Il y a quelque chose dans l'homme qui est décisif à tout point de vue. Ce quelque chose, c'est le nucléaire, et il l'est parce que, d'une certaine manière, il nous définit, mieux, il nous décrit. Je ne crois pas aux définitions. Elles me semblent toutes injustes. Je préfère noter les descriptions ou les rejeter. Définir, c'est vivre à la limite. Ce quelque chose de décisif dans l'homme est au-delà de la définition, il la dépasse parce qu'il ne vit pas dans les limites. C'est le cœur humain. S'il y a quelque chose d'infini dans l'homme, c'est son propre cœur.
Celui qui possède le cœur d'un homme possède cet homme. Il s'agit de la partie la plus intime de l'homme. Le cœur de l'homme ne est démonstratif. Il a Le cœur est synonyme de personne, mais il n'est pas lui-même dans la sphère de la manifestation, précisément parce qu'il vient en premier. Le cœur est synonyme de personne. Mon cœur est ma personne, mon acte d'être, mon être personnel, mon noyau personnel. C'est plus qu'un centre. Nous sommes dans la sphère de l'être, dans la sphère de l'acte. Nous ne sommes pas dans l'essence de la personne, qui est la manifestation de toute la personne. L'essence et l'acte d'être dans l'homme ne sont pas identifiés. Cette identification est propre à la divinité. Être homme implique une dualité, une dualité qui enrichit. L'essence est définissable parce qu'elle vit dans les limites. L'être ne l'est pas. C'est pourquoi il n'est pas facile d'écrire ou de parler de l'être personnel, de son cœur.
Dietrich von Hildebran consacre un livre entier à parler du cœur. C'est un livre brillant. Ordo amorisest plus vif et plus pénétrant que Hildebrand. A l'heure actuelle, il n'y a pas d'autre solution. Ordo amoris Scheler fait référence à la ordo amoris comme "le noyau de l'homme en tant qu'être spirituel". Très bien... mais diffus à la fois. Diffus parce qu'il essaie de dire la vertu, ordo amoris En termes augustiniens, c'est à la fois agir et être... Cependant, l'agir suit l'être. C'est-à-dire que l'agir est la manifestation de ce qui n'est pas manifeste, c'est-à-dire de l'intimité de l'homme. L'intimité, le cœur, le noyau peut se manifester, mais il n'est pas lui-même manifestation. Elle est imbibée d'être, ivre d'être.
"Notre cœur est trop vaste" dit Pascal. C'est vrai... il est trop intime, il est insondable. Il n'a pas de limites parce qu'il est capable d'aimer. Il est commode de distinguer aimer et aimer. Le premier est personnel, le second est essentiel. Et l'essence n'est pas personnelle. L'amour est la personne. L'essence travaille l'amour, mais ce n'est pas un acte. C'est pourquoi l'amour est limité, l'amour n'a pas de limites. L'amour est dans la sphère des œuvres, de l'éthique, du manifeste. Mais je ne suis pas mon amour, mais mon amour, parce que je suis beaucoup plus que mes œuvres. Et ce bien plus, c'est l'esprit. L'esprit n'a pas de limites. L'âme en a. L'âme et l'esprit ne sont pas synonymes. L'homme n'est pas seulement une nature, mais aussi une personne. Personne et nature, anthropologie et métaphysique ne sont pas synonymes. Et la personne ne peut être inférieure au monde. La personne est une autre manière d'être. Mais c'est une manière d'être si supérieure à la manière d'être du monde qu'elle ne peut être assimilée au monde.
La personne est supérieure au monde et a donc une valeur transcendantale. Ce surplus d'être de la personne par rapport au monde la rend infiniment supérieure au monde. C'est la raison pour laquelle il est très opportun de développer une anthropologie transcendantale. Leonardo Polo a été le pionnier de cette anthropologie et, pour les raisons que nous avons indiquées, il est beaucoup plus précis que les autres. Hildebrand et Scheler, car il clarifie la distinction entre l'essence et l'acte personnel d'être comme personne ne l'avait fait auparavant.
Si la personne a une valeur transcendantale et que le noyau personnel est le cœur, son intimité, alors on peut dire que le cœur est la personne elle-même, l'acte d'être personnel. Le cœur est chaque personne. Et chaque personne dans toute sa richesse, dans toute son essence. Parce que l'essence enrichit, rend plus riche, mais la richesse était déjà là, elle est première. C'est pourquoi l'essence n'a pas le dernier mot, ce n'est pas le chacun... mais l'être personnel, le cœur de chacun.