par une procession le 19 juin 2022, la seconde un an plus tard, le 11 juin 2023, toutes deux solennités du Corpus Christi aux États-Unis. Le projet prévoit la promotion de l'adoration eucharistique, la dévotion des 40 heures, des nuits de la miséricorde avec adoration et confession (en particulier pendant l'Avent), des missions avec des prédicateurs renommés sur le mystère eucharistique, la formation des équipes diocésaines et paroissiales, la promotion sur les sites web et les médias sociaux, et le développement de matériel catéchétique sur le sacrement qui couronne la vie chrétienne.  

Le mystère de l'Eucharistie dans la vie de l'Église

L'un des piliers de cette initiative nationale de renouveau eucharistique sera le document "Le mystère de l'Eucharistie dans la vie de l'Église", qui a été approuvé à l'unanimité par les évêques nord-américains le 17 novembre. La version initiale de ce document a provoqué de vifs débats parmi les prélats américains lors de leur réunion virtuelle de printemps, car ils pensaient qu'il était destiné à interdire la communion à certaines personnalités publiques qui se disent catholiques et reçoivent la communion, mais dont les actions vont à l'encontre des enseignements de l'Église, notamment sur l'avortement et les questions familiales, par exemple le président Joe Biden. Le document, ont précisé par la suite les prélats, n'est pas destiné à émettre des vetos publics mais à devenir un outil catéchétique sur le Mystère Eucharistique, face à la baisse du nombre de paroissiens à la messe dominicale et à l'ignorance des 2/3 des catholiques américains, pour qui le Corps et le Sang du Christ consacrés à la messe ne sont que des "symboles". 

Ce texte d'une trentaine de pages reprend l'enseignement de l'Eglise sur l'Eucharistie et comprend de nombreuses citations des Pères de l'Eglise, des livres liturgiques, du Catéchisme de l'Eglise catholique, du Droit Canon et du Magistère. Le document comprend plusieurs thèmes dont le sacrifice pascal, la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie, la communion avec le Christ et avec l'Église. La deuxième section parle de la cohérence que tous les catholiques doivent avoir entre leur foi et leur vie politique, économique et sociale. Cela inclut ceux qui exercent une forme d'autorité publique, qui "ont la responsabilité particulière de former leur conscience conformément à la foi de l'Église et à la loi morale, et de servir la famille humaine en défendant la vie et la dignité de l'homme".

Le texte rappelle également que l'on ne doit pas recevoir la communion en état de péché mortel sans s'être préalablement soumis à la Confession sacramentelle. À cet égard, les prélats mentionnent ce qu'ils avaient déjà souligné en 2006 : "Si un catholique, dans sa vie personnelle ou professionnelle, rejette délibérément et obstinément les doctrines de l'Église ou s'il répudie délibérément les enseignements définitifs de l'Église en matière de moralité, cette personne compromet sa communion avec l'Église" et devrait s'abstenir de recevoir la sainte communion.L'initiative nationale de renouveau eucharistique prévoit également la réalisation d'une deuxième enquête sur les pratiques et la connaissance de l'Eucharistie par les catholiques américains d'ici la fin de l'année 2024. Les évêques espèrent d'ici là avoir réussi à réaffirmer l'un des dogmes centraux de la foi, la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie, et ainsi accroître leur union personnelle avec le Seigneur. 

La charité et l'État-providence

Réduire la promotion de la charité exigée des confréries à l'exercice d'actions sociales réalisées uniquement par solidarité condamne les confréries au rôle de filiale responsable du maintien de l'État providence.

19 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Il y a peu d'années, à une époque où le rôle des confréries était remis en question, j'ai eu l'occasion de mener une étude sur le montant de l'aide qu'elles consacraient à la charité. L'étude s'est limitée à la ville de Séville et les résultats ont surpris certains : plus de cinq millions d'euros, bien que l'étude n'ait porté que sur les aides quantifiables, les autres ont été laissées de côté car elles ne pouvaient pas être traduites en euros ; mais combien vaut un câlin, "c'est la première fois que quelqu'un me fait un câlin en échange de rien", a déclaré avec émotion une dame qui avait eu un passé compliqué à un bénévole. Comment valoriser un moment de compagnie pour une personne qui vit seule, sans personne pour s'occuper d'elle ? Ces éléments intangibles n'ont pas été comptabilisés dans l'étude.

Je dispose de données indiquant que si cette recherche était effectuée aujourd'hui, après la crise sanitaire, les résultats seraient presque doublés, ce dont les confréries peuvent se satisfaire, puisque l'une de leurs missions est de promouvoir la charité, mais qui comporte un danger : réduire la charité à des chiffres et croire que plus le volume des aides est important, plus une confrérie est charitable. Le danger existe d'assimiler ainsi les confréries aux ONG, c'est pourquoi il convient de préciser les différences entre charité, solidarité et action sociale, trois concepts distincts mais complémentaires.

 La charité est une vertu théologale, infusée par Dieu dans notre âme le jour du baptême (Foi, Espérance et Charité), mais son maintien et sa croissance dépendent de nous-mêmes. C'est la vertu par laquelle nous aimons Dieu par-dessus tout et notre prochain comme nous-mêmes par amour de Dieu, dans la mesure où ils sont chers à Dieu. La charité ne peut être comprise qu'à partir de Dieu, qui est Amour. L'amour humain, vécu comme un don total, libre et gratuit, a aussi la capacité de porter une personne à sa plénitude, de la rendre heureuse, car ce n'est pas la douleur qui frustre une vie, c'est le manque d'amour. 

La solidarité, en revanche, est une vertu humaine, que nous acquérons par nos propres efforts et par la grâce de Dieu, afin d'adapter notre comportement au plein développement de notre condition humaine. C'est la conscience d'être lié aux autres par Dieu, et la décision d'agir en cohérence avec ce lien mutuel. "Ce n'est pas un sentiment superficiel pour les maux de tant de personnes, proches ou lointaines. Au contraire, c'est une volonté ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c'est-à-dire pour le bien de chacun d'entre nous. Prendre conscience que nous sommes tous réellement responsables de chacun" (Jean-Paul II). Elle trouve son fondement dans la filiation divine. Nous sommes tous enfants de Dieu et partageons la même dignité. C'est la seule façon de comprendre correctement la solidarité, non pas avec une vision horizontale, mais avec la conscience d'être lié, par le Christ, aux autres.

La solidarité ne peut être assimilée à la charité. La solidarité est la justice, la charité est l'amour. La justice seule ne suffit pas, la dignité humaine exige bien plus que la justice : elle exige la charité, elle exige l'amour. L'amour de l'autre contenu dans l'amour de Dieu.

Enfin, nous avons l'Action sociale, une activité, ou une série d'activités, consistant à gérer, distribuer et appliquer les ressources matérielles obtenues de la générosité des frères et des collaborateurs.

L'action sociale n'est pas une fin en soi, qui serait l'assistance sociale ou la philanthropie : elle est la conséquence de l'exercice de la Charité par les frères et les donateurs et l'expression de leur Solidarité.

Cette triple distinction est clairement exposée dans l'Évangile, lors de la multiplication des pains :

Le Christ a eu de la compassion pour ceux qui le suivaient parce qu'ils n'avaient pas mangé depuis longtemps : Charité, amour de Dieu.

Lorsque les apôtres lui font part de leur inquiétude, il leur propose : "Vous leur donnez à manger, c'est votre responsabilité de veiller aux besoins des autres" : la solidarité.

Il les encourage ensuite à gérer cette prise en charge : trouver des ressources (obtenir cinq pains et deux poissons) et organiser la distribution de la nourriture (faire des groupes de cinquante, distribuer et collecter) : Action sociale.

Il est important d'être clair sur ces concepts. Réduire la promotion de la charité exigée des confréries à l'exercice d'actions sociales menées uniquement par solidarité condamne les confréries au rôle de filiales responsables du maintien de l'État providence, ce qui est trompeur et dénature la mission des confréries.  

L'auteurIgnacio Valduérteles

Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.

Livres

Pour la bonne mort à venir

Il peut sembler que l'approche postmoderne de la fin de vie, tout en semblant étendre la liberté individuelle, soit une double fraude. Le livre que vient de publier Pablo Requena est essentiel pour tous ceux qui veulent réfléchir à l'euthanasie et, en général, à la fin de vie.

Vicente Bellver Capella-18 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Nous avons tous peur de mourir. Mais la culture d'aujourd'hui, loin de nous donner les moyens d'affronter cette dernière période de notre vie dans les meilleures conditions, part du principe que la mort est le mal absolu et lui tourne complètement le dos. Et il le fait avec la proposition transhumaniste d'avoir des vies immortelles, ou avec la revendication de l'euthanasie comme un droit. Les deux propositions reposent sur l'idée que chacun est souverain pour décider du moment où il met fin à sa vie. La vie cesse d'être un droit de l'homme, qui protège un bien fondamental pour une personne tel que sa vie, et devient un droit dont un être humain peut disposer comme il le souhaite. 

Livre

TitreLa bonne mort. Dignité, soins palliatifs et euthanasie.
AuteurPablo Requena
Editorial: Suivez-moi
Ville et année: Salamanca, 2021

L'approche postmoderne de la fin de vie, tout en semblant étendre la liberté individuelle, est une double fraude. D'abord, parce que la vie immortelle n'est pas seulement une chimère mais un cauchemar. L'épopée de l'existence humaine est associée à notre condition vulnérable et mortelle. Et deuxièmement, parce que personne ne renonce à la vie et ne demande l'euthanasie si sa vie vaut la peine d'être vécue. Et chaque vie a un sens si nous sommes convaincus, en tant que société, que c'est le cas et que nous agissons en conséquence. On demande à mourir parce qu'on est seul, qu'on souffre, ou que sa vie est très limitée. Mais si la personne est accompagnée, que sa douleur est soulagée et qu'on lui donne la possibilité d'être elle-même, aussi limitée soit-elle, elle n'envisagera pas de demander que l'on mette fin à sa vie. 

Si ce n'était l'abus qui est fait de l'expression, je n'hésiterais pas à souligner que ce livre que Pablo Requena vient de publier est indispensable pour quiconque veut réfléchir à l'euthanasie et, en général, à la fin de vie. Il sera apprécié non seulement par les professionnels de la santé et les décideurs publics, mais aussi par tous ceux qui sont encouragés à le lire. Parce que le sujet ne peut être abordé avec plus de clarté, de sérénité, de rigueur et d'ouverture d'esprit. L'auteur est médecin de formation, professeur de bioéthique à l'Université pontificale de la Sainte-Croix et actuellement représentant du Saint-Siège auprès de l'Association médicale mondiale. Cette formation et cette expérience, alliées à une écriture dans la meilleure tradition médico-humaniste, lui ont permis de proposer un livre bref mais éclairé, qui se passe d'érudition mais qui est à jour, qui traite de nombreuses questions mais qui sont toutes rassemblées avec une grande cohérence. 

Le livre est divisé en deux parties. Dans le premier, l'auteur se demande pourquoi nous en sommes venus à considérer l'euthanasie comme une option de fin de vie. Il met l'accent sur le problème de la solitude, qui est la grande épidémie de notre époque (et beaucoup plus difficile à combattre que le Covid-19) ; sur la prolongation de la vie dans des conditions souvent pénibles, à laquelle le triomphe de la médecine sur la mort nous a conduits au cours du siècle dernier ; sur l'existence d'une variété d'options thérapeutiques qui ne doivent pas nécessairement être épuisées dans tous les cas et dont on abuse parfois ; sur le phénomène inquiétant et croissant du "sentiment d'être un fardeau pour les autres" qui accable de nombreuses personnes à la fin de leur vie. Pour chacun de ces défis, il propose une réponse spécifique, fondée sur la défense de la valeur inconditionnelle de chaque être humain, et présentée en des termes tels qu'elle invite à la réflexion et au dialogue plutôt qu'à la confrontation.  

Dans la deuxième partie, il examine les deux alternatives qui sont proposées face à "l'appel au secours qui demande la mort" : soit accompagner jusqu'au bout, soit appliquer l'euthanasie. Pablo Requena insiste sur le fait que les deux logiques sont opposées l'une à l'autre. Si nous nous soucions jusqu'au bout, c'est parce que nous sommes convaincus que la vie de la personne est sacrée et ne cesse de l'être parce que ses capacités diminuent. La logique des soins palliatifs, fondée sur la tradition médicale hippocratique, est de soigner efficacement en évitant la souffrance et jamais en donnant la mort. La logique de l'euthanasie, en revanche, repose sur l'acceptation qu'un être humain puisse donner la mort à un autre dans certaines circonstances.

Précisément parce que l'origine de la médecine hippocratique, base de la médecine d'aujourd'hui, consistait à séparer le médecin qui guérit du gourou qui peut aussi procurer la mort, l'auteur est extrêmement préoccupé par le fait qu'il soit normalisé pour les médecins de pratiquer l'euthanasie. À cet égard, il cite le père de la déontologie médicale moderne en Espagne, Gonzalo Herranz, qui a déclaré que "l'euthanasie n'est pas la médecine, car elle ne la complète pas, mais la remplace".  

Conscient que l'euthanasie n'est pas un droit mais l'abandon d'une personne à l'une des étapes les plus critiques de sa vie, le livre se termine en insistant sur la nécessité de renverser cette situation, en abrogeant les lois sur l'euthanasie là où c'est possible et en préconisant des soins de fin de vie complets qui ne laissent personne derrière.

L'auteurVicente Bellver Capella

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États-Unis

Le renouveau eucharistique et la synodalité : essentiels pour combattre la division et la polarisation

Lors de l'assemblée plénière des évêques américains à Baltimore, des questions essentielles telles que le plan pastoral pour le renouveau eucharistique ou le document sur le Mystère de l'Eucharistie sont discutées.

Gonzalo Meza-18 novembre 2021-Temps de lecture : 2 minutes

La session plénière de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) s'est ouverte à Baltimore le 16 novembre. La réunion s'est ouverte par les discours de Mgr Christophe Pierre, Nonce apostolique aux États-Unis, et de Mgr José H. Gómez, Président de l'USCCB. Dans son discours, Mgr Pierre a abordé le thème de la synodalité. Le synode, a-t-il dit, n'est pas un parlement soutenu par des batailles politiques visant à modifier les vérités chrétiennes. Il ne s'agit pas non plus d'une campagne visant à convaincre ou à faire des programmes.

La synodalité, a-t-il souligné, consiste à marcher ensemble : "Il s'agit de s'écouter humblement les uns les autres et l'Esprit Saint et de discerner ainsi la volonté de Dieu. En ce sens, la synodalité, a précisé le Nonce, est une réponse aux défis de notre temps, notamment pour atténuer la polarisation dans la société et dans l'Église : " L'Église est blessée non seulement par la crise des abus et les effets de la pandémie, mais aussi par la polarisation. Une Église divisée, a dit Mgr Pierre, ne pourra jamais amener les autres à l'unité que le Christ nous demande. Une unité qui doit être rendue visible dans chaque église particulière, l'évêque marchant avec son peuple, en communion avec le Pape, et décidant de l'unité que le Christ nous demande. cum Petro et sub Petro.  

Jose Gomez, président de l'USCCB, a également reconnu qu'il existe de nombreuses divisions dans l'Église et dans la société. Ces divisions, associées à la sécularisation, font perdre à la société américaine "le sens de son histoire". Pendant la majeure partie de son existence en tant que nation, "l'histoire qui donnait un sens à nos vies était enracinée dans la vision biblique et l'héritage judéo-chrétien". Cette histoire, a déclaré Mgr Gomez, a servi de modèle aux documents fondateurs des États-Unis et a façonné nos lois et nos institutions, "a été la substance de nos idéaux et de nos actions".

Aujourd'hui, ce récit s'effrite, a-t-il averti. Face à cela, le prélat a rappelé que nous n'avons pas besoin d'inventer une autre histoire, mais d'écouter la vraie : que le Christ nous a aimés, qu'il a donné sa vie pour nous, et que par sa mort et sa résurrection, il donne une espérance et un sens à notre vie. Citant l'archevêque John Ireland - qui a dirigé le diocèse de St. Paul, Minnesota, de 1884 à 1918 - M. Gomez a souligné que "le devoir de l'heure" est de proclamer cette histoire aux gens de notre temps. L'Église existe pour évangéliser et être chrétien signifie être un disciple missionnaire, a-t-il dit. Ce n'est pas une tâche facile, a-t-il dit, car nous n'avons plus l'influence que l'Église avait autrefois dans la société, ni son "nombre". "Cependant, cela n'a jamais eu d'importance car le Christ nous a promis que si nous cherchions d'abord son Royaume, tout nous serait donné", a-t-il déclaré.  

C'est pourquoi le plan pastoral pour le renouveau eucharistique qui sera discuté lors de cette plénière et le document sur le Mystère de l'Eucharistie sont essentiels. Grâce à ces instruments pastoraux, a déclaré M. Gómez, les gens peuvent être rapprochés du Mystère de la foi. "Si nous voulons vraiment mettre fin à l'indifférence humaine et à l'injustice sociale, nous devons raviver la conscience sacramentelle. Dans le sacrement de l'Eucharistie, les personnes pourront découvrir l'amour de Dieu, un amour sans fin.  

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Zoom

Une fresque d'un concile romain apocryphe

Là où, à l'époque pré-chrétienne, se trouvaient les thermes de Titus, Domitien et Trajan, dans le Rione MontiLe pape Symmaque a fait construire une église sur le site d'un édifice plus ancien datant de l'époque du pape Sylvestre Ier. À l'intérieur se trouve une fresque faisant référence à deux conciles qui auraient eu lieu à Rome autour du concile de Nicée (325).

Johannes Grohe-18 novembre 2021-Temps de lecture : < 1 minute
Monde

Maria Schutz, un sanctuaire autrichien dans une campagne pittoresque

Au pied du mont Sonnwendstein, dans la région de Semmering en Autriche, se trouve le sanctuaire de Maria Schutz (Marie Auxiliatrice). C'est un lieu privilégié qui attire non seulement les pèlerins, mais qui est aussi une destination fréquente pour les touristes qui visitent la région.

Daniela Sziklai-17 novembre 2021-Temps de lecture : 4 minutes

La région de Semmering est située à une heure au sud de Vienne, la capitale autrichienne. C'est une destination populaire pour les randonnées, et en hiver, c'est une zone de ski populaire. À la fin du XIXe siècle, de nombreux Viennois fortunés passaient la saison estivale dans la station thermale nouvellement créée dans ce col de montagne, profitant du climat curatif. De nombreuses et belles "villas" anciennes témoignent de cette période, tout comme les bâtiments plus ou moins délabrés de plusieurs hôtels prestigieux.

Depuis de nombreux siècles, le col de Semmering constitue un lien important entre les États autrichiens de Basse-Autriche et de Styrie. Les voitures passent actuellement par un tunnel sous le port. Un tunnel ferroviaire est également en cours d'achèvement, qui soulagera à partir de 2028 le trafic de marchandises du Semmering Railway, le premier chemin de fer de montagne au monde, qui serpente jusqu'au port sur de nombreux viaducs.

Le sanctuaire de Maria Schutz (Marie Auxiliatrice) se trouve tout près de cette zone de randonnée, au pied du Sonnwendstein. Ses deux tours baroques sont clairement visibles depuis l'autoroute, lorsque vous vous dirigez vers le Semmering. Ils étaient déjà là lorsque le Semmering n'était pas encore fréquenté par les touristes, mais plutôt par les commerçants. Ce lieu de prière et de culte remonte à une chapelle qui a été construite ici en 1721 pour réaliser un vœu fait pendant l'épidémie de peste de 1679. À cette époque, l'eau de la source Maria Schutz - connue sous le nom de "source sacrée", "Heiliges Bründl" - aurait guéri de nombreux malades de la peste.

La première pierre de l'église actuelle a été posée en 1728. Sa magnifique décoration baroque témoigne de la foi profonde de la population et du grand nombre de pèlerinages qui arrivaient ici dans le sud de la Basse-Autriche au 18e siècle. Outre la fontaine, dont l'eau est aujourd'hui versée dans un bassin en marbre à l'arrière du maître-autel, une statue de la Vierge à l'Enfant Jésus est également vénérée à Maria Schutz. Dans une chapelle latérale, à côté de l'entrée principale, de nombreuses représentations témoignent de la gratitude des personnes qui ont été guéries ou sauvées d'un danger mortel grâce à l'intercession de Marie Auxiliatrice.

Au fil des siècles, l'église a également beaucoup souffert ; en 1826, les tours ont brûlé et un tremblement de terre a endommagé le bâtiment de l'église. Ce n'est qu'en 1995 que les dômes des tours ont pu être reconstruits dans leur forme baroque originale. En 1945, de violents combats ont eu lieu ici entre les troupes soviétiques et allemandes, mais l'ensemble est resté largement intact. "Maria Schutz défend contre tous les ennemis", "Maria Schutz steht allen Feinden zum Trutz" : la devise de ce lieu de pèlerinage reflète son histoire.

Les moines passionistes vivent dans le bâtiment adjacent au monastère depuis 1925 et accueillent les pèlerins. Il s'agit du seul monastère en Autriche de cet ordre, fondé en Italie par saint Paul de la Croix en 1720. Actuellement, trois Pères et un Frère vivent dans le monastère. Ils proposent un riche programme spirituel, avec l'adoration pendant plusieurs heures chaque jour, des soirées de réparation régulières et des "journées de Fatima" (le 13 de chaque mois). Presque chaque fois que l'on entre dans l'église, on entend le son des prières, les paroles du rosaire ou de l'adoration. Le point culminant de chaque année est la dédicace de l'église le 15 août, qui est célébrée le jour de la fête de l'Assomption de Marie, un jour férié en Autriche.

L'année 2020 a marqué le 300e anniversaire de la fondation de l'Ordre, mais en raison de la pandémie de Coronavirus, les Passionistes n'ont pas pu le célébrer correctement, et les célébrations de l'anniversaire de la fondation n'ont pu avoir lieu que cette année.

La "Marienhof" (Maison de Marie), une maison de retraite située en face de l'église, est gérée par les Sœurs enseignantes de Notre-Dame d'Auerbach, qui collaborent avec les Passionistes pour l'entretien du sanctuaire. Jusqu'à 15 personnes peuvent participer aux retraites, et la maison n'a pas de prix fixe, mais vit exclusivement des dons des fidèles.

Maria Schutz n'attire pas seulement les pèlerins, elle est aussi une destination fréquente pour les touristes qui visitent le Semmering. Plusieurs sentiers de randonnée partent de l'église et, depuis l'esplanade, on a une vue imprenable sur le magnifique paysage jusqu'au Schneeberg, qui, avec ses 2 076 mètres, est la plus haute montagne de Basse-Autriche. C'est un sanctuaire qui combine de manière fascinante les beautés de la foi, de l'art et de la nature.

L'auteurDaniela Sziklai

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Espagne

Jaime Mayor OrejaLire la suite : "Ceux qui défendent des principes fermes sont désormais qualifiés de fondamentalistes".

Jaime Mayor Oreja, ancien ministre de l'Intérieur de l'Espagne et actuel président de la Fondation Valeurs et sociétésera le conférencier d'ouverture de la conférence X Symposium sur Saint Josémariaqui se tiendra à Jaén les 19 et 20 novembre. Liberté et engagement est le thème de ce symposium et également au cœur de cet entretien avec le président de la Fédération européenne L'un des nôtres.

Maria José Atienza-17 novembre 2021-Temps de lecture : 7 minutes

Engagé dans l'activité politique depuis l'âge de 24 ans, Jaime Mayor Oreja a été aux premières loges de l'évolution de la politique et de la société espagnoles au cours des 40 dernières années.

Catholique convaincu, sa défense des principes chrétiens l'a parfois conduit "à la solitude", comme il le souligne lui-même. Avec une connaissance approfondie de la vie sociopolitique européenne, Jaime Mayor Oreja a accordé une interview à Omnes dans laquelle il défend la récupération de la voix chrétienne dans la vie politique, culturelle et sociale actuelle.

Il faut sortir des institutions pour s'associer à d'autres qui défendent les mêmes idées. C'est une bataille de David contre Goliath et c'est ainsi que nous devons l'affronter.

Jaime Mayor Oreja. Ancien ministre de l'intérieur

Pensez-vous qu'un retour à une unité sociopolitique qui privilégie le bien commun par rapport aux positions idéologiques soit possible ? Comment entamer ce processus ? 

La première chose à faire est d'accepter le diagnostic de notre maladie. Le relativisme moral, c'est-à-dire l'absence de références, est une mode dominante qui gagne haut la main. Pas par 2-0 mais par 7-0. C'est ainsi. En Espagne, nous devons donc nous souvenir des fondements chrétiens de notre société et mener une bataille culturelle. Présenter une alternative à cette mode dominante.

Ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu une incompatibilité culturelle des fondamentaux : la vérité, la nature et la dignité de la personne, de ses principales institutions, le mariage, ce que signifie la liberté, l'idée de l'Espagne, l'idée de la Couronne... Tous ces fondamentaux sont aujourd'hui mis à mal par le relativisme dominant et nous devons être présents. 

Où sont les politiciens chrétiens dans notre société ? Existent-ils ?

Ils sont trop peu présents. Les gens se laissent trop facilement aller à la résignation et à un sentiment de défaite et pensent que rien ou presque ne peut être fait. Chacun se referme sur sa propre institution... Mais quand on doit mener une bataille culturelle de cette dimension, il faut le faire à partir de la somme, des synergies, et c'est ce qui manque.

Bien sûr, il y a des intellectuels, des penseurs et des politiciens catholiques mais, en fin de compte, il n'y a pas une masse critique suffisante pour faire le compte. 

Il faut sortir des institutions pour s'associer à d'autres qui défendent les mêmes idées. C'est une bataille de David contre Goliath et c'est ainsi que nous devons l'affronter. Nous devons semer, planter les graines d'une véritable alternative culturelle. S'il n'y a pas d'alternative, le gouvernement au pouvoir ne fera aucune différence. Une alternative est plus qu'un remplacement de parti : c'est une alternative dans les idées fondamentales et c'est le grand défi en Espagne et en Europe. 

-Maintenant que vous parlez de l'Europe, avez-vous perdu l'esprit qui vous a fait vivre, l'esprit qui a animé Schuman, Adenauer... ?

L'Europe a perdu son âme. L'Europe est née sans corps mais avec une âme, parce qu'elle est née à la suite d'une tragédie et qu'on a tendance à avoir une âme dans les tragédies. L'Europe est devenue un corps, avec de nombreuses institutions et un budget important, mais elle a perdu son âme. 

Entre la première et la deuxième guerre mondiale, le germe de l'idée européenne était déjà là, mais il n'a pas abouti. Il a fallu une deuxième tragédie pour que cela devienne une réalité. 

Pour récupérer l'âme en Europe, il faut maintenant semer et non récolter. L'Europe a fondamentalement perdu la foi. La sécularisation a été brutale et il est clair que c'est "la cause" parmi les causes. Nous sommes confrontés à une crise des valeurs, de la conscience, des principes, des fondements, une crise de la vérité. En approfondissant tout cela, il apparaît clairement que cette crise que nous subissons est une crise de la foi. Nous avons cessé de croire et nous avons fait abstraction d'une dimension qui ne peut être ignorée : la dimension religieuse d'une société. Ce n'est pas que nous soyons tous catholiques et chrétiens dans la foi. Ce qui n'est pas possible, c'est qu'il y a une obsession malsaine de détruire toutes les institutions et toute la doctrine sociale qui découle du christianisme et de la doctrine sociale de l'Église, d'éliminer toutes les références que le christianisme nous a apportées concernant la vie, le mariage, la personne... Cette obsession nous fait perdre notre âme.

Nous sommes confrontés à une crise des valeurs, de la conscience, des principes, des fondements, une crise de la vérité. En approfondissant tout cela, il apparaît clairement que cette crise que nous subissons est une crise de la foi.

Jaime Mayor Oreja. Ancien ministre de l'intérieur

Avez-vous l'espoir qu'il se rétablisse ?

Je suis chrétien, et nous, chrétiens, devons tout perdre sauf l'espoir. Quand on me traite de pessimiste, je fais toujours la même blague : je leur dis que nous, les Espagnols, avons la chance d'avoir deux verbes différents pour différencier le être et le être. Je suis un optimiste qui est pessimiste. Mais je suis un optimiste. 

Jaime Mayor Oreja lors de l'interview avec Omnes.

Dans le années de plomb J'ai défendu l'isolement politique et social du milieu de l'ETA au Pays basque. Nous avons pu le mettre en pratique, pour une courte période, trente ans plus tard. Maintenant, je défends les fondements chrétiens de l'Europe, donc je suis optimiste. Un optimiste qui voit la réalité et qui sait que nous sommes inquiets, pessimistes, face à cette même réalité, parce que sinon je serais un imbécile. Mais nous devons être optimistes, nous devons croire que nous allons nous sortir de cette situation. Sachant que nous perdons 7-0 et avec l'avancée du relativisme et la destruction des références permanentes. 

Donc on parle d'une bataille à long terme ?

On ne sait jamais si c'est à moyen ou à long terme. Les cycles historiques sont pleins de surprises. Nous sommes à la fin d'une étape, c'est certain. Ma génération se trouvait au début d'une étape : l'après-guerre, la fin de la Seconde Guerre mondiale et, un peu plus tôt, la guerre civile espagnole. Nous sommes maintenant à la fin d'une période, et la décadence est ce qui caractérise la fin des époques. C'est donc très imprévisible, que va-t-il se passer, y aura-t-il une sorte de traumatisme ? Nous ne savons pas. Vous pouvez prédire au début d'une période ; à la fin d'une période historique, la prédiction est impossible. 

Quand j'étais jeune, on avait l'habitude de critiquer les gens en disant qu'ils étaient "sinfundamentaux". Nous sommes passés des sinfondamentaux aux fondamentalistes.

Jaime Mayor Oreja. Ancien ministre de l'intérieur

Vous considérez-vous comme un "vers libre", comme on l'a parfois appelé, ou simplement libre ?

Il y a la liberté de faire le bien, de ne pas faire le mal. La liberté n'est pas la liberté de faire ce que l'on veut, quand on veut et comme on veut. J'ai toujours été une personne qui a cherché la vérité et je ne me suis pas trahie. J'ai eu mes défauts et mes erreurs, mais je pense que je pense à peu près la même chose que lorsque j'ai commencé à faire la transition démocratique à Guipúzcoa, à l'âge de 24 ans. 

J'ai vu comment la mode dominante a évolué et, évidemment, lorsque le relativisme s'installe, vous vous retrouvez dans une position qui vous fait passer pour un fondamentaliste. Mais c'est un mirage. Ce qui a progressé, c'est une mode dominante. Toute personne qui croit en quelque chose est maintenant appelée un fondamentaliste. Et ce n'est pas être un fondamentaliste. 

Quand j'étais jeune, les gens avaient l'habitude de critiquer les gens en disant qu'ils étaient "sinfundamentaux". Nous sommes passés des sinfondamentaux aux fondamentalistes. Dans ma vie, j'ai toujours défendu les mêmes choses et j'ai anticipé les processus qui se déroulaient, comme le processus dit de "paix", qui a changé la société espagnole de fond en comble. Lorsque vous défendez ce diagnostic, vous devez savoir que la force de vos principes et de vos convictions vous conduira à des périodes de solitude. En défendant les mêmes choses, j'ai eu le plus grand soutien possible dans les sondages, par exemple, lorsque j'étais ministre de l'Intérieur... alors vous faites l'expérience de la solitude. Mais je ne veux pas être seul. J'espère que, dans la certitude du diagnostic que certains d'entre nous posent sur cette crise, dans dix ans, beaucoup de gens seront avec moi. 

-Doit-on garder ses convictions pour réussir en politique aujourd'hui ?

Aujourd'hui, la politique est dévaluée. Nous vivons une époque de médiocrité dans le comportement des hommes politiques, qui sont plus des administrateurs d'états d'opinion que des références à des convictions et des principes. Il semble qu'il soit incompatible de maintenir des convictions cohérentes, des principes et des positions solides.

Pendant la transition espagnole, les meilleurs diplomates, avocats d'État, juristes au Parlement espagnol ou au Conseil d'État se sont lancés dans la politique. Aujourd'hui, les meilleurs ne sont pas en politique. Ce n'est pas la faute des politiciens, mais de la société, qui punit souvent les principes et a permis que l'homme public soit tellement dénigré que, finalement, beaucoup ont cessé d'être des hommes publics.

Dans ce contexte, l'engagement chrétien dans le travail public est-il plus difficile ?

Le relativisme a envahi la sphère publique : dans la société, dans les médias. Les médias ont une importance énorme dans nos démocraties, car une démocratie est un régime d'opinion.

Si le relativisme s'installe dans une société et dans ses médias, il est clair que la défense des valeurs et des principes chrétiens est grandement compliquée. Comment résoudre ce problème ? En surmontant la peur révérencielle d'un environnement.

Je me souviens toujours que, dans les années 1980, au Pays basque, il y avait deux peurs : la peur physique - une organisation pouvait vous tuer - et une "peur révérencielle" selon laquelle, pour avoir défendu l'idée de l'Espagne au Pays basque, ou pour avoir défendu les forces de sécurité de l'État, vous seriez catalogué comme un mauvais Basque. Une peur révérencielle d'un environnement, d'une mode dominante, et cette peur est plus difficile à combattre que la peur physique.

L'environnement actuel produit également cette peur. La peur de se faire dire que l'on est un monsieur du XVIIe siècle, du Moyen Âge ou que l'on est un homme des cavernes, pour avoir défendu ses idées sur la personne, sur le mariage, ou sur ce que signifie l'idéologie du genre... La peur d'être étiqueté, d'être taxé de fondamentaliste.

Un chrétien doit surmonter cette crainte révérencielle, il ne peut pas se cacher ou utiliser des mots pour déguiser ce qu'il pense ou veut dire. Vous devez vous adapter aux médias et aux nouveaux langages de communication, mais vous ne devez pas vous "déguiser en lagarterana". Nous devons dire les choses auxquelles nous croyons, avec respect, en sachant que nous sommes dans une société libre et plurielle et que tout le monde n'a pas la même foi, et nous ne cherchons pas à l'imposer, mais sans nous cacher.

Il est surprenant de voir des titres de conférences dans des universités ou des institutions catholiques remplis de mots "gentils" évitant l'utilisation du langage de la foi alors que la question est : pourquoi perdons-nous notre foi, pourquoi perdons-nous nos fondements chrétiens, pourquoi la sécularisation progresse-t-elle chaque jour, pourquoi les familles se déstructurent-elles, pourquoi perdons-nous notre foi, pourquoi perdons-nous nos fondements chrétiens, pourquoi perdons-nous notre foi, pourquoi les familles se déstructurent-elles de plus en plus, pourquoi les familles se déstructurent-elles de plus en plus ? 

Pendant la transition espagnole, les meilleurs diplomates, avocats d'État, avocats au Parlement espagnol ou au Conseil d'État..., se sont lancés dans la politique. Aujourd'hui, les meilleurs ne sont pas en politique.

Jaime Mayor OrejaAncien ministre de l'intérieur

-Face à des législations telles que l'euthanasie ou l'avortement, pensez-vous qu'il est possible de sauver cette société de la mort ?

Je crois que l'objectif principal du projet dominant actuel est de remplacer une société par une autre. Il y a ceux qui veulent détruire un ordre social pour un nouvel ordre social, ou un meilleur ordre social, désordre social.

Le débat politique et social des prochaines décennies va changer. Jusqu'à présent, le débat a opposé la droite politique (moins d'État, plus de société, moins d'impôts) à la gauche politique (plus d'État, moins de société, plus d'impôts).

Aujourd'hui, le relativisme s'est imposé tant à gauche qu'à droite. Par conséquent, le débat se fera entre le relativisme et les principes fondamentaux. Face à cela, nous devons surmonter la crainte révérencielle d'être traités de fondamentalistes pour avoir défendu les fondamentaux. 

Nous devons comprendre que les temps changent et que ceux qui défendent les principes fondamentaux seront davantage attaqués. Maintenant, vous ne pouvez pas construire une société sur des mensonges, sur le genre, l'avortement ou l'euthanasie. Il n'y a pas de société qui puisse résister.

Oui, ils vont endommager et détruire de nombreux fondements de notre société, mais ceux qui défendent ce désordre sont voués à l'échec et ils le savent. Ils n'ont pas raison et ils n'ont aucune raison

Pour notre part, il est temps de semer et de surmonter les distances des institutions, des groupes, de tant de personnes qui pensent de la même façon. Pouvoir dépasser cette séparation et être unis pour mener cette bataille culturelle.

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Lectures du dimanche

Commentaire sur les lectures de Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi de l'Univers

Andrea Mardegan commente les lectures de Jésus-Christ Roi de l'Univers et Luis Herrera donne une courte homélie vidéo. 

Andrea Mardegan-17 novembre 2021-Temps de lecture : 2 minutes

Le livre de Daniel parle du fils de l'homme qui viendra dans les nuées du ciel. "On lui a donné la puissance, la gloire et le royaume ; tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues l'ont servi : sa puissance est une puissance éternelle, qui ne finira jamais, et son royaume ne sera jamais détruit". Dans l'Évangile de Jean, Pilate demande : "Es-tu le roi des Juifs ?"Peut-être à cause des informations reçues pendant les années de domination en Palestine : l'attente du peuple d'un roi messianique qui libérerait Israël des Romains ; le désir de la foule de faire de Jésus un roi ; les déclarations des disciples : "Rabbi, tu es le roi d'Israël" (Jn 1, 49), qui ont pu l'atteindre.

Jésus lui répond par une autre question, en essayant de l'aider à regarder en lui-même : "Tu dis ça de toi-même, ou d'autres t'ont dit ça sur moi ? Pilate n'accepte pas le dialogue sur un pied d'égalité, et encore moins l'autorité de Jésus qui le domine. Il ne veut pas regarder à l'intérieur de lui-même, il se défend. "Suis-je un Juif ? Ton peuple et les grands prêtres t'ont livré à moi ; qu'as-tu fait ? Jésus décide de lui expliquer la véritable nature de son royaume : "Mon royaume n'est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour qu'il ne soit pas remis aux Juifs ; mais mon royaume n'est pas d'ici". Il s'est mis au niveau de Pilate, il utilise son langage : un argument militaire. Ce n'est pas un royaume de ce monde parce qu'il n'a pas de pouvoir mondain qui tue les ennemis, emprisonne, fait couler le sang, impose des taxes. C'est un royaume fondé sur l'amour du don de soi, et c'est donc le roi, Jésus, qui se laisse emprisonner, juger, condamner, et verse son sang pour libérer ses sujets de l'esclavage du péché. Il n'est pas de ce monde, mais il aspire à changer ce monde, avec la logique de l'amour et de la douleur subie pour le salut.

Pilate lui dit : "Es-tu un roi ?" Jésus répondit : "Tu le dis toi-même : je suis un roi. C'est pour cela que je suis né et que je suis venu dans le monde : pour témoigner de la vérité. Tous ceux qui appartiennent à la vérité écoutent ma voix'". Jésus donne ainsi à Pilate la possibilité d'écouter cette vérité, qui est la pleine manifestation de la bonté du Père, que Jésus est venu apporter dans le monde. Mais une fois de plus, Pilate dresse un mur : "Qu'est-ce que la vérité ? Mais Jésus a eu un impact sur lui et tente de le sauver : depuis, il répète qu'il ne trouve aucune faute en lui. La dernière tentative est faite en présentant Jésus comme un roi aux Juifs : "Vais-je crucifier votre roi ? Ils répondent : "Nous n'avons pas d'autre roi que César". Pilate cède à la peur et s'y soumet. Nous, par contre, laissons-nous conquérir par la logique de son royaume, écoutons la vérité qu'il est venu apporter et n'ayons pas peur de livrer notre vie avec lui, pour lui, pour la vraie liberté des enfants de Dieu.

L'homélie sur les lectures de Jésus-Christ Roi de l'Univers

Le prêtre Luis Herrera Campo offre ses nanomiliaune courte réflexion d'une minute pour ces lectures.

Espagne

"L'Église n'est ni de droite ni de gauche, elle est du Christ".

Les Semaines sociales d'Espagne, organisées par la Conférence épiscopale espagnole, qui se tiendront à Séville du 25 au 27 novembre, sont présentées.

David Fernández Alonso-16 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Aujourd'hui, devant les médias accrédités, une conférence de presse a été organisée pour présenter les Semaines sociales d'Espagne, qui se tiendront à Séville du 25 au 27 novembre. L'archevêque de Séville, José Ángel Saiz Meneses, et le président des Semaines sociales, Jesús Avezuela Cárcel, étaient chargés de présenter la conférence.

L'archevêque de Séville a tenu à souligner que ces semaines font partie du plan de travail de la Conférence épiscopale pour la période de 2021 à 2025. Le président des Semaines sociales, Jesús Avezuela, a souligné que les Semaines sociales sont comme une "université itinérante", dans le sens où aujourd'hui, au siècle de l'internet, ce concept vise davantage à continuer à promouvoir et à encourager des espaces de dialogue et de débat sur les questions abordées par les Semaines sociales : préoccupations politiques, sociales et morales ; rôle des catholiques dans la vie publique ; rôle des religions dans la sphère publique, etc.

En réponse à une question, M. Sainz Meneses a tenu à souligner que "l'Église est du Christ et de l'Évangile, elle n'est ni de droite ni de gauche". Et que la Doctrine sociale de l'Église est très riche, éclairant les situations des personnes.

Quelles sont les semaines sociales ?

Les Semaines sociales d'Espagne, dont l'organisation remonte à 1906, sont un service de la Conférence épiscopale espagnole pour l'étude, la diffusion et l'application de la doctrine sociale de l'Église à des questions sociales d'importance et d'actualité notoires. Ces conférences, qui se tiennent cette année à Séville, ont pour objectif de continuer à être un jalon dans la pensée sociale de l'Église, et d'apporter une contribution précieuse au discernement de l'ici et maintenant de l'Église, de sa contribution au moment présent et de sa contribution, à partir de la réflexion et de la pratique, au bien commun de la société. À cette fin, ils sont soutenus par des experts de premier plan en politique, en économie et en solidarité qui apportent leurs contributions à la lumière de l'humanisme chrétien.

De nombreux diocèses ont tenu leurs réunions de travail en septembre et octobre derniers sous le titre "La régénération de la vie publique". Un appel au bien commun et à la participation". La réunion finale aura lieu à Séville la semaine prochaine, du 25 au 27 novembre.

Le programme

La conférence débutera le jeudi 25 novembre, à 19 heures, avec la séance inaugurale dans le Real Alcázar de Séville. Bernardito Auza ; l'archevêque de Séville, José Ángel Saiz Meneses ; le président des Semaines sociales d'Espagne, Jesús Avezuela Cárcel ; et le maire de Séville, Juan Espadas Cejas. Le discours inaugural sera prononcé par le Secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole, Monseigneur Luis Argüello.

La conférence du vendredi 26 novembre se tiendra à la faculté de théologie de San Isidoro et sera réservée aux porte-parole des groupes de travail diocésains. Ils seront accueillis par le doyen de la faculté, Manuel Palma Ramírez.

Le samedi 27 accueillera deux tables rondes : "Un regard de la politique" et "Un regard des entreprises et du secteur social". Les modérateurs seront les journalistes Diego García Cabello et Juan Carlos Blanco Cruz, respectivement. 

La première table ronde réunira Manuel Alejandro Cardenete Flores, vice-conseiller de la vice-présidence et du ministère régional du tourisme, de la régénération, de la justice et de l'administration locale de la Junta de Andalucía ; Carlos García de Andoin, directeur de l'Institut diocésain de théologie et de pastorale de Bilbao ; et Sol Cruz-Guzmán García, député du groupe populaire au Congrès des députés. 

La deuxième table ronde réunira l'ancienne ministre espagnole de l'emploi et de la sécurité sociale, Fátima Báñez García, le président de la Confédération andalouse des employeurs, Javier González de Lara Sarriá, et la secrétaire générale de Cáritas, Natalia Peiro. 

Le programme du samedi comprend également la présentation des conclusions, avant l'événement final, auquel assisteront l'archevêque de Séville et le président de la Junta de Andalucía, Juan Manuel Moreno Bonilla.

L'action caritative des confréries : plus que de la solidarité

Lorsqu'on connaît l'action inestimable des confréries en faveur des plus démunis, on risque d'assimiler les confréries aux ONG, d'où l'intérêt de réfléchir aux différences entre charité, solidarité et action sociale.

16 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Il y a peu d'années, à une époque où le rôle des confréries dans la société actuelle était remis en question, j'ai eu l'occasion de mener une étude sur le montant de l'aide consacrée par les confréries à la charité. L'étude s'est limitée à la ville de Séville et les résultats ont surpris certains : plus de cinq millions d'euros, bien que l'étude n'ait porté que sur les aides quantifiables, les autres étant laissées de côté ; mais combien vaut un câlin, "c'est la première fois que quelqu'un me fait un câlin en échange de rien", a déclaré avec émotion une dame qui avait eu un passé compliqué à un bénévole. Comment valoriser un moment de compagnie pour une personne qui vit seule, sans personne pour s'occuper d'elle ? Ces éléments intangibles ont été laissés de côté dans l'étude.

Je dispose de données indiquant que si cette recherche était menée aujourd'hui, après la crise sanitaire, les résultats seraient presque doublés. Les confréries peuvent s'en satisfaire, puisque l'une de leurs missions est de promouvoir la charité, mais cela comporte un danger : en réduisant la charité à des chiffres, plus le volume de l'aide est important, plus une confrérie est charitable. Le danger existe d'assimiler ainsi les confréries aux ONG, d'où l'intérêt de réfléchir aux différences entre charité, solidarité et action sociale, trois concepts distincts mais complémentaires.

Charité

Il s'agit d'un vertu théologiqueC'est la vertu de l'amour de Dieu, instillée par Dieu dans nos âmes le jour du baptême (Foi, Espérance et Charité), bien que son maintien et sa croissance dépendent de nous-mêmes. C'est la vertu par laquelle nous aimons Dieu par-dessus tout et notre prochain comme nous-mêmes par amour de Dieu, dans la mesure où ils sont chers à Dieu. La charité ne peut être comprise qu'à partir de Dieu, qui est Amour. 

L'amour humain, vécu comme un don total, libre et gratuit, parce que c'est seulement dans la liberté que l'on peut aimer. Il a la capacité d'amener les gens à leur plénitude, de les rendre heureux, car ce n'est pas la douleur qui frustre une vie, c'est le manque d'amour.

Solidarité

Il s'agit d'un vertu humaineC'est la conscience d'être lié aux autres par Dieu, et la décision d'agir d'une manière qui soit cohérente avec ce lien mutuel. C'est la conscience d'être lié aux autres par Dieu, et la décision d'agir en cohérence avec ce lien mutuel. "Ce n'est pas un sentiment superficiel pour les maux de tant de personnes, proches ou lointaines.

Au contraire, c'est la volonté ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c'est-à-dire pour le bien de chacun d'entre nous. Prendre conscience que nous sommes tous réellement responsables les uns des autres" (Jean-Paul II). Elle trouve son fondement dans la filiation divine. Nous sommes tous enfants de Dieu et partageons la même dignité. C'est la seule façon de comprendre correctement la solidarité, non pas avec une vision horizontale, mais avec la conscience d'être lié, par le Christ, aux autres.

La solidarité ne peut être assimilée à la charité. La solidarité est la justice, la charité est l'amour. La justice seule ne suffit pas, la dignité humaine exige bien plus que la justice : elle exige la charité, elle exige l'amour. L'amour de l'autre contenu dans l'amour de Dieu.

Action sociale

Il est une activité consistant en la distribution et l'application des ressources matérielles obtenues de la générosité des frères et des collaborateurs.

L'action sociale n'est pas une fin en soi, qui serait l'assistance sociale ou la philanthropie : elle est la conséquence de l'exercice de la Charité par les frères et les donateurs et l'expression de leur Solidarité.

Cette triple distinction est clairement exposée dans l'Évangile, lors de la multiplication des pains :

Le Christ a eu de la compassion pour ceux qui le suivaient parce qu'ils n'avaient pas mangé depuis longtemps : Charitél'amour de Dieu.

"Vous leur donnez à manger", dit-il aux apôtres, c'est votre responsabilité de vous occuper des besoins des autres : Solidarité.

Il les encourage ensuite à gérer cette attention : chercher des ressources (ils obtiennent cinq pains et deux poissons) et organiser la distribution de la nourriture (faire des groupes de cinquante, distribuer et collecter) : Action sociale.

Réduire la promotion de la charité dans les fraternités à des actions sociales réalisées uniquement par solidarité est trompeur et condamne les fraternités au rôle de filiale responsable du maintien de l'état providence est trompeur et dénature la mission des fraternités. Sur cette question également, une justification rigoureuse de leur modèle conceptuel est essentielle pour avoir des idées claires.

L'auteurIgnacio Valduérteles

Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.

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Espagne

La société actuelle. Post-chrétien, post-séculaire et post-libéral.

Les intellectuels et les politiciens chrétiens sont confrontés à l'alternative de se retirer de l'Union européenne. la vie institutionnelle ou la bataille culturelle. Les deux, avec le risque de réduire le christianisme à une identité idéologique manipulable.

Ricardo Calleja Rovira-16 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Pendant des décennies, la majorité des chrétiens - et le magistère des pasteurs - se sont ralliés au grand consensus social sur la légitimité des institutions existantes, même s'ils pouvaient en souligner les lacunes. Dans cette société ouverte, les chrétiens proposeraient, et non imposeraient, leurs idées, en assumant les règles du jeu comme l'un des joueurs. Confiants dans le pouvoir de la vérité et dans les canaux institutionnels du système politique, ils aspiraient à convaincre par la parole et l'exemple. Ils espéraient ainsi préserver les fondements de la vie commune, dont ils comprenaient qu'elle ne relevait pas de la foi religieuse. Ils ont été confrontés à des idéologies sécularisantes qui ont érodé ces fondements : la dignité de la personne et de la famille, la définition du mariage, la dimension religieuse de la personne, l'assistance aux nécessiteux, etc. Ce que Benoît XVI a appelé à l'occasion les "principes non négociables".

Mais les conditions dans lesquelles cette affirmation a été faite ont considérablement changé. 

Au risque d'être drastique, nous pouvons dire qu'aujourd'hui nous ne sommes plus dans un scénario de sociétés fondamentalement chrétiennes affrontant les tensions du processus de sécularisation à travers les règles du jeu du libéralisme politique. Nous sommes dans des sociétés de plus en plus post-chrétiennes, post-séculaires et post-libérales.

La société actuelle

Post-chrétien parce que de nouveaux principes de justice émergent qui ne sont plus "Les vertus chrétiennes devenues folles", comme l'a dit Chesterton. Je fais référence, par exemple, à la négation de l'unicité de l'espèce humaine, de la dignité de l'individu, de la rationalité comme norme dans les débats, de la présomption d'innocence, etc.

Post-séculaire car le résultat de la disparition progressive du christianisme n'est pas une société moins religieuse en général, mais le remplacement du christianisme par de nouvelles religions civiles. Je fais référence aux phénomènes idéologiques liés à la politique identitaire, à l'environnementalisme radical, à l'animalisme, etc. Il ne s'agit pas d'idées alternatives dans le spectre des choix libres dans une société, mais de la tentative de changer les principes de la vie commune à la racine. Et elles s'expriment non pas de manière discursive mais principalement de manière identitaire, émotionnelle et collective, et nous dirions presque de manière sacramentelle. Une nouvelle religion - ou un ensemble de religions - qui démolit les idoles et les statues de la précédente et établit de nouveaux tabous.

Post-libéraux parce que le consensus sur les institutions communes, l'aspiration à une société d'individus libres et égaux, l'importance du respect des règles du jeu institutionnel avec son alternance de pouvoir et la relative neutralité de l'espace public, et la cohésion sociale typique des classes moyennes prospères sont en train de disparaître. Nous assistons à des tentatives d'occupation des institutions avec un zèle hégémonique, et à la fragmentation émotiviste de l'opinion publique, qui réduit les lieux communs de rencontre. Des formes non libérales de démocratie -plébiscitaire, caudilliste, identitaire- émergent, et la sympathie pour les régimes plus proches de l'autoritarisme technocratique s'accroît.

L'attitude du chrétien

Face à ces scénarios, la synthèse évoquée au début n'est plus valable en tant que possibilité réaliste d'action sociale et politique, même si on peut la regretter ou la regretter. L'assimilation sans critique d'un contexte de plus en plus éloigné du christianisme ne semble pas une option valable ou attrayante. Le simple engagement des experts en faveur des institutions - en soi irréprochable - ne suffit pas à contribuer efficacement au renforcement des fondements de la vie politique, qui sont en permanence attaqués. Même le libéralisme le plus classique et le plus rationnel ne semble pas avoir l'attrait électoral, ni la volonté de défendre certaines valeurs fondamentales d'un point de vue chrétien.

Dans les cercles intellectuels et politiques chrétiens, des options plus identitaires émergent. Certains préconisent un "retrait" de la vie politique institutionnelle, en raison de sa force corruptrice sur le caractère individuel et le débat public. D'autres, en revanche, adoptent une position conflictuelle et se préparent à mener la bataille culturelle depuis les institutions. Dans les deux cas, avec le risque de réduire le christianisme à une identité idéologique ou culturelle manipulable et fondamentalement vide. Et avec la perplexité de devoir renoncer aux règles de comportement plus ou moins civilisées de la politique démocratique auxquelles nous étions habitués. Car le moyen de se rendre présent dans l'espace public en tant que minorité harcelée n'est plus la cordialité ou le simple exercice discret de ses droits et obligations. De nombreux chrétiens estiment qu'ils doivent faire entendre leur voix, même si elle semble stridente, même si elle leur vaut l'inimitié de leur environnement social et génère des conflits dans la sphère publique. Et il y a toujours la tentation de devenir intérieurement intolérant envers ceux qui ne mènent pas les batailles comme nous pensons qu'elles devraient être menées. Ou simplement avec ceux qui les combattent, si l'on pense que la confrontation doit être évitée en premier lieu.

Comme l'a écrit Nietzsche, celui qui combat un monstre doit veiller à ne pas devenir un autre monstre. Où est la limite ? Cela favorise-t-il l'amitié sociale et le bien commun, comme le proposent le pape François et toute la tradition classique de la politique ? Et en même temps, la confrontation civique n'est-elle pas un mode de rencontre plus sincère que le dialogue des sourds ou le silence des agneaux ?

L'auteurRicardo Calleja Rovira

Professeur d'éthique des affaires et de négociation à l'IESE Business School. Docteur en droit de l'Université Complutense de Madrid.

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Monde

Les migrants transformés en armes politiques

La crise migratoire en Pologne met en lumière l'horreur de la traite des êtres humains et son utilisation comme arme de déstabilisation politique.

Concepción Lozano-16 novembre 2021-Temps de lecture : 4 minutes

Ils arrivent conduits comme des moutons et fouettés avec des bâtons comme s'ils étaient des animaux. Couverts de couvertures et avec un peu de nourriture, ils montent dans des bus organisés par le régime biélorusse. Ils ne sont pas du pays, ni même des environs. Ils viennent d'Afghanistan, de Syrie ou du Cameroun. Ça n'a pas d'importance. Certains d'entre eux arrivent même en Biélorussie par avion, via des mafias organisées qui leur font payer leur billet des milliers d'euros en échange de les rapprocher du rêve européen.

Un rêve qui s'évanouit dès qu'ils se heurtent aux barbelés de la frontière polonaise. D'un côté, une colonne de soldats biélorusses qui ne les laissent pas repartir (ce qui n'est pas non plus une option pour eux), de l'autre, des soldats polonais qui les renvoient "dans le feu de l'action" s'ils tentent de franchir la clôture de barbelés, qui a été installée et renforcée pour les empêcher de passer.

L'UE et l'OTAN l'ont qualifiée d'"attaque hybride", un terme qui n'a pas été utilisé à Bruxelles jusqu'à présent alors que la situation n'est pas nouvelle. Ce qui distingue celle-ci des autres, c'est peut-être que le mode d'organisation, les objectifs et la finalité de déstabilisation du continent européen sont plus clairs et plus catégoriques que jamais. Ils ne le cachent même pas.

 Le Belarus agit en représailles aux sanctions (économiques et politiques) imposées par l'UE en réponse à la conduite du régime dictatorial d'Alex'ander Lukashenko qui a été décrite par les autorités de l'UE comme une "violation des droits de l'homme". Le Belarus, soutenu par la Russie avec laquelle il partage des objectifs et des buts politiques, a décidé de riposter en envoyant des hordes, non pas de soldats, mais de migrants sans défense qui cherchent désespérément à commencer une nouvelle vie sur le continent européen. À cette fin, elle organise leur voyage, comme s'il s'agissait d'une opération touristique macabre, et, par l'intermédiaire d'agences spécialisées, les transporte depuis leur pays d'origine, éloigné de l'UE, jusqu'à la frontière polonaise. La frontière extérieure de l'UE

La tension est telle que les mouvements militaires de troupes, d'avions ou de soldats de part et d'autre de la frontière se sont intensifiés, dans une volonté de montrer les dents de l'autre, la Pologne et l'Union européenne d'une part, le Belarus et la Russie d'autre part, conscients de leur puissance non seulement militaire mais aussi stratégique dans la région. Le club de l'UE a consommé 394 milliards de mètres cubes de gaz en 2020, dont 43% ont été importés de Russie, selon Eurostat. Le gazoduc Yamal-Europe, qui traverse le Belarus, a la capacité de transporter 33 milliards de mètres cubes par an vers l'UE. L'une des menaces de M. Loukachenko est de couper le transit du gaz vers l'Europe à l'aube de l'hiver et au beau milieu d'une crise énergétique internationale.

Entretien avec le secrétaire de la COMECE

Dans le contexte d'une situation humanitaire et politique alarmante à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, la Commission européenne a lancé un appel à l'action. COMECEla Conférence des évêques européens publie une déclaration exhortant l'UE et ses États membres à exprimer leur solidarité concrète avec les migrants et les demandeurs d'asile. Son secrétaire général, le père Manuel Enrique Barrios, accueille Omnes pour discuter de cette situation difficile.

- Quelle est la position des évêques de l'UE sur ce qui se passe en Pologne ?

Avec inquiétude. Il est triste que des personnes en situation de vulnérabilité soient utilisées à des fins politiques.

- Combiner la dignité de toute vie humaine avec le respect de la souveraineté d'un État est compliqué. Pensez-vous que dans ce cas, une approche humanitaire devrait être adoptée avant tout ?

C'est cela qui est fondamental. Ce qui fait l'Europe et l'Union européenne, ce ne sont pas d'abord des accords économiques ou même politiques, mais une culture commune de valeurs, et la première de ces valeurs est la dignité de chaque personne humaine. Par conséquent, la première chose à sauvegarder est l'approche humanitaire qui doit primer sur toutes les autres. Mais d'un autre côté, il est également important de respecter la légalité et la sécurité des frontières.

- Pensez-vous que l'UE en fait assez pour lutter contre la traite des êtres humains et l'immigration clandestine ?

Je pense qu'il essaie. En septembre de l'année dernière, la Commission européenne a présenté tout un ensemble de mesures, appelées "Pacte sur les migrations et l'asile" qui vise à faire face à la crise des migrations et des demandeurs d'asile dans le respect de leur dignité et de la légalité internationale, mais aussi des principes de l'aide humanitaire, du sauvetage en cas de détresse et qui propose de tout faire en répartissant la charge entre tous les États membres de l'Union. Nous savons cependant qu'en raison du mode de fonctionnement de l'Union européenne, qui exige parfois des accords unanimes entre tous les États, cela n'est pas facile à réaliser.

Pensez-vous que les gouvernements européens adoptent des positions égoïstes dans une perspective principalement politique qui ne tient pas compte du contexte humanitaire et tragique de ces situations ?

Les gouvernements européens doivent souvent faire face à plusieurs défis en même temps, comme, par exemple, la croissance des positions populistes dans leur opinion publique ou la peur des citoyens de perdre leur identité, de l'insécurité et de perdre leur emploi, surtout dans une situation de crise économique. Tout cela ne justifie cependant pas de prendre des positions égoïstes et repliées sur elles-mêmes et de se refermer sur elles-mêmes et sur leurs propres frontières. Il est également vrai que la véritable solution à la crise migratoire consiste à aider les pays d'origine afin que les gens ne soient pas contraints d'émigrer.

L'Europe ne peut pas permettre que des gens meurent à ses frontières de cette manière.

Manuel Barrios. Secrétaire de la COMECE

-Dans ce cas, pensez-vous que la Pologne agit correctement en contenant les migrants à ses frontières malgré la tragédie humaine ?

Je crois que la Pologne fait ce qu'elle peut dans cette situation difficile et injuste, et l'Union européenne et les autres États membres doivent aider la Pologne. Cela ne doit cependant pas nous empêcher d'agir avec une solidarité concrète envers ces personnes en leur apportant toute l'aide nécessaire, car l'Europe ne peut pas laisser des gens mourir à ses frontières de cette manière.

Écologie intégrale

La réunion Omnes-CARF a abordé les avantages et les risques de l'intelligence artificielle.

Les professeurs Javier Sánchez-Cañizares et Gonzalo Génova analysent les avantages et les inconvénients de l'intelligence artificielle lors de la réunion Omnes - CARF le 22 novembre à 19h30. 

Maria José Atienza-15 novembre 2021-Temps de lecture : < 1 minute

Sommes-nous meilleurs ou pires que les machines ? Dans quelle mesure l'intelligence artificielle est-elle une aide ou un danger pour les humains ? Qui dépend de quoi - les machines sur les humains ou les humains sur les machines ?

Ce qui semble être des questions abstraites devient de plus en plus le sujet de notre vie et de nos préoccupations quotidiennes. Les progrès technologiques et les multiples possibilités qui se développent grâce à l'intelligence artificielle dans des domaines tels que la médecine, les communications ou la politique semblent dépasser la capacité cognitive et la compréhension de l'homme.

C'est le thème de la prochaine rencontre Omnes - CARF, qui aura lieu le lundi 22 novembre à 19h30.

La réunion accueillera, en tant qu'orateur principal, Javier Sánchez-Cañizares, Docteur en physique et en théologie. Professeur à l'Université de Navarre. Chercheur à l'Institut Culture et Société et directeur du CRYF. Le colloque sera dirigé par Gonzalo Génova FusterD. en ingénierie des télécommunications, licence en philosophie et doctorat en ingénierie informatique. Professeur au département d'informatique de l'université Carlos III de Madrid.

La réunion, organisée par Omnes et Fondation du Centre Académique Romain, sera disponible sur la chaîne Youtube d'Omnes et les participants auront la possibilité de poser des questions via Whasapp.

Espagne

Synode, famille et protection des mineurs : les thèmes des évêques espagnols

Le début de la 118e réunion plénière des évêques espagnols a mis sur la table les principaux thèmes qui marqueront les journées de travail des prélats au cours des prochains jours.

Maria José Atienza-15 novembre 2021-Temps de lecture : 5 minutes

Mgr Omella a commencé la 118e Assemblée plénière par un salut et un souvenir affectueux pour la population de La Palma et "en particulier pour les personnes les plus touchées par l'éruption du volcan Cumbre Vieja". Le président de la CEE a voulu simplifier son discours, en ce jour où pas moins de trois nominations épiscopales en Espagne ont été rendues publiques, mais il a néanmoins tenu à souligner les aspects essentiels qui marqueront cette plénière.

Problèmes sociaux

La crise socio-économique palpable que traverse le pays a été l'un des principaux thèmes abordés dans ce premier discours de l'Assemblée plénière. Omella a souligné le chômage des jeunes et la solitude des personnes âgées, et a appelé les gens à mettre de côté les idéologies et à marcher ensemble : "la grande famille qu'est l'Église, le peuple de Dieu en chemin, veut collaborer plus activement avec les institutions politiques et civiles pour rendre possible ce changement nécessaire qui permettra de sortir "en mieux" de la crise que nous subissons".

Se référant au Synode, récemment ouvert dans les diocèses, Mgr Omella a voulu souligner que "Tout cet effort et ce travail ecclésial du parcours synodal aura sans aucun doute des effets positifs de renouvellement et de communion non seulement pour l'Église, mais aussi pour notre pays tout entier. Oui, catholiques, présents dans toutes les sphères de la société, dans la mesure où nous entrons dans la dynamique synodale que nous propose le Pape, nous contribuerons à la cohésion, à l'humanisation et au bien commun de l'Espagne.

"Je demande pardon pour notre manque de témoignage".

L'archevêque Omella n'a pas évité des questions aussi désagréables que le manque d'unité au sein de l'Église ou les péchés et le manque de cohérence de ses membres qui brouillent, personnellement et collectivement, la beauté de la vie chrétienne. Le manque de présence des catholiques dans la vie publique "est également dû - il faut le reconnaître - aux incohérences internes de l'Église et des chrétiens, et, il faut aussi le dire clairement : de nous, pasteurs de l'Église, et pour cela je demande pardon, parce qu'avec notre manque de témoignage et nos incohérences, avec nos divisions et notre manque de passion évangélisatrice, en de nombreuses occasions nous contribuons, non sans scandale, à la désaffection et au manque de confiance dans la hiérarchie, dans l'Église elle-même.

Cette demande de pardon était accompagnée d'une invocation pleine d'espoir : "malgré nos infidélités, l'Esprit Saint continue à agir dans l'histoire et à manifester sa puissance vivifiante. Avec Lui, nous n'avons pas peur d'affronter des problèmes tels que le manque de foi et la corruption au sein de l'Église qui nous blessent vraiment, et nous demandons pardon à Dieu, aux victimes et à la société, tout en travaillant à leur éradication et à leur prévention".

Les laïcs, "le meilleur moyen de communication de l'Église".

Le rôle des laïcs en tant que chrétiens engagés dans toutes les sphères sociales, culturelles et politiques a été une fois de plus l'un des points centraux des propos du président de la Conférence épiscopale espagnole. En ce sens, il a appelé à "une Église qui touche tous les coins de la société". Dans laquelle les laïcs, avec leur mode de vie, sont capables d'apporter la nouveauté et la joie de l'Évangile là où ils se trouvent". Une demande qu'il a résumée dans la phrase expressive suivante : "Les laïcs sont le meilleur moyen de communication dont disposent Jésus-Christ et son Église.

Communion totale avec le Pape

La visite ad limina que les évêques espagnols entameront dans quelques semaines, était un autre des sujets abordés dans ce discours d'ouverture. Une visite que les prélats espagnols préparent avec une diligence particulière, comme a voulu le souligner le nonce apostolique en Espagne, Monseigneur Auza, et qui manifeste "la communion affective et effective avec celui qui est dans l'Église le principe visible de l'unité et partage avec lui sa sollicitude pour toutes les Églises". En ce sens, Mgr Omella a voulu souligner "le sentiment de profonde affection et de pleine communion de l'Église en Espagne, de ses pasteurs et de ses communautés, avec le Successeur de Pierre, le Pape François, avec sa personne et son magistère".

Salutations du Nonce

Pour sa part, le salut du Nonce apostolique en Espagne, Mgr Auza, s'est concentré sur sa gratitude pour le travail de l'Église espagnole dans le synode récemment ouvert ainsi que pour la proposition du Service d'aide et d'orientation pour les bureaux diocésains ou provinciaux de dénonciation des abus sur mineurs. "C'est la façon d'opérer, dans un sujet aussi sensible et délicat, avec sécurité, avec une garantie d'efficacité et avec l'unanimité des orientations et des critères, en unissant les efforts de tous", a souligné le nonce, qui a également encouragé "les efforts qu'ils font à cet égard, et je salue les souhaits du pape dans l'application d'Amoris Laetitia dans le renouvellement de la préparation au mariage et dans le renouvellement du Directoire de la pastorale familiale".  

Nominations

Le premier jour de la 118e Assemblée plénière a également coïncidé avec la publication de trois nominations épiscopales. Évêque Juan Antonio Aznárez Coboactuellement évêque auxiliaire de Pamplona et Tudela, est le nouvel archevêque de Castrense, dont le siège était vacant suite au décès de Mgr Juan del Río Martín le 28 janvier 2021.

Le pape François a nommé Mgr José Luis Retana GozaloLe nouvel évêque, jusqu'à présent évêque de Plasencia, comme nouvel évêque de Salamanque et de Ciudad Rodrigo, selon la formule in persona episcopi ("en la personne de l'évêque"), de telle sorte qu'ils auront le même évêque mais sans modifier la structure de l'un ou l'autre des deux diocèses.

Enfin, il a également été annoncé que le prêtre Francisco César García Magán comme évêque auxiliaire de Tolède, où il est actuellement vicaire général. 

Informations et questions des commissions épiscopales

La note d'ouverture de la 118e Assemblée plénière donne un aperçu des thèmes qui seront abordés au cours de ces journées : la sous-commission épiscopale pour la famille et la défense de la vie présentera pour étude le projet de document "Orientations pour la pastorale des personnes âgées dans le contexte actuel".

Il fera également le point sur deux des événements prévus dans le cadre de l'Année de la famille "Amoris Laetitia". Semaine du mariage, promue par la CEE, du 14 au 20 février. Et la Rencontre mondiale des familles qui se tiendra à Rome du 22 au 26 juin, qui clôturera cette année consacrée spécialement à la famille. Compte tenu des difficultés à atteindre Rome et à pouvoir participer à cette rencontre, les évêques de la Plénière vont évaluer la possibilité d'organiser une rencontre nationale, en plus des réunions dans les différents diocèses.

Comme il est de coutume lors des réunions de l'Assemblée plénière, les activités des différentes commissions épiscopales seront passées en revue.

Le Secrétaire général de la CEE, Mgr Luis Argüello, présentera à la plénière diverses propositions du Service de coordination et de conseil pour les Offices de protection des mineurs.

L'ordre du jour comprend l'approbation, le cas échéant, des statuts de la CEE et de ses organes. Les évêques seront également informés du projet de structure et de fonctionnement du Conseil des études et projets de la CEE. La création de ce Conseil est l'une des activités prévues dans le plan d'action de la CEE, "Fidèle à l'envoi missionnaire", qui a été approuvé lors de la plénière d'avril 2021. Ils se prononceront également sur la proposition d'un document sur "la personne, la famille et le bien commun".  

Diverses questions de suivi seront abordées et, comme il est de coutume lors de la plénière de novembre, la proposition de constitution et de répartition du Fonds commun interdiocésain pour l'année 2022 et les budgets pour l'année 2022 de la Conférence épiscopale espagnole et des organismes qui en dépendent seront présentés pour approbation.

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Monde

Début de la réunion plénière des évêques américains

La plénière accordera une attention particulière à la "Déclaration sur le mystère de l'Eucharistie" attendue ainsi qu'à l'initiative de renouveau eucharistique et à un congrès eucharistique en 2024.

Gonzalo Meza-15 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Du 15 au 18 novembre, la réunion plénière de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) se tiendra à Baltimore, dans le Maryland. Ce sera une réunion très importante, non seulement parce que c'est la première Assemblée à se tenir en personne depuis novembre 2019 (la réunion du printemps 2020 a été annulée et celle de novembre a été virtuelle à cause de la pandémie), mais aussi parce qu'elle abordera des questions vitales pour l'Église aux États-Unis, notamment un " .... ".Déclaration sur le mystère de l'Eucharistie dans la vie de l'Église", Cette proposition a suscité des discussions et des débats animés, car on a cru à tort qu'il s'agissait d'un document visant à interdire la communion aux hommes politiques qui encouragent l'avortement, notamment le président américain Joe Biden et Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants - tous deux pratiquants déclarés.

Le projet de document ne contient pas une telle interdiction, et les évêques n'ont pas l'intention d'émettre des vetos publics. Selon l'USCCB, chaque catholique, qu'il occupe une fonction publique ou non, est appelé à une conversion permanente, et tous les catholiques ont l'obligation de soutenir la vie et la dignité humaines, affirment les évêques.

L'intention du document est de susciter une plus grande prise de conscience du mystère eucharistique, étant donné le profond manque de connaissances de la plupart des catholiques nord-américains sur le sacrement suprême de la vie chrétienne. Cette méconnaissance se reflète dans la pratique de la foi d'une partie de la population, par exemple l'absence croissante des fidèles à la messe dominicale ou le manque de révérence envers la Sainte Eucharistie.

Selon une enquête de 2019 du Pew Research Institute, seul un tiers des catholiques américains (une minorité) croit que le pain et le vin consacrés à la messe deviennent le corps et le sang du Christ et qu'à partir de ce moment, Jésus-Christ est réellement, véritablement et substantiellement présent dans la sainte communion. Cette réalité n'est pas comprise par les deux tiers des catholiques, qui considèrent le Corps et le Sang comme de simples "symboles", rien de plus. Cette "Déclaration sur le mystère de l'Eucharistie" ainsi que l'initiative de renouveau eucharistique et un Congrès eucharistique en 2024 seront discutés et votés lors de cette plénière à Baltimore.

L'ordre du jour comprend également plusieurs sujets parmi lesquels : le Synode des évêques sur la synodalité ; la mise en œuvre du cadre pastoral pour le ministère du mariage et de la vie familiale aux États-Unis ; une initiative d'aide aux futures mères appelée "Walking with Moms in Need" ; approbation des nouvelles versions anglaise et espagnole des rituels à utiliser aux États-Unis pour l'Ordre de l'initiation chrétienne des adultes et la Sainte Communion et l'adoration eucharistique en dehors de la messe ; consultation sur les causes de béatification et de canonisation des Serviteurs de Dieu Charlène Marie Richard et Auguste Robert Pelafigue, qui ont vécu dans l'État de Louisiane. Cette session verra également des élections pour les postes administratifs et la présidence de cinq comités de la Conférence, à savoir : Clergé, vie consacrée et vocations ; Culte divin ; Développement humain et justice ; Laïcs, mariage, vie familiale et jeunesse ; et Migration.

Bien que les médias séculiers se concentrent sur la "Déclaration sur le mystère de l'Eucharistie", cette session abordera des sujets très pertinents allant des sacrements aux processus de béatification et de canonisation. Des questions qui, d'une manière ou d'une autre, auront un impact sur le présent et l'avenir de l'Église aux États-Unis.

La Fortuna

La série du réalisateur Alejandro Amenábar semble, après plusieurs œuvres contraires, tendre vers un dialogue avec l'Église. C'est exactement ce que l'Église essaie de faire avec son processus synodal.

15 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

J'avoue que je suis un fan d'Alejandro Amenábar depuis l'époque où j'étais étudiant en sciences de l'information. Son opéra prima Thèses (1996) a vu le jour alors que j'étais encore à l'université et tous nos camarades de classe ont senti qu'il s'agissait de l'œuvre de l'un des nôtres (nous avons partagé une carrière avec lui) qui avait réalisé ce que nous voulions tous et ce à quoi nous nous préparions : communiquer, raconter de grandes histoires.

Mon admiration pour le réalisateur hispano-chilien a toutefois connu des hauts et des bas en raison de son engagement dans des thèmes controversés, dans lesquels il se heurtait à mes approches. Par exemple, Offshore (2004), est une ode à la légalisation de l'euthanasie ; ou encore Agora (2008), un film historique dans lequel le christianisme est dépeint comme l'ennemi du progrès et de la science.

Sa dernière production, cependant, m'a réconcilié avec lui une fois de plus. Il s'agit de la mini-série La Fortunaproduite par Movistar+ et annoncée comme la série espagnole la plus chère de l'histoire. Le scénario est basé sur la bande dessinée Le trésor du cygne noirde Guillermo Corral et Paco Roca, qui est à son tour basé sur des événements réels. Plus précisément, sur la victoire de la diplomatie espagnole contre une société américaine de chasse au trésor qui, en 2007, a détourné la cargaison de pièces du galion de la marine espagnole Nuestra Señora de las Mercedes, coulé au XIXe siècle.

Les protagonistes : un jeune diplomate catholique, conservateur, et un fonctionnaire athée, progressiste, plus mûr. Des étincelles jaillissent dès le premier instant entre deux personnages dont le seul point commun est leur désir de récupérer le trésor pillé pour l'Espagne. La série combine des films d'action et d'aventure, d'espionnage, de batailles d'époque, de romance, de thrillers juridiques, toutes les composantes pour garder un large éventail de téléspectateurs rivés à l'écran. Cependant, j'ai été surpris qu'il soit passé sans grand bruit (je ne connais pas ses chiffres d'audience, mais son écho dans les réseaux sociaux est assez limité) et qu'il n'ait pas été bien traité par la critique.

Et le fait est que La Fortuna est un produit amical et conciliant. Il ne favorise aucune des deux Espagne représentées par Alex Ventura (Álvaro Mel) et Lucía Vallarta (Ana Polvorosa). Les deux protagonistes parviennent à surmonter toutes les barrières qui les séparent, et ils le font en marchant ensemble, en plongeant dans leur passé commun, leur patrimoine culturel, leurs racines historiques, et cela, malheureusement, ne mérite pas aujourd'hui l'attention que suscitent la division, l'affrontement ou la violence gratuite de la série mollusque sud-coréenne !

C'est un Américain, l'avocat Jonas Pierce (Clarke Peters), qui fait comprendre aux protagonistes et aux membres paresseux du gouvernement espagnol l'importance de s'unir pour récupérer le trésor, en déclarant : "Nous parlons de plus que d'argent. Nous parlons du patrimoine culturel d'un pays. Chaque navire coulé fait partie de votre patrimoine, de votre âme".

Et quelle est l'âme de l'Espagne ? Qui avons-nous en commun ? Dès que nous réfléchissons un peu à notre esprit en tant que nation, voire en tant que continent, le sujet de la foi surgit.

L'athée Amenábar réussit également dans La Fortuna, une chose rarement vue dans l'industrie audiovisuelle espagnole au cours des 60 dernières années : la représentation respectueuse de la religion. La scène se déroule dans le quatrième chapitre et est filmée dans l'église de San Marcos à Madrid. Le jeune protagoniste se déclare catholique, bien que loin de l'Église : "quand j'étais enfant, dit-il, j'allais chez les piaristes (clin d'œil autobiographique d'Amenábar) et je priais beaucoup". Il se rend à l'église majestueuse en pleine crise personnelle et y a un dialogue intéressant avec un prêtre normal, ordinaire, comme ceux que nous connaissons qui fréquentent les églises, sans les caricaturer comme ceux qui n'y vont pas ont l'habitude de le faire. Et le dialogue est sensible, réaliste, plein d'espoir, sublime".

Dans cette scène et dans la demi-douzaine de chapitres de la série, je vois Amenábar la main tendue, prêt à marcher ensemble, à surmonter ce qui nous sépare, à respecter les différences... Exactement ce que l'Église essaie de faire avec son processus synodal. Serons-nous capables de prendre la main d'Álex, de Lucía, de tant et tant de personnes éloignées de l'Église et de commencer à marcher ensemble ?

Ne nous contentons pas d'une église majestueusement coulée dans les profondeurs où de nombreux pirates préfèrent en profiter, mais faisons ressortir le grand trésor que nous devons mettre en valeur. C'est notre âme, c'est notre Fortune. Si nous réussissons, nous aurons de la chance ou, en d'autres termes, nous serons bénis.

L'auteurAntonio Moreno

Journaliste. Diplômé en sciences de la communication et licencié en sciences religieuses. Il travaille dans la délégation diocésaine des médias à Malaga. Ses nombreux "fils" sur Twitter sur la foi et la vie quotidienne sont très populaires.

Actualités

Les prix Ratzinger, un hommage du pape François à son prédécesseur

La cérémonie de remise des prix de la Fondation Ratzinger, qui s'est tenue au Vatican ce week-end, s'est transformée en un hommage du Saint-Père à son prédécesseur, Benoît XVI. Le pape François a salué son dévouement à l'étude et à la recherche, "sa foi et son service à l'Église".

Rafael Miner-14 novembre 2021-Temps de lecture : 3 minutes

Le pape François a d'abord salué les lauréats de cette année. Il s'agit du professeur Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz, professeur émérite de philosophie de la religion et d'études comparatives des religions à l'université de Dresde, grand spécialiste d'Edith Stein et de Romano Guardini. Elle est rejointe par Ludger Schwienhorst-Schönberger, professeur d'Ancien Testament à l'Université de Vienne et considéré comme l'un des plus grands spécialistes des livres de sagesse et, en particulier, du Cantique des Cantiques.

Le même salut affectueux a été adressé par le Saint-Père au philosophe et théologien français Jean-Luc Marion, professeur de métaphysique à la Sorbonne et académicien de France, et à la professeure australienne Tracey Rowland, spécialiste des rapports entre théologie et culture du XXe siècle. Tous deux ont été récompensés en 2020, et ont reçu leur prix des mains du pape, en même temps que les lauréats de 2021.

Tracey Rowland est professeur à l'université de Notre Dame, en Australie, et membre du comité de rédaction de la revue Communio. En outre, il est intervenu lors d'un Forum organisé par Omnes le 14 avril 2021, dirigé par Pablo Blanco, professeur à l'Université de Navarre, intitulé Théologie et culture contemporaines.

Le pape a souligné que l'initiative du prix de la Fondation Ratzinger a établi un "lien durable" entre l'Église et le monde de la culture. La communauté des lauréats s'accroît chaque année en nombre, en origine et en variété de disciplines. La capacité de l'esprit humain, a-t-il ajouté, "est l'effet de l'étincelle allumée par Dieu dans la personne créée à son image", qui le pousse continuellement "à exprimer la vitalité de l'esprit dans le façonnement et la transfiguration de la matière".

"L'Écriture nous parle de la création de Dieu comme d'une 'œuvre'", a ajouté le Saint-Père. "Nous rendons donc hommage non seulement à la profondeur de la pensée et des écrits, ou à la beauté des œuvres artistiques, mais aussi au travail accompli avec générosité et passion pendant de nombreuses années pour enrichir l'immense patrimoine humain et spirituel à partager. C'est un service inestimable pour l'élévation de l'esprit et de la dignité de la personne, pour la qualité des relations dans la communauté humaine et pour la fécondité de la mission de l'Église".

Éloge funèbre du pape émérite Benoît XVI

Dans son discours, le Pontife Romain a fait référence aux personnalités qui ont fait l'objet de recherches de la part des lauréats, citant entre autres Guardini, De Lubac, Edith Stein, Lévinas, Ricoeur et Derrida, ainsi que McIntyre. Il a poursuivi en disant : "Parmi ces maîtres, il faut compter un théologien qui a su ouvrir et nourrir sa réflexion et son dialogue culturel dans toutes ces directions à la fois, parce que la foi et l'Église vivent dans notre temps et sont les amis de toute recherche de la vérité. Je parle de Joseph Ratzinger".

C'est "l'occasion de lui adresser à nouveau nos pensées affectueuses, reconnaissantes et admiratives", a-t-il ajouté, tout en rappelant leur rencontre il y a quelques mois à l'occasion du 70e anniversaire de son ordination sacerdotale : "...nous sentons qu'il nous accompagne dans la prière, gardant le regard constamment tourné vers l'horizon de Dieu". Aujourd'hui, nous le remercions en particulier parce qu'il était aussi un exemple de dévouement passionné à l'étude, à la recherche, à la communication écrite et orale ; et parce qu'il a toujours uni pleinement et harmonieusement sa recherche culturelle à sa foi et à son service de l'Église".

Le Pape a souligné cet engagement dans l'étude et l'écriture, qu'il a poursuivi durant son pontificat pour compléter la trilogie sur Jésus "et nous laisser ainsi un témoignage personnel unique de sa recherche constante du visage du Seigneur". De sa recherche, a-t-il noté, nous sommes "inspirés et encouragés, et nous assurons le Seigneur de notre souvenir".

Les coopérateurs de la vérité

François a également fait référence à la devise choisie par l'archevêque de l'époque, Joseph Ratzinger, à Munich : coopérateurs de la vérité. "Comme nous le savons, les paroles de la troisième lettre de Jean : cooperatores veritatis", sont la devise qu'il a choisie lorsqu'il est devenu archevêque de Munich. Ils expriment le fil conducteur des différentes étapes de sa vie, de ses études à son enseignement académique, en passant par son ministère épiscopal, son service pour la Doctrine de la Foi ̶ auquel il a été appelé par saint Jean-Paul II il y a 40 ans ̶ et son pontificat, caractérisé par un magistère lumineux et un amour indéfectible de la Vérité. 

Le slogan "cooperatores veritatis continue d'inspirer l'engagement des boursiers de la Fondation Ratzinger. Le pape François a affirmé que ces paroles "peuvent et doivent inspirer chacun de nous dans nos activités et dans nos vies".

Espagne

Rémi Brague propose le pardon face à la "culture de l'annulation".

Le philosophe français et professeur émérite à la Sorbonne, Rémi Brague, a déclaré au 23e Congrès des catholiques et de la vie publique que l'enjeu de la culture de l'annulation est "notre rapport au passé", et que nous devons choisir "entre pardonner et condamner". L'historien propose de "retrouver notre capacité à pardonner".

Rafael Miner-14 novembre 2021-Temps de lecture : 5 minutes

"Ce qui est en jeu ici n'est pas seulement le problème spécifique de la culture occidentale. De manière plus générale, il s'agit de notre relation avec le passé", a déclaré le penseur français dans son discours prononcé le deuxième jour du congrès, organisé par l'Association catholique des propagandistes (ACdP) et le CEU.

"Nous devons notamment nous demander quel type d'attitude nous devons adopter vis-à-vis de ce dont nous sommes le produit : commencer par nos parents, notre pays et notre langue, entre autres, et remonter jusqu'à la 'petite mare chaude' où Darwin a imaginé que la vie était apparue, et même jusqu'au Big Bang. Nous devons choisir entre le pardon et la condamnation,

"Le passé est rempli de bonnes actions, mais il est entaché d'une multitude d'actes horribles dont nous nous souvenons plus facilement. Les traumatismes s'attardent dans nos mémoires, tandis que nous prenons trop facilement pour acquis ce qui est agréable, comme s'il s'agissait d'un cadeau plutôt que d'un don que nous méritons.

Selon lui, "la création authentique ne rompt jamais le lien avec le passé. Dans un passage extrêmement intéressant de son œuvre DiscoursMachiavel note que le christianisme n'a pas pu étouffer complètement les souvenirs de l'ancienne religion car il a dû maintenir le latin, la langue de l'État romain qui persécutait les croyants, afin de propager la nouvelle foi.

Capacité à pardonner

Quoi qu'il en soit, poursuit le philosophe, "notre culture actuelle est prise dans une sorte de perversion du sacrement de pénitence : nous avons des confessions partout et nous voulons que les autres se confessent et se repentent. Mais il n'y a pas d'absolution, il n'y a pas de pardon, donc il n'y a ni l'espoir d'une nouvelle vie ni la volonté de la prendre en main. Espérons que nous pourrons retrouver notre capacité à pardonner", a déclaré Remi Brague, qui a reçu le prix Joseph Ratzinger - Benedict XVI de la Fondation du Vatican en 2012, et s'est vu décerner un doctorat honorifique par l'université CEU San Pablo en 2020.

La présentation de Rémi Brague au congrès de cette année était intitulée Le site la culture de l'annulation ou l'annulation de la culture ? Comme il est bien connu, L'un des phénomènes culturels de notre époque est l'annulation, c'est-à-dire le retrait du soutien à des personnes, des faits, des événements ou des cultures en fonction de certains paramètres. Un retrait qui peut aller jusqu'au déni.

Les auteurs grecs et latins

Pour prendre un exemple tiré de l'exposé du professeur français, "un jeune professeur de lettres classiques à Princeton, Dan-el Padilla Peralta, a récemment lancé un appel dans lequel il s'oppose à l'étude des auteurs grecs et latins en affirmant qu'elle favorise le racisme. D'abord, parce que les références à l'antiquité classique sont parfois brandies comme des armes en faveur du suprémacisme blanc. Deuxièmement, et surtout, parce que le monde antique s'est appuyé en partie sur le travail des esclaves comme infrastructure sur laquelle il a construit sa culture".

"En tant que chrétien moi-même, a déclaré Rémi Brague, je ne vois pas d'un bon œil ce genre de système social et je souhaite qu'il disparaisse. En outre, je suis heureux de souligner que l'esclavage a perdu sa légitimité grâce à la révolution de la pensée provoquée par la nouvelle foi. Si je me permets d'évoquer une fois de plus l'opposition rebattue entre les deux points de référence dans la culture occidentale, Jérusalem a mieux rendu justice à l'égalité radicale de tous les êtres humains qu'Athènes".

Dans ce dilemme entre pardonner ou condamner, le penseur français a formulé une série de réflexions. Par exemple, que "la condamnation est une position satanique. Le satanisme peut être relativement doux, et d'autant plus efficace. Selon Satan, tout ce qui existe est coupable et doit disparaître. Ce sont les mots que Goethe met dans la bouche de son Méphistophélès. (Alles was entsteht, / Ist wert, daß es zugrunde geht).

Toutefois, "le pardon n'est pas une tâche facile", a-t-il ajouté. Comment pouvons-nous donner notre approbation à ce qui nous a précédés ?" [...] "Le passé de l'humanité est marqué par les conflits et les guerres", a-t-il déclaré, admettant qu'"une personnalité qu'une culture A considère comme un héros peut représenter l'incarnation du mal pour une culture B", ajoutant que "seules les cultures inexistantes et purement imaginaires peuvent être totalement innocentes". Il a ajouté que "seules les cultures inexistantes et purement imaginaires peuvent être totalement innocentes".

L'influence de Descartes

Selon Brague, "ce que l'on appelle la culture de l'annulation peut à première vue être perçu comme un phénomène contemporain et appartient donc au domaine journalistique plutôt qu'au domaine philosophique". Il a toutefois souligné qu'"une analyse plus approfondie nous permet de constater que nous nous trouvons dans la dernière phase (pour l'instant) d'un long processus qui a commencé dans le prélude des temps modernes. Nous ne voyons que l'écume d'une vague beaucoup plus grande. L'idée d'une tabula rasa remonte au XVIIe siècle, avec le philosophe français René Descartes. Il envisageait de se défaire des préjugés de son enfance pour construire un nouvel édifice de connaissances sur un terrain totalement nouveau.

Ainsi, le philosophe français a considéré que, "il est toujours plus facile de détruire que de créer quelque chose à partir de rien".quelque chose qui devrait nous apprendre "faire preuve d'une certaine prudence. Lorsque nous touchons ce que les générations précédentes ont construit, nous devons le faire avec des mains tremblantes. Seul Staline a dit qu'il ne tremblerait pas lorsqu'il déciderait de procéder à une purge et d'envoyer des gens au mur"..

Le professeur Rémi Brague a été présenté par Elio Gallego, directeur du Centre d'études de formation et d'analyse sociale (CEFAS) de la CEU, qui a décrit le philosophe comme un "lointain disciple de Socrate, et a également souligné que "La conversation d'aujourd'hui a besoin de liberté et de vérité, l'une a besoin de l'autre"..

À l'ouverture de ce Congrès des catholiques et de la vie publique, le message sous-jacent était le lien intime entre le politiquement correct et la culture de l'annulation, qui vise à éliminer les idées discordantes du débat. En première ligne, le christianisme, qui "est déjà politiquement incorrect", a déclaré vendredi son directeur, Rafael Sánchez Saus, qui a qualifié le politiquement correct de "politiquement correct de l'Église catholique".méga-idéologie de notre temps"qui consisterait à "une collection d'idées éparses, intellectuellement faibles, unies par le refus de la transcendance". 

La dimension transcendante de l'homme

C'est précisément dans la négation de la dimension transcendante de l'homme que réside "la racine du totalitarisme moderne"., Le nonce du Vatican en Espagne, Mgr Bernardito Auza, a déclaré qu'en essayant d'éliminer ce qui fait de l'homme un "sujet naturel de droits", on met les libertés en danger. Le politiquement correct, a-t-il déclaré, "risque de devenir le Big Brother d'Orwell".. 

Pour sa part, le président de l'ACdP et de la CEU, Alfonso Bullón de Mendoza, a mis l'accent sur la situation actuelle de notre pays. De son point de vue, la culture de l'annulation se manifeste par des mesures telles que la récente réforme pénale qui peut conduire à punir de peines de prison les participants à des groupes d'information et de prière qui se réunissent devant les centres où sont pratiqués des avortements. Elle a également mis en garde contre les dangers d'une culture du politiquement correct pour l'Union européenne. "cohésion des catholiques".  

Vendredi également, le porte-parole du parti polonais Droit et Justice, Ryszard Legutko, s'est exprimé. Selon lui, les institutions européennes sont en train de faire de l'ingénierie sociale. "Ils essaient de restructurer toute la société". avec des instruments créés pour "pour générer cette nouvelle société". M. Legutko a souligné comment, main dans la main avec "l'égalitarisme, le néo-marxisme et le libéralisme", le politiquement correct est devenu "une partie intégrante du processus européen". La culture de l'effacement de la dissidence, a-t-il déclaré, donne lieu au paradoxe suivant : une société qui se présente comme pluraliste, inclusive et tolérante "est pleine de discrimination, d'injustice, d'intolérance et de haine"., a-t-il fait valoir.

Ce dimanche, après la messe célébrée par le cardinal Carlos Osoro, archevêque de Madrid, Bieito Rubido, directeur du journal espagnol Le débat, sur le sujet Les pièges du néo-langage et l'érosion des valeurs. Elle sera suivie par le cérémonie de clôture.

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Initiatives

Première "Marche pour la vie" en Finlande

Le samedi 11 septembre, un événement historique s'est déroulé à Helsinki : la toute première conférence de l'Union européenne sur l'environnement. Marche pour la vie en Finlande. L'objectif, comme d'autres marches qui ont eu lieu en de nombreux endroits, était de stimuler le débat public sur la réalité de la vie humaine dans le ventre de la mère, le phénomène de l'avortement et la défense du droit à la vie des enfants à naître. 

Raimo Goyarrola-13 novembre 2021-Temps de lecture : 5 minutes

En Finlande, l'avortement est autorisé presque librement. Bien que limitée à de nombreux cas et à la durée de la gestation, en pratique, toute raison donnée par la mère donne le feu vert à l'élimination de l'enfant. 

Dans notre pays, malheureusement, l'avortement est un sujet tabou. On n'en parle pas, on n'en parle pas non plus. On l'étouffe, comme si c'était quelque chose de honteux. Et c'est ainsi. Mais il n'y a aucune possibilité de débat public sur ce que signifie la vie humaine dans l'utérus. Le silence. Depuis quelque temps, il est considéré comme pratique et important de gagner en visibilité, d'ouvrir le dialogue, et quoi de moins que de descendre la rue la plus importante de la capitale finlandaise. 

La marche du samedi 11 septembre à Helsinki a marqué un tournant. Les organisateurs ont estimé la participation à une trentaine de personnes. En Finlande, il n'y a pas de culture des manifestations de rue. Une participation de 30 personnes est plus qu'un exploit. S'il atteint 50, c'est un succès. Eh bien, nous avons dépassé les 300 participants, escortés par la police qui a coupé la circulation ou l'a dirigée vers les rues adjacentes. 

Ce n'est plus un tabou. La visibilité de la défense de la vie est importante. Les médias n'ont absolument rien retenu dans leurs versions numériques, imprimées ou audibles. Le silence. Il y a un intérêt à faire taire la vérité dans certains domaines. Mais il y a aussi un intérêt à le rendre visible dans la rue, dans le dialogue. N'y a-t-il rien de plus humain que le dialogue ? Cette marche a été un avant et un après, car elle a mobilisé les gens, les a unis et a donné un nouvel élan à la visibilité de quelque chose qui est beau en soi. Nous ne sommes pas seuls. Nous sommes aussi la société.  

Environ 9 000 Finlandais à naître sont tués chaque année. C'est juste le nombre nécessaire pour un remplacement générationnel dans la société. Nous sommes à des chiffres insoutenables pour un avenir stable. Les enfants sont nécessaires. Mais le temps est venu de parler, de communiquer, de dialoguer.

La marche était organisée par deux groupes "pro-vie" récemment nés dans les paroisses catholiques d'Helsinki et de Kouvola. Elle a également été soutenue par deux associations chrétiennes non catholiques. 

L'une des organisatrices est une jeune mère qui est déjà grand-mère. À la naissance de son troisième enfant, le médecin lui a proposé de la stériliser, comme c'est la coutume dans le pays. Elle a refusé. D'autres enfants ont suivi. Finalement, le troisième enfant, qui aurait été le dernier selon les schémas de cette société "jetable", est tombé malade de leucémie. Un jeune adulte avec un brillant avenir. Un traitement de chimiothérapie a été mis en place, mais en vain. Une greffe de moelle osseuse s'est avérée nécessaire en dernier recours. Le seul frère compatible était le septième. Ce dernier a sauvé le troisième. La générosité et le courage des parents ont également apporté la solution. La nature est sage.  

Un fait scientifique

La marche s'est ouverte sur la place du Sénat, au cœur de la ville, d'où les marcheurs se sont dirigés vers le Parlement. Devant le Parlement, le programme comprenait des discours, des chansons et de la musique.

Dans son discours d'ouverture, le Dr Miikka Nummenpää a déclaré que le début de la vie humaine, lorsque les deux cellules germinales se rejoignent, est un fait scientifique et non religieux. Nous parlons de biologie, de science humaine, et non de dogmes religieux à imposer aux autres. Il a également souligné que parler en faveur d'un enfant dans le ventre de sa mère ne signifie pas s'opposer aux droits des femmes, car chaque être humain, qu'il soit en bonne santé ou malade, qu'il soit dans les premières ou les dernières semaines de sa vie, est un cadeau tout aussi précieux. "Personne ne peut avoir le droit de priver une autre personne du droit à la vie, qui est le premier droit de l'homme".Nummenpää a rappelé.

Marika Kaksonen, présidente de l'Organisation des droits de l'homme et médecin, a exprimé son inquiétude quant à cette initiative. OmaTahto2020Selon la loi, une candidate à l'avortement doit recevoir une ordonnance pour un avortement immédiatement après les examens médicaux pertinents de la grossesse, sans même avoir à discuter des raisons pour lesquelles elle demande un tel avortement. "Si cela se produit, cela portera préjudice non seulement aux enfants à naître, mais aussi aux filles et aux femmes qui cherchent à se faire avorter contre leur gré sous la pression d'un partenaire violent, d'un exploiteur ou d'un trafiquant, ou dans un moment de désespoir causé par des circonstances difficiles".a déclaré Kaksonen. "Identifier et aider ces personnes vulnérables serait presque impossible avec ce changement de loi, et augmenterait probablement le nombre d'avortements non désirés"..

Protéger la vie des enfants

Kirsi Morgan-MacKay, présidente de la Association pour le droit à la viea parlé avec émotion de la façon dont l'avortement peut également nuire à la femme qui le subit. Elle a partagé sa triste expérience d'avoir eu deux avortements. "Alors que le personnel infirmier venait de le convaincre qu'il s'agissait d'un embryon de quelques millimètres, un instant plus tard, je tenais encore dans ma main un parfait petit garçon de quelques centimètres avec des yeux, une bouche, des mains et des orteils".Kirsi a expliqué son deuxième avortement. "J'étais une personne parfaite, et j'ai réalisé que je venais de prendre la vie de mon petit garçon, une personne innocente que je commençais à aimer. L'avortement m'a vraiment brisé..

Dans son discours de clôture de la marche, la députée Päivi Räsänen a déclaré que les lois peuvent aussi être changées pour protéger la vie d'un enfant. "Alors que nous nous efforçons de faire évoluer la législation, nous devons également développer des mesures de soutien pour les femmes qui sont tombées enceintes dans une situation de vie difficile.a souligné M. Räsänen. "Il est insoutenable que la quasi-totalité des avortements soient pratiqués pour des raisons sociales dans notre société de bien-être. Les problèmes sociaux doivent être résolus par des moyens de politique sociale, pas en mettant fin à la vie".. En Finlande, plus de 90 % des avortements sont pratiqués pour des raisons sociales. 

Pendant le discours de cette femme politique bien connue, trois personnes sont apparues avec des klaxons et des cris et ont essayé d'empêcher son discours d'être entendu. Ce n'est pas très courant en Finlande. Avec un sourire et calmement, Päivi a déclaré que les participants à la Marche pour la vie nous étions ouverts à un dialogue sur la beauté de la vie humaine, même avec ces personnes qui, avec leurs cornes, leurs cris et leurs insultes, ne veulent pas parler comme des personnes. 

M. Päivi sera jugé pour un article qu'il a écrit il y a plusieurs années et dans lequel il défendait le mariage pour ce qu'il est, à savoir une relation stable entre un homme et une femme ouverte à la vie, à laquelle les actes homosexuels ne peuvent être assimilés. 

Nous vivons une époque turbulente. Mais il y en a toujours eu. Une nouvelle religion omniprésente, omnipotente et universelle est en train de naître. Avec son propre credo, ses propres commandements, sa propre morale, son propre drapeau. La bannière d'une alliance dans laquelle il semble n'y avoir aucune place pour Dieu, la loi naturelle ou la loi révélée. Ou du moins, il n'y a pas de place pour l'image de Dieu dans la personne humaine, en tant qu'homme et femme, appelés à l'amour et à la vie mutuels. Cette nouvelle religion n'est rien d'autre qu'une idéologie. Va-t-elle durer ? Le temps nous le dira.

La nature est sage et belle. La défense écologique de la vie humaine, avec raison et cœur, portera des fruits durables. Un nouveau printemps pour la défense de la vie humaine a commencé en Finlande. Le site Marche pour la vie sera répétée année après année. En attendant la deuxième marche, avec respect et patience, avec dialogue et visibilité, nous essaierons que beaucoup d'autres êtres humains innocents et sans défense puissent voir la lumière de ce monde merveilleux, à commencer par le visage souriant de leur mère.

L'auteurRaimo Goyarrola

Correspondant d'Omnes en Finlande.

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Une Église à l'écoute

S'il y a un mot qui peut offrir un fil conducteur au Synode qui a commencé dans l'Église, c'est "écoute". Un mot sur lequel le pape François a beaucoup insisté. 

13 novembre 2021-Temps de lecture : 2 minutes

En 2016, Jim McNamara, spécialiste de la communication, a publié un ouvrage intitulé . L'écoute organisationnelle ; L'essentiel manquant dans la communication publiqueLes résultats de cette étude ont révélé le déficit d'écoute dans les organisations. Les résultats de cette étude ont révélé le déficit d'écoute des organisations, qui consacrent 95 % de leur temps et de leur énergie de communication à parler et seulement 5 % à écouter. McNamara a proposé une "architecture d'écoute ce qui impliquait un changement d'attitude et de processus.

Les 9 et 10 octobre à Rome, le voyage synodal a été solennellement lancé sous le titre de Pour une Église synodale : communion, participation et missionqui durera jusqu'en 2023. Dans son homélie du dimanche 10, le pape François a déclaré : "L'Esprit nous demande d'écouter les questions, les préoccupations et les espoirs de chaque Église, de chaque peuple et de chaque nation. Et aussi d'écouter le monde, les défis et les changements qu'il nous propose".

Le document préparatoire du Synode mentionne quelques faits intéressants. Entre autres, le fait que la communauté chrétienne soit remise en question en tant que sujet crédible et partenaire fiable dans le dialogue social (en grande partie à cause de la crise des abus), ou le désir des jeunes d'être protagonistes au sein de l'Église, ou la demande d'une plus grande valorisation des femmes et d'espaces de participation à la mission de l'Église. 

Le parcours synodal offre à la hiérarchie et à tous les catholiques l'occasion de devenir meilleurs dans l'écoute, une écoute qui renforce généralement la transparence, le sentiment d'appartenance et la confiance dans les institutions. Attentive à la Parole de Dieu et aux incitations de l'Esprit Saint, cette rencontre peut être l'occasion pour l'Eglise d'être perçue à nouveau dans le monde dans toute sa puissance salvatrice.

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Vocations

Les saints prêtres : Saint John Henry Newman

La figure et les enseignements de St John Henry Newman restent d'une grande actualité et offrent aux chrétiens l'exemple d'un engagement inlassable pour la vérité malgré les obstacles.

Manuel Belda-13 novembre 2021-Temps de lecture : 4 minutes

Votre vie

Saint John Henry Newman est né à Londres le 21 février 1801 de parents anglicans. Il était l'aîné de six enfants, trois fils et trois filles.

En 1816, à l'âge de quinze ans, il a fait une expérience religieuse et intellectuelle qui l'a fait sortir du scepticisme, et à partir de ce moment-là, il a entrepris de devenir un saint. En 1817, il a commencé ses études à Oxford et en 1825, il a été ordonné ministre dans l'Église anglicane. De 1828 à 1843, il a exercé son ministère dans l'église. Sainte Marie la ViergeIl est chargé de cours à l'université d'Oxford, où il prononce de nombreux sermons.

En 1833, il a commencé à travailler avec un groupe d'amis, le groupe appelé Mouvement d'Oxfordun mouvement de réforme de l'église anglicane, et publie 30 des 90 pamphlets appelés Tracts pour l'époquesur les questions doctrinales.

En 1842, il quitte l'église universitaire et se retire à Littlemore, un petit village près d'Oxford, pour se consacrer à l'étude et à la prière. En 1845, il est reçu dans l'Église catholique par le religieux passioniste Domenico Barbieri.

En 1846, il se rend à Rome pour des études ecclésiastiques et y est ordonné prêtre catholique le 30 mai 1847. Il décide de devenir oratorien afin d'établir l'Oratoire de Saint Philippe Néri en Angleterre, et fonde la première communauté oratorienne anglaise à Maryvale, près de Birmingham.

Après sa conversion au catholicisme, Newman a souffert de nombreux malentendus, tant de la part des anglicans que des catholiques. Léon XIII le crée cardinal en 1879. Il est mort à Edgbaston le 11 août 1890.

Il a été béatifié par Benoît XVI à Birmingham le 19 septembre 2010 et canonisé sur la place Saint-Pierre par le pape François le 13 octobre 2019.

Ses œuvres

Il a écrit de nombreux ouvrages. Sans prétendre à l'exhaustivité, les œuvres les plus caractéristiques sont présentées par ordre chronologique, divisées en deux périodes.

a) Période anglicane

- Sermons paroissiaux et simples.

- Quinze sermons prêchés devant l'Université d'Oxford, 1826-1843.

- Sermons portant sur les sujets du jour, 1831-1843.

- Conférences sur la doctrine de la justification, 1838.

- Un essai sur le développement de la doctrine chrétienne, 1845.

b) Période catholique

- Perte et gain : l'histoire d'un converti, 1848.

- Discours adressés aux congrégations mixtes, 1849.

- Sermons prêchés en diverses occasions, 1850-1873.

- Conférences sur la position actuelle des catholiques en Angleterre, 1851.

- L'idée d'une université, 1858.

- Apologia pro vita sua, 1864.

- Un essai en faveur d'une grammaire de l'assentiment, 1870.

- Méditations et Dévotions de feu le Cardinal Newman. Livre posthume contenant des notes prises par Newman lors de sa méditation.

Ses enseignements

Pour des raisons d'espace, nous ne pouvons présenter ici sa profonde pensée philosophique et théologique, aussi nous limiterons-nous à donner trois grandes lignes de sa riche doctrine spirituelle.

A. Sainteté chrétienne

La sainteté est un thème dominant dans les écrits de Newman, qu'il affirme être la grande finalité de la vie humaine. Pour l'atteindre, il faut trois choses : la rechercher, la désirer et l'aimer. Il s'agit d'une réalité dynamique, qui doit se développer. Il donne l'exemple de la graine et de l'arbre : la graine de la grâce baptismale est destinée à croître pour toujours. La sainteté est le fruit de l'initiative divine et de la coopération humaine. De la part du chrétien, une lutte ascétique est requise. C'est pourquoi il dit : "La lutte est le signe distinctif le plus caractéristique du chrétien. Il est un soldat du Christ".

Newman soutient qu'il est possible d'atteindre la sainteté en vivant au milieu du monde. Il affirme que le chrétien doit s'efforcer de collaborer avec le Christ à la rédemption de ce monde. Il est pleinement convaincu que le monde et les devoirs du chrétien au milieu du monde sont les plus importants. locus normal où le chrétien doit vivre sa vocation, non pas en renonçant au monde, mais à la mondanité. Selon Newman, c'est là l'effort pastoral de saint Philippe Néri : "Sauver les hommes, non pas du monde, mais dans le monde". Le chrétien n'a donc pas à abandonner ses tâches séculières pour atteindre la sainteté. La sainteté consiste à accomplir les tâches quotidiennes avec perfection : "Qu'est-ce que la perfection ? Je suppose que c'est le pouvoir ou la faculté d'accomplir notre devoir exactement et complètement, quel qu'il soit, par opposition à une exécution partielle, négligente, paresseuse, lente, maladroite (...). C'est une vie de foi, d'espérance et de charité, qui se manifeste par des actes successifs selon les appels du moment et la vocation de l'individu (...). Est parfait celui qui accomplit parfaitement ses devoirs quotidiens".

B) La prière continue

Newman décrit un type de prière qui consiste à vivre en présence de Dieu, en tout temps et en tout lieu. Commentant le texte évangélique de Luc 18,1 : " Il faut prier sans cesse et ne pas perdre courage ", il enseigne : " Ici, il nous est explicitement dit de prier encore et encore, de prier constamment (...). Il ne s'agit donc pas d'un acte de prière, ou de deux, mais d'un processus continu de prière". La prière continuelle est une caractéristique du vrai chrétien, parce que la nouvelle vie du chrétien est une vie de foi, et qu'est-ce que la foi, demande-t-il : "Si ce n'est regarder Dieu et penser à Lui continuellement, Lui tenir une compagnie régulière, ce qui est parler avec Lui dans nos cœurs tout le jour, prier sans cesse ? Dans ce type de prière, les mots ne sont pas toujours nécessaires, car il s'agit de : "Tout faire pour la gloire de Dieu, c'est-à-dire placer la présence et la volonté de Dieu devant nous de telle manière et agir de manière cohérente par rapport à Lui, de telle sorte que tout ce que nous faisons devienne un processus d'obéissance, témoignant sans cesse de Celui qui nous a fait et dont nous sommes les serviteurs. C'est, en somme, vivre sous le regard de Dieu".

C) Marie, modèle de sainteté chrétienne

Newman enseigne que la Vierge Marie est un "Miroir de Justice", c'est-à-dire un "Miroir de Sainteté", car après Jésus, elle est le modèle le plus parfait de sainteté, puisque les vertus de Marie reflètent les vertus de son divin Fils : "Imitons la foi de celle qui reçut le message de l'Ange sans aucun doute ; la patience de celle qui supporta la surprise de Joseph sans prononcer un mot ; l'obéissance de celle qui monta à Bethléem en hiver et donna naissance à Notre-Seigneur dans une étable ; l'esprit méditatif de celle qui médita dans son cœur ce qu'elle avait vu et entendu de Lui ; la force d'âme de celle dont le cœur transperça le glaive ; l'abandon de celle qui consentit à la mort de son Fils."

La dévotion mariale préférée de Newman est le Saint Rosaire, qu'il considère comme une prière éminemment contemplative, pour laquelle il déclare : " Le grand pouvoir du Rosaire est de transformer le Credo en prière ". Il conseille donc de contempler les mystères du Rosaire : "Essayez ceci, si vous ne le faites pas maintenant, bien que peut-être vous le fassiez ; c'est-à-dire, avant chaque mystère, placez devant vous une image de celui-ci, et fixez votre esprit sur cette image (par exemple, l'Annonciation, l'Agonie dans le jardin, etc.) tandis que vous dites le Notre Père et les 10 Ave Maria, sans penser aux mots, juste en les prononçant correctement)".

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