Dans son quatrième livre, le médecin et écrivain Manuel Martínez-Sellés nous invite à être un "libre penseur" (comme il dit), à avoir nos propres idées et à savoir reconnaître les maux de notre société. Pour ce faire, il se lave les mains, met ses gants, son masque, sa blouse,... et se livre à une opération chirurgicale, disséquant de son fin scalpel quinze des thèmes les plus actuels de notre société.
L'entrée dans la salle d'opération, par un prologue bref et éclairant, est menée par la pharmacienne et députée européenne Margarita de la Pisa Carrión. Elle présente plusieurs voies d'accès au corps, anesthésie le patient et facilite la tâche du chirurgien qui doit disséquer un groupe de tumeurs sociales.
Après la période préopératoire, il complète l'incision avec le scalpel, partageant sa préoccupation la plus fondamentale, le manque de lecture profonde et calme de la majorité. Cela signifie que beaucoup sont incapables de comprendre correctement la société et de lire les classiques de la littérature.
L'intervention se poursuit en évoquant le problème de la solitude dans notre société. Il est intéressant de noter qu'à l'ère de la connectivité numérique et de l'IA, nous avons moins de contacts personnels et moins d'interactions avec les nôtres.
Et ainsi de suite, mais en centrant le tableau clinique sur le manque d'engagement qui existe dans toute relation affective, de travail ou autre, ce qui est une autre caractéristique de l'époque actuelle. On le voit par exemple dans la réduction du nombre de mariages, ou dans l'absence de respect de la parole donnée, ou encore dans le manque de confiance en l'autre.
Mais dans toute opération, il y a presque toujours un moment où les signes vitaux commencent à sonner parce qu'ils s'accélèrent, signalant que la crise bat son plein. C'est ce qui se passe avec l'aggravation de notre système de pension actuel, qui a été créé à une époque où le taux de natalité était élevé et l'espérance de vie plus faible, mais qui n'est plus au mieux de sa forme parce qu'il y a peu d'enfants et que l'espérance de vie est plus longue, ce qui signifie qu'il est cassé et qu'il doit être rééquilibré.
À ce stade de l'intervention, il faut distinguer le sexe du patient. Il s'agit d'un point de compromis, car si, d'un point de vue biologique, il est indiscutable que l'on est XY ou XX, pour d'autres, c'est une question de débat. Par conséquent, dire qu'il n'y a que deux sexes semble transgressif ou trumpiste, et il est de moins en moins courant de l'entendre. Il consacre un chapitre à ce sujet.
Parler de la fidélité revient à parler de l'engagement susmentionné, mais il lui consacre un chapitre. Il s'agit d'une autre valeur en chute, mais plus axée sur la relation durable dans le mariage ou le couple. Non exclusivement, cette crise est également vécue dans l'amitié et dans d'autres domaines.
Les jeunes sont invités à devenir parents tôt. Pour une raison purement biologique, nous sommes mieux préparés à avoir des enfants dans la vingtaine ou la trentaine que lorsque nous sommes plus âgés. Cela permet également d'avoir plus d'enfants, si c'est le cas, parce qu'on a plus de temps pour le faire.
Et bien sûr, comme dans son premier livre, il parle de la vie. Elle commence avec la fécondation et non pas au cours d'une semaine précise. Il s'agit d'une affirmation rare, mais médicalement et scientifiquement prouvée. La Cour de justice de l'Union européenne l'a confirmée dans un arrêt de 2011, comme il l'explique dans ce chapitre.
Il poursuit en expliquant que mettre fin à la vie va à l'encontre de la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui défend la vie depuis son commencement jusqu'à sa fin naturelle. L'avortement, l'euthanasie, la peine de mort,... vont à l'encontre de cette déclaration.
Au milieu de la guérison arrive la pandémie silencieuse du 21e siècle, la pornographie. Elle est très "mignonne" parce qu'elle est très facile à diffuser dans l'enfance, grâce à l'internet, et en même temps elle crée une forte dépendance.
Le compte-gouttes est usé et il faut introduire plus de sérum face à l'absence de transcendance. Aujourd'hui, nous avons moins de foi en Dieu et en nous-mêmes, ce qui entraîne une augmentation du malheur et du consumérisme, tant matériel que spirituel. C'est précisément pour cette raison qu'il consacre un autre chapitre au consumérisme, en tant qu'expression du vide personnel. En effet, l'esprit doit être nourri par la lecture, la prière, la réflexion... Si cela n'est pas fait, notre vide intérieur sera comblé par d'autres produits de "consommation" qui compenseront nos carences.
Une autre tumeur disséquée dans le livre de Manuel est l'exaltation de la culture de notre image corporelle. Lorsqu'elle est disproportionnée et démesurée, cette attitude ne comble pas notre estime de soi. Elle est remplie par l'acceptation du contraire, de notre vulnérabilité, de notre limitation.
Dans ce tableau clinique, il y a toujours une allergie à éradiquer chez nos jeunes : le rejet de nos aînés. Les âgisme est une des formes de cette haine sociale qui pense que parce qu'on a un certain âge, on n'est plus capable de travailler. Alors que c'est l'inverse. L'antihistaminique consiste à combattre cette réaction et consiste à vénérer, respecter et vouloir apprendre de ceux qui ont plus d'expérience et de connaissance de la vie dans tous ses aspects.
Enfin, il explique que la vie est merveilleuse et qu'il faut en profiter sous toutes ses facettes, sans avoir peur de quoi que ce soit. C'est une invitation à vivre les bons et les mauvais moments en sachant qu'ils ont un sens, même si nous ne le comprenons pas.