Vatican

Les finances du Vatican, les bilans de l'IOR et de l'Obligation Saint-Pierre

Il existe un lien intrinsèque entre les budgets des Oblats de Saint-Pierre et l'Institut des œuvres de religion.

Andrea Gagliarducci-12 juillet 2024-Temps de lecture : 4 minutes

Il existe un lien étroit entre la déclaration annuelle de la Obole de Saint Pierre et le bilan de l'Istituto delle Opere di Religione, la "banque du Vatican". Parce que l'obole est destinée à la charité du Pape, mais que cette charité s'exprime aussi dans le soutien de la structure de la Curie romaine, un immense "budget missionnaire" qui a des dépenses, mais peu de recettes, et qui doit continuer à payer les salaires. Et parce que l'IOR, depuis un certain temps, verse volontairement ses bénéfices précisément au Pape, et que ces bénéfices servent à alléger le budget du Saint-Siège. 

Pendant des années, l'IOR n'a pas eu les mêmes bénéfices que par le passé, de sorte que la part allouée au Pape a diminué au fil des ans. La même situation s'applique à l'Obolo, dont les revenus ont diminué au fil des ans, et qui a également dû faire face à cette diminution du soutien de l'IOR. À tel point qu'en 2022, il a dû doubler ses revenus en procédant à une cession générale d'actifs.

C'est pourquoi les deux budgets, publiés le mois dernier, sont en quelque sorte liés. Après tout, le Finances du Vatican ont toujours été liés, et tout contribue à aider la mission du Pape. 

Mais examinons les deux budgets plus en détail.

L'orbe de Saint-Pierre

Le 29 juin dernier, les Oblats de Saint-Pierre ont présenté leur bilan annuel. Les recettes sont de 52 millions, mais les dépenses s'élèvent à 103,4 millions, dont 90 millions pour la mission apostolique du Saint-Père. Dans la mission sont incluses les dépenses de la Curie, qui s'élèvent à 370,4 millions. L'obligation contribue donc à hauteur de 24% au budget de la Curie. 

Seuls 13 millions sont allés à des œuvres caritatives, auxquels il faut toutefois ajouter les dons du pape François par l'intermédiaire d'autres dicastères du Saint-Siège, qui s'élèvent à 32 millions, dont 8 millions sont allés à des œuvres caritatives. financé directement par l'Obolo.

En résumé, entre le Fonds Obolus et les fonds des dicastères partiellement financés par l'Obolus, la charité du Pape a financé 236 projets, pour un total de 45 millions. Le bilan mérite cependant quelques observations.

Est-ce là le véritable usage de l'obligation de Saint-Pierre, souvent associée à la charité du Pape ? Oui, car l'objet même de l'obligation est de soutenir la mission de l'Église, et elle a été définie en termes modernes en 1870, après que le Saint-Siège a perdu les États pontificaux et n'avait plus de revenus pour faire tourner la machine.

Cela dit, il est intéressant de constater que le budget des Oblats peut également être déduit du budget de la Curie. Sur les 370,4 millions de fonds budgétés, 38,9% sont destinés aux Eglises locales en difficulté et dans des contextes spécifiques d'évangélisation, pour un montant de 144,2 millions.

Les fonds pour le culte et l'évangélisation s'élèvent à 48,4 millions, soit 13,1%.

La diffusion du message, c'est-à-dire l'ensemble du secteur de la communication du Vatican, représente 12,1% du budget, avec un total de 44,8 millions.

37 millions (10,9% du budget) ont servi à soutenir les nonciatures apostoliques, tandis que 31,9 millions (8,6% du total) ont été consacrés au service de la charité - précisément l'argent donné par le pape François à travers les dicastères -, 20,3 millions à l'organisation de la vie ecclésiale, 17,4 millions au patrimoine historique, 10,2 millions aux institutions académiques, 6,8 millions au développement humain, 4,2 millions à l'éducation, la science et la culture et 5,2 millions à la vie et à la famille.

Les recettes, comme indiqué ci-dessus, s'élèvent à 52 millions d'euros, dont 48,4 millions d'euros de dons. L'année dernière, les dons ont été moins nombreux (43,5 millions d'euros), mais les recettes, grâce à la vente de biens immobiliers, se sont élevées à 107 millions d'euros. Il est intéressant de noter qu'il y a 3,6 millions d'euros de revenus provenant des rendements financiers.

En ce qui concerne les dons, 31,2 millions proviennent de la collecte directe des diocèses, 21 millions de donateurs privés, 13,9 millions de fondations et 1,2 million d'ordres religieux.

Les principaux pays donateurs sont les États-Unis (13,6 millions), l'Italie (3,1 millions), le Brésil (1,9 million), l'Allemagne et la Corée du Sud (1,3 million), la France (1,6 million), le Mexique et l'Irlande (0,9 million), la République tchèque et l'Espagne (0,8 million).

Le bilan de l'IOR

Le site IOR La Commission a versé 13 millions d'euros au Saint-Siège, contre un bénéfice net de 30,6 millions d'euros.

Les bénéfices représentent une amélioration significative par rapport aux 29,6 millions d'euros de 2022. Cependant, les chiffres doivent être comparés : ils vont du bénéfice de 86,6 millions déclaré en 2012 - qui a quadruplé le bénéfice de l'année précédente - à 66,9 millions dans le rapport 2013, 69,3 millions dans le rapport 2014, 16,1 millions dans le rapport 2015, 33 millions dans le rapport 2016 et 31,9 millions dans le rapport 2017, jusqu'à 17,5 millions en 2018.

Le rapport 2019, quant à lui, quantifie les bénéfices à 38 millions, également attribués au marché favorable.

En 2020, année de la crise COVID, le bénéfice est légèrement inférieur, à 36,4 millions.

Mais dès la première année post-pandémique, une année 2021 pas encore affectée par la guerre en Ukraine, la tendance redevient négative, avec un bénéfice de seulement 18,1 millions d'euros, et ce n'est qu'en 2022 qu'il repasse la barre des 30 millions.

Le rapport IOR 2023 parle de 107 employés et de 12 361 clients, mais aussi d'une augmentation des dépôts de la clientèle : +4% à 5,4 milliards d'euros. Le nombre de clients continue de baisser (12 759 en 2022, voire 14 519 en 2021), mais cette fois le nombre de salariés diminue également : 117 en 2022, 107 en 2023.

Ainsi, la tendance négative de la clientèle se poursuit, ce qui doit nous faire réfléchir, sachant que la sélection des comptes jugés non compatibles avec la mission de l'IOR est achevée depuis un certain temps.

Aujourd'hui, l'IOR est également appelé à participer à la réforme des finances du Vatican voulue par le pape François. 

Jean-Baptiste de Franssu, président du Conseil de Surintendance, souligne dans sa lettre de direction les nombreuses récompenses reçues par l'IOR pour son travail en faveur de la transparence au cours de la dernière décennie, et annonce : "L'Institut, sous la supervision de l'Autorité de Surveillance et d'Information Financière (ASIF), est donc prêt à jouer son rôle dans le processus de centralisation de tous les actifs du Vatican, conformément aux instructions du Saint-Père et en tenant compte des dernières évolutions réglementaires".

L'équipe de l'IOR est impatiente de collaborer avec tous les dicastères du Vatican, avec l'Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (APSA) et de travailler avec le Comité d'Investissement pour développer davantage les principes éthiques du FCI (Faith Consistent Investment) en accord avec la doctrine sociale de l'Eglise. Il est essentiel que le Vatican soit considéré comme un point de référence".

L'auteurAndrea Gagliarducci

Évangélisation

Saint Athanase. Fidélité et force d'âme

Le quatrième siècle a été marqué par de grandes hérésies et crises, mais aussi par de grands théologiens qui ont défendu la doctrine catholique, souvent au prix de grandes souffrances. L'un de ces grands Pères est saint Athanase, que l'Église commémore tous les 2 mai.  

Antonio de la Torre-2 mai 2025-Temps de lecture : 5 minutes

Nous avons vu quel formidable tremblement de terre l'hérésie d'Arius a provoqué dans une Église qui entrait dans une ère de stabilité et de prospérité après la paix de Constantin. Les premières années du IVe siècle ont en effet apporté la paix sociale à la chrétienté, mais elles ont aussi été le théâtre d'une longue guerre entre ariens et nicéens. 

Les premiers défendaient les doctrines d'Arius d'Alexandrie qui, pour de nombreux évêques, représentaient un pont vers la culture dominante de l'époque et, pour d'autres, une certaine continuité avec leurs traditions théologiques et culturelles. Les seconds ont défendu l'orthodoxie établie dans la Conseil de NicéeLa doctrine trinitaire et la foi en la divinité du Christ, qu'ils considèrent comme le pilier fondamental du message de salut de l'Église, peuvent être sauvegardées au mieux.

Un évêque combatif et brillant

Dans cet environnement convulsif, et formant une partie importante du second camp, pour ne pas dire son leader, nous trouvons la figure puissante de Saint Athanase. Comme pour d'autres saints pères, nous savons très peu de choses sur son origine et ses débuts dans la vie. Il semble qu'il soit né dans les années antérieures à 300, car au cours des premières décennies du quatrième siècle, il était diacre et proche collaborateur d'Alexandre, l'évêque d'Alexandrie qui devait faire face à l'éclatement de la crise arienne.

En 328, trois ans après le concile de Nicée, il est nommé évêque d'Alexandrie. Il doit affronter les doctrines d'Arius dans le même diocèse que l'hérétique, affecté par d'autres tensions, comme le schisme mélétien. La lutte contre l'arianisme sera une priorité urgente de son magistère épiscopal, qu'il développera tout au long de sa vie dans de brillants écrits pastoraux et théologiques. Il ne néglige pas pour autant l'accompagnement de ses fidèles dans les aspects les plus divers de la vie d'une communauté, comme en témoigne sa vaste collection de Lettres de Pâques. Ils étaient rédigés chaque année pour annoncer Pâques aux diocèses égyptiens qui dépendaient d'Alexandrie.

Face à l'hérésie arienne

Quoi qu'il en soit, l'urgence que saint Athanase perçoit dans la question arienne est motivée par ce qu'elle implique comme un déni du message salvateur de l'Église. En effet, Arius soutient que la Parole (Logos), le Fils de Dieu, ne partage pas l'essence divine avec le Père, étant une sorte de dieu créé (plus conforme à la culture dominante de l'hellénisme néoplatonicien). Mais la tradition chrétienne a affirmé que l'humanité ne pouvait être sauvée, restaurée, renouvelée et recréée que si elle ne faisait qu'un avec un Verbe véritablement divin, comme c'est le cas dans l'Incarnation. Dans ce mystère salvifique par excellence, celui qui s'unit à l'humanité est quelqu'un de pleinement divin, et peut donc communiquer à l'humanité les dons salvifiques de l'incorruptibilité, de l'immortalité, de la divinisation et de la connaissance de Dieu.

En fin de compte, le salut de l'homme n'est possible que si l'humanité est assumée dans l'Incarnation par quelqu'un de véritablement divin. Si le Verbe n'est pas Dieu, l'homme n'est pas sauvé et, en outre, la prédication trinitaire de la tradition chrétienne est invalidée. Compte tenu de la gravité de ces conséquences, on comprend l'urgence avec laquelle saint Athanase a combattu l'hérésie arienne. Cette polémique, cependant, était menée sur un ton très ferme, avec des positions théologiques fortes, peu de condescendance pastorale et une relation avec les évêques et les dirigeants qui n'était pas du tout politique. C'est pourquoi il fut l'objet de dénonciations et de rejets, qui prirent la forme du synode de Tyr en 335, où un comité d'évêques philo ariens força la déposition de saint Athanase et obtint de l'empereur Constantin son bannissement à Trèves, dans la lointaine Gaule.

Les chemins du bannissement

C'est ainsi que commença son long voyage à travers les déserts de l'exil, dans lequel sa ferme adhésion à l'orthodoxie nicéenne et ses relations complexes avec les évêques et les empereurs le conduisirent tout au long de sa vie. Il subit cinq bannissements sous cinq empereurs successifs : Constantin (335-337), Constance I (339-345), Constance II (356-361), Julien (362-363) et Valens (365-366, quelques années après sa mort en 373). Ces expériences ont cependant donné lieu à des réflexions lucides. Ainsi, le Lettre de Pâques X (écrit depuis Trèves) et le Discours contre les Ariensécrites à la même époque, sont deux œuvres fondamentales dans la longue polémique avec l'arianisme.

Lors de son second exil, cette fois à Rome, il rédige son important traité sur les Les décrets du Conseil de Nicée. Le Conseil avait choisi le terme homoousios (de même essence ou nature) pour définir comment le Père et le Fils partagent la même ousia divine. Saint Athanase défendra clairement ce terme, qui identifiera d'ailleurs la partie minoritaire de ces évêques, les homoousiensqui ont défendu l'orthodoxie nicéenne. Parmi eux se trouvait également saint Hilaire, évêque de Poitiers et auteur d'un traité théologique très important À propos de la Trinitéle premier du genre.

Exhortation aux fidèles en Égypte

L'exil suivant fut celui du désert, où il fut envoyé par Constance II. Mais une fois de plus dans cette situation, saint Athanase a enrichi sa pensée et sa production littéraire. Son séjour dans le désert l'a mis en contact avec la grande tradition monastique du désert égyptien, fondée par l'abbé Saint-Antoine. Saint Athanase parle de lui dans son La vie d'AntonioLes moines se présentent comme les gardiens de la véritable tradition doctrinale et spirituelle, et donc comme des adversaires résolus de l'arianisme et des protecteurs de ceux qui, comme saint Athanase, souffrent pour s'y être opposés. Les moines se présentent comme les gardiens de la vraie tradition doctrinale et spirituelle, et donc comme de fermes adversaires de l'arianisme et des protecteurs de ceux qui, comme saint Athanase, souffrent pour s'y être opposés. Afin d'exhorter les fidèles d'Égypte à rester fidèles à la vérité et à ne pas tomber dans les filets du compromis et de la fausse unité, il écrit un vibrant Lettre aux évêques d'Égypte et de Libye. Face à la confusion et à la division des évêques, il les exhorte à ne pas approuver dans leurs diocèses des formules de foi opposées à Nicée ou ambiguës.

La tradition sauvée

Pendant des années, saint Athanase continue d'être impliqué dans des conflits, des tensions ecclésiastiques, des ambiguïtés épiscopales, des crises de succession d'empereurs et des bannissements récurrents. En fait, le tremblement de terre déclenché par Arius ne cessera en Orient que lorsque l'empereur Théodose décrétera l'orthodoxie nicéenne. homoousiana Il fallut attendre le décret de Thessalonique, en 380, pour que l'Église soit considérée comme la seule doctrine admissible dans l'Empire. Bien qu'il n'ait pas vu la fin de la crise, saint Athanase est resté fidèle à sa mission d'expliquer, de défendre et de diffuser la doctrine reçue de la tradition apostolique.

Il continuera d'écrire le Lettres à SérapionNous y trouvons une réflexion importante sur la théologie du Saint-Esprit : le fait que la foi de Nicée déclare que le Père et le Fils partagent la même et unique essence divine ne signifie pas qu'il faille nier la divinité du Saint-Esprit. Bien que saint Athanase ait eu tendance à souligner l'unité au sein de la Trinité (afin de ne pas diminuer la divinité du Fils), il n'a pas oublié la riche tradition théologique alexandrine, qui s'intéressait beaucoup à la diversité des trois personnes divines et à leurs relations mutuelles : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Enfin, nous pouvons souligner son Lettre de Pâques XXXIX (dès 367), dans lequel il expose la tradition du diocèse d'Alexandrie concernant les livres acceptés dans le canon des Saintes Écritures. Il s'agit de l'un des plus anciens exposés de la tradition des Saints Pères sur le canon de la Bible. 

Défense de Nicée

Le courage de saint Athanase, sa force d'âme, sa fidélité à la doctrine reçue de la tradition, son acceptation de l'orthodoxie définie à Nicée et ses brillantes capacités d'écrivain et de théologien font de lui une figure exceptionnelle. Grâce à lui et aux grands Pères du IVe siècle, la doctrine catholique n'a pas succombé à la mondanité de la crise arienne, et l'Église a pu ainsi continuer à soutenir sa mission salvatrice au milieu du monde.

L'auteurAntonio de la Torre

Docteur en théologie

Cinéma

Nefarious : un bon film sur le diable

Le film Néfaste (2023) traite de la lutte entre le bien et le mal à travers la conversation entre un démoniaque condamné à mort et son psychiatre.

José Carlos Martín de la Hoz-2 mai 2025-Temps de lecture : 3 minutes

Le film Néfaste (2023), réalisé par les cinéastes américains Chuck Konzelman et Cary Solomon, présente avec un réalisme remarquable une conversation intense entre un condamné à mort possédé par un démon cruel et intelligent et le psychiatre chargé de l'évaluer en prison. La tension narrative repose presque exclusivement sur le dialogue entre les deux personnages, ce qui crée une atmosphère troublante et profondément réflexive.

Le film est conçu d'un point de vue œcuménique, c'est-à-dire qu'il évite explicitement toute référence particulière au catholicisme, comme l'intercession de la Vierge Marie, les saints, les sacrements ou le sacerdoce ministériel. Cependant, le cœur du message est profondément spirituel et tourne autour de la confiance absolue en Dieu, dont l'action salvatrice est centrale. C'est ce qu'indique l'enseignement même de Jésus-Christ dans le Notre Père : "Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal" (Mt 6,13).

La dureté de l'histoire, parfois difficile à supporter, semble également viser à susciter une réflexion sérieuse sur l'abolition de la peine de mort. En ce sens, le film peut être lu comme un plaidoyer en faveur de la vie, dans la lignée de la modification du Catéchisme de l'Église catholique promue par le pape François.

Un débat moderne sur le mal

La caractérisation des personnages et le rythme des séquences captent immédiatement l'attention du spectateur, qui est plongé dans un véritable débat sur le bien et le mal dans le monde contemporain. Le film démasque les arguments de la post-modernité et confronte le spectateur à une réalité spirituelle souvent ignorée ou ridiculisée.

Dans ce cadre, un grand paradoxe émerge : le diable, Nefarious, travaille depuis l'enfance du psychiatre pour influencer son âme, semant l'athéisme et préparant le terrain pour que, le moment venu, il signe une condamnation à mort. La conversation entre les deux montre comment la négation du spirituel (l'existence de Dieu, du diable, de l'âme) peut cacher le véritable drame intérieur de l'être humain.

Konzelman et Solomon parviennent à faire comprendre, avec une habileté remarquable, comment le psychiatre parvient à se sauver de la possession en retrouvant la foi et la confiance en Dieu. C'est précisément cette invocation qui empêche le démon de pénétrer en lui. Ainsi, le chemin du mal apparaît comme un processus : il commence par l'orgueil et l'égoïsme, passe par la méfiance à l'égard de Dieu et culmine dans son reniement ou dans l'adoration d'une fausse image, déformée par Satan lui-même.

Le film montre clairement et profondément que le rejet de Dieu conduit à une incapacité radicale à traiter le problème du mal, tant dans sa propre souffrance que dans celle des autres. Et lorsque Dieu est nié, le mal devient encore plus incompréhensible et désespéré. Il ne s'agit pas ici de résoudre le problème du mal, mais de l'exposer. Pour une réflexion plus large sur cette question, voir les travaux récents de José Antonio Ibáñez Langlois.

Le mystère de la souffrance et la liberté humaine

Il est important de distinguer deux types de mal : le mal physique et le mal moral. En ce qui concerne le premier, il suffit de se rappeler que la création est un système naturel en équilibre, où certains processus impliquent la douleur ou la destruction, mais ne sont pas dénués de sens. Dieu n'est pas l'auteur du mal, ni directement ni indirectement. Il a créé le monde avec ses lois naturelles et il est toujours présent pour nous aider à donner un sens transcendant à nos maux.

En ce qui concerne le mal moral - le péché - Dieu le permet parce qu'il a voulu avant tout que l'être humain soit libre, capable de choisir le bien et donc d'aimer. La liberté, comme l'a rappelé saint Jean-Paul II dans Splendeur de Veritatisest indissociable de la Vérité, qui est le Christ lui-même : "Voie, Vérité et Vie". C'est pourquoi saint Thomas conçoit la liberté comme une force, saint Josémaria comme une énergie et Edith Stein comme le courage de l'âme libre.

Une réponse chrétienne à la souffrance

Enfin, il convient de souligner l'exposé lucide de la souffrance offert par Saint Jean-Paul II dans Salvifici doloris. Face à la grande question qui s'est posée après l'horreur de l'Holocauste - "Pourquoi Dieu a-t-il permis cela ? Benoît XVI Il a proposé de transformer la réflexion en prière : "Pourquoi, Seigneur, as-tu permis cela ? Et Jean-Paul II a donné une réponse chrétienne et pleine d'espoir : la souffrance peut devenir une vocation, une participation à la croix rédemptrice du Christ. Un mystère qui n'élimine pas la douleur, mais lui donne un sens éternel.

Le mystère du pape

Juste après la fin de la Semaine Sainte, la mort du Pape nous a permis de revivre la Passion du Seigneur. Et le fait est que, dans cette histoire et dans l'Église d'aujourd'hui, il y a deux types de personnes : celles qui sont ouvertes au mystère et celles qui ne comprennent le monde qu'en termes politico-idéologiques.

2 mai 2025-Temps de lecture : 3 minutes

Jésus - comme l'Église aujourd'hui - essayait d'annoncer au monde une bonne nouvelle accessible et compréhensible pour tous, comme le démontrent les foules qu'il a attirées, mais curieusement, parmi les personnages de la Passion, nombreux sont ceux qui ne semblent pas comprendre que Jésus ne cherchait pas le pouvoir religieux ou politique, qu'il ne voulait pas mener une révolution ou attirer les masses pour se rendre fort, que son seul intérêt était de servir, et non d'être servi.

Deux mille ans plus tard, rien n'a changé. Comme dans cette Jérusalem bondée de pèlerins pour les fêtes de Pâques, le battage médiatique autour de la relève du siège de Pierre a donné la parole à une multitude de personnages et de personnalités dont le regard sur l'institution ecclésiale est complètement fermé au message qu'elle porte.

Parmi les personnages, il y a ceux qui se limitent à la regarder avec curiosité, comme Hérode avec Jésus, à la critiquer parce que ses propositions dénoncent le mensonge dans lequel ils vivent, comme Caïphe, ou à la mépriser pour ne pas s'y impliquer parce qu'ils ont des choses plus importantes à penser, comme Pilate avec lui-même.

Parmi les petites gens, il y a ceux qui profitent de l'agitation pour s'enrichir. Il y a ceux qui, face à l'importance du personnage, prennent le train en marche et, bien qu'au fond ils le méprisent, cherchent à en tirer profit, comme le "mauvais" larron ; ceux qui, ayant peur de se montrer, se cachent, comme les disciples ; ou ceux qui, manipulant le message de l'Église, lui font croire qu'il dit ce qu'il ne dit pas, comme les faux témoins lors du procès devant le Sanhédrin. Et à côté d'eux, la multitude des gardes juifs, des soldats romains et de diverses populaces qui profitent de l'occasion pour insulter, cracher, fustiger, se moquer ou accuser les disciples du Nazaréen.

Ceux qui, ayant mangé et bu avec le Seigneur, et étant des membres plus ou moins éminents de la communauté, n'interprètent le moment de la succession qu'en termes d'intérêt humain et se placent déjà dans la meilleure position pour leur propre bénéfice, méritent une place à part. Certains ont même dénoncé "l'infantilisme religieux" de ceux qui croient en l'action du Seigneur. Esprit Saint pendant le processus d'élection d'un nouveau pape, laissant entendre que le conclave n'est rien d'autre qu'un jeu de pactes. Ils sont comme celui qui pensait qu'après son baiser, Jésus allait se révéler avec une armée d'anges et le mettre à une place privilégiée. Le pauvre, il n'avait rien compris !

Face à ces personnages et à ces petites gens, d'autres figures plus ou moins grandes qui ont compris que le Royaume que Jésus était venu établir était "autre chose". En commençant par Marie, Jean et les saintes femmes qui l'ont accompagné au pied de la croix ; en continuant avec Joseph d'Arimathie, Nicodème, les filles de Jérusalem ou le Cyrénéen, jusqu'au centurion romain qui a reconnu le mystère, en voyant cette loque aux yeux du monde et en proclamant : " Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ". Ils ont vu ce que les autres n'ont pas vu.

Le mystère de l'action de l'Esprit Saint dans l'élection du Pape, comme le mystère de l'Église, est bien défini par le Concile Vatican II qui dit de l'Église qu'elle est "comme un sacrement". De même que les sacrements (baptême, eucharistie, confession...) manifestent visiblement l'action de la grâce invisible du Christ, de même l'Église, en tant que sacrement universel du salut, rend le Christ présent partout où elle va, malgré la difficulté de le voir incarné dans des êtres humains faibles et pécheurs.

Alors que François repose déjà à Santa Maria Maggiore, une nouvelle "Passion" commence, une mise à nu publique de l'Église visible jusqu'à l'élection du nouveau pape. Il y aura beaucoup de spéculations, de jugements infondés ou intéressés... À quel personnage nous identifierons-nous ? Serons-nous capables de comprendre que le Royaume n'est pas de ce monde ? Serons-nous capables de voir l'Église visible comme le sacrement du Christ, tout comme le Christ était le sacrement du Père et que beaucoup n'ont pas su le voir ? Ce n'est pas si difficile à comprendre pour ceux qui, agenouillés devant un simple morceau de pain, et ignorant ceux qui les accusent d'avoir des croyances enfantines, sont capables de s'exclamer : "Vraiment, celui-ci est le Fils de Dieu ! Joyeuses Pâques !

L'auteurAntonio Moreno

Journaliste. Diplômé en sciences de la communication et licencié en sciences religieuses. Il travaille dans la délégation diocésaine des médias à Malaga. Ses nombreux "fils" sur Twitter sur la foi et la vie quotidienne sont très populaires.

Vatican

Tout est prévu à Santa Marta

Des adaptations appropriées ont déjà été apportées à l'hôtel des Cardinaux afin de préserver les communications et les contacts avec le monde extérieur.

OSV / Omnes-2 mai 2025-Temps de lecture : 4 minutes

Par Cindy Wooden, OSV.

Saint Jean-Paul II a fait construire la Domus Sanctae Marthae principalement pour loger les cardinaux dans un confort simple lors d'un conclave.

Le pape François, qui y a séjourné pendant le conclave qui l'a élu en 2013, a décidé d'y vivre de manière permanente au lieu de s'installer dans les appartements pontificaux du Palais apostolique.

Cette décision, qui s'ajoute au dépassement de la limite de 120 cardinaux âgés de moins de 80 ans, signifie que le Vatican se trouve à nouveau dans l'obligation de trouver des endroits où les cardinaux peuvent dormir pendant un conclave.

Lorsqu'ils ne sont pas dans la chapelle Sixtine, assis sous les fresques de Michel-Ange pour voter pour le prochain pape, les cardinaux électeurs ont besoin d'un endroit pour se reposer, discuter et manger.

Les cardinaux électeurs sont ceux qui ont moins de 80 ans, selon les règles établies par saint Paul VI, qui a également fixé une limite de 120 cardinaux électeurs à la fois. Saint Jean-Paul II a régulièrement dépassé ce nombre, mais a toujours précisé qu'il le faisait à titre temporaire et qu'il ne modifiait pas la limite.

Après les consistoires de 2001 et 2003, le Collège des cardinaux de saint Jean-Paul II comptait temporairement 135 électeurs, mais après la création des cardinaux en décembre, le pape François a porté ce nombre à 141. Toutefois, après la création des cardinaux en décembre, le pape François a porté ce nombre à 141. Entre les anniversaires et les décès, le nombre d'électeurs a été ramené à 135 le 21 avril, date de la mort du pape François.

La Domus Sanctae Marthae est une résidence de cinq étages qui a été achevée en 1996, spécialement pour accueillir un conclave. Auparavant, les cardinaux dormaient sur des lits de camp dans de petites pièces étouffantes situées à côté de la chapelle Sixtine.

Avant que le pape François ne décide de s'y installer, le bâtiment abritait une poignée de résidents à temps plein, ainsi que des invités clercs et laïcs participant aux conférences et aux événements du Vatican.

Comme par le passé, pour le conclave, la plupart des 131 salles seront libérées et les cardinaux y seront installés.

L'exception est le bloc de chambres utilisé par le pape François et scellé après sa mort. La partie papale du bâtiment occupe environ la moitié de ce que l'on appellerait en Europe le premier étage et aux États-Unis le troisième étage. Les pièces scellées comprennent : deux suites utilisées par le pape François, une pour chacun de ses deux secrétaires, une pour le personnel de sécurité et une qui servait de bureau aux secrétaires. En outre, une petite chapelle se trouve au bout du couloir.

Il reste donc environ 125 chambres pour 133 personnes, Matteo Bruni, directeur du bureau de presse du Vatican, ayant déclaré que deux des 135 cardinaux éligibles étaient trop malades pour participer au conclave.

Un représentant du Collège des cardinaux a déclaré au Catholic News Service en janvier que les cardinaux utiliseraient également des appartements vides dans l'immeuble voisin, le "vecchio" ou "vieux" Santa Marta.

Même lorsqu'il y a suffisamment de chambres pour tout le monde, les règles très formelles d'un conclave prévoient que les cardinaux doivent tirer au sort les chambres.

Bien que le bâtiment offre un confort relatif, il ne s'agit pas d'un hôtel de luxe. Il y a 105 suites de deux pièces et 26 chambres individuelles. Chaque chambre dispose d'un lit, d'une commode, d'une table de chevet, d'un porte-manteau et d'une salle de bain privée avec douche. Les suites disposent également d'un coin salon avec un bureau, trois chaises, une armoire et une grande penderie.

La Domus, communément appelée "Santa Marta", est située à l'intérieur des murs du Vatican et ses étages supérieurs sont visibles depuis les immeubles d'habitation de Rome. Pour le conclave de 2005, les volets des fenêtres ont été fermés afin que personne ne puisse voir à l'intérieur. Bien entendu, cela signifiait également que les cardinaux ne pouvaient pas voir à l'extérieur.

La plupart des cardinaux se rendront en bus à la chapelle Sixtine pour les séances de vote biquotidiennes. Toutefois, lors des conclaves de 2005 et 2013, certains cardinaux ont insisté pour marcher, sous le regard protecteur de la sécurité du Vatican, derrière la basilique Saint-Pierre et jusqu'à la chapelle.

Le bâtiment sera inaccessible aux personnes non autorisées pendant le conclave, mais du personnel sera nécessaire pour la cuisine et le nettoyage. Le cardinal américain Kevin J. Farrell, actuel camarlengo, et trois cardinaux assistants doivent vérifier l'aptitude du personnel.

Ceux qui ont passé la vérification - les sacristains, les prêtres qui seront disponibles pour entendre les confessions des cardinaux, les médecins, les infirmières, les liftiers, le personnel des services techniques, le colonel et le major de la Garde suisse pontificale, ainsi que le directeur des services de sécurité de l'État de la Cité du Vatican et certains de ses assistants - prêteront un serment formel de secret le 5 mai. La divulgation d'informations sur les élections est passible d'excommunication.

Ils doivent également "promettre et jurer de s'abstenir d'utiliser tout équipement audio ou vidéo capable d'enregistrer tout ce qui se passe pendant la période électorale dans la Cité du Vatican".

Toutes les chambres de Santa Marta sont équipées de téléphones, mais il est interdit aux cardinaux de les utiliser pour appeler des personnes extérieures au conclave. Les connexions Internet et le système international de télévision par satellite seront coupés pendant le conclave.

Le bâtiment dispose également d'une grande salle de réunion, de plusieurs salons et d'une salle à manger. Au rez-de-chaussée se trouve la chapelle principale, la chapelle du Saint-Esprit, de forme triangulaire, ainsi que quatre chapelles privées, situées au bout des couloirs du troisième et du cinquième étage de chacune des deux ailes du bâtiment.

L'auteurOSV / Omnes

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Le nom de l'avenir de l'Église

La mort du pape François clôt un cycle et en ouvre un autre dans l'Église, qui continue à vivre de l'action de Dieu et de l'engagement de ses fidèles.

2 mai 2025-Temps de lecture : 2 minutes

De nombreuses horloges se sont arrêtées le 21 avril. Les décès de FrançoisLe 266e pape de l'Église catholique a clôturé le pontificat de 12 ans de Jorge Mario Bergoglio et a ouvert une nouvelle ère dans l'histoire de l'Église.

Entre le moment où le cardinal de Buenos Aires a accédé à la chaire de Pierre, en mars 2013, et sa mort, le lundi de Pâques 2025, le monde a connu des changements significatifs qui ont façonné un panorama de l'avenir très différent de celui qui semblait se dessiner en 2013. L'Église a également connu, au cours de ces années, diverses situations qui ont laissé des questions ouvertes pour la prochaine papauté. 

Les spéculations vont bon train sur les défis que devra relever le pape qui succédera à François à la tête de la barque de Pierre (un nom que nous connaissons peut-être déjà à l'heure où vous lisez ces lignes). Dans les jours qui précèdent l'élection du Pontife romain, il me reste l'idée soulignée par de nombreux cardinaux : l'histoire de l'Église doit être lue comme une succession, une progression qui n'a pas de sens si l'on traite chaque pontificat de manière atomisée. 

Lorsque nous parlons de l'Église - et ces dernières semaines, on en a parlé jusqu'à saturation, surtout de la part d'organismes qui connaissent peu ou pas du tout la famille des fidèles catholiques - il est presque impossible de dresser un portrait qui rende justice à la diversité des espaces et des environnements dans lesquels s'incarne le Corps mystique du Christ. Nous avons tendance à analyser l'Église d'un point de vue personnel, souvent trop humain et certainement réducteur. 

Considérer l'Église comme un ensemble de dynamiques de pouvoir est peut-être l'un des grands dangers de la société actuelle, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Église. Il est vrai que nous ne pouvons pas tomber dans la puérilité absurde de ne pas vouloir reconnaître que, en tant qu'institution composée d'hommes, ils n'ont pas plus de péchés que nous le voudrions. Mais s'il est une chose qui apparaît clairement dans des moments tels que l'ouverture d'un nouveau pontificat, c'est que l'Église "Elle n'est pas une association humaine, née d'idées ou d'intérêts communs, mais d'une convocation de Dieu. Il l'a convoquée et elle est donc une dans toutes ses réalisations". (Benoît XVI, Audience générale, 15-10-2008).

Il est bien connu que l'anecdote de la Cardinal Consalvi lorsque Napoléon a menacé de détruire l'Église : "Je détruirai votre Église, Ce à quoi Consalvi a sagement répondu "Pendant dix-neuf siècles, nous (les catholiques) avons fait de notre mieux pour la détruire, mais nous n'y sommes pas parvenus. Napoléon, comme ils le font encore deux siècles plus tard, n'avaient sans doute pas intégré cette action de l'Esprit Saint dans l'Église. 

De quoi l'Église de demain a-t-elle besoin ? De la même chose qu'aujourd'hui : l'engagement de chacun de ses membres, du pape au dernier baptisé, à mettre en pratique cet appel à la sainteté, à la mission et au témoignage par lequel Dieu agit en tout point de la terre.

Écologie intégrale

Monica Santamarina : "François était convaincu que les femmes peuvent et doivent contribuer à l'Église".

Mónica Santamarina, présidente générale de l'Union mondiale des organisations féminines catholiques et de son Observatoire mondial des femmes, fait le point sur les progrès réalisés en matière d'inclusion des femmes dans l'Église au cours du pontificat du pape François.

Paloma López Campos-2 mai 2025-Temps de lecture : 6 minutes

Mónica Santamarina est la présidente générale de la Union mondiale des organisations féminines catholiques et son Observatoire mondial des femmes. Son expérience professionnelle lui permet de voir de très près la réalité de nombreuses femmes dans le monde, y compris au sein de l'Église. C'est pourquoi, dans cet entretien, elle analyse les progrès réalisés au cours du pontificat de François en faveur d'une plus grande inclusion des femmes. En même temps, elle propose des mesures qui aideront à continuer à s'améliorer dans ce domaine.

Selon vous, comment le pape François a-t-il abordé le rôle des femmes dans l'Église par rapport à ses prédécesseurs ? Quelles ont été les avancées les plus significatives au cours de son pontificat ?

– Tanto Saint Jean Paul IIcomme Benoît XVILe Pape, surtout le premier, a parlé et promu à travers son magistère le rôle pertinent des femmes dans l'Église et l'importance de l'assumer pleinement. Mais c'est sans conteste le pape François qui a abordé la question avec beaucoup plus de force, de clarté et d'ouverture, lui conférant ainsi une plus grande pertinence.

Il convient tout d'abord de souligner l'importance de la constitution apostolique ".Praedicate Evangelium"(2022), où il est précisé que chacun peut diriger un dicastère, ce qui inclut les laïcs, hommes et femmes, qui peuvent être nommés pour exercer des fonctions de gouvernance et de responsabilité au sein de la Curie romaine. C'est à partir de là que l'on commence vraiment à voir une plus grande présence de laïcs et de femmes à des postes de responsabilité dans l'Église.

En outre, le discours du Saint-Père a été encore plus percutant : 

  • Sa conviction pleine et évidente de tout ce que les femmes peuvent et doivent apporter à l'Église, y compris leur leadership et leur participation à la prise de décision, selon leur vocation, leurs charismes et leurs ministères propres et dans les limites claires de ce qui correspond exclusivement au sacerdoce.
  • Le témoignage qu'il a donné en plaçant des femmes à des postes clés dans les dicastères et autres organes de la Curie romaine.
  • L'inclusion de femmes dans la dernière Assemblée synodale, dont beaucoup ont pu s'exprimer et voter. 

Le pape François a parlé de l'importance d'une plus grande participation des femmes à la prise de décision au sein de l'Église. Comment évaluez-vous les progrès concrets à cet égard, en particulier en ce qui concerne les postes de direction et de responsabilité ?

- Fidèle à son discours et à sa conviction de la capacité et de la coresponsabilité des femmes dans une Église synodale missionnaire, le pape François a commencé par placer des femmes à certains des postes les plus importants dans divers dicastères et autres organes ecclésiastiques historiquement confiés à des hommes.

Nous avons donc aujourd'hui trois femmes membres du Dicastère des évêques, dont l'ancienne présidente générale de notre organisation, Mme Maria Lia Zervino. Nous avons Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Secrétariat général du Synode des évêques, dont le travail a été et est indispensable à la réforme synodale de l'Église.

Alessandra Smerilli, Secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral et Dr. Linda Ghisoni et Prof. Gabriella Gambino, Sous-Secrétaires du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Toutes ces personnes, et bien d'autres encore, ont sans aucun doute accompli un travail remarquable et démontré la grande capacité des femmes.

Enfin, après un long parcours, le pape a annoncé, en janvier, la nomination de la première femme au poste de préfet du dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique : Sœur Simona Brambilla. Tout cela était impensable il y a peu.

Selon vous, quelles sont les mesures qui doivent encore être prises pour garantir une plus grande inclusion des femmes dans ces espaces ?

- Le problème est que cette conviction du pape François, déjà élevée au rang de magistère de l'Église après l'Assemblée synodale, n'est pas partagée par tous les évêques, prêtres, religieux et religieuses, ni par les laïcs eux-mêmes, hommes et femmes.

Nous devons surmonter le cléricalisme encore présent dans le monde et le remplacer par une culture du dialogue et de la confiance dans laquelle tous les membres du peuple de Dieu peuvent reconnaître les vertus, les charismes, la vocation, les ministères et le potentiel de chacun. Une culture où nous sommes tous convaincus que, à partir du rôle qui nous correspond, nous sommes tous coresponsables du présent et de l'avenir de l'Église et que ce n'est qu'en marchant main dans la main et en apportant chacun les charismes que l'Esprit Saint nous a donnés, que nous pourrons construire une Église plus fidèle à sa mission, plus crédible et plus proche de tous, en particulier des plus vulnérables.

À cette fin, quelques mesures viennent à l'esprit :

  • Reprendre l'étude de certains points fondamentaux du "Preadicate Evangelium" et rendre plus accessibles et connus de tous, à travers les paroisses, les associations, les groupes, les universités, etc. les résultats du Document final du Synode sur la Synodalité, Magistère de l'Église, qui traite de ces thèmes. Ce document contient déjà des indications très concrètes qui constituent un guide pour la mission des Églises dans les différents continents et dans les différents contextes. 
  • Partager les bonnes pratiques et les réussites des femmes à différents niveaux de responsabilité dans l'Église, où, en travaillant main dans la main avec l'évêque, les prêtres et les autres fidèles, elles ont accompli de grandes choses pour le bien de l'Église.
  • Travailler beaucoup dans les séminaires et avec les jeunes et les enfants, les jeunes hommes et les jeunes femmes, dans les écoles et les familles, continuer à changer petit à petit cette culture cléricaliste avec certains relents de machisme ....
  • Promouvoir l'éducation au dialogue, à l'écoute et au discernement dans la prière (dans un style synodal) à chaque occasion et éviter autant que possible les confrontations violentes stériles, verbales, écrites ou de toute autre nature, qui ne servent qu'à éloigner les positions.
  • L'Église devra définir rapidement et clairement les points de débat tels que le diaconat des femmes, l'écoute éventuelle de l'ensemble du peuple de Dieu dans la nomination des évêques et d'autres questions qui sont actuellement étudiées dans les dix groupes d'étude mis en place par le pape François. 
  • Nous devons travailler dur à la formation théologique et pastorale des femmes, en particulier des femmes laïques, afin que nous puissions assumer sans crainte les responsabilités qui sont les nôtres.

En termes de formation théologique et pastorale, comment évaluez-vous la situation actuelle des femmes dans le monde universitaire ecclésial ? Quels sont les défis auxquels elles sont confrontées pour accéder à des postes plus influents dans ce domaine ?

- Il reste encore beaucoup à faire dans la formation théologique et pastorale des femmes, en particulier des femmes laïques. Traditionnellement, les meilleures bourses et possibilités d'études ont été accordées aux prêtres et religieux masculins.

Je pense que les défis les plus importants sont les suivants :

  • Que les bourses d'études et les places dans les universités et les écoles théologiques et pastorales soient accordées de manière égale aux hommes et aux femmes, en tenant compte avant tout de leurs capacités.
  • Les évêques, les supérieurs et les dirigeants des diocèses, des paroisses, des organismes catholiques et des organisations à différents niveaux doivent être conscients du fait qu'investir du temps et des ressources financières dans les femmes, religieuses et laïques, est un excellent investissement, compte tenu du "grand rendement que de tels investissements peuvent avoir".
  • Ouvrir aux femmes des domaines qui leur ont été fermés et pour lesquels elles ont une grande expérience et des dons, comme la présidence des tribunaux ecclésiastiques où sont entendues les affaires familiales. 
  • Que les hommes et les femmes, laïcs et religieux, soient formés ensemble afin qu'ils puissent partager leurs expériences et leurs besoins particuliers et être mieux préparés à servir l'ensemble du peuple de Dieu.

Le pape François a encouragé la synodalité, qui promeut la participation active de tous les membres de l'Église. Comment pensez-vous que cette culture pourrait transformer le rôle des femmes dans l'Église au niveau mondial et local ?

- Le document contient déjà des indications très concrètes qui constituent un guide pour la mission des Églises, dans les différents continents et dans les différents contextes. C'est maintenant à nous tous, évêques, prêtres, religieux, consacrés et laïcs, unis dans la diversité, de travailler pour faire vivre le synode, pour rendre le contenu du document final accessible à tous et pour changer la culture et la vie du Peuple de Dieu dans nos réalités respectives. Et dans tout cela, nous, les femmes, avons un rôle très important à jouer, à la fois dans nos propres organisations, paroisses et communautés, et aux niveaux diocésain, national et international.

L'objectif est clair : cheminer vers un renouveau spirituel et une réforme structurelle pour rendre l'Église plus participative et missionnaire ; une Église où tous, y compris bien sûr les femmes, à partir de notre propre vocation, charisme et ministère, nous nous écoutons les uns les autres et apprenons à discerner ensemble, guidés par la lumière de l'Esprit Saint, les meilleurs moyens d'apporter l'amour de Dieu aux autres ; une Église missionnaire qui sait aller à la rencontre des hommes et des femmes de notre temps, en particulier de ceux qui en ont le plus besoin, en tenant compte des circonstances de chaque lieu ; une Église dans laquelle les femmes et les laïcs, dûment formés, peuvent participer à la prise de décision et assumer le leadership et la coresponsabilité qui nous correspondent à différents niveaux.

Je conclurai en disant qu'à l'UMOA, nous sommes de grands promoteurs de la synodalité ; en fait, nous avons ouvert il y a plus d'un an une école de synodalité grâce à laquelle nous avons déjà formé plus de 250 facilitateurs, pour la plupart des femmes, venant de 49 pays, et nous avons eu des conversations sur l'esprit au niveau mondial auxquelles ont participé près de 700 femmes de 78 pays.

En cette année jubilaire, nous sommes déterminés à poursuivre le voyage synodal avec espoir et à continuer à former des missionnaires de la synodalité, afin que dans nos propres familles, organisations, communautés, paroisses et diocèses, l'Église puisse être transformée.

Évangélisation

Saint Joseph le travailleur, la valeur et la dignité du travail

L'Église célèbre Saint Joseph Travailleur le 1er mai. Cette fête du saint patron et protecteur de l'Église a été instituée par Pie XII en 1955 et invite à réfléchir à la valeur divine et à la dignité du travail.  

Francisco Otamendi-1er mai 2025-Temps de lecture : 2 minutes

La liturgie célèbre aujourd'hui Saint Joseph Travailleur, une fête instituée par Pie XII en 1955, au cours de laquelle l'Église se souvient du saint patron des travailleurs, ainsi que de la valeur divine et de la dignité du travail. 

Ces derniers temps, les papes ont accordé une place particulière à la figure de saint Joseph. Il y a un an aujourd'hui, le pape François a posté un tweet sur le compte @Pontifex du réseau X, dans lequel il a déclaré : "Aujourd'hui, nous célébrons la mémoire du #StJosephTravailleur. Demandons au Seigneur de renouveler et d'accroître notre foi, afin que notre travail trouve en lui son commencement et son accomplissement". En même temps, il a proposé à nouveau "la Sainte Famille de Nazareth comme modèle de communauté domestique : une communauté de vie, de travail et d'amour".

San José, rôle central

François a publié la lettre apostolique "La vie de l'homme", qui est le fruit d'un travail de longue haleine.Patris cordeLe 8 décembre 2020, en pleine pandémie, qui commence ainsi : "Avec un cœur de père, Joseph a aimé Jésus...". "Après Marie, Mère de Dieu, aucun saint n'occupe autant de place dans le magistère papal que Joseph, son époux", écrit le pape. "La grandeur de saint Joseph consiste dans le fait qu'il a été l'époux de Marie et le père de Jésus". 

"Mes prédécesseurs, a-t-il ajouté, ont approfondi le message contenu dans les quelques données transmises par les Évangiles afin de mettre en évidence son rôle central dans l'histoire du salut : la bienheureuse Pie IX l'a déclaré "Patron de l'Église catholique", le vénérable Pie XII l'a présenté comme le "Saint Patron des travailleurs", et Saint Jean Paul II comme 'Gardien du Rédempteur'".

L'un des qualificatifs utilisés par le pape François est, au point 6, celui de "père travailleur".. Et il a souligné : "Un aspect qui caractérise saint Joseph et qui a été souligné depuis l'époque de la première encyclique sociale, "Rerum novarum" de Léon XIII, est sa relation au travail. Saint Joseph était un charpentier qui travaillait honnêtement pour assurer la subsistance de sa famille. C'est de lui que Jésus a appris la valeur, la dignité et la joie de manger le pain qui est le fruit de son propre travail".

Importance du travail

Le 1er mai 2005, à l'occasion du "Regina caeli" de la fête d'aujourd'hui, le nouveau président élu de la Commission européenne, le Dr. Benoît XVIIl a déclaré sur la place Saint-Pierre : "Aujourd'hui, nous commençons le mois de mai avec une mémoire liturgique profondément enracinée dans le peuple chrétien, celle de saint Joseph le travailleur. Et, comme vous le savez, je m'appelle Joseph. Elle a été instituée par le pape Pie XII, de vénérable mémoire, il y a précisément cinquante ans, pour souligner l'importance du travail et de la présence du Christ et de l'Église dans le monde du travail".

Il est également nécessaire de témoigner, dans la société d'aujourd'hui, de l'"évangile de la paix". travailJean Paul II a parlé dans son encyclique de "l'avenir de l'Europe".Laborem exercens'. J'aimerais ne jamais manquer le travailEnfin, je pense à Marie : le mois de mai lui est particulièrement dédié".

L'auteurFrancisco Otamendi

Ressources

Le modèle de sainteté de la Vierge Marie

Le mois de mai est le mois dédié à la Vierge Marie, une période où les fidèles intensifient la prière du Rosaire et les manifestations d'amour marial. C'est une période de dévotion particulière, marquée par des fleurs, des chants et des actes de piété populaire.

Ángel Castaño Félix-1er mai 2025-Temps de lecture : 4 minutes

L'Église célèbre les saints parce qu'elle découvre en eux la puissance de la grâce de Dieu et la coopération de la créature. Cela est particulièrement vrai pour la Vierge Marie, appelée à être la Mère de Dieu. Être mère, ce n'est pas seulement engendrer, c'est aussi élever, nourrir corporellement et spirituellement, éduquer, corriger, exhorter, être un modèle et un exemple pour l'enfant. La sainteté que Dieu a voulue pour Marie s'explique donc par sa maternité. Elle s'étend à nous, car elle a été trouvée fidèle. Au pied de la Croix, elle est aussi déclarée notre mère. Et elle exerce sa "fonction", de sorte qu'en étant notre mère, elle devient aussi, après le Seigneur, un modèle de sainteté. Je propose ce thème sur la base de l'Exhortation Gaudete et Exsultate du Pape François, qu'il soit glorifié, qui nous a été donné en 2018.

Le Pape nous a d'abord rappelé l'hymne d'Ephésiens 1,3-4 : Dieu nous a choisis dans le Christ avant la fondation du monde pour que nous soyons saints et irréprochables en sa présence par l'amour. Ce verset est à la base de l'appel universel à la sainteté, mais il affirme surtout que nous existons pour être saints, c'est pourquoi nous avons été éternellement choisis.

La sainteté n'est pas une tâche parmi d'autres, mais la mission fondamentale, celle qui définit notre être et le succès ou l'échec absolu de notre existence. La bonne vie, la vie sainte, ne consiste pas à être bien, à être à l'aise, à être heureux, à être réconforté, à réussir. La bonne vie est la vie vertueuxla vie de sainteté.

Gaudete et Exsultate affirme que la sainteté est une grâce déjà donnée, car elle est le fruit du baptême que nous avons reçu. La sainteté n'est pas le résultat de toutes nos œuvres, elle est le fruit d'une première grâce qui fait de nous des temples de Dieu. Cela s'est produit le jour de notre baptême. La sainteté vécue est le fruit et le développement de cette première sainteté, elle consiste à la faire grandir, à nous ouvrir, dans le bon usage de notre liberté, de plus en plus à la puissance de la grâce et à la force de l'amour qui transforme le cœur et change la vie.

"La sainteté se mesure à la stature que le Christ atteint en nous", poursuit le pape. Saint Paul exhortait ses fidèles à vivre de manière à ce que le Christ grandisse en eux jusqu'à la mesure de la plénitude. La sainteté est toujours en relation avec le Seigneur : il ne s'agit pas de se mesurer à Lui de l'extérieur, mais d'entrer en communion avec Lui de manière à ce qu'Il vive en nous.

C'est là que nous trouvons la Vierge Marie comme modèle de sainteté. Elle a cru et obéi à la parole de l'ange Gabriel. En réponse, Dieu le Père a envoyé sur elle l'Esprit Saint, et elle a été remplie de Dieu, concevant le Fils de Dieu.

Sainte Elisabeth de la Trinité demande, dans son Élévation à la Très Sainte Trinité, que l'Esprit Saint opère en elle une "incarnation diminutive" : par la foi, le Christ a été engendré dans vos cœurs. La demande de sainte Elisabeth s'exprime ici d'une autre manière : le Christ engendré dans le cœur, intimement présent en nous, réellement et personnellement présent, vivant en nous son propre mystère.

Ce fut sans aucun doute le centre de la vie intérieure de la Vierge Marie, aussi bien pendant sa grossesse qu'après la Pentecôte... Cette attention aimante qui rend les actes ordinaires extraordinaires parce qu'ils sont ceux de Jésus en nous et avec nous, ou les nôtres en lui. La vie que nous avons est et doit être avant tout la vie du Christ en nous, la continuation de la vie de Jésus.

Cela s'est réalisé dans la vie de la Vierge Marie. Fruit de la grâce qu'elle a reçue avec perfection dès le premier instant de son existence et qu'elle a renouvelée avec fidélité à chaque instant ultérieur. Que faire quand l'activité est trop grande, ou quand les forces manquent ? Désirer ces moments de silence pour trouver le Seigneur non seulement dans la communauté et dans les sœurs, mais dans le silence de notre cœur, aussi réellement présent que dans le Tabernacle... Et si nous n'avons plus la force, la mémoire... de chercher le Seigneur en nous-mêmes, nous devons réveiller notre foi, croire qu'il en est vraiment ainsi, même si nous ne le sentons pas, et aimer et prier... aimer le Père et prier pour tous les hommes et pour leurs besoins.

Et c'est là l'essence de la dévotion à la Vierge Marie. S'entretenir avec la Vierge à ce sujet, se remettre vraiment entre ses mains et apprendre d'elle à "garder et garder" les choses dans notre cœur, en y découvrant la présence même de Dieu. C'est ainsi que le Seigneur grandira en nous, et pour cela il n'est jamais trop tard : disposer notre cœur, arracher les mauvaises herbes, nous abandonner aux soucis, nous vider de notre propre volonté, de notre honneur et de notre renommée... ce n'est que dans le silence, lorsque par la grâce de Dieu nous faisons taire le désir de tout ce qui n'est pas le Seigneur, que notre cœur peut se reposer en Lui et chercher une prière de présence au Seigneur.

C'est-à-dire, comme elle et avec elle : "nous donner entièrement à Jésus-Christ, être son instrument fidèle, lui donner libre cours en nous... ne vivre que pour le Christ et en son nom" : non pas que le Christ vive notre vie, mais qu'il vive sa vie en nous. Comme en Marie. Lorsque nous nous approchons d'elle, elle nous transmet sa foi, son espérance et sa charité.

L'auteurÁngel Castaño Félix

Professeur à l'université ecclésiastique de San Dámaso.

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Des lumières qui ne s'éteignent pas

Une histoire quotidienne parmi tant d'autres, mais qui, le lundi 29 avril dernier en Espagne, est devenue presque une aventure avec la "panne" d'électricité et de communications subie pendant plus de 14 heures.

1er mai 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Lundi 28 avril, nous avons subi la "panne du siècle" dans toute la péninsule ibérique. Tout le monde a été coupé de la communication, les batteries de nos téléphones se sont vidées à force de les débloquer pour voir s'ils avaient une connexion, les télévisions se sont éteintes... Que dire si beaucoup d'entre vous, lecteurs, l'ont vécu !

Je peux dire que j'ai passé une journée de black-out "hors de ma zone de confort", (un jour, si vous voulez, nous commenterons que, en fait, je pense que je n'ai pas de zone de confort). zone de confort...) mais là où il faut.

Je suis une mère de famille nombreuse travaillant à Madrid. Je travaille très près de mes enfants. En cas de circonstances extraordinaires, je peux m'occuper d'eux et faire du télétravail, rattraper les heures..., je ne peux pas avoir plus de flexibilité et de facilités. Je me considère très chanceuse pour cela.

Mais la panne m'a surprise à 400 kilomètres de toutes ces installations, de mon mari, de mes enfants et de mes amis. La panne m'a surprise à Cordoue, où je m'occupais de ma mère qui venait de subir une intervention chirurgicale. Mon voyage de retour était prévu pour le mardi 29, et j'ai pu le faire parce qu'à la gare, on nous mettait dans le train par destination, sans regarder les heures ou les dates sur les billets.

L'état de ma mère n'était pas grave, mais je devais être à ses côtés, lui donner son traitement et lui tenir compagnie. Quand on a 83 ans et qu'on vit seul, tout changement de routine ou tout nouvel inconfort peut être une véritable nuisance. Dieu sait que si elle avait été seule lors de la panne d'électricité, la journée aurait été pénible pour elle. Avec cet "abandon physique" que seuls nos aînés, survivants isolés d'une pandémie, connaissent. Involontaire, mais résultat de la complication des vies de leurs enfants.

Je souffrais de ne rien savoir de mes enfants et de mon mari, mais je savais que Dieu voulait que je tienne compagnie à ma mère en ce jour très différent.

Nous avons lu (il ne peut pas lire pendant quelques jours, et je lui ai lu une partie du livre qu'il est en train de lire, "Trust in God" de Jacques PhilippeNous avons prié le chapelet, écouté la radio et parlé de beaucoup de choses.

Nous avons adressé plusieurs cartes de prières au serviteur de Dieu Isidoro Zorzano, car "il travaillait sur les trains" me disait ma mère. Chaque photo était suivie d'une bonne nouvelle : un SMS de mon mari me disant qu'ils étaient super, dans un parc près de chez moi ; d'autres messages de mes frères et sœurs, et petit à petit, l'électricité est revenue partout.

Le lendemain a commencé avec une certaine incertitude et la douleur de la quitter et de retourner à mes occupations..., mais avec la certitude qu'il y a des lumières qui ne s'éteignent pas : l'amour d'une mère, le sacrifice pour ses enfants, la foi que Dieu prend soin de nous et ne nous laisse jamais seuls, la générosité du directeur de l'école (qui sait que vous êtes loin et vous écrit : vos enfants sont arrivés à l'école).

Face à ces lumières, il n'y a pas de pannes.

Livres

Le succès du programme "Grands livres

La lecture, le débat et l'écriture sur les Grands Livres ont un but formatif, cherchant à avoir un impact profond sur l'apprenant en lui faisant vivre une expérience transformatrice avec ses pairs.

Álvaro Gil Ruiz-1er mai 2025-Temps de lecture : 5 minutes

Depuis plus de cent ans, des cours ont été développés dans lesquels l'éducation libérale et les humanités sont présentes dans les programmes de base de certaines universités américaines, telles que Chicago ou Columbia.

Sous le nom de Core Curriculum, un programme de matières a été développé sur la base de l'idée qu'une éducation humaine est nécessaire dans une société libre. Il s'agit, entre autres, de lire les classiques de la littérature afin de les approfondir, d'en discuter et d'en écrire en petits groupes. Ainsi, une fois imprégnés de l'arôme des grandes idées de l'humanité, ils pourront participer librement au grand dialogue des auteurs qui ont su le mieux capter l'essence de l'humanité.

Cette méthodologie de ces universités américaines a été apprise et appliquée à l'Université de Navarre au cours des dernières années, avec comme point fort la lecture, le débat et l'écriture des classiques, non pas pour l'érudition pure mais comme un moyen de formation dans les humanités.

Un article scientifique publié dans Taylor & Francis en novembre 2024, par Álvaro Sánchez-Ostiz et José M. Torralba, décrit la mise en œuvre du programme Grands Livres à l'Université de Navarre au cours de la période allant de 2014 à 2023.

Nous allons maintenant développer les grandes lignes de ces programmes à l'Université de Columbia et à l'Université de Chicago et leur influence sur le cas réussi de l'Université de Navarre, en argumentant la méthodologie et en fournissant des données sur le processus de changement des participants à ce programme à partir de cette étude.

Le tronc commun au Columbia College

Le tronc commun est le programme de base pour tous les étudiants de l'UE. Collège ColumbiaLe programme d'études est complété au cours des quatre années d'un cursus universitaire. En 2019, il a eu cent ans et est le plus ancien programme d'auto-apprentissage de ce type aux États-Unis.

Ce programme se caractérise par quatre éléments distinctifs. Premièrement, l'utilisation de sources primaires pour l'étude, les étudiants tirent leurs propres conclusions et développent leur propre évaluation à partir de ce matériel original.

Une deuxième caractéristique est constituée par les débats entre les compagnons à la suite des conclusions obtenues précédemment, après avoir lu ces ouvrages. Il s'agit de conversations au cours desquelles ils échangent des opinions, des interprétations et leurs propres visions, en retravaillant ou en modifiant les idées originales.

Une autre marque distinctive de ce programme est l'approfondissement de la condition humaine par la lecture des classiques de la littérature ou des Grands Livres ou par le travail pluridisciplinaire d'étudiants de différents degrés ayant des perspectives différentes sur la réalité.

Une dernière manifestation particulière de ces études est l'apprentissage en groupe qui génère une communauté parmi les étudiants et les anciens étudiants de cette université.

Les enseignants ont un rôle de modérateur ou de guide, mais n'apportent pas de valeur définitive lorsqu'il s'agit de tirer des conclusions. Tous les avis donnés par les élèves sont écoutés et évalués par leurs pairs, après la lecture, l'étude approfondie, le débat et la rédaction des œuvres proposées.

Les cours fondamentaux du programme sont les suivants : Humanités artistiques, Civilisation contemporaine, Frontières de la science, Littérature humaine, Humanités musicales et Rédaction universitaire. Dans ce dernier cours, vous apprenez à rédiger des arguments convaincants et bien conçus.

Programme de base de l'Université de Chicago

La première version de ces études a débuté au trimestre d'automne 1931. Le "Nouveau Plan" a nécessité trois ans de discussions et d'études par le doyen Chauncey Boucher et un comité de professeurs de l'Université.

En janvier 1942, Robert Maynard Hutchins, président de cette institution, estime que l'accent est trop mis sur la mémorisation et pas assez sur l'impact des idées et décide de réformer le programme.

Dans les années 1950, le recteur Lawrence Kimpton procède à des changements pédagogiques pour revenir en grande partie aux débuts du "Nouveau Plan". En outre, une "année commune" de quatre matières d'un an est introduite : sciences humaines, sciences physiques, sciences biologiques et sciences sociales.

En 1985, le doyen Donald a réorganisé le tronc commun en sept trimestres de sciences humaines et de civilisation, six trimestres de sciences naturelles, trois trimestres de sciences sociales, trois trimestres de langues étrangères et deux trimestres de mathématiques.

Actuellement, le "tronc commun" comprend les arts, les sciences humaines, les études de civilisation, les sciences sociales, les sciences biologiques, les sciences physiques et les sciences mathématiques.

Programme Grands Livres de l'Université de Navarre

Dans un article scientifique intitulé : " La formation intellectuelle et éthique des étudiants universitaires à travers des séminaires de textes fondamentaux : le cas du Programme des Grands Livres de l'Université de Navarre ", publié dans Taylor & Francis online en novembre 2024, par Álvaro Sánchez-Ostiz et José M. Torralba, la mise en œuvre du programme est décrite. Programme Grands Livres à l'université de Navarre pour la période allant de 2014 à 2023.

Les objectifs du programme, basés sur ce que ces professeurs espagnols d'universités américaines ont appris, sont au nombre de quatre : "développer la compréhension de la lecture, le dialogue éclairé et les compétences en matière d'argumentation écrite ; développer un cadre interdisciplinaire pour comprendre la réalité dans lequel les étudiants peuvent situer ce qu'ils apprennent dans leur programme d'études ; développer la pensée critique et cultiver l'intérêt pour la vérité ; promouvoir la pensée éthique et le lien entre la pensée et la vie".

Les conclusions de la mise en œuvre de ce programme, comme le montre l'étude, sont que des cours transversaux peuvent être introduits, qui permettent une qualification professionnelle. De manière à ce qu'ils manifestent de l'intérêt, développent des qualités intellectuelles et éthiques de manière efficace.

Développement des vertus 

Selon l'une des enquêtes menées auprès de 2024 étudiants dans le cadre de cette étude, "ils ont massivement estimé que les cours les avaient aidés à développer les vertus intellectuelles suivantes : curiosité, autonomie, humilité, attention, soin, rigueur, ouverture d'esprit, courage et ténacité".

Un élève a écrit : "Je pense que le fait de voir à quel point vos pairs pensent aux livres (...) et à quel point ils peuvent les approfondir vous rend humble quant à vos propres connaissances et éveille en vous le désir d'en apprendre davantage sur de nouveaux sujets".

Renforcer l'esprit critique et l'intérêt pour la vérité

Dans une autre enquête réalisée en 2023 dans le cadre de la même étude, plus de 90 % ont estimé que les cours avaient contribué à éveiller leur intérêt pour la connaissance de la vérité. Par exemple, un étudiant a déclaré : "L'un des aspects les plus positifs des cours - et, nécessairement, des enseignants - est leur travail pour inculquer aux étudiants la joie de connaître la vérité".

L'intérêt pour la vérité est également cultivé, comme l'a fait remarquer un autre étudiant, "non pas en parlant constamment de la vérité et en insistant explicitement sur elle, mais en découvrant la vérité dans son aspect le plus humain et le plus dynamique et en reconnaissant dans les grands livres les grandes vérités dont leurs personnages sont porteurs".

Réflexion éthique

L'article dit, à propos de la moralité et de la responsabilité civique que la lecture des classiques suscite, qu'elle développe "l'empathie qui se développe dans le processus de lecture entre le lecteur et le personnage permet une compréhension à la première personne des expériences morales. Ce processus influence ensuite positivement la manière dont les élèves abordent et prennent des décisions importantes dans leur vie, comme l'ont indiqué 66 % des répondants à l'enquête de 2023. En outre, plus de 60% estiment que le programme a favorisé leur sens des responsabilités envers la société et leur engagement à contribuer au bien commun".

Le pouvoir de transformation des grands livres

En fin de compte, la lecture, le débat et l'écriture sur les Grands Livres ont un but formatif, cherchant à avoir un impact profond sur l'apprenant en lui faisant vivre une expérience transformatrice avec ses pairs.

Quelque chose qui lui rappelle ce qu'Enrique García-Máiquez a capturé dans "Ejecutoria. Una hidalguía de espíritu" Enrique García-Máiquez. Cette noblesse d'esprit ne s'acquiert pas seulement par l'intellect, mais aussi par le dialogue, le débat ou la coexistence avec les autres. Car l'expérience du partage nous humanise et nous rend libres.

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Évangile

La barque de Pierre. Troisième dimanche de Pâques (C)

Joseph Evans commente les lectures du troisième dimanche de Pâques (C) pour le 4 mai 2025.

Joseph Evans-1er mai 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Jésus est sur le rivage (Jn 21, 4). C'est le rivage de l'éternité : après sa résurrection, il vit dans une nouvelle dimension. Mais seulement sur le rivage, parce qu'il n'est pas encore complètement retourné auprès de son Père (cf. Jn 20, 17). C'est ce temps intermédiaire dont nous parlent les Actes des Apôtres : "Il leur apparut lui-même après sa passion, leur donnant de nombreuses preuves qu'il était vivant, leur apparaissant pendant quarante jours et leur parlant du royaume de Dieu. (Actes 1:3). Il peut révéler et cacher sa gloire à volonté - "Les disciples ne savaient pas que c'était Jésus.-comme il l'a fait avec Marie Madeleine au tombeau et avec les disciples sur la route d'Emmaüs.

Il s'agit de la deuxième pêche miraculeuse du Christ. La première (Lc 5,1-11) a conduit à l'appel des apôtres et, en particulier, de Pierre, tandis que cet épisode conduit à la consécration de Pierre comme berger universel (Jn 21,15-18). Il s'agit d'un nouvel appel, également à l'abnégation totale (v. 18-19).

Jésus s'adresse aux disciples en les appelant "enfants". Un avec le Père (Jn 10,30) et avec l'Esprit qui nous conduit à la filiation divine (Rm 8,14-17), il joue avec eux un jeu divin comme un père aimant joue avec ses enfants. Il sait très bien qu'ils n'ont pas de poisson et que dans quelques secondes il leur accordera miraculeusement 153 mille ! Le Christ est ressuscité pour faire de nous des fils et des filles de Dieu en lui, de vrais enfants de Dieu maintenant (1 Jn 3,2), mais nous ne ressentirons pleinement cette réalité, nous ne la vivrons, que lorsque nous pourrons enfin traverser la "mer" périlleuse de cette vie et atteindre la terre ferme de la vie éternelle au ciel (voir Ap 4,6 ; 15,2).

Mais pour traverser cette mer et survivre dans ses eaux tumultueuses, nous devons être dans la barque de Pierre, la nouvelle arche du salut comme l'était celle de Noé en son temps. Nous devons aller à la pêche avec Pierre (Jn 21,3) - c'est-à-dire le Pape - en partageant ses succès et ses échecs. Ce n'est que dans la barque de Pierre que nous pouvons être en sécurité (Mc 4, 35-41). Comme le montre la première lecture d'aujourd'hui, Pierre nous guide dans notre témoignage fidèle au Christ, et même si nous devons souffrir pour cela, nous sommes "dans la barque" (Mc 4, 35-44).heureux d'avoir mérité cet outrage au nom". (Actes 5, 41). Et il nous guide sur le chemin du Christ (Jn 21,7).

Mais nous recevons tous, à notre manière, une partie de l'autorité de Pierre : nous aussi, en tant que pères, bons amis ou âmes consacrées à Dieu dans le célibat, nous devons nourrir les agneaux, prendre soin et paître les brebis qui nous sont confiées.

Articles

Ni progressiste, ni conservateur. François a encouragé la responsabilité personnelle en matière de vote

François a rappelé que les chrétiens peuvent choisir librement leur option politique, à condition de former leur conscience selon la doctrine sociale de l'Église. L'unité catholique ne repose pas sur des idéologies, mais sur une éthique partagée qui exige clarté morale et responsabilité personnelle.

Fernando Mignone-30 avril 2025-Temps de lecture : 3 minutes

De nombreux catholiques confondent leur opinion politique personnelle avec la vérité morale et religieuse. Ils ont du mal à savoir ce qui relève de l'opinion et donc de la prudence dans l'art pratique de l'action politique et sociale. Ils pensent que le christianisme est conservateur ou qu'il est progressiste. En même temps, ils ignorent souvent la vérité éthique, en raison d'une grande ignorance religieuse et du relativisme environnemental.

François a enseigné au monde que l'Église n'est ni de droite ni de gauche, mais simplement catholique, ce qui signifie universelle. Chaque catholique peut choisir d'être politiquement conservateur ou progressiste. Et donc, un catholique, un chrétien, vote selon sa conscience, une conscience bien formée, selon les principes de l'Église catholique. enseignements sociaux de l'Église. Prudemment. Mais voici le nœud du problème : il y a tant d'ignorance éthique !

Par exemple, au Canada, un catholique pouvait voter pour les libéraux de Mark Carney, qui ont remporté les élections du 28 avril, ou pour les conservateurs de Pierre Poilievre, qui les ont perdues. Les deux partis proposent des politiques problématiques du point de vue de la doctrine sociale de l'Église. Quel serait le moindre mal ?

Concernant les élections américaines de novembre dernier, François a déclaré lors d'une conférence de presse dans l'avion papal le 14 septembre 2024 : "Il faut choisir le moindre de deux maux. Cette dame (Kamala Harris) ou ce monsieur (Donald Trump) ? Je ne sais pas. Toute personne dotée d'une conscience doit y réfléchir et choisir. Expulser les immigrants, les laisser où vous voulez, les abandonner... c'est une chose terrible à faire, il y a du mal là-dedans. Expulser un enfant du ventre de sa mère est un meurtre, parce qu'il y a une vie".

Quelques jours avant la légalisation de l'avortement par le Sénat argentin, le 30 décembre 2020, François avait souligné, en référence à cette loi : "Le Fils de Dieu est né rejeté pour nous dire que toute personne rejetée est un enfant de Dieu. Il est venu au monde comme un enfant vient au monde, faible et fragile, pour que nous puissions accueillir nos fragilités avec tendresse".

À une députée argentine, le pape avait écrit en novembre 2020 : "En ce qui concerne le problème de l'avortement, n'oubliez pas qu'il ne s'agit pas en premier lieu d'une question religieuse, mais d'une question d'éthique humaine, antérieure à toute confession religieuse. Est-il juste d'éliminer une vie humaine pour résoudre un problème ? Est-il juste d'embaucher un tueur à gages pour résoudre un problème ?".

Il y a dix ans, dans sa célèbre encyclique Laudato si (nn. 60-61) François a affirmé : "Diverses visions se sont développées... et des solutions possibles. À un extrême, certains s'accrochent au mythe du progrès à tout prix et prétendent que les problèmes écologiques seront résolus simplement par de nouvelles applications techniques, sans considérations éthiques ni changements substantiels. À l'autre extrême, d'autres comprennent que l'homme, avec toutes ses interventions, ne peut qu'être une menace et nuire à l'écosystème global, et qu'il est donc souhaitable de réduire sa présence sur la planète et de l'empêcher d'intervenir de quelque manière que ce soit".

"Entre ces deux extrêmes, la réflexion devrait identifier des scénarios futurs possibles, car il n'y a pas de voie unique vers une solution. Cela donnerait lieu à diverses contributions qui pourraient entrer en dialogue pour obtenir des réponses globales. Sur de nombreuses questions concrètes, l'Église n'a pas de raison de proposer une parole définitive et comprend qu'elle doit écouter et promouvoir un débat honnête entre les scientifiques, en respectant la diversité des opinions. Mais il suffit d'un regard honnête pour constater une grande détérioration de notre maison commune. L'espoir nous invite à reconnaître qu'il y a toujours une issue". Ce qu'il écrit ici à propos de notre maison commune, la planète Terre, pourrait s'appliquer à tant d'autres questions brûlantes.

Par son magistère, François veut responsabiliser les gouvernants, les dirigeants, les intellectuels et chaque chrétien, chaque citoyen ordinaire : les sensibiliser à promouvoir des solutions moralement bonnes. Sur le mariage et la famille, sur la vie de la conception à la mort naturelle, sur Gaza et le Congo et d'autres guerres, sur l'immigration, l'économie, la santé... N'oublions pas, pour terminer par un exemple cinglant, que près de 800 millions de personnes (soit 10 % de l'humanité) peinent à accéder à une nourriture suffisante : pour eux, chaque jour est un jour de jeûne. Il existe une "polycrise", due entre autres au changement climatique et aux conflits, qui réduit à néant les progrès dans la lutte contre la faim (voir le rapport de deux ONG européennes). Indice mondial de la faim 2023).

L'auteurFernando Mignone

Montréal / Toronto

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Vatican

Les cardinaux appellent à la prière pour le Conclave

Un communiqué du collège des cardinaux publié le matin du 30 avril demande aux fidèles de prier pour le conclave imminent.

Javier García Herrería-30 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Réuni à Rome dans le cadre des Congrégations générales précédant le prochain Conclave, le Collège des Cardinaux a adressé un message au Peuple de Dieu, l'invitant à vivre ce moment ecclésial comme un temps de grâce et de discernement spirituel, dans une attitude d'écoute de la volonté de Dieu.

Les cardinaux, "conscients de la responsabilité à laquelle ils sont appelés, ressentent le besoin d'être soutenus par la prière de tous les fidèles. C'est là la véritable force qui, dans l'Église, favorise l'unité de tous les membres de l'unique Corps du Christ (cf. 1 Co 12, 12)".

Les prélats sont conscients du défi qui les attend et demandent humblement la prière des fidèles : "l'énormité de la tâche qui nous attend et l'urgence du temps présent, il est nécessaire avant tout de nous faire les humbles instruments de la sagesse infinie et de la providence de notre Père céleste, dans la docilité à l'action de l'Esprit Saint.

Le texte du communiqué fait appel à l'intercession de la Vierge Marie pour "accompagner ces prières de son intercession maternelle".

Initiatives de prière pour le conclave

Autour du prochain conclave, diverses communautés catholiques ont lancé des initiatives numériques pour inviter les fidèles du monde entier à s'unir dans la prière pour les cardinaux électeurs et pour l'élection du futur pape. La communauté en ligne Monastère Wi-Fi a réactivé sa plateforme populaire "Adoptez un cardinalqui permet à chacun de recevoir, au hasard, le nom d'un cardinal pour lequel il s'engage à prier pendant le processus.

De son côté, la chaîne catholique EWTN a publié sur ses réseaux sociaux une galerie d'images des 135 cardinaux électeurs, dans le but de rapprocher leur visage et leur carrière des fidèles.

Hakuna a lancé une campagne créative intitulée "Votre rendez-vous, son feuLes "cardinaux de l'Église", grâce auxquels chaque participant reçoit le nom d'un cardinal à prier, attribué en fonction de sa date d'anniversaire, dans un geste de proximité spirituelle personnalisée.

Outre ces propositions, il existe également Conseils de l'Opus Deiqui, par le biais de son compte Instagram, a promu sa propre manière de rejoindre ce courant de prière mondial. Toutes ces actions montrent comment, en période de discernement ecclésial, l'Église s'appuie sur la prière de ses fidèles, y compris à travers les médias numériques.

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Évangélisation

Pie V, le "pape de Lépante", Notre-Dame du Rosaire et l'application de Trente

La liturgie célèbre saint Pie V, peut-être le 30 avril. l'un des papes dominicains les plus connus. On se souvient de lui pour avoir été "Le pape de la victoire de Lépante", pour avoir réussi à forger une "sainte alliance" contre les Turcs. Egalement pour avoir mis en œuvre les décrets du Concile de Trente.   

Francisco Otamendi-30 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Antonio Michele Ghislieri est né le 17 janvier 1504 à Alessandria (Italie). En 1521, à l'âge de dix-sept ans, il est profès à l'Institut de l'Église catholique. Ordre des prédicateursà Vigevano, en prenant le nom de Michel. On se souvient de lui comme du "pape de la victoire de Lépante", non pas parce qu'il était belliqueux, mais parce que son prestige lui a permis de conclure une "sainte alliance" pour mettre fin à la menace des Turcs lors de la bataille de Lépante.

En effet, le 7 octobre 1571, dans le golfe de Lépante, entre le Péloponnèse et l'Épire, se déroule la bataille entre les Turcs ottomans et une coalition chrétienne, dite des Sainte LigueLe pape, saint Pie V, l'a encouragée. Il a confié la victoire à Notre-Dame du Rosaire et, pour la remercier, il a institué sa fête le 7 octobre.

Pape réformateur

Saint Pie Vélu pape en 1566, accorda une grande attention aux pauvres et aux nécessiteux, et adopta d'importantes mesures de protection des droits de l'homme. de nombreuses décisions en matière théologique et liturgique. Il a publié les nouveaux textes du Missel (1570), du Bréviaire (1568) et du Catéchisme romain.

Parmi les réformes qu'il a promues, à la suite du concile de Trente (1545-1563), figurent l'obligation de résidence pour les évêques, la clôture des religieux, une plus grande sainteté de vie pour les prêtres, les visites pastorales des évêques, la promotion des missions et la correction des livres liturgiques.

Piété apostolique et ténacité 

Selon le Martyrologe romainPie V, pape, de l'ordre des Prêcheurs, qui, élevé au siège de Pierre, s'efforça avec une grande piété et une ténacité apostolique de mettre en pratique les décrets du concile de Trente concernant le culte divin, la doctrine chrétienne et la discipline ecclésiastique, ainsi que de promouvoir la propagation de la foi. Il s'est endormi dans le Seigneur à Rome le premier jour du mois de mai (1572)". Sa dépouille repose dans le Basilique de Santa Maria Maggiore à Rome, où le pape François vient d'être enterré.

L'auteurFrancisco Otamendi

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Culture

Julia Cameron, la joie d'écrire

Julia Cameron nous fait découvrir que l'écriture est une activité merveilleuse : non seulement elle est authentiquement humaine, mais elle est aussi un don de Dieu et une forme de prière. Son livre Le parcours de l'artiste s'est vendu à plus de cinq millions d'exemplaires.

Marta Pereda et Jaime Nubiola-30 avril 2025-Temps de lecture : 3 minutes

Principe de base n° 5 du livre L'art d'écrire se lit comme suit : "La créativité est un don de Dieu. L'utiliser est le cadeau que nous rendons à Dieu". (p. 39). La pédagogie de Julia Cameron (Libertyville, près de Chicago, 1948) s'articule autour de l'idée que Dieu est favorable à la créativité de chacun d'entre nous. Elle tente également de bannir la croyance populaire selon laquelle l'artiste est typiquement bohème, perturbé et pauvre. Cameron affirme que nous sommes tous créatifs et que nous devrions prendre soin de la créativité des autres. 

Écrivain et enseignante, Julia Cameron est également journaliste, artiste, cinéaste, dramaturge et compositrice. Sa mère était poète et son père travaillait dans la publicité. Elle a été mariée à Martin Scorsese (1976-77) et ils ont eu une fille, mais la célébrité soudaine de ce dernier, son infidélité et l'alcoolisme de Julia Cameron ont compliqué leur vie de couple.

Surmonter le blocage

En 1978, divorcée et mère d'un enfant en bas âge, elle réussit néanmoins à rester sobre. Elle a 30 ans et sa préoccupation est de savoir comment rester créative et sobre à la fois. Une amie lui offre le livre Idées créatives (Ernest Holmes, 1964) qui l'a aidé à aborder la créativité comme un véritable chemin de vie spirituel. À partir de cette évolution personnelle, il a commencé à donner des cours sur la manière de surmonter les blocages créatifs. Avec le matériel de ces cours, il a écrit un livre qu'il a photocopié et envoyé à ses amis en voie de guérison créative et à ses étudiants. Il a reçu de nombreux témoignages de gratitude pour son livre et a envisagé de le publier.

Lors d'une conférence à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, où elle réside actuellement, Julia Cameron a expliqué en 2017 que lorsqu'elle a proposé à son agent littéraire d'essayer de publier le livre, celui-ci lui a répondu que le sujet n'était pas intéressant et qu'elle devrait se concentrer sur l'écriture de scénarios de films, comme elle le faisait jusqu'alors. Heureusement, à ce moment-là, Julia savait déjà que le livre était nécessaire, grâce à sa propre expérience en tant qu'enseignante et aux témoignages qu'elle avait reçus de ses élèves et de ses amis. Elle a donc renvoyé son agent littéraire et a cherché une autre agence. Finalement, en 1992, le livre a été publié par Tarcher-Perigee, qui fait maintenant partie de Penguin. Il s'intitule Le parcours de l'artiste et s'est depuis vendue à plus de cinq millions d'exemplaires et a été traduite dans d'innombrables langues.

Vie créative

Julia Cameron est une déclaration émouvante qui montre que, quelles que soient les croyances de chacun, la créativité est la vie elle-même. A l'adresse Le parcours de l'artiste parle de deux activités que tout artiste devrait faire pour retrouver et maintenir sa créativité : écrire trois pages par jour sur ce qui lui passe par la tête à ce moment-là et faire une activité créative hebdomadaire seul, appelée "rendez-vous avec l'artiste", qui peut aller du visionnage d'un film ou de la visite d'un musée à l'achat d'un objet de peu de valeur dans un bazar... Il encourage également l'artiste en convalescence à aller se promener dans la solitude. Sur son site web, il explique pourquoi les trois pages quotidiennes et le rendez-vous avec l'artiste sont si importants. D'abord, parce qu'ils aident à faire le vide dans sa tête et à découvrir ce qui l'empêche de créer ; ensuite, parce qu'ils permettent de remplir le puits créatif.

Dans chaque chapitre, elle propose également de petites tâches simples et inspirantes comme méthode pour amener la vie créative jusqu'à nous : aménager un coin de la maison pour en faire notre lieu de création, s'offrir de petites gâteries - comme acheter des fraises - ou transplanter une plante dans un pot plus grand... Qui ne peut pas faire ce genre de choses ?

Julia Cameron n'a pas eu une vie facile, mais comme elle l'a déclaré lors d'une interview en mai 2006 : "Lorsque j'écris, je me sens joyeux, ce qui explique ma productivité".. Dans l'introduction de Le droit d'écrire (1998) se présente comme suit : "J'écris depuis que je suis très jeune et, avec l'âge, j'écris de plus en plus souvent et je couvre de plus en plus de genres. J'ai écrit des œuvres narratives et non littéraires, des films, des pièces de théâtre, des poèmes, des essais, des critiques, des articles de journaux et même de la musique. J'écris par amour, pour de l'argent, pour m'évader, pour m'ancrer, pour me déconnecter, pour m'accorder, et pour presque tout ce qui peut être utile à l'écriture. Depuis plus de trente ans, l'écriture est ma compagne de tous les instants, mon amante, mon amie, mon travail, ma passion et la manière dont je me sens en relation avec moi-même et avec le monde dans lequel je vis. L'écriture est mon mode de vie et, parfois, elle semble même être la raison de ma vie". (p. xv).

Écriture et spiritualité

Julia Cameron a été élevée dans la religion catholique et il est probable que cette éducation l'a aidée à découvrir le sens profondément spirituel de toute activité créative, en particulier de l'écriture personnelle. Ses livres ont aidé de très nombreuses personnes à se lancer dans l'écriture, élargissant ainsi leur expérience spirituelle : "L'écriture nous rend maîtres de notre monde : elle le rend directement et spécifiquement nôtre. Nous devons écrire parce que les humains sont des êtres spirituels et que l'écriture est une forme puissante de prière et de méditation qui nous connecte à la fois à nos propres intuitions et à un niveau plus élevé et plus profond de guidance intérieure. Nous devons écrire parce que l'écriture apporte clarté et passion à l'acte de vivre. [...] Nous devons écrire parce que c'est bon pour l'âme". (Ibid., p. xvi).

L'auteurMarta Pereda et Jaime Nubiola

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La théologie du 20ème siècle

"Mere Christianity" de C. S. Lewis

Le simple christianisme est l'un des ouvrages les plus connus de C. S. Lewis, car il y aborde certaines des clés de la foi auxquelles les chrétiens de différentes confessions peuvent s'identifier.

Juan Luis Lorda-30 avril 2025-Temps de lecture : 7 minutes

Le livre Le simple christianisme de C. S. Lewis, a accompagné de nombreux convertis à la foi chrétienne. Il les approche et les aide à comprendre avec originalité et vivacité les clés de la foi. Il est issu d'un ensemble de conférences diffusées par la BBC durant les premières années de la Seconde Guerre mondiale (1941-1942), alors que l'Angleterre se dressait seule face à la puissance hitlérienne et connaissait les difficultés du conflit : les bombardements aériens, le blocus maritime et les manœuvres des services secrets ; les défaites sur le continent, le déplacement de milliers de personnes, les blessés et les morts.

Il fallait mobiliser non seulement les corps mais aussi les esprits. Et la célèbre compagnie britannique a pensé à un souffle religieux. Compte tenu de la variété religieuse en Grande-Bretagne (anglicans, calvinistes, méthodistes, catholiques...), ils ont préféré éviter les clercs connus.

L'élection est revenue à C. S. Lewisqui était (seulement) Boursier de Magdalen College (Oxford). C. S. Lewis était revenu à la foi chrétienne à Oxford (1929-1931), était membre pratiquant de l'Église d'Angleterre et se sentait obligé de confesser sa foi. Cela n'a pas toujours été bien perçu dans son milieu universitaire. C'est peut-être la raison pour laquelle, à l'âge de 40 ans, il n'a été qu'une fois à l'université. camarade et n'a pas obtenu de poste de professeur à Oxford mais, bien plus tard, à Cambridge (1955). Ses conférences sur le thème de la Le problème de la douleur (1941), avec la question pressante : comment un Dieu bon peut-il permettre tant de mal ?

L'approche de la Le simple christianisme

Trois séries de conférences ont été diffusées. La première sur le sens moral et l'existence de Dieu : Le bien et le mal comme clé de compréhension du mondeLe second, sur Comportement chrétienLe troisième, sur Au-delà de la personnalité ou Premiers pas dans la doctrine de la Trinité. Ils ont connu un grand succès et de nombreuses personnes leur en ont été reconnaissantes en ces temps difficiles. Il les corrigea et les publia séparément (1942-1944), puis les corrigea à nouveau et les rassembla en Le christianisme simple (1952), le simple christianisme ou le "christianisme sans plus". 

Le titre fait allusion à ce qu'on lui avait demandé : ils devaient servir tous les chrétiens sans entrer dans la controverse. Se concentrer sur ce qui est valable pour tous, ce qui est le plus chrétien. C'est pourquoi il n'a pas abordé certains sujets (la structure de l'Église ou la Vierge Marie, par exemple). Mais il aborde les fondamentaux, dans l'esprit de les repenser. Conseillant les prédicateurs, il a insisté un jour sur le fait que si l'on n'est pas capable de traduire les formules auxquelles on croit en d'autres formules, c'est qu'on ne les comprend pas vraiment. C'est ce qu'il tente de faire ici, en s'approchant de la mentalité des gens ordinaires et de leurs difficultés face à certains thèmes : la rédemption, la Trinité, le mal. Il veut aussi démonter et reconstruire certains clichés : "Il doit y avoir quelque chose au-delà", "Le Christ était en fin de compte (seulement) un professeur de morale", "La morale chrétienne consiste à être des citoyens droits et à éviter certains péchés".

Cet effort de traduction et de remise en question est à la base de l'originalité et de la profondeur théologique de C.S. Lewis. Il ne s'est pas senti théologien professionnel et n'aborde pas de sujets trop spécialisés. Il s'intéresse à ceux qu'un chrétien doit vivre. Il le fait avec son éminente capacité à présenter les arguments de manière synthétique en trouvant des exemples astucieux. C'est ainsi qu'il est parvenu à produire l'une des œuvres les plus significatives de la théologie du XXe siècle. Un texte magistral à bien des égards.

Le contenu

Bien que les séries soient indépendantes, elles sont reliées entre elles et sont organisées en 4 "livres", car la première série occupe les deux premières. Elle commence par la découverte du vrai Dieu, à travers un argument moral : l'expérience constante du jugement de la conscience sur le bien et le mal (le bon et le mauvais) (livre I). Vient ensuite une description de la doctrine de la rédemption, qui met l'accent sur la réalité de la chute humaine et sur la mission du Christ (livre II). Le troisième livre traite du comportement chrétien, qui se concentre rapidement sur la vie en Christ, unie à son Église. Enfin, le quatrième livre est une justification rapide et intelligente du mystère trinitaire et de son histoire, avant d'aborder la manière dont le chrétien peut réellement s'identifier au Christ.

La guerre entre le bien et le mal, qui apparaît ici, sera développée plus tard dans sa célèbre et brillante Lettres du diable à son neveupubliées dans la presse tout au long de l'année 1942.  Le simple christianisme Le livre reprend, sans les citer, certains des thèmes de L'homme éternel de Chesterton, que Lewis a lu en 1926, alors qu'il approchait de la foi. Par exemple, l'importance de la chute originelle, mais abordée de manière réaliste et non simplement acceptée de manière générale. Qu'il est insoutenable d'affirmer que les "Le Christ était en fin de compte une bonne personne. comme un christianisme avili aime à se considérer, ou encore ".aqueux"comme le dit Lewis. Dans les Évangiles, la figure du Christ est trop puissante et exigeante pour que l'on puisse penser à lui uniquement comme à une bonne personne ou à un simple professeur de morale. C'est le fameux trilemme de Lewis, que l'on retrouve déjà chez Chesterton. "Il faut choisir : soit cet homme était et est le Fils de Dieu, soit c'était un fou ou quelque chose de bien pire". (II, 3 in fine). Egalement l'idée que, s'il est vrai que Dieu est amour, il ne peut pas être un Dieu solitaire attendant de créer quelqu'un à aimer ; une réflexion subtile et, en même temps, profonde et efficace sur la Trinité.

La loi morale

Le bien et le mal est la traduction correcte du titre du premier "livre" (Le bien et le mal) en ajoutant "comme une clé pour comprendre l'univers".. Lorsque Lewis écrit, l'argument moral en faveur de l'existence de Dieu est intellectuellement discrédité, car inefficace et non concluant (en théorie). Mais Lewis est un observateur attentif, ainsi qu'un converti. Il note à quel point l'appel au bien et au mal est profondément enraciné dans la vie humaine. Les êtres humains font constamment appel à leurs droits et se plaignent des infractions et des injustices. Personne ne peut se plaindre de quoi que ce soit s'il n'y a pas de droit. En se plaignant, avec la même force, on reconnaît l'existence d'une loi et d'un ordre moral que l'on n'a pas inventés et que quelqu'un a dû mettre en place. La démonstration est tout aussi valable que la plainte, dans la même mesure.

Croyances

Ce que croient les chrétiensest le titre du deuxième livre et de la deuxième partie de la première série de conférences. Il présente d'abord les variantes possibles sur Dieu : entre l'athéisme et la croyance en un Dieu ; et entre la croyance que tout est Dieu (panthéisme) ou la croyance que tout n'est pas Dieu et qu'il y a un Créateur distinct du monde. Selon les cas, le mal peut être compris ou non. S'il n'y a pas de Dieu, le mal n'existe pas, il est relatif. Mais si tout est Dieu, il n'y a pas de mal non plus. Le mal n'apparaît à proprement parler que lorsqu'il y a un Dieu bon, mais cela pose en soi un problème : comment un Dieu bon peut-il permettre le mal qui est alors si évident (l'horrible guerre). Nous devons nous rappeler que Dieu nous a créés comme des êtres libres, et si nous sommes vraiment libres, nous pouvons avoir raison ou tort, vouloir ce que Dieu veut ou ne pas le vouloir.

La réalité de la chute, magnifiquement présentée, signifie que le monde est une "terrain occupé par l'ennemi"qui a besoin d'un sauvetage qui est loin d'être facile. Ce sauvetage est effectué par Jésus-Christ, débarquant dans ce monde, incognito. Ce qui a été une rupture brutale de l'obéissance due à Dieu trouve sa solution dans une pleine obéissance jusqu'à la mort du Fils, ("le pénitent parfait) qui ouvre une voie. La voie de l'identification avec Lui afin d'être un fils dans le Fils et d'accomplir la volonté du Père. Il est remarquable que Lewis insiste beaucoup sur cette identification réelle comme seul moyen de vivre authentiquement le christianisme, qui n'est pas un moraliste, un ensemble de règles de gens bien pensants et éduqués.

"Les gens se demandent souvent quand aura lieu la prochaine étape de l'évolution de l'homme : l'étape vers quelque chose d'au-delà de l'humain. Mais pour les chrétiens, ce pas a déjà été franchi. Avec le Christ, un nouveau type d'homme et un nouveau type de vie sont apparus". (au début de II, 5). Et cette vie, reçue par le baptême, la doctrine et l'Eucharistie (la Cène), est vécue collectivement dans l'Église. Il n'y a pas de christianisme dans la solitude. Chacun est socialement "incorporé" au Christ.

Comportement chrétien

Le livre III est consacré à la présentation de la vie chrétienne tout en démontant l'ensemble des clichés populaires sur la morale. Il commence par une présentation astucieuse des parties de la morale. Il choisit, entre autres, l'exemple d'une escadre de navires. Ils doivent être ordonnés et ne pas entrer en collision les uns avec les autres, mais aussi que chaque navire soit intérieurement sain (sinon ils entreront en collision), et que l'escadrille dans son ensemble sache où elle va. Suit une brève présentation des sept vertus, cardinales et infuses, qui permettent à chacune de fonctionner. Et une présentation de la morale sociale, insistant sur le fait que le message chrétien n'a pas d'options fixes dans la sphère temporelle, qu'il est inapproprié d'attendre des clercs qu'ils interviennent et que c'est aux laïcs de bien faire. 

La morale sexuelle est traitée avec beaucoup d'esprit et de sérieux. Il utilise une comparaison avec le comportement alimentaire pour remettre, avec bon sens, beaucoup de choses à leur place. Rappelons que le christianisme est presque la seule religion qui apprécie le corps humain au point de croire à la résurrection et à l'incarnation du Christ. 

Il est évident que dans le désordre de notre concupiscence, il y a un désordre du péché et une lutte pour le porter. Mais il est également évident que ce n'est pas le pire des péchés, car les péchés spirituels, tels que l'orgueil et la haine, nous affectent beaucoup plus profondément. Nous pouvons avoir tendance à vivre comme des animaux ou comme des démons, mais ce dernier cas est bien pire.

Vient ensuite un traitement rapide et efficace du mariage, qui met l'accent sur la valeur de l'engagement. Et un examen de la foi, de l'espérance et de la charité.

Au-delà de la personnalité

C'est le titre du quatrième "livre" avec ses onze points, correspondant à autant d'entretiens radiophoniques. Comme l'ensemble du livre, il contient beaucoup de choses intéressantes. Il commence par une revendication de l'importance actuelle de la théologie ("Si vous ne savez pas, ce n'est pas que vous n'avez pas de théologie, c'est que vous avez beaucoup d'idées fausses dans la tête.). Et une distinction entre engendrer et faire, qui est la clé pour s'initier au mystère de la Trinité, lorsque nous distinguons comment le Fils a été engendré de toute éternité et la création a été faite dans le temps. De plus, chacun de nous a déjà été créé, mais a besoin d'être engendré dans la vie de la grâce. Et de passer de la vie naturelle, biologique (qu'il appelle la vie de la grâce) à la vie de la grâce. Bios) axés sur nos propres fins à la vie de Dieu (Zoé), qui est une vie en Christ par le Saint-Esprit. Et cette idée se renforce tout au long de cette partie.

La clarté de Lewis sur le Saint-Esprit est frappante : Tout le monde aime répéter "Dieu est Amour", mais on ne semble pas se rendre compte que les mots "Dieu est Amour" n'ont de sens réel que si Dieu contient au moins deux Personnes (...). Si Dieu était une seule Personne, alors, avant la création du monde, Dieu n'était pas amour (...). Ce qui émerge de la vie commune du Père et du Fils est une vraie Personne (...) Peut-être certains trouvent-ils plus facile de commencer par la troisième Personne et de procéder à rebours. Dieu est Amour et cet Amour se répand à travers les hommes, et notamment à travers toute la communauté chrétienne. Mais cet Esprit d'Amour est, de toute éternité, un Amour qui se donne entre le Père et le Fils". (IV,4).

Il conclut : "Au début, j'ai dit qu'il y avait des personnalités en Dieu. Maintenant, je vais plus loin : il n'y a pas de véritables personnalités ailleurs. Tant que vous ne vous êtes pas abandonné au Christ, vous n'avez pas de véritable personnalité (...) Combien les grands conquérants et les tyrans se ressemblent de façon monotone ; combien les saints sont glorieusement différents (...) Le Christ vous donnera certainement une véritable personnalité, mais vous ne devez pas aller à Lui pour cela seulement (...) Le premier pas est d'essayer d'oublier complètement votre propre personne (...). Cherchez vous-mêmes et vous ne trouverez à la longue que haine, solitude, désespoir, colère, ruine et déchéance. Mais cherchez le Christ, et vous trouverez tout le reste.".

Vatican

Rapide et décisif : c'est ainsi que se présentent les conclaves des XXe et XXIe siècles.

À quelques exceptions près, la plupart des conclaves modernes ont duré moins de cinq jours. L'Église a fait preuve d'efficacité dans l'élection des successeurs de Pierre.

Javier García Herrería-29 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Après la mort d'un pontife, l'Église entre dans une période de vacance, de réflexion et de prière qui culmine avec le conclave : la réunion des cardinaux électeurs chargés d'élire un nouveau pape. Alors qu'au Moyen Âge, les conclaves pouvaient durer des mois, voire des années, le XXe siècle et, jusqu'à présent, le XXIe siècle ont fait preuve d'une remarquable agilité dans les délibérations, les élections étant résolues en quelques jours seulement.

L'histoire récente montre comment les cardinaux ont pris des décisions rapides à des moments cruciaux pour l'Église. Le conclave le plus court des 100 dernières années a été celui qui a élu Benoît XVI, après la mort de Jean-Paul II en 2005. Il n'a duré que 26 heures, ce qui en fait l'un des plus rapides depuis des siècles. En revanche, le conclave le plus long de l'histoire a été celui qui a élu Grégoire X, qui a duré deux ans et neuf mois entre 1268 et 1271.

Les 120 dernières années

Au cours des XXe et XXIe siècles, les conclaves ont été notoirement courts. L'élection de Pie X en 1903 a été résolue en trois jours seulement, tandis que son successeur, Benoît XV, a été élu en cinq jours en 1914. En 1922, Pie XI a été nommé après quatre jours de délibérations. L'élection de Pie XII en 1939 a également été rapide, puisqu'elle n'a duré que trois jours.

L'employeur a poursuivi avec Jean XXIIILe processus le plus court du XXe siècle a été celui de Jean-Paul Ier, élu en trois jours en 1958, et celui de Paul VI, dont le conclave en 1963 a duré trois jours. Le processus le plus court du XXe siècle a été celui de Jean-Paul Ier, élu en deux jours en 1978. La même année, Jean-Paul II, premier pape non italien depuis des siècles, a été élu à l'issue d'un conclave de quatre jours.

Au 21ème siècle, le choix des Benoît XVI Il se distingue par sa rapidité exceptionnelle : 26 heures seulement ont suffi en 2005 pour le désigner comme successeur de Jean-Paul II.

Si l'on en croit tous ces précédents, le dimanche 11 mai, il y aura certainement un nouveau pape.

Vatican

Succès surprenant d'un documentaire sur la Garde suisse

Ce livre offre un aperçu intime et révélateur de la Garde suisse pontificale, le plus petit corps militaire au monde, responsable de la sécurité du pape depuis plus de cinq siècles.

Javier García Herrería-29 avril 2025-Temps de lecture : < 1 minute

Le documentaire "The Pope's Mysterious Army", produit par DW Documental, a dépassé les 3 millions de vues en seulement 10 jours depuis sa publication sur YouTube, démontrant l'intérêt remarquable des médias pour le Vatican en ce moment, même pour une institution secondaire comme le Vatican. Gardes suisses.

À travers une narration serrée, le documentaire suit plusieurs jeunes Suisses dans leur processus de devenir les gardes du Pape : de leur décision initiale, motivée par la foi et le désir de servir, au serment solennel de fidélité qui les engage à protéger le Saint-Père, même au péril de leur vie. Le livre montre l'entraînement physique exigeant, l'accompagnement spirituel et les valeurs qui façonnent ce corps d'élite unique, composé uniquement de citoyens suisses, catholiques pratiquants et ayant déjà suivi une formation militaire.

La caméra se penche également sur des aspects moins connus de la vie quotidienne de ces soldats à l'intérieur du Vatican, révélant comment la dévotion personnelle est intégrée à une discipline militaire rigoureuse. Avec des témoignages de première main, des scènes inédites et une approche humaine, la production permet de comprendre pourquoi cette petite armée continue de captiver le monde.

Caractéristiques techniques du documentaire :

  • Titre espagnol : L'armée mystérieuse du pape
  • Durée de l'enquête : 42 minutes
  • Production : Documentaire DW
  • Pays : Allemagne
  • Année de production : 2024
  • Disponible en : YouTube - Documentaire DW
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Évangélisation

Sainte Catherine de Sienne, vierge et docteur de l'Église

Le 29 avril, l'Église célèbre sainte Catherine de Sienne, vierge, qui a lutté pour le retour du pape d'Avignon à Rome, ainsi que pour la liberté et l'unité de l'Église. Saint Paul VI l'a nommée docteur de l'Église en 1970 et Saint Jean-Paul II, copatronne de l'Europe en 1999.  

Francisco Otamendi-29 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Catalina Benincasa, connue sous le nom de Sainte Catherine de Sienneest née le 25 mars 1347 à Sienne (Italie), et est morte à Rome le 29 avril 1380. Adolescente, elle fait vœu de virginité, ce qui n'est pas bien perçu par sa famille. En 1363, elle prit l'habit du tiers ordre de saint Dominique et s'efforça dès lors de maintenir une profonde piété et une grande dévotion au Christ crucifié. 

Animée d'un grand amour pour Dieu, son prochain et l'Église, Catherine a commencé à rédaction de lettresbien qu'il ait eu des difficultés à écrire. Elles étaient adressées à des laïcs et à des clercs proches de lui, mais aussi à des évêques, des abbés et des cardinaux, et même aux papes de son temps. Dans ses lettres Il demande son retour à Rome, la paix et la concorde dans les États pontificaux et un effort commun pour libérer les Lieux Saints et les chrétiens de Terre Sainte.

Il a lutté pour la liberté et l'unité de l'Église.

Il se rend à Avignon avec quelques amis en 1376 pour présenter à Grégoire XI ce qu'il a exposé dans ses lettres. Puis, dans le tragique schisme d'Occident, à partir de septembre 1378, il se bat avec détermination pour l'indépendance de l'Église. l'unité de l'Église. Son chef-d'œuvre est le "Dialogo della divina Provvidenza", dicté sur la base de ses visions au cours des dernières années de sa vie.

Elle a été enterrée dans la basilique de Santa Maria sopra Minerva et élevée au rang d'autel par Pie II en 1461. Le pape Pie XII l'a déclarée patronne de l'Italie (avec saint François d'Assise). En 1970, saint Paul VI l'a déclarée docteur de l'Église (au même titre que sainte Thérèse de Jésus). En 1999, saint Jean-Paul II l'a proclamée copatronne de l'Europe (avec sainte Bénédicte de la Croix, Édith Stein) et sainte Bridget de Suède. 

La liturgie célèbre également le 29 avril saint Hugo de Cluny, dont il a dirigé l'abbaye pendant 61 ans, le laïc coréen marié et martyr saint Antoine Kim Song-u, et l'évêque de Naples saint Sévère, entre autres.

L'auteurFrancisco Otamendi

Famille

Victor Perez : "Un prêtre peut beaucoup inspirer les couples".

Victor Perez est un prêtre qui a un travail très spécifique à l'église St. Joseph de Houston, aux États-Unis. Son ministère s'exerce principalement auprès des couples mariés, qu'il accompagne dans leur cheminement.

Paloma López Campos-29 avril 2025-Temps de lecture : 3 minutes

Victor Perez est un prêtre qui a un rôle très spécifique dans l'Église catholique. Église Saint-Joseph de Houstonaux États-Unis. Son ministère s'exerce principalement auprès des couples mariés, qu'il accompagne dans leur cheminement. Il aide également les jeunes adultes à mieux connaître le Christ afin de mûrir progressivement dans leur cheminement spirituel et d'accepter avec courage la vocation du mariage si tel est le plan de Dieu pour eux.

Ce jeune prêtre travaille quotidiennement pour aider les couples pratiquants à créer une communauté soudée qui les aide à vivre leur vocation. Pour lui, cette communauté est essentielle pour que les couples ne marchent pas seuls, mais disposent d'un réseau de soutien qui les aide à grandir, à vivre leur foi et à apprécier la beauté de leur vocation. À cette fin, il s'associe à des groupes tels que Witness to Love, un mouvement né aux États-Unis il y a plus de 12 ans, qui promeut une bonne préparation au mariage. Pour les membres de ce projet, cette préparation est basée sur la confiance et l'accompagnement.

Convaincu de la beauté de la vocation du mariage, Victor Perez parle à Omnes de l'accompagnement pastoral comme outil essentiel pour les couples catholiques, qui peuvent toujours trouver une personne de confiance dans les églises et les groupes tels que St. Témoin de l'amour.

En quoi consiste l'accompagnement pastoral des couples mariés ?

-Dans ma paroisse, cet accompagnement pastoral est surtout axé sur la création d'une communauté pour que les couples apprennent à se connaître. Ensuite, je les aide à se poser des questions pour qu'ils puissent approfondir leur vie de couple. Nous avons aussi des groupes de formation animés par des couples catholiques.

Ce qui me tient particulièrement à cœur, c'est la préparation des futurs mariés au mariage. Je pense que beaucoup de couples veulent se marier et qu'il est important de leur donner une préparation avant le mariage, mais une fois qu'ils sont mariés, il faut continuer à les accompagner et ne pas oublier l'importance d'une communauté qui les accompagne.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les jeunes d'aujourd'hui pour se marier et que fait l'Église pour aider ces futurs mariés à résoudre ces problèmes ?

-Il est important pour les jeunes adultes d'avoir des groupes dans la paroisse pour suivre une formation, mieux connaître la Bible et recevoir les sacrements. Je pense également que la promotion de la théologie du corps est très utile.

Les jeunes adultes sont en quête de vérité, ils ont soif de Dieu. Si nous les aidons à mettre le Christ au centre, ils peuvent apprendre du Seigneur, grandir dans leur vie spirituelle et se préparer au mariage.

Une chose que j'ai observée dans mon ministère, c'est que de nombreux jeunes ne se demandent pas s'ils doivent se marier ou non, mais ils veulent clairement recevoir le sacrement. Le problème est qu'ils ne trouvent pas de personnes qui partagent leurs valeurs et leur vision de la vie ou de la relation de couple. C'est un défi et la façon de le relever est d'avoir des groupes dans l'Église où tout le monde peut entrer, où les jeunes se sentent à l'aise et peuvent ressentir l'appel de l'Esprit Saint à vivre l'Évangile.

Quelles mesures l'Église dans son ensemble doit-elle prendre pour mieux comprendre la réalité du mariage ?

-Il est bon qu'il y ait dans l'Église des responsables qui soient mariés et qui encadrent d'autres couples mariés. Ces couples mariés doivent être impliqués dans les paroisses, travaillant main dans la main avec le prêtre, car les personnes mariées sont aussi des apôtres.

Pourquoi est-il important que les couples mariés bénéficient d'un accompagnement pastoral tout au long de leur vie ?

-D'abord parce que la formation est essentielle pour mieux vivre le mariage. Mais j'insiste sur le fait que l'accompagnement des couples mariés vers d'autres couples mariés est fondamental, dans les bons moments comme dans les moments de crise.

Il est faux de penser qu'après le sacrement, les couples mariés peuvent rester seuls. De même qu'après le baptême, on continue à recevoir une formation et à être accompagné, après le mariage, les couples ont également besoin de cheminer avec quelqu'un.

Dans l'accompagnement pastoral, j'essaie de parler de l'amour sacrificiel du Christ et je suis disponible pour écouter les couples et être avec eux lors de moments importants pour la famille, comme le baptême des enfants.

Je pense qu'un prêtre peut inspirer beaucoup, car la vocation sacerdotale est une vie de sacrifice et de dévouement totalement orientée vers le Christ. En ce sens, nous pouvons beaucoup aider les couples à lever les yeux vers le ciel et à se fixer comme objectif la sainteté.

Quelle formation les prêtres doivent-ils recevoir pour accompagner les couples mariés ?

-Je pense que la Théologie du Corps est très importante, parce qu'elle aide à comprendre la grandeur du mariage. Ces enseignements de saint Jean-Paul II nous permettent de comprendre la beauté du sexe, la communion des personnes dans la Trinité, dont le mariage est le reflet, etc.

Les prêtres doivent disposer d'une solide formation intellectuelle et spirituelle, mais ils doivent également posséder les compétences sociales nécessaires pour mettre les couples mariés à l'aise et leur ouvrir leur cœur et leur foyer.

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La théologie du 20ème siècle

Kant et les catholiques

Emmanuel Kant est le philosophe moderne qui a le plus réfléchi et discuté, et c'est pourquoi il a eu un immense écho de stimulus réactif, parfois positif, dans la pensée catholique, des Balmes à Blondel, en passant par Maréchal ou Jean-Paul II.

Juan Luis Lorda-29 avril 2025-Temps de lecture : 7 minutes

Le célèbre philosophe prussien Emmanuel Kant (1724-1804) a laissé le témoignage d'une personne honnête et travailleuse. Il était plus sympathique et plus social qu'une anecdote mal choisie l'a parfois dépeint. D'origine humble et protestante, il a fait preuve d'un engagement intellectuel et d'un sérieux moral qu'il n'a jamais renié, bien qu'il ait perdu la foi en la révélation chrétienne et peut-être en Dieu. Quelques fragments de son Opus postumum (éd. 1882, 1938) peut donner ce sentiment, difficile à évaluer. 

L'illumination de Kant

Il est le plus représentatif et, en même temps, le moins éclairé, car les autres ne sont ni aussi profonds ni aussi sérieux. Et il n'était pas franc-maçon. Et d'ailleurs, il y a beaucoup d'ilustrados catholiques (Mayas, Feijóo, Jovellanos...). Mais il a défini Qu'est-ce qu'une illustration ? (1784), le résumant dans la devise "Oser savoir". (sapere aude). Cela signifiait devenir intellectuellement adulte et se libérer des tuteurs et de la tutelle (ainsi que de la censure de l'État prussien et protestant) afin de penser par soi-même et de rechercher la connaissance à partir de toutes les sources authentiques. Un idéal que les catholiques pouvaient embrasser et ont embrassé dans toutes les connaissances naturelles. Nous sommes toutefois conscients que nous avons besoin de la révélation de Dieu pour connaître les profondeurs du monde créé et de nous-mêmes, ainsi que pour nous sauver dans le Christ.

Mais Kant, comme beaucoup à son époque et à la nôtre, n'avait pas confiance dans les témoignages historiques chrétiens. Il a donc voulu détacher la religion chrétienne de son fondement historique (Jésus-Christ) et a composé La religion dans les limites de la raison (1792). Réduisant le christianisme à une morale sans dogme, et ayant de larges répercussions dans le monde protestant (Schleiermacher) et catholique (modernisme). 

On dit que, tout comme la pensée catholique dépend d'Aristote christianisé par saint Thomas, la pensée protestante dépend de Kant christianisé par Schleiermacher (1768-1834). La différence est que Saint Thomas Le vocabulaire d'Aristote l'aide à bien penser et formuler la Trinité et l'Incarnation, tandis que pour Schleiermacher, l'agnosticisme de Kant l'oblige à transformer les mystères chrétiens en brillantes métaphores. Tout ce qui reste, c'est la conscience humaine devant l'absolu et le Christ en tant que réalisation ultime (du moins pour le moment) de cette position. Et le commandement de l'amour du prochain comme aspiration à la fraternité universelle, ce que le libéralisme protestant à la suite de Schleiermacher résumera ainsi L'essence du christianisme (1901, Harnack). 

Mais le catholique Guardini lui rappellera que L'essence du christianisme (éd. 1923, 1928) est une personne et non une idée, Jésus-Christ. Que ce Jésus-Christ soit Le Seigneur (1937), le Fils de Dieu, auquel nous sommes unis par l'Esprit Saint. Et que tout cela est célébré, vécu et exprimé dans la liturgie sacramentelle de l'Église (L'esprit de la liturgie, 1918).

La critique de la raison pure

Deux traditions s'affrontent dans la formation philosophique de Kant : d'une part, la tradition rationaliste de Spinoza et de Leibnitz, mais surtout celle de Christian Wolff (1679-1754), aujourd'hui presque inconnu, mais auteur d'une œuvre philosophique encyclopédique avec toutes les spécialités et la métaphysique, centrée sur Dieu, le monde et l'âme. Kant ne connaissait pas directement la tradition scolastique médiévale ni la tradition grecque classique (il ne lisait pas le grec). C'est pourquoi ses Critique de la raison pure (éd. 1781, 1787)Il critique surtout la méthode rationaliste et la métaphysique de Wolff. 

Cette approche se heurte à l'empirisme anglais, notamment celui de Hume (1711-1776), avec sa distinction radicale entre l'expérience des sens (empirique) et la logique des notions, qui donnent lieu à deux types de preuves (Matière de fait / Relation entre les idées). Et sa critique de notions clés telles que la "substance (notion de sujet ontologique), qui comprend le moi et l'âme, et celle de l'esprit (notion de sujet ontologique), qui comprend le moi et l'âme, et celle de l'esprit. "causalité. Pour Hume, un faisceau d'expériences du moi réunies par la mémoire ne peut être transformé en un sujet (une âme), pas plus qu'une succession empirique et habituelle ne peut être transformée en un véritable sujet (une âme). "causalité rationnelle". où l'idée d'une chose en contraint logiquement une autre. À cela s'ajoute la physique de Newton, qui découvre des comportements nécessaires dans l'univers grâce à des lois mathématiques. Mais comment peut-il y avoir un comportement ? "nécessaire" dans un monde empirique ?

Kant en déduira que les formes et les idées que la réalité ne peut donner, parce qu'elle est empirique, sont détenues et données par nos facultés : la sensibilité (qui donne l'espace et le temps), l'intelligence (qui détient et donne la causalité et les autres catégories kantiennes) et la raison (pure), qui manie les idées d'âme (moi), de monde et de Dieu, comme une manière d'unir de façon cohérente toute l'expérience interne (âme), externe (monde) et la relation entre les deux (Dieu). Cela signifie (et c'est ce que dit Kant) que l'expérience extérieure met l'âme en relation avec le monde. "matière" de la connaissance, et nos facultés lui donnent "formulaire".. Ainsi, ce qui est intelligent est fixé par notre esprit et il n'est pas possible de discerner ce qui se trouve au-delà. Kant ne le reconnaît pas, mais l'idéalisme ultérieur le poussera à l'extrême (Fichte et Hegel).

Réactions des catholiques

Dans la Critique de la raison pure a immédiatement suscité une vive réaction dans les milieux catholiques, en particulier chez les thomistes. Souvent intelligent, parfois inélégant. C'est probablement le milieu qui lui a consacré le plus d'attention, conscient de l'enjeu. Si la référence immédiate de Kant est la métaphysique de Wolff (ce qui produit quelques distorsions), c'est toute la métaphysique classique (et la théorie de la connaissance) qui est touchée. Cet effort a même donné lieu à une matière dans le cursus, appelée, selon les cas, épistémologie, critique de la connaissance ou théorie de la connaissance.

La tradition thomiste, avec tout son arsenal logique scolastique, disposait d'instruments d'analyse plus fins que ceux utilisés par Kant, bien que les analyses kantiennes les aient aussi parfois dépassés. Avec une certaine ignorantia elenchiKant repropose le problème scolastique immensément débattu des universaux. En d'autres termes, comment pouvons-nous dériver des notions universelles de l'expérience concrète de la réalité ? Cela nécessite une bonne compréhension de l'abstraction et de la séparation, ainsi que de l'induction, des opérations de connaissance qui ont été très étudiées par la scolastique. En outre, le "entités de la raison". (comme l'espace et le temps) qui ont une base réelle et peuvent être mentalement séparées de la réalité, mais elles ne sont pas des choses, ni des formes préalables de connaissance.

Le jésuite Benedict Stattler a publié un Anti-Kanten deux volumes, dès 1788. Il y en a eu beaucoup d'autres depuis. Il convient de noter l'attention que lui a portée Jaime Balmes dans son Philosophie fondamentale (1849), et Maurice Blondel dans son Notes sur Kant (en L'illusion idéaliste1898), et Roger Vernaux, dans son commentaire des trois critiques (1982) et d'autres ouvrages (comme son vocabulaire kantien). Ainsi que les auteurs catholiques des grandes histoires de la philosophie, qui lui consacrent des critiques importantes et sereines. Teófilo Urdánoz, par exemple, consacre 55 pages de sa Histoire de la philosophie (IV) au Critique de la raison pureet Copleston près de 100 (VI). Bien sûr, Kant a beaucoup fait réfléchir le monde catholique.

La critique de la raison pratique

En plus de la Critique de la raison pure se termine par un certain (mais peut-être productif) virelangue et par un cercle vicieux (parce qu'il n'y a aucun moyen de savoir ce que l'on peut savoir), la Critique de la raison pratique (1788)est une expérience intéressante de ce que la raison pure peut établir de manière autonome en matière de morale. Bien sûr, il faut dire d'emblée que la morale ne peut pas être déduite entièrement par la raison, car elle est en partie tirée de l'expérience (par exemple, la morale sexuelle ou économique) et il y a aussi des intuitions qui nous font percevoir que quelque chose fonctionne ou ne fonctionne pas, qu'il y a un devoir d'humanité ou que l'on va faire du mal. Mais Kant a tendance à ne pas tenir compte de ce qui semble être des intuitions. "sentimentalité".parce qu'elle se veut entièrement rationnelle et autonome dans la découverte des règles universelles de l'action. C'est son mérite et, en même temps, sa limite.

En tant que premier impératif catégorique (qui va de soi et s'impose de lui-même), il énoncera ce qui suit : "Agissez de telle sorte que la maxime de votre volonté puisse toujours être valable en même temps que le principe d'une législation universelle".. Un principe valable et intéressant dans l'abstrait, bien que dans sa mise en œuvre pratique dans la conscience, il exige une portée et un effort qui sont dans de nombreux cas impossibles : comment en déduire tous les comportements quotidiens. Un deuxième principe, qui apparaît dans le La raison d'être de la Métaphysique des mœurs (1785), est : "L'homme, et en général tout être rationnel, existe comme une fin en soi, et non pas seulement comme un moyen au service de telle ou telle volonté ; il doit dans toutes ses actions, non seulement celles qui sont dirigées vers lui-même, mais aussi celles qui sont dirigées vers d'autres êtres rationnels, être toujours considéré en même temps comme une fin". (A 65).

Rien que pour cette formulation heureuse, Kant mériterait une place de choix dans l'histoire de l'éthique. Jean-Paul II, lorsqu'il a réfléchi aux fondements de la morale sexuelle, s'est fortement appuyé sur cette maxime pour distinguer ce qui peut être un usage irrespectueux d'une autre personne ou, en d'autres termes, pour affirmer que la vie sexuelle est toujours un traitement digne, juste et beau entre les personnes (Amour et responsabilité, 1960). Elle a donné lieu à ce que le professeur de morale de l'époque, Karol Wojtyla, a appelé "règle personnaliste".. À la considération kantienne, il ajoute que la véritable dignité de l'être humain en tant qu'enfant de Dieu exige non seulement le respect, mais aussi le commandement de l'amour. Toute personne, en raison de sa dignité personnelle, mérite d'être aimée.

La tentative kantienne d'une morale rationnelle et autonome présente un autre aspect frappant. Il s'agit des "trois postulats de la raison pratique. Pour Kant, les principes nécessaires au fonctionnement de la morale, mais indémontrables : l'existence de la liberté, l'immortalité de l'âme et Dieu lui-même. S'il n'y a pas de liberté, il n'y a pas de morale. S'il n'y a pas de Dieu, il n'est pas possible d'harmoniser le bonheur et la vertu, et de garantir le succès de la justice avec la juste rétribution. Cela exige aussi l'immortalité de l'âme ouverte à une perfection impossible ici. Cela rappelle les propos de Benoît XVI sur les fondements de la vie politique, qui doivent être etsi Deus daretur, comme si Dieu existait. La morale rationnelle ne peut également fonctionner que etsi Deus daretur.

   Enfin, il est frappant de constater que Kant se réfère en différents endroits à la "le mal radical".. L'évidence, si contraire à la rationalité adulte et autonome, que les êtres humains, avec une fréquence étonnante et en toute lucidité, ne font pas ce qu'ils savent qu'ils devraient faire ou font ce qu'ils savent qu'ils ne devraient pas faire : l'expérience de St. Paul dans Romains 7 ("Je ne fais pas le bien que je veux faire, mais le mal que je ne veux pas faire".Comment le comprendre ? Et, plus encore, comment le résoudre ?

Le thomisme transcendantal de Maréchal (et de Rahner)

Le jésuite Joseph Marechal (1878-1944), professeur à la maison des jésuites de Louvain (1919-1935), a consacré une grande attention à Kant, ce qui se reflète dans les cinq volumes de son ouvrage Le point de départ de la métaphysique (1922-1947) publié par Gredos en un seul volume, et traduit entre autres par A. Millán Puelles. C'est surtout dans le volume IV (éd. française) que Maréchal s'est penché sur le thème kantien des conditions de la vie. a priori ou conditions de possibilité de la connaissance.

   Karl Rahner (1904-1984), toujours attentif aux derniers développements intellectuels, a emprunté certaines notions et un certain vocabulaire au thomisme transcendantal de Maréchal. Surtout, le "conditions de possibilité. Sa théologie fondamentale repose sur ce principe, car il pense que l'entendement humain est créé avec des conditions de possibilité qui le rendent apte à la révélation et qui, dans cette mesure, constituent une sorte de révélation. "athématique". déjà implicite dans l'entendement lui-même. Et c'est ce qui fait que tous les hommes, d'une certaine manière, sont des êtres humains. "Chrétiens anonymes. La critique à faire est que l'entendement lui-même, tel qu'il est, est déjà capable de connaître la révélation qui lui est donnée d'une manière adéquate à l'entendement humain, "avec des actes et des paroles". (Dei verbum). Tous les êtres humains sont "Chrétiens anonymesNon pas parce qu'ils le sont déjà, mais parce qu'ils sont appelés à le devenir.

Ainsi, à bien des égards, Kant a fait réfléchir et travailler les philosophes et théologiens catholiques, même s'il est difficile de faire une évaluation générale des résultats en raison de l'ampleur et de la complexité des questions.

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La beauté invisible, cachée à l'œil, est lente à atteindre

La beauté extérieure est évidente et peut être mise en valeur, mais la beauté intérieure exige la contemplation et le détachement du superficiel. Pour l'apprécier, il est nécessaire de réduire le bruit et la précipitation, car la vraie beauté s'épanouit dans les périodes turbulentes, lorsque nous recherchons des moments de réflexion, de silence et de culture.

29 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

La beauté extérieure d'une femme ou d'un homme est généralement évidente, surtout si elle est rehaussée par le bon goût, un maquillage soigné, des vêtements appropriés et des ornements choisis. Mais la beauté intérieure, par exemple une manière d'être attrayante, l'existence généreuse et dévouée de certaines personnes, ou la transcendance qui dépasse l'ici et le maintenant, n'est pas à la portée des curieux ou des distraits. Elle requiert une capacité de contemplation, qui peut être accrue à condition de vouloir alléger la concupiscence de la vue, car elle aveugle l'invisible.

C'est pourquoi nous parlons de garder la vue, de voir au-delà, de voir ce qui est caché. Cela signifie non seulement ne pas regarder le pornographique, le voluptueux ou le provocateur, dans l'intention d'atteindre d'autres réalités. Mais aussi de ne pas contempler librement ce qui est modestement élégant, modestement beau ou sublimement humble et qui ne vous appartient pas. Nous transcendons ainsi ce qui est visible à nos yeux pour atteindre l'invisible. 

Mais il n'y a pas que les yeux qui doivent faire attention pour atteindre la beauté cachée, il faut aussi réduire le bruit et ralentir. À l'heure du trop plein de bruit, des écrans, fake newsDans un monde où tout va très vite et où il y a beaucoup d'agitation, il peut sembler impossible d'atteindre un état de contemplation ou de jouissance de la beauté ou de l'art, mais ce n'est pas vrai.

Pour Ignacio Vicens, professeur de projets architecturaux à l'université de Valence, la Université polytechnique de MadridLe goût de la beauté exige de la lenteur", nous allons trop vite pour goûter la beauté. Nous pensons que cela ne peut être contrôlé alors que la plupart des fantômes sont dans nos têtes. Nous pouvons prendre des temps de jeûne numérique libre ou de silence politique. polarisation. Cela ne dépend pas de la société, cela dépend de nous, nous pouvons nous arrêter et prendre un moment pour contempler la beauté.

La vérité, la bonté et la beauté sont des principes qui ont soutenu l'Occident. Pour beaucoup aujourd'hui, ils sont devenus obsolètes. Mais est-ce vrai, sont-ils tous obsolètes ? En réalité, aucun d'entre eux, mais la vérité semble avoir été supplantée par la post-vérité, la bonté balayée par la narration, mais la beauté... La beauté a-t-elle été supplantée ? La beauté naît dans les périodes les plus troublées, compliquées et turbulentes. Pas dans les périodes paisibles, simples et sereines. Et maintenant, nous sommes dans un changement d'ère et c'est le temps de la créativité et de la beauté, il suffit de trouver du temps personnel et familial pour lire, penser, être en silence et s'éduquer.

L'auteurÁlvaro Gil Ruiz

Professeur et collaborateur régulier de Vozpópuli.

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Zoom

Le pape François repose à Santa Maria Maggiore

Une faible lumière éclaire la réplique de la croix pectorale du pape François qui se trouve sur la pierre tombale du pape François à Santa Maria Maggiore.

Maria José Atienza-28 avril 2025-Temps de lecture : < 1 minute
Éducation

La réponse chrétienne à l'urgence émotionnelle

Mgr José Ignacio Munilla réfléchit à la proposition de l'Église face à la crise affectivo-sexuelle que nous vivons dans la société actuelle.

Mgr José Ignacio Munilla-28 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Je n'oublierai jamais ce 3 novembre 2012 où, dans la cathédrale de Valence, dans le cadre du premier Congrès National de Pastorale des Jeunes, organisé par la Conférence Episcopale Espagnole, j'ai donné une conférence intitulée "La pastorale des jeunes".L'évangélisation des jeunes face à l'urgence affective". Le sous-titre de l'intervention précisait le contenu de la réflexion : "Narcissisme, pansexualisme et méfiance, les trois plaies à guérir".. Dès que j'ai terminé mon exposé, un prêtre est venu me le dire : "Savez-vous que vous avez décrit dans votre discours non seulement les blessures des jeunes d'aujourd'hui, mais aussi celles des prêtres eux-mêmes ?. Ce à quoi j'ai répondu : "Et aussi les blessures des évêques, des couples mariés et de la société dans son ensemble ! Le problème n'est pas générationnel, il nous atteint tous".

L'impact d'une conférence

Au cours de mes 18 années d'épiscopat, j'ai donné des centaines de réflexions sur des sujets liés à l'évangélisation et à la vie spirituelle, mais aucune n'a été aussi bien accueillie que la réflexion sur le thème "La vie de l'homme". "l'urgence affective".. L'explication était simple : nous avions mis le doigt sur le point sensible ; et il s'est avéré être non seulement la crête de la vague, mais le problème de fond. Nous étions encore au début du pontificat du pape François, et la dénonciation de l'urgence éducative déjà faite par Benoît XVI à l'époque se manifestait maintenant, dans toute sa crudité, dans l'urgence affective générée par la perte de sens dans une société sécularisée. 

Mais, évidemment, il ne servirait pas à grand-chose de faire un diagnostic des maux s'il n'était pas accompagné de propositions concrètes pour guérir nos blessures et parvenir à la maturité humaine. La réponse de base porte un nom : Jésus-Christ. C'est ce que j'ai voulu souligner dans la phrase par laquelle j'ai conclu mon intervention à Valence : "Le cœur n'appartient pas à celui qui le brise, mais à celui qui le répare ! En d'autres termes, le cœur du jeune homme appartient au cœur du Christ".. Cette déclaration est particulièrement d'actualité à la suite de la publication récente de l'encyclique Dilexit Nosdans lequel le Pape François nous demande d'interpréter son précédent magistère à partir de la clé du Cœur du Christ. En effet, le Cœur de Jésus n'est pas seulement l'école humaine de l'amour divin, mais aussi l'école divine de l'amour humain. En d'autres termes, Jésus ne nous enseigne pas seulement que Dieu est amour, mais il nous apprend aussi à aimer. C'est un exemple concret de la manière dont le message chrétien intègre le naturel et le surnaturel. 

Une proposition

Parmi les propositions concrètes que j'ai faites dans cette présentation, j'ai souligné la nécessité de coordonner la pastorale familiale, éducative et juvénile afin de mettre en œuvre l'éducation sexuelle et affective en pleine harmonie avec l'anthropologie chrétienne et la morale catholique. De nombreuses mesures ont été prises, mais nous sommes encore loin d'une mise en œuvre généralisée de l'éducation sexuelle et affective dans tous nos domaines. Aussi incroyable que cela puisse paraître, nous voyons encore des institutions catholiques qui confient cette formation aux administrations publiques.

En ce qui concerne l'éducation affectivo-sexuelle, il ne fait aucun doute qu'il est important de prendre en compte la dimension émotionnelle, mais nous sommes peut-être aujourd'hui confrontés au risque d'une psychologisation excessive de l'éducation. C'est une erreur de centrer toute l'éducation affectivo-sexuelle sur ce que nous ressentons, en oubliant l'importance de la responsabilité morale de nos actes, en cohérence avec la vocation à l'amour que nous révèle la révélation de Jésus-Christ.

L'auteurMgr José Ignacio Munilla

Évêque de Orihuela-Alicante

CollaborateursFernando Gutiérrez

Nous ne sommes pas seuls

Beaucoup vivent aujourd'hui des luttes et des projets sans comprendre que ce n'est qu'avec Dieu que l'on trouve le bonheur. Le temps est venu de rappeler au monde que, sans Dieu, nous ne pouvons rien faire.

28 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Si nous regardons autour de nous, nous verrons que de nombreux frères et sœurs vivent aujourd'hui comme si Dieu n'existait pas. Comme si, lorsque Jésus est mort sur la Croix, Dieu est mort avec lui. Comme si les deux Emmaüs ne serait pas retourné à la Jérusalem courir comme des fous après avoir senti leur cœur brûler.

Si nous regardons autour de nous, nous voyons des couples mariés qui luttent avec leurs propres moyens pour ne pas faire naufrage au milieu des vagues. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive, alors que nous nous aimions tant il y a quelques années ! 

Si nous regardons autour de nous, nous constatons que de nombreuses bonnes actions sont entreprises sans le Dieu de ces actions. Les bons projets qui viennent de cœurs nobles oublient celui qui a eu l'idée géniale avant eux. 

Si nous regardons autour de nous, nous sentirons que la façon dont beaucoup de gens marchent en regardant par terre, sans saluer ceux qui passent, est une conséquence du fait que nous avons oublié que nous sommes appelés à vivre en regardant vers le ciel. 

Si nous regardons autour de nous, nous rencontrons chaque jour des visages tristes et ennuyés qui ne savent pas sourire ou ne veulent pas sourire. Des personnes à qui l'on a envie de crier : "Tu peux être heureux ! 

Si nous regardons autour de nous, nous constaterons que ceux qui ont tout pour être les plus heureux du monde ne le sont pas, et inversement, nous verrons la joie et l'espoir déborder sur les visages de ceux qui ont eu moins de chance. 

Le moment est venu de rappeler au monde ce que Notre Seigneur a dit un jour si clairement : "Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruits. Car sans moi vous ne pouvez rien faire". Rien ? Oui, rien. 

Le moment est venu de faire savoir à tous que nous avons un Père qui nous aime, qui est fou d'amour et qui a compté chaque cheveu de notre tête. Un Père qui est heureux lorsque ses enfants reviennent vers lui pour reconnaître, du plus profond de leur âme, que nous pouvons compter sur son aide en toutes choses et pour nous rappeler, encore et encore, que nous ne sommes pas seuls.

L'auteurFernando Gutiérrez

Missionnaire laïque et fondatrice de la Mission des enfants de Marie.

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Vatican

Juan Vicente Boo : "Lors du conclave de 2013, il n'y a pas eu de fuite, il ne s'agissait que de fausses spéculations".

Entretien avec Juan Vicente Boo sur la communication et la désinformation pendant la période de vacance du siège.

Maria José Atienza-28 avril 2025-Temps de lecture : 4 minutes

Juan Vicente Boo est un vaticaniste chevronné. Il a été correspondant d'ABC à Bruxelles, New York et Rome pendant près de quarante ans. Depuis son arrivée à Rome en 1998, il a été le témoin quotidien des sept dernières années de Jean-Paul II, du pontificat de Benoît XVI et des neuf premières années du pape François. En tant que journaliste, il a accompagné ces trois papes à bord de leurs avions lors de plus de 60 voyages internationaux. Il a été envoyé spécial dans 77 pays.

Boo a été promoteur et directeur général de l'agence de télévision internationale Rome Reports, spécialisée dans le Vatican. Sur les questions religieuses, il a écrit Le pape de la joie (2016), 33 clés pour le pape François (2019) y Déchiffrer le Vatican (2021).

Que doit garder à l'esprit le lecteur lorsqu'il évalue les informations produites au cours de la période du siège vacant ? 

Je suggère de suivre des vaticanistes chevronnés, car les journalistes qui viennent en tant qu'envoyés spéciaux - généralement plus de trois mille - n'ont pas, logiquement, la capacité d'analyser ou de séparer l'essentiel de l'accessoire. En tant qu'ancien correspondant à Bruxelles ou à New York, je peux vous assurer qu'il est beaucoup plus facile de faire un reportage sur l'Union européenne, l'OTAN ou les Nations unies que sur le Vatican, l'institution la plus complexe au monde en raison de son histoire et de la variété de ses facettes, du spirituel à l'artistique.

De plus, il faut veiller à ne pas confondre une "fumée blanche" avec une "fumée grise". En 2005, le cardinal doyen avait pris avec lui un téléphone spécial pour informer le porte-parole du Vatican dès que le cardinal élu avait accepté. Mais il a oublié, tout simplement parce que... il était élu. Il est important de ne pas se laisser abuser par les félicitations officielles adressées à un cardinal prétendument nouvellement élu - comme cela s'est produit en 2013 - avant que le véritable nom ne soit annoncé sur le balcon de la basilique Saint-Pierre.

Parmi ceux qui couvrent le conclave en tant que journalistes, pensez-vous qu'ils connaissent l'Église ou que de nombreux problèmes d'interprétation découlent d'une approche superficielle ? 

Beaucoup de ceux qui arrivent en tant qu'envoyés spéciaux connaissent l'Église mais, même parmi eux, peu connaissent le Vatican. Le problème de la superficialité est double : le journaliste inexpérimenté qui couvre Rome et les rédacteurs en chef, qui connaissent encore moins le terrain, choisissent des sujets tape-à-l'œil mais secondaires, et privilégient les "clics" ou les titres sensationnalistes. J'ai vu de nombreux journalistes mal vivre le fait que leurs patrons gâchent leur travail.

Quels sont les plus grands défis pour un journaliste qui couvre un conclave ? 

Pour les vaticanistes, le premier défi consiste à mettre de côté les préférences personnelles concernant les candidats. Il est souvent nécessaire de présenter des sélections de cinq ou dix "papables", puis de prendre en compte les chances que les cardinaux votent pour eux.

Le deuxième défi consiste à séparer le bon grain de l'ivraie. Par le passé, les vaticanistes italiens ont fait l'objet de trop d'attention. Il y a toujours eu trop de "bruit" médiatique à l'époque, mais l'omniprésence actuelle des médias numériques, des blogueurs et des influenceurs l'a rendu assourdissant. Une grande partie de ce qui est présenté comme des "nouvelles" - en particulier les instantanés - n'a aucune valeur, même si les algorithmes des réseaux les transforment en "nouvelles". Sujet en vogue ou "virale".

Vous en avez déjà parcouru plusieurs, quelles sont les idées ou les situations qui se répètent et quelles sont les nouveautés que vous avez expérimentées d'une fois sur l'autre ?

J'ai eu la chance de couvrir le conclave de 2005 visant à élire le successeur de Jean-Paul II et le conclave de 2013 visant à élire le successeur de Benoît XVI. Ils ont été très différents. En 2005, très peu de cardinaux avaient l'expérience d'un conclave, puisque 26 ans s'étaient écoulés depuis le précédent. En outre, saint Jean-Paul II était une figure tellement imposante que presque personne n'osait intervenir longuement dans les réunions pré-conclaves des cardinaux ou proposer des candidats pour prendre la place d'un géant.

Au lieu de cela, l'humble résignation de Benoît XVI et sa façon calme d'étudier chaque question ont facilité un débat très intéressant en 2013 sur les problèmes et les priorités de l'Église. Un tel exercice produit toujours une "esquisse" du candidat nécessaire, et c'est Jorge Bergoglio qui a été choisi. 

Quelles sont les stratégies utilisées par les journalistes pour obtenir des informations fiables lors d'un événement aussi secret ? 

Les vaticanistes chevronnés et discrets gagnent, au fil des ans, la confiance et l'amitié des cardinaux les plus précieux, et peuvent échanger avec eux de brèves impressions pendant les journées pré-conclaves. Mais les vétérans comme les néophytes peuvent écouter chaque jour le porte-parole du pape, qui résume le contenu des débats sans toutefois identifier l'auteur de chaque intervention. Joaquín Navarro-Valls en 2005 et Federico Lombardi en 2013 ont fait exception. 

Avez-vous constaté des tentatives de manipulation de l'opinion publique avant ou pendant un conclave par le biais des médias ?

Les tentatives - parfois brutales - de manipulation de l'opinion publique ont été constantes tout au long du pontificat de François, et se sont multipliées ces dernières années. La plupart de ces tentatives sont le fait d'intérêts économiques et politiques américains. Dans les jours précédant le conclave, les fausses nouvelles sur les "papes" sont parfois plus nombreuses que les vraies.

Quelle est la fuite la plus surprenante que vous ayez vue à propos d'un conclave ?

Lors des conclaves de 2005 et 2013, il n'y a pas eu de véritables fuites sur ce qui se passait dans la chapelle Sixtine, il ne s'agissait que de fausses spéculations. Elles étaient toutes fausses. La "fuite" la plus amusante a été celle de saint Jean XXIII, qui a révélé plusieurs votes serrés avec le cardinal arménien Agagianian : "Au conclave, nos deux noms sont montés et descendus dans le vote comme des pois chiches dans de l'eau bouillante.

Le meilleur livre, et le plus documenté, qui a rassemblé les commentaires ultérieurs des cardinaux participants est le suivant "L'élection du pape FrançoisUn compte-rendu du conclave qui a changé l'histoire".par le vaticaniste Gerard O'Connell, publié en 2020.

Papables : beaucoup de bruit pour rien

Les spéculations sur les "papables" avant un conclave sont souvent incertaines, car le choix du pape dépend de dynamiques internes imprévisibles. Suivre les pronostics des médias, c'est s'agiter intérieurement.

27 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Ces derniers temps, dès que l'éventualité d'un conclave approche, les spéculations vont bon train sur l'identité du prochain pape. Les listes de "papables", les analyses d'"experts" et les paris circulent sans fin, mais la réalité est bien plus incertaine qu'il n'y paraît. L'histoire a montré que les élections papales peuvent réserver de grandes surprises, comme ce fut le cas lors de l'élection de Jean-Paul II en 1978.

Le cas de Karol Wojtyla est un exemple clair de la manière dont l'Esprit Saint et la dynamique interne du conclave peuvent conduire à une élection inattendue. À cette occasion, deux cardinaux italiens étaient favoris, mais la division de leurs soutiens a empêché l'un ou l'autre d'atteindre la majorité nécessaire. À l'arrière-plan, deux grands groupes ne voulaient en aucun cas soutenir le candidat rival. Il fallait donc chercher un cardinal non italien qui serait accepté par une large majorité. C'est ainsi qu'apparut la figure d'un Polonais pratiquement inconnu, qui finit par être élu et par marquer l'histoire de l'Église.

Aujourd'hui, la situation n'est guère différente. Sur les 135 cardinaux électeurs, beaucoup ne se connaissent pas. L'absence de rencontres fréquentes, comme les consistoires de cardinaux, a rendu difficiles les contacts et la connaissance mutuelle, ce qui rend tout pronostic encore plus incertain. Une trentaine de cardinaux sont bien connus, soit parce qu'ils travaillent à la curie romaine, soit parce qu'ils se sont retrouvés sous les feux de la rampe pour une raison particulière, mais aucun d'entre eux ne dispose d'un leadership suffisamment clair pour obtenir rapidement le vote des deux tiers. Ainsi, malgré l'insistance des médias à désigner les "papables", la réalité est que l'élection pourrait revenir à quelqu'un d'inattendu.

En outre, l'intérêt médiatique suscité par l'élection papale encourage les journalistes à alimenter le débat avec les noms et les profils des cardinaux les plus en vue. Les titres comprenant le mot "papable" sont très tentants et les lecteurs tombent facilement dans le panneau, mais cela ne veut pas dire qu'ils sont vraiment les plus probables. Tant que le vote n'aura pas commencé et que les premiers examens n'auront pas eu lieu, il ne sera pas possible d'entrevoir qui a de réelles chances. La dynamique du conclave est imprévisible et tant que les cardinaux n'auront pas voté plusieurs fois, il ne sera pas possible d'entrevoir la tendance de l'élection.

Il convient donc de relativiser les spéculations et, surtout, de ne pas perdre de vue que dans ces élections, comme dans l'histoire de l'Église, la Providence joue son rôle. En fin de compte, comme je l'ai dit RatzingerCe n'est pas l'Esprit Saint qui choisira le pape, mais il placera l'Église et le pape au-dessus des stratégies et des prédictions humaines.

L'auteurJavier García Herrería

Rédacteur en chef de Omnes. Auparavant, il a collaboré à divers médias et a enseigné la philosophie au niveau du Bachillerato pendant 18 ans.

Actualités

María Pía Chirinos : "Dans Laudato Si', l'être humain est à la fois le destinataire et l'agent des soins".

Entretien avec le vice-recteur de l'université de Piura au campus de Lima sur l'impact de Laudato Si' et du magistère papal sur l'écologie.

Maria José Atienza-27 avril 2025-Temps de lecture : 4 minutes

Titulaire d'un doctorat en philosophie de l'université de Navarre, María Pia Chirinos est actuellement vice-rectrice de l'université de Navarre. Université de Piura au campus de Lima, où elle est également maître de conférences à la faculté des sciences humaines. 

Cette institution s'est particulièrement engagée à prendre soin de notre maison commune et, dans les mois à venir, elle célébrera, en collaboration avec le Conseil de l'Europe, la Journée mondiale de l'eau. Thomas Université du Minnesotaun congrès pour célébrer le 10e anniversaire de l'encyclique Laudato Si' du pape François. Un événement qui, comme elle le souligne elle-même, sera une occasion spéciale de se souvenir et de rendre hommage au pontife qui a souligné l'importance de la protection de la création pour la vie de l'Église. 

Dans cet entretien avec Omnes, M. Chirinos réfléchit au manque de connaissance du magistère ecclésiastique en matière de protection de la planète et souligne l'importance de l'être humain en tant que centre et responsable de la création divine. 

Selon vous, quelles sont les clés d'interprétation de Laudato si' dans notre société actuelle ? 

L'idée sous-jacente de Laudato Si' est déjà présente dans la première homélie du Pape, le 19 mars 2013. En d'autres termes, l'encyclique ne fait que poursuivre sa préoccupation pour l'homme et la femme en tant que gardiens de la création. 

Dans Laudato Si', la présence de l'être humain est ambivalente, elle n'est pas univoque : l'être humain est à la fois un bénéficiaire de soins et un agent de soins. Dans ce contexte, il existe des clés importantes pour notre société : l'équivalence entre la dimension écologique et la dimension sociale - "une véritable approche écologique devient toujours une approche sociale" (LS 49) ; la relation entre la justice et la pauvreté, non seulement humaine mais aussi de la nature - nous devons "écouter à la fois le cri de la terre et le cri des pauvres" (LS 49) - ou l'appel à une écologie intégrale, qui, à partir de la maison commune, englobe toutes les créatures, leitmotiv du document. Toutes ces idées, et bien d'autres encore, sont essentielles à une meilleure compréhension de notre société et de ses principaux défis.

Le pape a ensuite appelé à une "conversion écologique". Comment cette demande peut-elle être mise en pratique ? 

-Dans l'encyclique, cette "conversion écologique" a trouvé des expressions plus fortes. Par exemple, la dénonciation de la "schizophrénie, qui va de l'exaltation technocratique qui ne reconnaît pas la valeur des autres êtres à la réaction qui consiste à nier toute valeur particulière à l'être humain". Si le Pape parle de schizophrénie, de double vie, la conversion doit être orientée vers une compréhension du monde dans "l'unité de la vie". 

Il ne s'agit pas d'uniformiser toutes les créatures, mais de reconnaître la valeur de chacune d'entre elles - Kant ferait la distinction entre la valeur de la nature et la dignité de l'être humain - et surtout de revaloriser notre tâche de soin et de préservation de notre maison commune. 

Faire de cette demande une réalité est un grand défi pour l'humanité d'aujourd'hui, mais c'est un défi qui devrait nous passionner. Pourquoi ? Pour la simple raison que - au moins les chrétiens - nous pouvons contribuer à le résoudre à partir de la position de chacun d'entre nous : dans le monde universitaire, par la recherche et l'enseignement de sujets humanistes et scientifiques ; dans le monde des affaires, par la recherche de la durabilité et de la justice sociale ; dans le monde politique, par des lois qui respectent la vie et promeuvent la protection de la nature ; et dans de nombreux autres domaines tels que la communication, l'économie, etc.

Dans ce magistère écologique, François a repris une partie de l'appel de ses prédécesseurs, mais ne connaissons-nous pas la profondeur de la relation entre toute la création ? 

-Nous savons peu de choses à son sujet, et nous savons mal ce qu'il en est. Il y a un problème sous-jacent qui rend cela difficile : le manque de compréhension de la matière et, plus spécifiquement, de la matière vivante ou de ce que l'on appelle en allemand "la matière vivante". Leib (corps vivant). 

Depuis la modernité, tout ce qui est matière est compris comme une réalité inerte et abstraite. Il existe aujourd'hui des mouvements écologistes qui dénoncent à juste titre cet abus, mais ils tombent dans la position extrême qui jette l'anathème sur le pouvoir de l'homme sur la nature. Le pape François dénonce ce sens du pouvoir. Le pouvoir, c'est le service, c'est l'attention, c'est le respect. Une telle vision est propre à la vision judéo-chrétienne, déjà présente dans les premières pages de la Genèse. Dieu crée Adam non seulement pour dominer et travailler la terre, mais aussi pour la garder. La domination ne doit pas être comprise comme un abus ou une domination excessive. Les modernes l'ont fait et beaucoup transfèrent à tort ce sens à la Genèse. Cependant, au début, le rôle d'Adam était très clair : il connaissait tout ce qui était créé, lui donnait un nom et devait le garder. 

Au sein de l'université où vous travaillez, la question de la prise en charge de la maison commune est l'un de vos axes de travail les plus importants. Quels éclairages le magistère papal vous a-t-il apportés dans ce domaine ? Quelles initiatives menez-vous ? 

-En raison de la situation géographique de l'université - elle a vu le jour au milieu d'un désert qui subit les conséquences du changement climatique tel que le phénomène El Niño - notre institution a été obligée d'envisager des projets ayant un impact particulier. L'un d'entre eux - qui remonte aux années 1980 - consistait à reboiser notre campus. Ses 130 hectares sont devenus le poumon d'oxygène de la ville de Piura, grâce à la plantation de centaines de graines de caroubiers, qui abritent aujourd'hui une flore et une faune riches en espèces diverses.  

En outre, notre programme d'architecture, par l'intermédiaire d'anciens étudiants déjà diplômés, s'attaque aux problèmes d'urbanisme dans les villes qui nous entourent afin d'améliorer la qualité de vie. 

Sur notre campus de Lima, nous mettrons en œuvre des énergies renouvelables dans le cadre d'un projet pilote de gestion de l'énergie, pionnier parmi les universités de la capitale. 

Enfin, nous organisons avec l'Université St. Thomas (Minnesota, USA) un congrès sur le dixième anniversaire de Laudato Si'.qui aura lieu à Lima au début du mois de juillet. Nous n'avions jamais imaginé qu'il s'agirait d'un hommage posthume au pape François.

Évangile

Une autoroute pour l'âme. Ascension (C)

Le Père Joseph Evans commente les lectures de l'Ascension (C) pour le 29 mai 2025.

Joseph Evans-27 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Jésus laisse ses disciples avec une bénédiction : "Comme il les bénissait, il se sépara d'eux et fut enlevé au ciel.. Et cela a conduit les apôtres à ressentir une "grande joie".. Car Notre Seigneur n'a pas quitté son Église dans la colère, avec un appel à la guerre. Il l'a quittée en la bénissant, en répandant la grâce et la bonté. Mais il leur a aussi laissé le "pouvoir" d'accomplir cette mission : "Restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force qui vient d'en haut".. Il les a laissés spirituellement armés, non pas par le pouvoir politique ou militaire, mais par l'action de l'Esprit Saint dans leurs âmes, l'Esprit d'amour qui est descendu sur eux à la Pentecôte. En effet, le "témoignage" de l'Église, dit Jésus, doit être celui de son amour : l'amour qui l'a conduit à souffrir et à mourir pour nous ; un amour plus fort que la mort, au point qu'il est ressuscité le troisième jour ; un amour qui offre aux hommes la possibilité de se repentir ; et un amour qui est prêt à faire confiance aux hommes faibles et à leur donner les moyens de devenir les agents de la miséricorde de Dieu en l'accueillant eux-mêmes.

Tel est le message de la grande solennité d'aujourd'hui, l'Ascension. Le Christ nous a quittés non pas pour s'éloigner de nous, mais pour rester près de nous, pour ouvrir un canal vers le ciel. Nous pouvons monter au ciel dans le "courant glissant" que Jésus a créé lors de sa propre Ascension. Tout comme lorsque le cœur de Jésus, élevé sur la Croix, a été transpercé, un canal d'amour s'est ouvert pour que nous puissions atteindre son cœur. De même, aujourd'hui, Jésus élevé au ciel ouvre un canal vers la vie éternelle. Comme le dit la prière d'ouverture d'aujourd'hui : "L'Ascension du Christ, ton Fils, est notre exaltation, et là où la Tête a précédé dans la gloire, le Corps est appelé à suivre dans l'espérance"..

La première lecture montre que les apôtres - eux aussi ! - voulaient encore un royaume politique d'Israël, même jusqu'à l'époque de l'Ascension : "Seigneur, est-ce maintenant que tu vas restaurer le royaume d'Israël ?. Le Christ offre un royaume qui va au-delà d'un territoire spécifique, comprenant "jusqu'aux extrémités de la terre. Elle va jusqu'au ciel. Notre Seigneur nous invite à adopter une "géographie spirituelle" qui inclut le ciel et qui est véritablement "catholique", universelle.

Il y a une meilleure autoroute que celles qui ont été construites par les hommes, l'autoroute du ciel, qui est maintenant ouverte. Nous devons regarder vers le haut et viser le ciel, mais agir avec les pieds sur terre, comme le rappelaient les anges qui rencontraient les apôtres. "quand ils regardaient le ciel". Visez le ciel, mais ne regardez pas les étoiles. Le désir du ciel conduit à l'action concrète. Il ne s'agit jamais d'une dérobade à nos devoirs.

Vatican

Un pape au milieu des gens, avec un cœur ouvert à tous

La messe de funérailles pour le repos éternel du pape François a été célébrée ce matin sur la place Saint-Pierre, au cours d'une cérémonie émouvante qui a rassemblé quelque 250 000 fidèles, d'importants responsables et des chefs religieux du monde entier.

Maria Candela Temes-26 avril 2025-Temps de lecture : 5 minutes

Rome ne peut se comprendre sans le pape. L'énorme dôme du Vatican domine la ville, rappelant sans cesse la présence du successeur de Pierre. Une présence qui, à quelques rares exceptions près, a façonné la physionomie et le caractère de la ville pendant plus de vingt siècles. caput mundi.  

Il n'était pas non plus possible de comprendre le pape François sans le peuple. L'évêque de Rome, que les cardinaux étaient allés chercher "au bout du monde" (comme il l'a dit lui-même lors de son élection le 13 mars 2013), a tout fait pendant ses 12 ans de pontificat pour être proche de son peuple, pour être un berger "à l'odeur de brebis", selon l'expression "bergoglienne". 

Il n'est donc pas surprenant que des centaines de milliers de Romains et de fidèles des cinq continents se soient rassemblés aujourd'hui, dès le matin, sur la Piazza et dans les rues avoisinantes, comme la Via della Conciliazione, pour rendre un dernier hommage au pontife argentin et participer à la messe des funérailles, qui a débuté à 10 heures, par un samedi matin de printemps radieux.

Les funérailles en chiffres

François souhaitait que ses funérailles soient une cérémonie simple, et avait même modifié et simplifié les rituels funéraires du pontife, mais l'importance de sa fonction et son influence ont contredit ce souhait : les chiffres parlent de quelque 160 délégations officielles, 50 chefs d'État, une douzaine de monarques régnants, des ministres, des ambassadeurs, des dirigeants d'autres confessions chrétiennes et d'autres religions. A cela s'ajoutent 2 700 journalistes accrédités et une prévision de quelque 250 000 fidèles sur la place et accompagnant leur procession à la fin de la messe.

Ces jours-ci, la presse a mis en exergue les noms du "front row" mondial qui serait présent : Trump et Biden, Mattarella et Meloni, Millei et Lula, Macron et Zelenski, le secrétaire général de l'ONU et le roi et la reine d'Espagne. Des hommes de foi qui ont eu des relations amicales avec le pape, comme le patriarche orthodoxe Bartholomée de Constantinople ou le rabbin de Rome représentant la communauté juive, ont également tenu à être présents. 

Des drones et des hélicoptères survolent Rome depuis quelques heures avant la cérémonie. Le déploiement sécuritaire est à la hauteur de la liste des souverains et dirigeants du monde : 11 000 agents sont chargés de veiller au bon déroulement de la cérémonie.

Le cercueil est transféré sur la place

À 9 h 45, après la récitation du Saint Rosaire, les cloches de la basilique ont retenti d'une sonnerie funèbre. Le cercueil portant la dépouille du pape François a fait son entrée dans la basilique. sagrato de l'intérieur du temple vers 10h05. Ces derniers jours, nous avions vu qu'il s'agissait d'une simple boîte en bois. Depuis hier, elle est recouverte d'un couvercle en bois, orné d'une grande croix et du sceau épiscopal de Bergoglio avec la devise "...".miserando atque eligendo". Un évangile ouvert a été placé au-dessus. 

La messe a été présidée par le cardinal italien Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, qui a un rôle important à jouer ces jours-ci, puisqu'il sera également chargé de convoquer le conclave au cours duquel le prochain pontife sera élu. C'est lui qui a officié lors des funérailles de Benoît XVI, le 5 janvier 2023, présidées par François.

C'est Pâques et une tapisserie représentant le Christ ressuscité orne la façade de la basilique vaticane. Une image de la Vierge Marie, la Salus Populi Romani - si vénérée par François - se trouve également sur l'un des côtés de l'autel. 

Dans l'Évangile, nous lisons le chapitre 21 de Jean, qui rapporte le dialogue entre Jésus et Pierre sur les rives de la mer de Génésareth après la résurrection. Une conversation dans laquelle le Christ demande trois fois au premier de ses apôtres s'il l'aime, et lui recommande trois fois de paître ses brebis. Il était émouvant de l'écouter et de penser à la manière dont François a essayé d'être fidèle à ce commandement. Les mots : "Un autre te ceindra et te conduira là où tu ne veux pas aller...", parlent de la dernière période de son pontificat, marquée par la maladie. 

Résumé de l'homélie du pontificat

Le cardinal Re, âgé de 91 ans, a commencé par rappeler qu'il y a six jours à peine, nous nous trouvions sur cette même place avec François lors de la bénédiction Urbi et Orbe : "La bénédiction de Son Éminence, le pape, a été une grande bénédiction. dernier L'image qui restera dans nos yeux et dans nos cœurs est celle de dimanche dernier, la solennité de Pâques, lorsque le pape François, malgré de graves problèmes de santé, nous a donné sa bénédiction depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre et est ensuite descendu sur cette place pour saluer la grande foule réunie pour la messe de Pâques depuis la "popemobile" ouverte.

Dans son homélie, le cardinal a passé en revue les principales étapes du pontificat de François, ses voyages et ses encycliques. À plusieurs reprises, les fidèles ont interrompu ses propos par des applaudissements. 

"La décision de prendre le nom de François est apparue immédiatement comme un choix programmatique et stylistique par lequel il a voulu projeter son pontificat, en s'inspirant de l'esprit de saint François d'Assise. Il a conservé son tempérament et sa forme d'orientation pastorale, et a immédiatement donné l'empreinte de sa forte personnalité dans le gouvernement de l'Église, établissant un contact direct avec les personnes et les peuples, désirant être proche de tous, avec une attention particulière pour les personnes en difficulté, se donnant sans mesure, en particulier pour les plus petits de la terre, les marginaux. Il a été un pape au milieu des gens, avec un cœur ouvert à tous. C'était aussi un pape attentif aux nouveautés de la société et à ce que l'Esprit Saint réveillait dans l'Église.

Re a souligné plusieurs traits caractéristiques de François : "son vocabulaire caractéristique et son langage riche en images et en métaphores", avec lequel "il a cherché à éclairer les problèmes de notre temps avec la sagesse de l'Évangile", ainsi que sa "grande spontanéité et sa façon informelle de s'adresser à tous", et sa "chaleur humaine et sa profonde sensibilité aux drames d'aujourd'hui". De même, "son charisme d'accueil et d'écoute, associé à une manière d'agir adaptée à la sensibilité d'aujourd'hui", avec lequel il "a touché les cœurs, en essayant de réveiller les forces morales et spirituelles".

Nous prions pour vous, priez pour nous

Le doyen du Collège des cardinaux a rappelé que "la miséricorde et la joie de l'Évangile sont deux concepts clés du pape François" et a souligné que "face à l'éclatement de tant de guerres ces dernières années, avec des horreurs inhumaines et d'innombrables morts et destructions, le pape François a élevé sa voix en implorant sans cesse la paix".

M. Re a conclu son homélie en rappelant que "le pape François avait l'habitude de conclure ses discours et ses réunions en disant : "N'oubliez pas de prier pour moi"". Il a ensuite adressé quelques mots au pontife argentin : "Cher Pape François, nous vous demandons maintenant de prier pour nous et de bénir du ciel l'Église, de bénir Rome, de bénir le monde entier, comme vous l'avez fait dimanche dernier depuis le balcon de cette basilique dans une dernière étreinte avec tout le peuple de Dieu, mais idéalement aussi avec l'humanité qui cherche la vérité avec un cœur sincère et porte haut le flambeau de l'espérance".

L'adieu

À la fin de la cérémonie, il y a eu un moment de grande beauté liturgique lorsque tous les patriarches, archevêques et métropolites des Églises catholiques orientales métropolitaines se sont approchés du cercueil et ont chanté une longue prière en grec.

Après le chant funèbre, les porteurs ont pris le cercueil et l'ont soulevé avant de le transporter sur la place pour que les fidèles puissent saluer le pape, et les personnes présentes ont répondu par une salve d'applaudissements en guise de remerciement et de dernier hommage. Les moments où nous avons salué François lors de l'Angélus du dimanche ou des audiences du mercredi nous sont revenus à l'esprit, et les larmes nous sont montées aux yeux à l'idée que c'était la dernière fois que nous le rencontrions sur la place.

Après la messe de funérailles, une procession a transporté le pape de Saint-Pierre à la basilique Sainte-Marie-Majeure, où il a été enterré selon sa volonté expresse. De nombreux Romains n'ont pas osé se rendre au Vatican, mais ils étaient présents dans les rues le long du parcours de six kilomètres de la procession à travers le centre-ville pour dire adieu à leur évêque. 

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Vatican

Le dernier voyage du pape François

Aujourd'hui, l'Église enterre le pape François, un frère qui a marché avec nous et qui a été le porte-voix de la miséricorde divine.

Javier García Herrería-26 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Un ciel dégagé a accompagné la dernier voyage du Pape François. La place Saint-Pierre et la Via della Conciliazone étaient pleines comme à chaque grande occasion d'adieu au pontife argentin.

La façade de Maderno, imposante comme un ostensoir de pierre, accueille en silence la douleur contenue des fidèles, tandis que les colonnes de la majestueuse colonnade du Bernin ouvrent à nouveau leurs bras pour envelopper Rome et le monde d'une seule étreinte. Ce n'était pas seulement un adieu : c'était le témoignage vivant d'un berger qui savait toucher le cœur de beaucoup.

Devant l'autel du tabernacle de la place, le sobre cercueil de François, sans autre ornement que la croix et l'Évangile, reposait humblement, comme il avait vécu. À ses pieds, une liturgie solennelle et une musique capable d'unir le ciel et la terre, dominant même la moins croyante des autorités politiques qui occupaient les sièges d'honneur. C'était le langage universel de la beauté et de l'éternité que seule l'Église sait garder dans ses rites.

L'un des moments les plus émouvants a eu lieu après la communion, lorsqu'un rite funéraire impressionnant de la liturgie byzantine a été chanté en grec. Pour les catholiques de rite latin, c'était la preuve que certaines des plus belles liturgies sont celles de nos frères orientaux. Le chant, aussi ancien que la foi elle-même, enveloppait la place d'un écho d'éternité.

Le pape François à Santa Maria Maggiore

La présence des milliers de prêtres concentrés dans les premiers blocs a également été remarquée, signe évident que la plus grande chose qu'un homme puisse faire est de célébrer l'Eucharistie. Juste derrière eux, un groupe de plus d'une centaine de sourds et leurs interprètes de signes ont rappelé la tendresse avec laquelle François a toujours voulu s'occuper des périphéries, même invisibles.

Avec la solennité contenue de ceux qui comprennent qu'ils assistent à un acte qui sera inscrit dans les pages de l'histoire, le cortège funèbre a lentement déplacé le corps de François à l'intérieur de la basilique, pour affronter son dernier voyage, les six kilomètres qui relient le Vatican à la sobre tombe dont il a ordonné la construction à Santa Maria Maggiore.

Aujourd'hui, l'Église ne se contente pas de enterrer à un pape, mais à un frère qui a marché avec nous et qui a été le haut-parleur de la miséricorde divine.

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Écologie intégrale

Le pape qui nous a appris à prendre soin des autres créatures

Le concept d'écologie intégrale du pape François inclut non seulement les plantes et les animaux, mais aussi et surtout les personnes les plus vulnérables, celles qui souffrent le plus de la dégradation de la nature dans leurs moyens de subsistance, dans leur alimentation.

Emilio Chuvieco-26 avril 2025-Temps de lecture : 4 minutes

Je m'attends à ce qu'il y ait de nombreux articles sur l'héritage du pape François dans les jours à venir. Différents sujets seront abordés, sous différentes perspectives, mais il semble raisonnable, presque essentiel, d'en consacrer un à la préoccupation de François pour la nature. À la suite de son homonyme et huit siècles plus tard, il a su nous transmettre l'appréciation que tout chrétien devrait avoir pour l'immense beauté et la richesse de la vie qu'un Dieu créateur et providentiel nous offre, non pas pour notre jouissance exclusive et encore moins pour notre abus. Si la Création est un don merveilleux, sa contemplation devrait nous amener à reconnaître un Donateur lui aussi merveilleux.

Le monde est bon parce qu'il a été créé par un Dieu qui s'est réjoui de son œuvre : "Et Dieu vit que cela était bon", répète avec insistance le premier chapitre de la Genèse. Nous, chrétiens, ne pouvons pas nous retourner contre l'environnement, car c'est notre maison, la maison commune dont nous devons prendre soin, comme François l'a joliment sous-titré dans son encyclique Laudato si. Il ne s'agit pas de suivre la voie du politiquement correct, ni même d'assurer notre propre survie, qui est intimement liée à l'équilibre de la nature, mais de reconnaître que nous partageons la planète avec de nombreux autres êtres humains, qui ont également besoin de cet équilibre, et avec des millions d'autres créatures, qui nous accompagnent dans cette maison.

En outre, la principale raison de prendre soin de la création est la reconnaissance du fait que nous ne sommes pas des créateurs mais des créatures, pas des propriétaires mais des enfants d'un Père qui les a créés pour montrer son amour infini et pour se montrer dans les beautés que nous observons. La création est une image du Dieu invisible, que Dieu nous donne pour que nous l'admirions et en prenions soin, que nous la partagions avec les autres créatures qui habitent cette planète avec nous, et que nous la transmettions aux générations futures, en guérissant les blessures que nous avons si souvent causées par notre égoïsme et notre avidité. 

Dès le début de son pontificat, François nous a dit que "... la vocation de gardien ne concerne pas seulement les chrétiens, mais elle a une dimension qui la précède et qui est tout simplement humaine, elle correspond à tout le monde. Il s'agit de garder toute la création, la beauté de la création, comme nous le dit le livre de la Genèse et comme nous le montre saint François d'Assise : il s'agit de respecter toutes les créatures de Dieu et l'environnement dans lequel nous vivons (...) Et quand l'homme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et de nos frères et sœurs, alors la destruction gagne du terrain et le cœur devient aride" (Pape François, Homélie pour l'annonce de l'Évangile, p. 4). (Pape François, Homélie lors de la célébration eucharistique au début de son pontificat, 2013). 

Francisco n'était pas un écologiste ordinaire. Son concept d'écologie intégrale incluait non seulement les plantes et les animaux, mais aussi et surtout les personnes les plus vulnérables, celles qui souffraient le plus de la dégradation de la nature dans leur mode de vie, dans leur survie même. C'est pourquoi il a toujours soulevé la question environnementale en la reliant à la question sociale, non pas comme deux crises, mais comme une seule crise qui exige une réponse commune : "Les lignes de solution exigent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, rendre la dignité aux exclus et en même temps prendre soin de la nature" ( Laudato si, 2015, n. 139).

Cette approche sociale ne l'a pas empêché d'avancer significativement dans les arguments théologiques qui sous-tendent la protection de l'environnement, jusqu'à reconnaître la valeur intrinsèque de chaque créature, au-delà du fait de servir d'instrument aux fins humaines, précisément parce qu'elles ont été créées par Dieu et qu'elles reçoivent de lui son amour et sa providence : "Nous sommes appelés à reconnaître que les autres êtres vivants ont une valeur propre devant Dieu et que, "par leur existence même, ils le bénissent et lui rendent gloire", parce que le Seigneur se réjouit de ses œuvres (cf. Ps 104, 31)" (Pape François, Laudato si, 2015, n. 69).

C'est l'un des piliers de ce qu'il a appelé la "conversion écologique", à laquelle il a encouragé tous les chrétiens et les autres personnes de bonne volonté, et qui implique un changement d'attitude dans notre relation avec les autres créatures, en proposant : "... un regard différent, une façon de penser, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité" (Laudato si, 2015, n. 194), qui nous permettra de surmonter le matérialisme consumériste qui nous entoure. Ce consumérisme ne peut être surmonté que par une profonde conviction spirituelle, qui conduit à remplir le cœur de ce à quoi il aspire vraiment.

De par sa proximité avec ce Dieu créateur, le Pape François continuera à nous encourager à nous engager dans un processus de conversion qui changera nos valeurs et nous rendra plus attentifs aux autres et à notre environnement. Il ne s'agit pas d'une question mineure, comme il nous l'a rappelé dans la même encyclique : "Mais nous devons aussi reconnaître que certains chrétiens engagés et priants, sous couvert de réalisme et de pragmatisme, se moquent souvent des préoccupations environnementales. D'autres sont passifs, ne veulent pas changer leurs habitudes et deviennent incohérents (...) Vivre la vocation d'être des protecteurs de l'œuvre de Dieu est une partie essentielle d'une existence vertueuse, et non un aspect facultatif ou secondaire de l'expérience chrétienne " (Laudato si, 2015, n. 217).

Dans ce domaine, comme dans tant d'autres aspects de la vie chrétienne, le Pape nous a demandé d'être cohérents avec notre foi, même si nous allons à contre-courant, même si cela nous coûte des sacrifices personnels. Cette cohérence de vie doit aussi être un exemple pour les autres, c'est pourquoi tant de diocèses dans le monde ont déjà créé une commission sur l'écologie intégrale : l'Église doit montrer son engagement envers les valeurs qu'elle défend, sa congruence avec les idées qu'elle promeut. Dans cette ligne, le Pape François nous a demandé "...que dans nos séminaires et nos maisons religieuses de formation nous éduquions à l'austérité responsable, à la contemplation reconnaissante du monde, au soin de la fragilité des pauvres et de l'environnement" (Laudato si, 2015, n. 214).

C'est un bon héritage pour un pontife qui a su être avec tout le monde, un bon berger qui nous a offert son sourire, son exemple de vie austère et simple, son amour pour tous ceux que beaucoup dans le monde rejettent : les plus pauvres et les plus vulnérables, les malades, les immigrés, les enfants à naître. La culture de l'attention contre la culture du rejet, la culture de la créature contre celle du dominateur, l'attitude de celui qui se sait l'enfant d'un Père si bon : "La meilleure façon de remettre les êtres humains à leur place, et de mettre fin à leur prétention d'être des dominateurs absolus de la terre, est de reproposer la figure d'un Père créateur et seul maître du monde, parce qu'autrement les êtres humains auront toujours tendance à vouloir imposer leurs propres lois et intérêts à la réalité" (Laudato si, 2015). (Laudato si, 2015, 75).

L'auteurEmilio Chuvieco

Professeur de géographie à l'université d'Alcalá.

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Évangélisation

Saint Isidore de Séville, dernier père de l'Église occidentale

Saint Isidore de Séville est considéré comme l'écrivain latin le plus célèbre du VIIe siècle et, pour certains auteurs, comme le dernier père de l'Église occidentale.

José Carlos Martín de la Hoz-26 avril 2025-Temps de lecture : 7 minutes

La conversion de Recaredo et les conciles de Tolède convoqués au VIIe siècle ont marqué le pontificat fécond de saint Isidore de Séville (+ 636), considéré comme l'écrivain latin le plus célèbre du VIIe siècle et, pour certains auteurs, le dernier Père de l'Église occidentale.

Sans aucun doute, son œuvre la plus connue et la plus citée, "Étymologies"Il faut aller aux sources et à partir d'elles éclairer les grands et les petits problèmes de la vie pastorale et de la vie des chrétiens. Il faut aller aux sources et à partir d'elles éclairer les grands et les petits problèmes de la vie pastorale et de la vie des chrétiens.

Œuvres de saint Isidore de Séville

En effet, les "Etymologies" constituent la première encyclopédie du savoir et de la connaissance à l'intérieur et à l'extérieur de l'Eglise médiévale. Si nous lisons lentement l'édition de la BAC, par exemple, nous verrons qu'il s'agit d'un recueil de connaissances scientifiques, humanistes, sapientielles, etc.

Dans ces pages serrées, telles qu'elles étaient écrites dans l'Antiquité pour utiliser au mieux le papier, était conservé tout ce qu'un enseignant devait garder à l'esprit dans la formation de ses sujets. Ses "Sentences" regorgent de science ecclésiastique et préfigurent les futures "Sentences" de Peter Lombard (1100-1160) et la "Somme théologique" de St. Peter Lombard (1100-1160) et la "Somme théologique" de St. Peter Lombard (1100-1160). Thomas d'Aquin (1224-1274).

Rappelons tout de suite son extraordinaire apologie "De la foi catholique contre les juifs" ; le rappel des coutumes chrétiennes et de la discipline ecclésiastique dans "Des offices ecclésiastiques" ; l'histoire des rois gothiques, vandales et suèves dans "Les hommes illustres" ; tout ce qui pouvait être discuté à l'époque dans les deux livres "Des divergences" ; Il commente la Bible, il dissèque le dogme et la morale, il se plaît à décrire les moindres détails de la nature... On peut dire que son œuvre embrasse tous les domaines de la science, depuis la haute théologie jusqu'aux arts mécaniques et somptuaires les plus ordinaires.

Vie et culture hispano-visigothes

En raison de sa sainteté et de son érudition, on peut également dire qu'il personnifie la vie et la culture de l'Église hispano-visigothique. C'est à lui que revient le mérite d'avoir éveillé et consolidé la conscience de l'unité culturelle des peuples germaniques et romains. En tant que compilateur et remanieur de la pensée classique, imprégné des connaissances de son temps et prolifique dans le domaine littéraire, il a su présenter dans ses œuvres le précieux héritage de l'érudition antique et le porter à la conscience des nations germaniques. Cela lui a valu d'être reconnu comme l'un des grands maîtres des précurseurs de l'époque médiévale, hier comme aujourd'hui.

Saint Isidore n'est pas moins important pour la vie nationale. Conseiller des rois et inspirateur d'une nouvelle législation, il crée une politique d'inspiration chrétienne qui, dépassant les frontières wisigothiques, servira de modèle à la politique qui s'imposera plus tard dans l'Empire chrétien au cours du Moyen Âge.

Depuis l'époque de saint Isidore, le magistère est par exemple exercé à Tolède par ses archevêques, les deux saints Eugène, saint Ildefonso, "fleuve de l'éloquence", et saint Julien : les deux saints Eugène, Saint Ildefonso, "fleuve de l'éloquence", et Saint Julien ; à Saragosse, Tajon et les frères Juan et Saint Braulio, ce dernier étant l'une des gloires les plus représentatives de l'Espagne wisigothique ; à Barcelone, Saint Quirce ; à Séville, Saint Léandre et Saint Fulgentius ; à Braga, Saint Fructuosus... L'Espagne possède alors une pléiade d'écrivains ecclésiastiques que l'on retrouve difficilement dans les autres nations d'Europe.

La formation sacerdotale et saint Isidore de Séville

Nous souhaitons profiter de ce portrait de saint Isidore de Séville pour mettre en lumière un sujet peu connu du grand public, à savoir l'importance de saint Isidore dans la formation des prêtres jusqu'au Concile de Trente.

En effet, le quatrième concile de Tolède est l'un des plus importants de l'Église d'Espagne. Il s'est tenu en 653 sous la présidence de saint Isidore de Séville. Y ont participé 5 archevêques, 56 évêques et 7 vicaires d'autres diocèses. Pour notre propos, l'étude de la formation sacerdotale, il s'agit d'un concile d'un grand intérêt, puisqu'il consacre de nombreux canons à cette question.

En premier lieu, il a été établi que les études sacerdotales devaient être fondées sur la connaissance de l'Écriture Sainte et des canons : "afin que tout leur travail consiste en prédication et en doctrine et serve à l'édification de tous, tant par la connaissance de la foi que par la légalité de l'enseignement" (Concile IV de Tolède, c. 25, Mansi 10, 626 ss.).

Il précise ensuite les aspects spécifiques de cette formation : "Tous les âges de l'homme, à partir de l'adolescence, sont enclins au mal ; mais il n'y a rien de plus inconstant que la vie des jeunes. C'est pourquoi il a été convenu d'établir que les clercs pubères ou adolescents vivraient tous dans un enclos dans l'atrium, afin qu'ils puissent passer les années de l'âge lubrique non pas dans la luxure mais dans les disciplines ecclésiastiques, sous la direction d'un vieil homme de très bonne vie et d'expérience, que tous devraient considérer comme leur maître et le témoin de leurs actions ; et si certains d'entre eux sont des élèves, ils devraient être protégés par la tutelle de l'évêque, afin que leur vie soit à l'abri du crime et que leurs biens soient à l'abri des dommages causés par les malfaiteurs".

Séminaire isodorien

Avec les canons tirés du IVe concile de Tolède et les œuvres de saint Isidore, nous sommes en mesure d'esquisser ce que l'on a appelé le "séminaire isidorien", qui aura une grande influence au Moyen Âge, tant en Espagne que dans d'autres parties de l'Europe, et qui sera finalement repris par le concile de Trente. En effet, le décret "pro seminariis" du concile de Trente commencera par les mêmes mots que ceux du IVe concile de Tolède déjà mentionnés.

La première nouveauté introduite par le Concile de Tolède a été d'appeler presbytre, ancien, celui que l'on appelait jusqu'alors "supérieur". En d'autres termes, "l'ancien d'une vie très bonne et expérimentée" a succédé au "supérieur" en termes d'exigences, d'expérience de vie et de compétence. 

Au cours de la vie de cette école sacerdotale, il sera également fait clairement référence aux "disciplines ecclésiastiques", que les élèves devront étudier dans "l'enceinte de l'atrium", à côté de l'évêché et sous la supervision d'un homme expérimenté, "prudent dans ses paroles et riche en connaissances".

L'âge des élèves est limité à plus de 30 ans. En revanche, aucune nouvelle constitution n'est rédigée pour la vie de ces écoles, car il est entendu que la Règle de saint Benoît résume suffisamment les différentes questions. 

Outre l'enseignement des sciences sacrées et profanes, on leur apprenait à prêcher, c'est-à-dire qu'on leur donnait un cours d'art oratoire sacré, très pratique et destiné à prêcher au peuple, basé sur la rhétorique classique.

Ils recevaient également un enseignement théorique et pratique de la pastorale. Ainsi, dans l'une des prières du "Liber ordinum", on priait ainsi : "Seigneur Jésus-Christ. Toi qui as ouvert la bouche des muets et rendu éloquente la langue des enfants, ouvre la bouche de ce serviteur pour qu'il reçoive le don de la sagesse, afin que, profitant en toute perfection des enseignements qu'il commence à recevoir aujourd'hui, il te loue dans les siècles des siècles".

Pédagogie

La pédagogie, "Institutionum disciplinae", conçue par saint Isidore, disait de ces collèges qu'ils étaient institués et établis en trois parties : apprendre à lire, à écrire et à être lecteurs de la Parole de Dieu, c'est-à-dire à lire et à commenter les mystères de Dieu. 

Il est intéressant de noter que, quelques années plus tard, saint Julien de Tolède, dans son "Ars grammatica", insiste sur les mêmes idées. Saint Ildefonso ajoute également le chant liturgique, qui devrait désormais être considéré comme une matière importante à enseigner dans ces écoles.

Dans ses œuvres, saint Isidore a explicité les études à entreprendre dans ces écoles. Elles devaient commencer par le "Trivium", orienté vers la connaissance du latin, de la rhétorique, de la dialectique, de la littérature et des rudiments de la philosophie. Ensuite, l'élève devait commencer l'étude du "Quadrivium", c'est-à-dire l'arithmétique, la musique, la géométrie et l'astronomie.

Saint Isidore, la Bible et d'autres textes

Quant aux poètes païens, Isidore, comme l'avaient déjà fait les Pères de l'Église, mettait en garde les étudiants contre leur utilisation et leur apprenait à en extraire la partie positive et à laisser de côté les resabbios païens. Au terme de leurs études humanistes, les candidats jugés aptes étaient ordonnés sous-diacres. 

C'est à partir de ce moment que commencèrent les études théologiques proprement dites et, avec elles, la préparation immédiate à l'ordination sacerdotale. Dans les études théologiques, une importance particulière était accordée à l'Écriture Sainte, à l'étude des écrits des Pères de l'Église, tant dans leurs commentaires de l'Écriture que dans leurs traités dogmatiques, et enfin à l'étude des canons des Conciles. 

Comme le résume le Concile de Tolède, les candidats au sacerdoce devaient maîtriser le Psautier, les cantiques et les hymnes, ainsi que la manière de baptiser. Enfin, signalons que saint Isidore, dans son ouvrage "De Ecclesiasticis officiis", a sauté la doctrine de l'Arcane, comme disaient les anciens écrivains ecclésiastiques, et qu'au chapitre 24, il a écrit la règle de foi. C'est-à-dire que le credo qu'ils apprenaient par cœur et qu'ils gravaient sur leur cœur est devenu de notoriété publique.

Parmi les livres qui ne pouvaient manquer ni dans les monastères ni dans les écoles, et qu'il fallait copier pour les avoir dans la bibliothèque, il y avait tout d'abord les Saintes Écritures, les recueils de canons de l'Église, les livres de Sentences de saint Isidore, les Commentaires de Grégoire d'Elvira et de Justo de Urgel sur le Cantique des Cantiques, les œuvres d'Apringius et le commentaire de Beatus de Liébana sur l'Apocalypse, les œuvres de Tajón, de saint Ildefonso de Tolède et de saint Julian, et bien sûr les livres exégétiques de saint Isidore inclus dans les Étymologies ; les œuvres de Tajón, de saint Ildefonse de Tolède et de saint Julien et, bien sûr, les livres exégétiques de saint Isidore inclus dans les Étymologies.

En ce qui concerne les ordres sacrés, le concile VIII de Tolède a établi ce qui suit : "Lorsque les presbytères sont ordonnés pour aller dans les paroisses, ils doivent recevoir de leur évêque le livre officiel afin d'être instruits dans les églises qui leur sont confiées, de sorte que, par leur ignorance, ils ne soient pas irrévérencieux à l'égard des sacrements divins". Ainsi, en Hispanie, à cette époque, il y avait suffisamment de livres disponibles.

Autres travaux

Revenons aux œuvres de saint Isidore de Séville où sont complétés les profils de formation sacerdotale et signalons les plus remarquables. En effet, dans le "Livre des Sentences" écrit par saint Isidore, la figure du prêtre et donc de la formation sacerdotale qu'il souhaitait conférer aux candidats est décrite. Il y parle du prêtre comme d'un homme de Dieu, affable et charitable, sensible aux pauvres et aux souffrants, modeste, obéissant, adonné à la prière et au silence et, enfin, aimant la lecture des martyrs et des saints.

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CollaborateursRaul Nidoy

Beau travail, Lolo Kiko !

Lolo Kiko, c'est ainsi que le pape François était connu aux Philippines. Dans cet article, l'auteur livre ses impressions sur sa dernière rencontre avec le pape et sur la trajectoire de son pontificat.

25 avril 2025-Temps de lecture : 4 minutes

Je suis ému lorsque je revois une vidéo de mon récent "film".rencontre rapprochée"avec le Pape FrançoisAux Philippines, on l'appelle Lolo Kiko. C'était en janvier dernier, lors du Jubilé des communicateurs.

Il a été transporté dans l'allée centrale de l'auditorium Paul VI et les gens se sont pressés autour de lui.

Une dame qui se trouvait à proximité criait des mots de remerciement et je me suis jointe à elle pour exprimer ma gratitude. À côté de moi, un compatriote ne cessait de répéter : "... je suis tellement reconnaissant".Mabuhay (Longue vie), Lolo Kiko !"

En pensant à quelque chose de personnel à dire, j'ai crié : "Je vais dire quelque chose de personnel !Nous vous aimons beaucoup, Saint-Père, bon travail !". C'est une conviction que j'ai toujours eue, malgré les articles de divers sites catholiques critiquant le Saint-Père.

En tant que théologien, j'essaie de fonder ma réflexion sur les questions d'actualité dans la perspective de la foi, qui est fondamentalement le point de vue de Dieu. La foi en tous les enseignements de Jésus et de son Église, ce qui inclut la foi en Dieu qui a décidé de parler et de gouverner par l'intermédiaire d'un pape.

Dès le départ, je m'attendais à ce que le pape François aborde les problèmes de l'Occident relativiste et sécularisé en tant que Saint Jean Paul II -Le Grand - s'est attaqué à l'empire communiste totalitaire de l'Europe de l'Est et l'a abattu. Dès sa première interview, mon cœur s'est gonflé d'impatience.

Le pape François a vu l'Église et le monde comme un hôpital de campagne : tant de blessés, tant de souffrances. Et ce qui m'a le plus frappé, c'est l'accent qu'il a mis sur la miséricorde. D'une part, elle s'inscrit dans sa propre devise : Miserando atque eligendIl est un homme de miséricorde et de choix, montrant que la miséricorde imprégnera l'ensemble de son pontificat.

Plus important encore, elle lui a donné une base théologique solide. La miséricorde n'est pas une caractéristique supplémentaire de Dieu. La miséricorde est la vérité centrale de Dieu. Parce qu'elle est centrale, cette idée a des implications opérationnelles sur la façon dont nous devons vivre nos vies, sur la façon dont l'Église tout entière doit être organisée.

Après sa mort, j'ai publié ce texte sur ma page Facebook et, après y avoir réfléchi, je me suis rendu compte que la miséricorde sous-tendait vraiment tout son travail :

"J'ai aimé le pape François et je voudrais saluer toutes les grandes choses qu'il a faites pour nous. Je pense qu'il s'agit là de ses sept principales réalisations :

1) Dieu est miséricordieux : soyez miséricordieux. Elle nous a aidés à nous concentrer sur la vérité la plus profonde de Dieu : la miséricorde. Ainsi, si nous voulons être unis à Dieu, notre seul but, nous devons être miséricordieux envers les personnes qui nous entourent, en particulier les pécheurs, les ignorants, les pauvres et tous ceux qui sont dans le besoin.

2. Centralité de KergymaDieu nous aime, il est mort pour nous, il est vivant et proche de nous. Cette vérité centrale de notre vie, a-t-il enseigné, est au centre de tous nos efforts pour renouveler nos vies. La contemplation de Dieu qui nous aime infiniment à chaque instant nous incite à aimer Dieu et notre prochain avec générosité.

3. Primauté et dignité infinie de chaque personne. Nous pourrons vraiment aimer Dieu - la Trinité des personnes - et notre prochain si nous valorisons la dignité infinie de chaque personne. Les déviations morales d'aujourd'hui - telles que l'avortement, le mariage homosexuel, l'indifférence climatique, le manque de compassion pour les pécheurs - s'enracinent dans l'oubli de la dignité infinie de chaque personne, chacune d'entre elles devant être servie.

4. La coresponsabilité de tous dans l'Église (synodalité). Puisque nous sommes tous d'autres Christs, nous sommes tous l'Église. Nous sommes tous coresponsables de l'orientation de notre voyage vers Dieu. Cet élan de François libère toutes les énergies des catholiques pour faire avancer l'Église.

5. Réformer la gouvernance de l'Église pour l'évangélisation et l'évangélisation dans l'Églisen. Réforme de la Curie et tous les instruments de gouvernement afin que tout le gouvernement soit au service de l'évangélisation. Puisque l'évangélisation est la mission et la vie de l'Église - notre raison d'être -, la transmission de la vérité (doctrine) et les règles de gouvernance de l'Église (droit canonique) doivent être au service de l'évangélisation.

6. La joie de l'Évangilede la sainteté et de la famille. Le titre de trois de ses documents clés contient l'idée de la joie. La vie chrétienne tourne autour de la joie. La fidélité à l'œuvre d'évangélisation du Christ, à son appel à la sainteté et à l'attention portée à la famille est la source de la plus grande joie.

7. Bases de la coexistence pacifique de l'Église avec les libéraux, les laïques, les musulmans et d'autres groupes. Le pape François a jeté les bases de l'établissement de la concorde avec des groupes qui ont historiquement eu des problèmes relationnels avec l'Église. Le rétablissement de la paix est un rôle fondamental de tout dirigeant pour que son organisation puisse prospérer. De plus, des libéraux très influents, autrefois très critiques, sont maintenant du côté du pape".

En lisant ce billet, vous comprendrez pourquoi les derniers mots que j'ai adressés à notre cher Lolo Kiko ont été : Excellent travail !

Il a compris Dieu, qu'il a aimé de tout son cœur et de toute sa force. Et en comprenant Dieu si profondément, il a laissé un héritage qui ne durera pas seulement jusqu'à cette année. Parce que la miséricorde est la vérité centrale de Dieu et que la nature de Dieu est éternelle, cet héritage est pour toujours. Et nous avons la chance - une chance profonde - d'être ses enfants dans cette nouvelle étape de l'Église - une étape de centralité et d'opérationnalisation de la miséricorde - qui devra durer éternellement.

L'auteurRaul Nidoy

Directeur de la communication de l'Opus Dei aux Philippines. Membre du conseil d'administration de la Fondation des parents pour l'éducation (PAREF). Auteur du livre, Jesus-Centered : Guide to the Happiest Life (centré sur Jésus : guide pour une vie heureuse) 

Culture

Scientifiques catholiques : Antonio de Gregorio Rocasolano, chimiste et académicien

Antonio de Gregorio Rocasolano, chimiste et universitaire, professeur de chimie à l'université de Saragosse, est décédé le 25 avril 1941. Cette série de courtes biographies de scientifiques catholiques est publiée grâce à la collaboration de la Société des scientifiques catholiques d'Espagne.

Alfonso Carrascosa-25 avril 2025-Temps de lecture : < 1 minute

Antonio de Gregorio Rocasolano (11 avril 18731-25 avril 1941) était un chimiste espagnol à la mémoire duquel le CSIC a dédié l'un de ses instituts de recherche sur le campus Serrano. Il est né et mort à Saragosse, où il a également exercé toute son activité d'enseignant et de scientifique, et a été le premier fondateur de l'Institut de chimie de l'Université de Saragosse. Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC) (Conseil national de la recherche espagnol).

Il est diplômé en chimie de la faculté des sciences en 1892 et obtient son doctorat en 1897 à la section de physique et de chimie de l'université centrale de Madrid. Il obtient une bourse de la JAE pour étudier la microbiologie à Paris et passe son doctorat à l'université de Madrid en 1887. Il est immédiatement nommé maître assistant à la faculté des sciences de Saragosse. En 1902, il obtient la chaire de chimie générale à l'université de Barcelone, qu'il échange contre celle de Saragosse l'année suivante. Avec d'autres scientifiques de l'époque, il fonde l'Académie des sciences physiques, chimiques et naturelles de Saragosse, dont il sera le président de 1922 à 1932. Il crée également le laboratoire de recherche biochimique de la faculté des sciences de l'université de Saragosse, dont il devient vice-recteur en 1921 et recteur en 1929, et qu'Albert Einstein lui-même visite.

Homme aux convictions religieuses profondes, sa production intellectuelle comprend des recherches sur l'agriculture et la nutrition azotée des plantes, ainsi que sur la cinétique et la catalyse des colloïdes et le mouvement brownien. Il est également connu pour ses relations étroites avec d'éminents scientifiques internationaux. Ses différents ouvrages comprennent "Chemical-Physical Studies on Living Matter" (2e édition, 1917) et "Biochemical Contributions to the Agricultural Nitrogen Problem" (trois volumes, 1933-1939).

L'auteurAlfonso Carrascosa

Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC).

Vatican

Des milliers de personnes se rendent à la cérémonie d'adieu au pape François

Pendant trois jours, des milliers de personnes se rendront à la basilique Saint-Pierre, où 50 000 fidèles se sont déjà rendus pour faire leurs adieux au pape François.

Rapports de Rome-24 avril 2025-Temps de lecture : < 1 minute
rapports de rome88

Le corps du pape François est désormais exposé dans la basilique Saint-Pierre afin que tous ceux qui le souhaitent puissent lui dire au revoir avant ses funérailles, le samedi 26 avril.

Au cours de la première journée de la veillée publique, des milliers de fidèles ont fait la queue devant le Vatican, où se pressaient journalistes, pèlerins, cardinaux et religieux du monde entier.


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Vatican

Rome prie, le pape François se repose

Penser à la mort d'un pape à Rome, c'est parcourir sans le savoir les cercles de la "Divine Comédie", car tout ce qui se passe ici, au cœur de l'Église, a quelque chose du jugement dernier, de la balance, du ciel et de la terre qui se rejoignent.

Javier García Herrería-24 avril 2025-Temps de lecture : 3 minutes

Dans la Rome éternelle, où le Bernin a gravé la gloire dans le travertin de Saint-Pierre, l'histoire ne s'arrête pas. La foi non plus. Ni le deuil. Ni l'amour du peuple pour son berger.

Penser à la mort d'un pape à Rome, c'est se promener sans le savoir dans les cercles de la "Divine Comédie", car tout ce qui se passe ici, au cœur de l'Église, a quelque chose du jugement dernier, de la balance, du ciel et de la terre qui se rejoignent. Ici, le deuil d'un pape a une résonance théologique et politique, mystique et populaire.

Bilan d'un pontificat

Les analystes sont déjà passés à l'action. Tous s'accordent à dire que le pontificat de Francisco a été marquée par une polarisation croissante au sein de l'Église. Ces dernières années en particulier, les tensions se sont manifestées plus durement. L'héritage de cette papauté reste à écrire. Il faudra du recul, de la perspective, de la sagesse... et sûrement des générations qui prient plus et parlent moins.

Certains ont écrit avec appréciation et équilibre, d'autres avec beaucoup de critiques. Le temps jugera, comme il a jugé les papes que Dante a placés dans les parties les plus sombres de l'Enfer ou sur les sommets du Paradis.

Les croyants prient pour le pape

Mais pour l'instant, dans un présent sans filtre ni récit définitif, la seule chose certaine est que dans la file d'attente de Saint-Pierre, les fidèles font ce qu'ils font depuis des siècles : prier pour le Pape. Parce qu'au-delà des idéologies et des nuances, être catholique c'est être uni au Pape - à celui-ci, au précédent et à celui à venir - même si l'on ne partage pas tous ses propos ou toutes ses décisions. Car le pape est le successeur de Pierre. Et quand il meurt, c'est toute l'Église qui s'arrête.

Certains établiront un parallèle entre les files d'attente de ces jours-ci et celles qui se sont formées lors des funérailles de Jean-Paul II, se demandant si elles sont plus courtes, moins colorées ou plus calmes aujourd'hui.

Certains se souviendront également que ces journées coïncident avec le Jubilé des adolescents et avec le report de la cérémonie de remise des diplômes. canonisation Carlo Acutis, ce qui explique la marée inattendue de pèlerins qui, hier, a dépassé toutes les prévisions, avec des files d'attente de trois à cinq heures qui sont restées incessantes jusqu'à l'heure de fermeture, après deux heures du matin. "Nous sommes venus avec l'illusion de voir Carlo sur les autels, mais la nouvelle nous a laissé le cœur brisé. Maintenant, nous sommes ici pour prier pour le pape et le remercier pour tout ce qu'il a fait", explique Valentina, une jeune femme d'Arezzo venue accompagnée de sa paroisse.

Histoires à la fin de St. Peter's

Nombreux sont ceux qui sont venus de différentes régions d'Italie pour rendre hommage au pontife qui a marqué une époque. Giuseppe et Annamaria, un couple de retraités de Bari, sont arrivés en train : "Nous ne voulions pas manquer cela. François a été un berger proche de nous, un grand-père pour le peuple. Nous avons beaucoup prié pour lui ces jours-ci.

L'atmosphère de la place n'est pas seulement celle du recueillement, car on y passe de nombreuses heures sous le soleil, debout, entouré d'une masse de gens. Certains touristes sont encouragés à faire la queue dans l'espoir de prendre un selfie alors qu'ils se trouvent à un peu plus de deux mètres de la dépouille du pape, mais quatre heures de pénitence sont un prix que seul l'amour véritable est capable de payer.

"Chaque visage dans la file d'attente témoigne de l'affection que François a su semer", explique le père Marcelo, un prêtre brésilien. "C'est un pape qui a parlé à nos cœurs, qui nous a appris à regarder avec tendresse et à faire confiance à la miséricorde de Dieu. Ce dernier geste, venir le voir partir, est aussi une prière".

Certains prient le rosaire et il n'est pas rare que les personnes qui se trouvent à proximité se joignent spontanément à la prière. Il y a des jeunes, des familles avec enfants et des personnes âgées. Malgré la fatigue, l'attente est vécue dans la sérénité et l'expectative. "Cinq heures de queue, ce n'est rien pour lui rendre un peu de ce qu'il nous a donné", dit Marta, une Péruvienne.

La nuit, alors que la ville s'éteint, la file des fidèles continue à avancer lentement vers la basilique. Beaucoup marchent en silence. Dans l'air, un sentiment partagé : la gratitude. Car, comme le dit l'un d'entre eux, "le pape est parti, mais pas son héritage. Sa voix vit en nous".

Sous le baldaquin doré conçu par le Bernin, reposent les restes d'un homme pour lequel l'Église prie. Un pasteur auquel les gens simples disent au revoir non pas par des éditoriaux, mais par des prières. Parce qu'en fin de compte, au-delà du bruit et des chiffres, l'Église réagit toujours de la même manière à la mort d'un pape : avec foi, avec espérance... et avec une longue file de fidèles qui, sans savoir comment expliquer tout cela, sentent qu'ils doivent être là. Parce qu'ils savent que les grands adieux ne se crient pas. Ils sont priés. Et on l'apprend dans la file d'attente pour dire au revoir à François à Saint-Pierre.

Le corps du Pape François sera gardé dans la Basilique jusqu'à vendredi. Les funérailles auront lieu samedi matin sur la place, au cours d'une cérémonie à laquelle une foule nombreuse devrait assister.

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Vatican

Martínez-Brocal : "La rapidité avec laquelle ils ont reproduit des déclarations décontextualisées du Pape a provoqué des malentendus".

Javier Martínez-Brocal, vaticaniste chevronné, fait le point sur le style de communication du pape François dans cet entretien.

Javier García Herrería-24 avril 2025-Temps de lecture : 3 minutes

Javier Martínez-Brocal est un vaticaniste chevronné qui a suivi de près le pontificat de François. En tant que journaliste, il a consacré une grande partie de sa carrière à des reportages sur le Vatican et l'Église catholique. Il a été directeur de Rapports de Romeest l'une des principales agences de presse sur le pape et le Saint-Siège, et son travail a contribué à apporter des informations religieuses au public avec une approche claire et accessible.

Dans cet entretien, M. Martínez-Brocal donne à Omnes son point de vue sur le rôle du journalisme au Saint-Siège et sur l'évolution de la communication au sein du Vatican dans un monde de plus en plus interconnecté.

D'après votre expérience de correspondant au Vatican, quelles sont les principales différences dans la communication du pape François par rapport à ses prédécesseurs ?

J'ai l'impression que François a voulu montrer que le pape n'est pas une autorité lointaine. L'un des fils conducteurs du pontificat est la proximité, y compris dans la communication. Il a donné des dizaines d'interviews. 

Le Pape a opté pour une relation plus directe avec les journalistes, sans s'appuyer autant sur la Salle de presse. Quel est l'impact de cette évolution sur la couverture médiatique du Vatican ?

Du point de vue du dicastère pour la communication, j'imagine que ce n'était pas très facile, car le pape se fiait beaucoup à son instinct et ne demandait pratiquement jamais conseil au dicastère pour la communication en ce qui concerne ses relations avec la presse. Avec les médias, l'impact a été énorme. C'est une façon de dire qu'il ne craignait pas de répondre à des questions directes, qu'il n'avait pas peur de rendre compte de ses décisions. 

Comment ce nouveau modèle de communication a-t-il modifié la manière dont les médias interprètent et transmettent les messages du pape ?

La proximité du Pape est déjà un message très fort, et permet de partir sur une base positive. Cette volonté de dialogue est perçue par les médias comme une ouverture et permet d'aborder des questions complexes et négatives de manière constructive. 

À l'ère des médias sociaux et de l'accès immédiat à l'information, quels défis et quelles opportunités ce style plus spontané et plus accessible de François présente-t-il ?

La rapidité avec laquelle les réseaux sociaux ont reproduit les déclarations décontextualisées du Pape a conduit à des malentendus et à des incompréhensions. Je pense que cela a parfois empoisonné la perception de François, mais à moyen terme, cela a profité aux médias spécialisés, car cela a suscité une plus grande curiosité, et une plus grande demande de compréhension des codes qu'il utilise.

Lors de ses voyages apostoliques, François fait souvent des déclarations dans l'avion qui font la une des journaux internationaux. Ces conférences de presse ont-elles aidé à comprendre le pape ou ont-elles donné lieu à des interprétations ambiguës ?

Ces conférences de presse ont eu plus d'avantages que d'inconvénients, elles ont été très utiles. Elles lui ont permis de s'expliquer, elles ont montré que l'Église a une attitude constructive. Et je crois me souvenir que lorsqu'il a commis des erreurs ou utilisé des expressions imagées, il s'est toujours excusé. 

Les voyages de François ont donné la priorité aux périphéries géographiques et existentielles, comme l'Irak ou le Sud-Soudan. Que retiendriez-vous de vos impressions sur ses voyages ?

Je retiens son intérêt pour aller là où personne ne voulait aller, pour mettre en lumière des pays et des situations qui passent inaperçus dans le jeu des intérêts mondiaux : l'Albanie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Timor oriental... J'ai été touchée par cette douceur. 

Pensez-vous que les voyages de François ont redéfini la diplomatie du Vatican et son rôle dans les conflits internationaux ?

Je ne sais pas... Je pense qu'ils ont aidé à mieux comprendre les priorités du pape en tant que chef religieux, qui étaient différentes de celles qu'il aurait eues s'il avait été un simple dirigeant politique.

Francisco a écrit plus de 40 livres Ce niveau de production a-t-il rendu votre voix plus influente ? 

Il convient de distinguer les compilations de ses homélies et de ses discours qui ont été publiées comme ses propres livres de celles qu'il a effectivement poursuivies comme projet d'édition, qui sont peu nombreuses. Ces derniers sont généralement de grande valeur et ont été bien accueillis. 

Pensez-vous que le Pape a été trop exposé dans les médias ?

Sur la scène internationale, il est sans doute l'une des voix les plus intéressantes et les plus indépendantes et peut-être celle qui a le plus contribué à enrayer les crises qui nous accablent aujourd'hui. Certains auraient préféré qu'il parle moins, peut-être parce qu'ils lui en voulaient. 

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Évangile

Divine Miséricorde. Deuxième dimanche de Pâques (C)

Joseph Evans commente les lectures du deuxième dimanche de Pâques (C) du 27 avril 2025.

Joseph Evans-24 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Dans la première lecture d'aujourd'hui, l'ombre de Pierre guérit les maux physiques. Dans l'Évangile, le souffle du Christ va plus loin et guérit le spirituel. Il guérit également le manque de foi de Thomas. Aujourd'hui, c'est aussi le dimanche de la Divine Miséricorde et les lectures de cette année mettent l'accent sur la façon dont cette miséricorde se réalise principalement par le pardon des péchés.

Nous pouvons accomplir toutes sortes d'œuvres de miséricorde et elles ont une grande valeur. En fait, notre propre salut dépend de l'accomplissement de telles œuvres (voir Mt 25, 31-46). Mais comme la plus grande forme de misère est le péché, la plus grande œuvre de miséricorde est de libérer les gens de leurs péchés. En effet, toutes les formes de misère corporelle trouvent leur origine dans le péché d'Adam et d'Ève : avec ce péché, la souffrance sous toutes ses formes est apparue dans le monde.

Lorsque j'ai participé à un projet social dans un pays pauvre, nous avons organisé des journées où les gens pouvaient venir chez nous pour être vus par des médecins et, en tant que prêtre, j'étais également là pour ceux qui voulaient se confesser. Les files d'attente pour eux étaient beaucoup plus longues que pour moi. C'était triste, car ces personnes cherchaient à traiter le symptôme et non la racine. Lorsque Jésus a guéri le paralytique descendu par le toit, il s'est attaqué à la racine de son mal et lui a dit : "Vos péchés sont pardonnés. Ainsi, son corps est également guéri.

Cela ne signifie pas que la guérison spirituelle mène automatiquement à la santé physique. Dieu permet souvent des infirmités corporelles pour notre croissance spirituelle. Mais parce que le Christ voulait sauver le monde de sa maladie la plus profonde, il a donné à l'Église le pouvoir de pardonner les péchés (il ne l'a pas appelée à être un grand hôpital). Après avoir donné aux apôtres, son Église, le don de la paix et leur avoir "soufflé" l'Esprit Saint, il a dit : "Ceux dont vous pardonnez les péchés sont pardonnés, ils sont pardonnés ; ceux dont vous retenez les péchés sont retenus"..

Le souffle du Christ, en nous donnant son Esprit Saint, nous donne la paix par le pardon des péchés dans l'Église. Et pour pardonner ou retenir les péchés, l'Église doit les entendre. Au souffle de notre culpabilité (c'est-à-dire l'aveu de nos péchés) à l'oreille du prêtre répond le souffle du pardon par son absolution. Le souffle rencontre le souffle dans la miséricorde du souffle divin, l'Esprit Saint. Le manque de foi de Thomas est guéri une semaine plus tard. Comme les personnes de mon anecdote, il a donné plus d'importance au corps qu'à la foi par l'ouïe : rejetant la parole de ses compagnons apôtres, le souffle de l'Église, il a exigé de toucher le corps du Christ pour croire à la Résurrection. Son désir fut exaucé, mais les paroles du Christ, son encouragement, enseignèrent à Thomas son erreur. Est-il temps de dépasser "l'ombre" des préoccupations corporelles pour se laisser guérir par le souffle de la Miséricorde divine ?

François : le pape prophète (ou le prophète devenu pape)

François a été un prophète qui, plutôt que de prédire l'avenir, a su lire le présent avec clarté, invitant l'Église à sortir de ses structures et à s'ouvrir au monde avec courage et miséricorde.

24 avril 2025-Temps de lecture : 4 minutes

Définir un prophète n'est pas chose aisée. Peut-être parce que, comme le dit le dicton populaire, "nul n'est prophète en son pays". Ou parce que le don de prophétie est associé à tort à la capacité de prédire l'avenir, une tâche plus adaptée aux diseurs de bonne aventure ou aux devins.

Dans le Ancien Testament le prophète est celui qui sait interpréter, à la lumière de Dieu, le temps présent et qui encourage Israël - un peuple "à la nuque raide" - à rectifier sa conduite pour revenir à l'alliance. J'ai pensé que cet adjectif convenait bien à Jorge Maria Bergoglio pour plusieurs raisons. 

Le premier à bien des égards   

François n'a pas été un pape conventionnel, si tant est qu'à ce stade de l'histoire de la papauté on puisse parler de conventionnalité. Il a été une première à bien des égards : un pontife du "nouveau monde", le premier à s'appeler "le pauvre d'Assise", le premier à vivre aux côtés de son prédécesseur pendant près de dix ans.

Bien qu'il ait suivi une ligne de continuité doctrinale par rapport aux papes qui l'ont précédé, il a pris ses distances à un moment donné (dans la forme, pas dans le fond). Au cours des dernières décennies, au milieu des tempêtes idéologiques de la modernité et de la post-modernité, les chrétiens se sont tournés vers Rome et ce sont les successeurs de Pierre qui leur ont apporté la sécurité et leur ont indiqué la voie à suivre. François - pardonnez-moi - n'a pas fait cela. 

Et il ne l'a pas fait parce qu'il ne voulait pas le faire. Il y avait une intention derrière tout cela. Son style n'a jamais été d'offrir des solutions "toutes faites", des paroles réconfortantes ou des encouragements consolateurs. Il n'a pas donné une tape dans le dos, mais plutôt une touche paternelle - une poussée, si vous voulez - pour continuer à marcher sans crainte et avec joie sur ces chemins qui, apparemment, sont de moins en moins "ceux de Dieu" chaque jour. 

Il a compris que les chrétiens d'aujourd'hui sont des voyageurs dans un monde complexe, pour lequel il n'existe pas de manuels d'instruction ou de cartes routières valables. Nous n'avons que la force de l'Évangile, qui se renouvelle à chaque époque avec une vigueur insoupçonnée, en s'adaptant aux différentes langues et mentalités, comme c'est le cas depuis qu'il a été prêché pour la première fois il y a plus de vingt siècles.

Le don du dialogue avec tous 

Il n'est pas facile de prédire l'avenir, mais il est encore plus difficile de lire le présent avec précision. La réalité frappe, parfois durement, et ne me demandez pas d'être prévoyant lorsque le problème est juste sous notre nez. Un problème qui peut être aussi pressant qu'un troupeau qui n'a pas de travail, pas de toit ou de pain pour nourrir ses enfants. 

Pourtant, il existe des personnes capables de poser un diagnostic juste et de proposer un remède qui n'est pas du tout évident pour les autres. C'est pourquoi leur voyance n'est pas toujours bien accueillie. Ses années comme supérieur provincial des Jésuites en Argentine et comme évêque de Buenos Aires ont été une bonne formation pour que Jorge Mario Bergoglio puisse exercer cette vision, et il l'a fait sans tomber dans l'extrémisme d'un côté ou de l'autre. 

François avait le don du dialogue, il savait écouter et poser les bonnes questions, mais il ne nous a pas trompés : il n'avait pas les réponses. Il fallait les chercher dans une conversation amicale avec nos pairs, et pas seulement avec quelques privilégiés, mais avec "tous". En ce sens, il était un grand pédagogue et un maître de la miséricorde. 

Admiration et perplexité

Les prophètes ont tendance à susciter deux sentiments chez ceux qui les entourent : l'admiration et la perplexité. Ils ne sont pas incompatibles et peuvent se manifester à parts égales. La perplexité, si les paroles ou le comportement ne correspondent pas à ses propres filtres ou schémas mentaux, conduit parfois à une opposition acharnée.

J'ai vécu à Rome tout au long du pontificat de François. Je l'ai accompagné en cet après-midi pluvieux du 13 mars 2013, alors qu'il jetait pour la première fois un coup d'œil dans la loggia de la basilique vaticane. C'est alors que les surprises et la perplexité ont commencé. Un pape qui a salué sans expression, mais qui nous a tous fait prier. 

Quelques jours plus tard, il expliquera lui-même que lorsqu'une situation le dépasse, son visage devient grave. Mais cette gravité, il l'enfouit bientôt derrière un geste souriant et amical, sans renoncer à son sens de l'humour propre à Buenos Aires. Dans une symbiose unique, il est le pape qui a prêché à la fois la tendresse et l'enfer.

Et la perplexité continue : quitter le Palais apostolique pour la Casa Santa Marta, continuer à porter ses chaussures noires et sa croix pectorale, les appels téléphoniques aux anciens et nouveaux amis, ou sortir dans la rue pour terminer les courses que le conclave a laissées inachevées.

Dès lors, les surprises ont été le ton constant du pontificat : le choix du nom François, l'appel à une église pauvre et pour les pauvres, la messe à Lampedusa, les voyages dans les lieux les plus oubliés de la carte... s'il fallait choisir un moment emblématique de ces années, ce serait sans doute sa prière devant le Saint-Sacrement le 27 mars 2020, sur une place Saint-Pierre vide, alors que la pandémie du SIDA-19 ravageait un monde sous le choc.

Fidèle à lui-même 

Le destin du prophète n'est pas toujours facile : sa prédication impopulaire peut conduire à la punition, au bannissement ou, pire encore, à l'ostracisme. Mais la lumière reçue d'en haut est si forte qu'il n'a d'autre choix que d'être fidèle à lui-même. Cette fidélité à soi-même a été une constante tout au long de la biographie de François, que ce soit à Buenos Aires, à Cordoue ou à Rome. Ceux d'entre nous qui ont été surpris sont ceux qui ne le connaissaient pas avant qu'il ne traverse l'étang. De l'autre côté, ils répondaient en haussant les épaules : c'est Bergoglio !

Certains ont osé corriger ouvertement ce pape. J'ai toujours pensé qu'une personne qui se lève chaque jour à l'aube pour prier pendant deux heures devant le tabernacle avant de célébrer la messe ne peut pas se tromper. Il peut agir de manière irréfléchie ou hors protocole, mais il ne peut pas se tromper.

Jorge Mario Bergoglio est piémontais d'origine, argentin jusqu'à la douleur et, à son grand regret, romain. Il a accompagné l'Église comme les prophètes ont suivi le reste d'Israël en exil. Il est allé de l'avant, invitant les chrétiens à laisser derrière eux le visage de vinaigre et à ouvrir les portes de l'accueil. 

Il n'a pas hésité à mettre en œuvre la réforme de la curie que son prédécesseur avait prévue, ni à traiter les cas d'abus, la plaie la plus douloureuse du corps de l'Église. Il n'a pas non plus hésité à appliquer des mesures correctives à de jeunes institutions qui, comme souvent auparavant, ont rapidement couru le risque de dénaturer le charisme au profit du carriérisme et de la conformité à la norme.

Cette vision prophétique dont j'ai parlé au début lui a permis de garder l'esprit clair, ouvert et jeune jusqu'à la fin. Après son départ, la barque de Pierre continue son voyage sur la mer agitée de l'histoire. François ne nous a pas dit où se trouve le port sûr le plus proche, mais il nous a légué comme lumière le "...".J'espère que cela ne vous décevra pas". 

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Vatican

Le cercueil du pape François est maintenant à Saint-Pierre pour l'accueil des fidèles 

Aujourd'hui, à 9 heures, le transfert de la maison de Santa Marta a eu lieu au cours d'une cérémonie solennelle et émouvante.

Maria Candela Temes-23 avril 2025-Temps de lecture : 3 minutes

Ces jours-ci, les éléments semblent s'être ligués pour faire briller le ciel de Rome dans toute sa splendeur. À midi, il est d'un bleu éclatant et l'après-midi, une lumière dorée enveloppe l'air. On pourrait croire que la ville est en deuil de son souverain pontife. La beauté éternelle de la caput mundi est un défi à l'expiration de la vie et un rappel que la mort n'a pas le dernier mot, comme nous l'avons célébré lors de la récente liturgie de Pâques. 

Mercredi 23 avril, vers huit heures et demie du matin, la basilique Saint-Pierre est le théâtre de la même machinerie qui, avec une perfection quasi mécanique, se déploie dans la basilique à chaque fois qu'une grande cérémonie liturgique se prépare. Le service d'ordre contrôle les entrées et les sorties, le chœur répète, les journalistes travaillent à leurs reportages, mais cette fois le ton est différent. 

Aujourd'hui, l'église est vide, il n'y a pas de fidèles. Le pape est attendu dans trente minutes, mais pour l'occasion, il fera sa dernière entrée porté dans un cercueil. Dans quelques heures, l'allée centrale et le transept, devant l'autel de la confession, seront remplis de personnes qui viendront saluer une dernière fois François, le Pontife venu "du bout du monde". 

Sur les visages des employés du Vatican, habituellement joyeux et enjoués, se lit un regard plus grave. L'orphelinat est un manteau subtil qui pèse sur les visages de ceux qui franchissent les portes d'un temple qui constitue le cœur de la chrétienté. 

Le cortège de transfert 

À 9 heures, la cérémonie de transfert du cercueil du pape commence dans la chapelle de la Casa Santa Marta. Les cardinaux prennent place sur le banc. La Garde suisse garde et enveloppe le Pontife pour la dernière fois. Le cardinal Camerlengo, Kevin Farrell, préside la cérémonie. Le chœur chante plusieurs antiennes, le célébrant dit une prière et la procession commence, quittant Santa Marta pour la place Saint-Pierre et entrant dans la basilique par la porte centrale. 

Le pape a demandé à ne pas être couché sur des coussins ou du velours, mais dans un simple cercueil de bois et de zinc. À ses côtés, des religieux de la Pénitencerie apostolique portent des cierges en procession. Les cardinaux ouvrent la marche funèbre, suivis par les évêques et les monseigneurs, les prêtres et les religieux, et les fidèles laïcs, représentant le peuple de Dieu. 

La procession avec la croix entre. La lumière du matin filtre à travers les fenêtres et la porte d'entrée. Mélangée à l'encens, elle crée une atmosphère unique. La procession descend l'allée tandis que la litanie des saints est chantée. Des hommes et des femmes de Dieu de tous les siècles, de toutes les origines et de tous les charismes. François et Ignace de Loyola, les deux géants qui ont guidé Bergoglio tout au long de sa vie et de son ministère, et qui l'auront accueilli à son arrivée dans la gloire, sont invoqués presque simultanément.  

Après la litanie des saints, Farrell encense le cercueil du pape, placé devant l'autel de la confession, et l'asperge d'eau bénite. Le cierge pascal est allumé sur un côté du cercueil. Un cierge qui représente le Christ, "l'étoile qui ne connaît pas le crépuscule", comme le chante la proclamation de la sainte veillée, symbole fort de la foi chrétienne en la vie éternelle. 

La cérémonie se poursuit dans la dernière partie avec la récitation du répons et la lecture d'un passage de l'Évangile, chapitre 17 de saint Jean, qui comprend quelques mots de la prière sacerdotale de Jésus qui prennent aujourd'hui une résonance particulière : "Père, je veux que là où je suis, soient aussi avec moi ceux que tu m'as donnés". Après quelques prières d'intercession, on récite le Notre Père, une prière de conclusion et le chant du Salve Regina. 

L'adieu de Sœur Geneviève 

Les premières personnes s'avancent pour dire au revoir à François. Parmi les cardinaux et les purpurins, on aperçoit la silhouette d'une petite femme. C'est une religieuse vêtue d'un simple voile bleu et d'une jupe grise au-dessous du genou. Ses cheveux sont gris, mais elle se déplace avec agilité. Sur son dos, elle porte un sac à dos vert chasse. On fait un geste pour l'inviter à partir, mais quelqu'un la reconnaît et l'emmène vers le cercueil. 

Il s'agit de Geneviève Jeanningros, une religieuse argentine, Petite Sœur de Jésus, qui vit depuis plus de 50 ans dans une caravane au sein de la communauté des forains et des saltimbanques du Luna Park à Ostia Lido, dans la banlieue de Rome. Sa pastorale reprend l'héritage de Charles de Foucauld, à savoir "aller là où l'Eglise peine à aller". Tous les mercredis, Suor Geneviève assiste à l'audience générale du pape, accompagnée d'artistes de cirque et de personnes LGBT. François l'appelle affectueusement "l'enfant terrible". Aujourd'hui, c'est émue comme une enfant qu'elle fait ses derniers adieux à son père, compatriote et ami. 

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Vatican

Saluer le pape François pour la dernière fois

Après la mort du Pape François, il y a d'une part un sentiment d'orphelinat et de tristesse. Mais en même temps une grande espérance et une sérénité de savoir que le Seigneur est celui qui gouverne l'Église et nous donnera un berger selon son propre cœur.

Santiago Pérez de Camino-23 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

La première fois que j'ai pu saluer le Pape, en juin 2013, 3 mois après avoir commencé à travailler au Vatican, c'était à Santa Marta après avoir participé à la messe du matin, avec le reste de mes collègues du Conseil Pontifical pour les Laïcs de l'époque. Et hier, j'ai pu, également à Santa Marta, le saluer pour la dernière fois et prier, avec ses amis, pour la dernière fois. corps couchépour le repos de son âme.

De nombreux membres du personnel du Saint-Siège et nos familles ont pu approcher le chapelle de la résidence de Santa Marta pour saluer une dernière fois l'homme qui a guidé notre travail pendant 12 ans.

C'était un moment d'émotion, car vous savez que vous vivez un moment historique. En entrant, j'ai reconnu Massimiliano Strappetti, l'infirmier du pape avec qui j'ai joué à de nombreuses reprises dans l'équipe de football du Vatican. Massimiliano n'a pas quitté François depuis quatre ans et il ne l'a pas quitté non plus aujourd'hui. Je lui ai serré la main et l'ai remercié pour tout ce qu'il a fait pour le pape.

Agenouillé sur l'un des bancs de la chapelle, je n'entendais que le passage des personnes qui, le long de l'allée centrale de la chapelle, venaient prier un instant devant sa dépouille mortelle. J'avoue qu'il était difficile de prier dans ces moments-là. Une multitude de pensées me venaient à l'esprit, en particulier la façon dont ma vie a changé au cours des 12 dernières années.

Souvenirs du pape François

Et beaucoup de souvenirs. Beaucoup. De cette première fois seul, aux nombreuses fois où j'ai pu le saluer avec ma femme et mes enfants, que le Pape a littéralement vu grandir. Je me souviens avec émotion de toutes les fois où il nous a remerciés pour le travail que nous faisions et aussi de ce regard affectueux avec les enfants... il avait toujours un commentaire perspicace, parfois ironique, mais toujours dans le but d'apporter un sourire sur votre visage. C'est dans ces moments-là que son sens de père, de berger, était clairement visible.

J'ai essayé de garder beaucoup d'images mentales de ce moment afin de pouvoir le raconter plus tard à ma famille et à mes amis. François, vêtu de sa chasuble rouge, portait ses chaussures noires usées typiques, qui ont fait le tour du monde, et tenait dans ses mains le chapelet qu'il utilisait chaque jour pour s'adresser à la Vierge. De nombreuses personnes ont apporté des fleurs et l'ont embrassé avec émotion. Sur les côtés, la Garde suisse, en grande tenue, lui a rendu hommage. D'autres gardes et officiers de la gendarmerie vaticane ont dirigé le flux des personnes entrant et sortant de la chapelle afin de vivre ce moment avec la solennité et en même temps la simplicité voulues par le Pape.

Au moment de son départ, vers 22 heures, une file d'attente serpentait sur la place Santa Marta, attendant en silence de pouvoir saluer le pape François pour la dernière fois. Une foule de personnes qui l'ont connu au-delà des médias et des réseaux sociaux. D'un côté, il y a un sentiment d'orphelinat et de tristesse. Mais en même temps, il y a une grande espérance et une sérénité à savoir que le Seigneur est celui qui gouverne l'Église et qui nous donnera un berger selon son propre cœur.

L'auteurSantiago Pérez de Camino

Responsable du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie (2013-2025)

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Évangélisation

Saint Georges, martyr, saint du pape François

Le 23 avril, l'Église célèbre saint Georges, le saint du pape François, baptisé Jorge Mario Bergoglio à Buenos Aires en 1936 et décédé le lundi 21 avril 2025 au Vatican. Le pontife argentin a fait référence à son saint et à la lutte contre le malin à de nombreuses reprises.  

Francisco Otamendi-23 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Le dernier article de félicitations sur le saint du pape François, saint Georges, martyr, que la liturgie célèbre le 23 avril, fournit d'excellentes informations. Il a été publié ce même jour de l'année 2024, il y a un an, sur Nouvelles du Vatican. L'auteur affirme que la dévotion à Saint-Georges est très populaire en Palestine et en Israël.

Le nom "George" est le nom le plus répandu parmi les chrétiens de Terre Sainte. Une église grecque orthodoxe a été construite sur les ruines de la maison et de la tombe de Saint-Georges dans l'ancienne Lydda, entre Jérusalem et Tel-Aviv. Une visite à Lod est l'occasion de prier pour le pape François à l'occasion de la fête de son saint.

Félicitations des orthodoxes, de la Custodie et du Patriarcat

Selon la tradition, saint Georges est né vers 280 en Cappadoce (Anatolie centrale, l'actuelle Turquie), la patrie de son père. Sa mère, Polikronia, était originaire de Lydda, et la famille a vécu dans cette ville dans le cadre de la tradition chrétienne. Les informations sur la vie de saint Georges, qui a vécu quelques décennies avant Constantin, sont plutôt incertaines. Mais dans la crypte de l'église se trouve le sarcophage contenant son corps, qui a été ouvert pour la dernière fois il y a deux siècles. 

L'hospitalier archimandrite Markellos, d'origine grecque et ancien moine aux États-Unis, est le curé de cette petite communauté orthodoxe composée principalement d'immigrés. Il s'est dit "très heureux, avec mes frères latins de la Custodie, du Patriarcat et de la Nonciature, venus aujourd'hui de Jérusalem, de pouvoir dire depuis la maison de Saint-Georges : Félicitations au Pape François !

Saint Georges, martyr pour sa foi en Christ

La figure de saint Georges fait l'objet de récits fantaisistes, selon les spécialistes. Ce qui est certain, c'est qu'il a rejoint l'armée de Dioclétien en Palestine. En 303, lorsque l'empereur promulgua l'édit de persécution contre les chrétiens, Georges fit don de tous ses biens aux pauvres et, devant Dioclétien lui-même, déchira le document et professa sa foi dans le Christ. Pour cette action, il subit de terribles tortures et fut décapité.

Au fil des ans, la figure de Saint-Georges le Martyr semble s'être transformée en un chevalier affrontant le dragon, symbole de la foi qui triomphe du malin. Richard Cœur de Lion l'invoquait comme protecteur de tous les combattants. Avec les Normands, son culte s'est solidement ancré dans l'histoire de l'Europe. Angleterre où, en 1348, le roi Édouard III a institué l'ordre des chevaliers de Saint-Georges. Il est également le saint patron de autres paysLes Slaves et les Latino-Américains, par exemple. En Espagne, il est particulièrement apprécié en Aragon, en Catalogne (Sant Jordi) et à Cáceres, notamment.

Lutte contre le mal, le diable

Le 11 avril 2014, le Saint-Père François a expliqué qu'en plus des le diable "Les hommes sont eux aussi tentés, et Jésus a ressenti les tentations dans sa vie.

"L'esprit du mal ne veut pas de notre sainteté, ne veut pas du témoignage chrétien, ne veut pas que nous soyons des disciples de Jésus" (Homélie, Sainte Messe, Casa Santa Marta). Le Pape a parlé du diable à de nombreuses reprises, par exemple lors de l'Angélus du 28 janvier 2024 : "Pas de dialogue avec le diable", a-t-il rappelé.

L'auteurFrancisco Otamendi

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François, maître de l'amitié

Dans ces moments de tristesse, j'écris mon témoignage, confiant que nous pouvons apprendre, à travers ces anecdotes, la catéchèse de François sur l'amitié.

23 avril 2025-Temps de lecture : 6 minutes

L'une des grâces que j'apprécie le plus dans ma vie, ce sont les gestes d'amitié que le pape François m'a donnés, dans un mélange inhabituel de proximité paternelle et de bonne humeur depuis Buenos Aires.

Je l'ai rencontré dans la lointaine année 2000, à la curie de l'archidiocèse de Buenos Aires, mais notre amitié a vraiment commencé à l'assemblée d'Aparecida en 2007.

Les souvenirs s'accumulent dans mon esprit. Dans ces moments de douleur, j'écris mon témoignage à la demande d'Omnes, confiant que nous pouvons apprendre, à travers ces anecdotes, la catéchèse de François sur l'amitié. 

Je commencerai par raconter mes souvenirs à travers ses lettres écrites de sa propre main. Pour éviter toute indiscrétion, je citerai les plus significatives. Elles révèlent certains traits de sa personnalité : la gratitude, la bonne humeur - avec la touche ironique typique de sa ville natale -, la proximité et la confiance dans la prière.

Lorsqu'il était encore cardinal de Buenos Aires, il m'écrivait des lettres - toujours accompagnées, à l'intérieur de l'enveloppe, de quelques cartes saintes de la Vierge Desatanudos, de saint Joseph et de sainte Thérèse de Lisieux - pour me remercier de lui avoir envoyé un livre ou des informations sur les activités apostoliques de l'Église catholique. Opus Dei dans la capitale argentine.

A une occasion, je lui ai envoyé un livre qui reprenait certains de ses propos. Dans une lettre datée du 22 octobre 2010, en plus de me remercier pour le livre, sa réaction à la citation a été la suivante : "Quant aux citations dans les conclusions, elles sont un pas de plus vers la "citation" dans les avis d'obsèques de La Nación" (le journal caractéristique de ce genre de coutume).

Après son élection comme Pontife romain, ma surprise a été grande lorsque, à quatre reprises en un an, j'ai reçu une enveloppe de la nonciature contenant une autre enveloppe plus petite écrite par François en réponse à mes lettres, sur laquelle il avait même inscrit le code postal de ma maison. Dans la lettre du 6 juin 2013, il m'encourageait à évangéliser "en ce temps où les eaux bougent. Dieu soit béni". Comme je m'étais adressé à lui en l'appelant "vous" à Buenos Aires, et que je lui avais dit que je m'adresserais désormais à lui en l'appelant "vous". VousFrançois a ajouté : "J'ai été amusé que tu cesses d'être confiant... tu t'y habitueras (après tout, j'ai été rétrogradé : j'étais cardinal, maintenant je suis un simple évêque)". Comme la lettre faisait référence à l'anniversaire de mon ordination sacerdotale, le pape a souligné : "Cela fait 22 ans que tu es prêtre. C'est impressionnant comme le temps passe. Je le suis depuis deux fois plus longtemps et j'ai l'impression que c'était hier". Il ne manquait jamais de demander des prières : "Je vous demande, s'il vous plaît, de continuer à prier pour moi et à faire en sorte que l'on prie pour moi.

La lettre suivante que j'ai reçue était pour me remercier d'un livre que j'avais écrit sur lui et qu'un ami lui avait envoyé. Le 4 juillet, le Pape commenta que cet ami lui avait apporté "le livre que vous avez osé écrire sur moi. Quel culot ! Je vous promets de le lire et je suis déjà convaincu que vous trouverez dans mes écrits des catégories métaphysiques et ontologiques qui ne me sont sûrement jamais venues à l'esprit. Je suis sûr que je vais m'amuser. Je suis également certain que votre plume fera du bien aux gens. Je vous remercie de tout cœur. Et, de nouveau, la demande de prières : "S'il vous plaît, n'oubliez pas de prier et de faire dire des prières pour moi. Que Jésus vous bénisse et que la Sainte Vierge prenne soin de vous".

Fin 2014, j'ai quitté l'Argentine pour revenir à Rome. L'année suivante, je lui ai envoyé un livre sur les grands écrivains russes. L'admiration du pape pour ces classiques est bien connue, et en particulier pour le Dostoïevski. Commentant le livre et la richesse de la littérature russe, j'ai écrit le 3 décembre 2016 : "A la base, il y a cette phrase programmatique (je ne me souviens plus de qui), "nihil humanum a me alienum puto". (rien d'humain ne m'est étranger), ou l'expérience du païen le plus chrétien, Virgile, "sunt lacrimae rerum et mentem mortalia tangunt". (il y a des larmes dans les choses et elles touchent la partie humaine de l'âme)". En même temps, il m'a encouragé à continuer à écrire sur les classiques littéraires comme moyen d'évangélisation.

A l'occasion d'un message dans lequel je lui annonçais mon départ pour l'Equateur, il m'a répondu par retour de courrier, le 3 février 2022 : "Bon voyage en Equateur. Transmettez mes salutations à la Dolorosa du Colegio San Gabriel de Quito. Chaque jour, je lui adresse une prière". Le pape faisait référence à une image miraculeuse dans une école gérée par les jésuites dans la capitale équatorienne. J'ai exaucé son souhait en priant quelques minutes à ses intentions devant l'image, avec la communauté religieuse de l'école.

La dernière lettre que je possède est datée du 4 août 2024. Le pape avait publié un document sur l'importance de la littérature dans la formation des agents pastoraux. J'étais au Cameroun, et lorsque j'ai lu ce document, j'ai été enthousiasmé et je lui ai envoyé un message par l'intermédiaire de son secrétaire. La réponse a été immédiate : "Merci pour votre courriel. Merci pour vos encouragements. Des évêques italiens m'ont demandé de faire quelque chose au sujet de la formation humaniste des futurs prêtres... et j'ai déterré ces notes que j'avais écrites il y a longtemps. En cela, vous n'êtes pas mon "maître" avec vos livres. Le Cameroun a une bonne équipe de football. Je prie pour vous. S'il vous plaît, faites-le pour moi. Que Jésus vous bénisse et que la Sainte Vierge veille sur vous. Fraternellement vôtre. Francis.

Les appels téléphoniques ont également laissé un souvenir indélébile de son amitié. À partir d'une rencontre personnelle en 2016, qui coïncidait avec mon anniversaire, il a commencé à m'appeler chaque année pour me féliciter. C'est précisément en 2017 qu'il m'a appelé alors que je célébrais la Sainte Messe. Je suis tombé sur un message audio, dans lequel il me saluait pour mon anniversaire, m'assurait de ses prières, me demandait de prier pour lui et ajoutait que s'il le pouvait, il m'appellerait l'après-midi même. Vers 15 heures, j'étais en train de recevoir une personne lorsque le téléphone portable a sonné. Lorsque je l'ai sorti de ma poche, l'appel s'est interrompu, mais j'ai vu que c'était lui. J'ai alors pris contact avec son secrétaire pour lui dire que j'étais touché que le Pape ait essayé de me joindre pour la deuxième fois. Je lui ai dit de lui transmettre mes remerciements et mes prières. Cinq minutes plus tard, le pape m'appelait pour la troisième fois ! Dès que j'ai décroché le téléphone, il s'est exclamé : "Comme il est difficile de vous parler !

Un an plus tard, j'avoue que j'attendais déjà les salutations papales. Il ne m'a appelé que le lendemain. Incroyablement, il m'a expliqué, comme s'il devait le faire, qu'il avait été très attentif à moi toute la journée, mais qu'il n'avait pas eu le temps physique de me saluer.

Fin 2019 et dans les premiers mois de 2020, j'ai eu des contacts fréquents avec le Pape, lui exprimant sa proximité. En novembre, je lui ai dit, par l'intermédiaire de son secrétaire, que ma mère s'était cassé la hanche. J'ai demandé sa prière et sa bénédiction pour ma mère. J'ai été très surpris de voir le téléphone portable sonner dix minutes après l'envoi de la lettre. e-mail. C'était le pape. Il m'a demandé l'âge de ma mère, son nom, et a ajouté qu'il lui envoyait sa bénédiction et qu'il veillerait sur elle. Grâce à Dieu, l'opération subie par ma mère s'est bien déroulée et j'en ai fait part à François dans une lettre qui, une fois de plus, a reçu une réponse écrite immédiate.

Un peu plus tard, j'ai eu une dermatite compliquée. Je me suis déchargée dans une lettre, lui disant que j'offrais mon inconfort pour lui et pour l'Église. Il m'a appelé le lendemain. Avec une ironie toute porteño, il m'a demandé comment j'appelais cette maladie. J'ai répondu : "Dermatite". Non, me répondit-il, c'est la gale", essayant d'ajouter une touche d'humour à cette situation douloureuse. Il s'est immédiatement intéressé à mon état de santé et m'a chaleureusement remercié de lui avoir offert ma maladie.

Quelques semaines plus tard, j'ai reçu une douloureuse nouvelle : l'un de mes meilleurs amis depuis l'école primaire, un prêtre de l'Opus Dei, était mort victime du COVID. Une fois de plus, j'ai partagé ma souffrance avec le pape, car François connaissait très bien ce prêtre, qui faisait partie d'une de ses familles amies. Peu après, il m'a appelé pour me consoler : " Ne t'inquiète pas, Pedro était un saint et il sera au ciel ". Je lui ai dit qu'en apprenant la nouvelle, j'avais pleuré comme un enfant. Avec beaucoup d'affection, il m'a confié que ces larmes étaient très saines et que le Royaume des Cieux appartient aux enfants. Il m'a également demandé comment se passait la "gale".

La série de contacts s'est poursuivie : anniversaires, remerciements pour l'envoi d'un livre. Une fois, il a même voulu savoir si j'avais le numéro de téléphone d'un ami commun. Une histoire d'amitié typique. En pensant à ces appels, j'en suis arrivé à la conclusion que, à part le prélat et mes frères de l'Opus Dei qui habitent chez moi, et ma famille en Argentine, seul François partageait ma préoccupation pour ma mère, ma dermatite, la douleur de la mort d'un ami et la joie d'un anniversaire. Beaucoup étaient présents dans l'une ou l'autre de ces circonstances, mais lui seul était présent dans toutes. Et, évidemment, il n'était pas le moins occupé de mes amis. 

Si je suis encouragé à raconter ces choses, c'est parce que je suis conscient que mon cas n'est en aucun cas unique. Des heures et des heures de son pontificat - de sa vie - ont été consacrées à ce genre de gestes et de conversations, à la proximité et à l'amitié. Dans les moments difficiles et dans les moments joyeux, toujours avec bonne humeur et confiance dans la prière. En ce moment de douleur, la mémoire du pape est celle d'un ami qui était dans tous les cas, qui a vécu avec moi ce qu'il a prêché dans le monde entier.

Vatican

Valentina Alazraki : "J'ai pu suivre non seulement un pape, mais aussi un grand être humain".

La doyenne des professionnels de la communication du Vatican partage avec Omnes ses souvenirs personnels et professionnels avec le pape François. 

Maria José Atienza-23 avril 2025-Temps de lecture : 12 minutes

Avec plus de 50 ans de couverture de l'actualité depuis l'épicentre de la chrétienté, la chaîne mexicaine Valentina Alazraki est l'un de ces noms inextricablement liés au métier de vaticaniste. Il travaille depuis 1974 pour Televisa, la principale chaîne de télévision mexicaine, et a vécu - et compté - quatre conclaves et plus de 160 voyages papaux. 

Sa proximité et son amitié avec Saint Jean Paul II Le livre a produit certains des titres les plus personnels sur le pape polonais, tels que "La lumière éternelle de Jean-Paul II". 

Lorsque François a été élu à la chaire de Pierre, Mme Alazraki était déjà la doyenne des journalistes couvrant le Vatican. Une position et un parcours qui ont fait d'elle l'une des communicatrices les plus proches du pape. 

Sa relation avec le pape François est allée au-delà d'une connaissance professionnelle, comme elle le raconte dans cet entretien pour Omnes, elle a entretenu une correspondance particulièrement importante avec le pontife et chérit ces lettres comme un signe de la qualité humaine et de la proximité du pape argentin. 

Vous êtes l'un des professionnels de la communication qui a le plus connu et traité avec le pape François. Quel a été le premier contact étroit que vous avez eu avec le pape ?

-Lorsque le pape François a été élu, j'ai eu l'immense privilège d'être la doyenne des journalistes. C'est pourquoi le porte-parole du Vatican de l'époque, le père Federico Lombardi, m'a demandé d'accueillir le pape François à l'occasion de son premier voyage international au Brésil. Je l'ai fait à l'aller.

Sur un ton absolument pas professionnel - ce qui est, disons, ma façon d'être - j'ai dit au pape François que nous étions ses compagnons de voyage, que nous aimerions qu'il nous considère ainsi, que nous savions très bien que les journalistes n'étaient pas des "saints de sa dévotion" : lorsqu'il était archevêque en Argentine, il n'accordait pas d'interviews, etc. Mais je lui ai aussi dit "Vous pensez sans doute que vous êtes venus ici dans notre cabane, qui est une sorte de cage aux lions. Mais ce n'est pas la vérité. Nous ne mordons pas, nous ne sommes pas des méchants. Nous voulons que vous nous considériez comme des compagnons de voyage et, évidemment, nous sommes des journalistes, donc nous aimerions que vous répondiez à nos questions à un moment ou à un autre". 

Le pape François a répondu sur le même ton, très calme, très délié, très spontané, disant qu'effectivement, il n'était pas à l'aise avec la presse, qu'il sentait qu'il ne savait pas donner des interviews, mais qu'il ferait un effort et qu'à son retour du Brésil à Rome, il répondrait à quelques questions. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque, à son retour, le pape donna sa première conférence de presse et se révéla être un extraordinaire communicateur. C'était comme s'il avait été toute sa vie au milieu des journalistes. Ce fut le premier contact avec le pape François.

Évidemment, le fait que ce soit moi qui l'ai accueilli m'a "placé", pour ainsi dire, auprès du pape François. À partir de ce moment-là, j'ai été "le doyen", compte tenu du fait que je suis mexicain, que nous parlons la même langue et que cela a facilité le début de cette relation. 

Ce qui a vraiment attiré mon attention, lors de ce voyage aller, c'est le fait que le pape François - bien qu'il n'ait pas répondu à nos questions, parce qu'il a décidé de le faire sur le chemin du retour, et c'était une nouveauté par rapport au pape Jean-Paul II et au pape François - n'a pas répondu à nos questions, parce qu'il a décidé de le faire sur le chemin du retour, et c'était une nouveauté par rapport au pape Jean-Paul II et au pape François. Benoît XVI-Il voulait nous saluer un par un. Il est resté à l'entrée de la cabine et nous sommes passés, l'un après l'autre, pour le saluer. Je me souviens qu'à cette occasion, le père Lombardi a dit au pape François que j'étais au Vatican depuis de très nombreuses années (40 ans à l'époque). Le pape François a alors fait une plaisanterie en disant que si, après 40 ans au Vatican, je n'avais toujours pas perdu la foi, il ouvrirait ma cause de béatification. 

Ce que je retiens surtout de ce premier voyage, c'est la proximité, la simplicité, l'humanité du Pape François qui a voulu nous voir comme des compagnons de route et qui a voulu passer un moment avec chacun d'entre nous pour que nous puissions nous présenter, dire d'où nous venions, de quel milieu nous étions. C'était son premier contact avec nous. 

De l'archevêque qui ne donnait pas d'interviews à l'homme convoité par la presse, comment s'est poursuivie la relation du pape avec la presse ?

-Je pense que cette première rencontre a ouvert une très belle voie de rapprochement entre le Pape et la presse car, à partir de ce jour, dans tous ses voyages, à l'aller comme au retour, le Pape tenait à nous saluer. 

A plusieurs reprises, il se promenait dans la cabane et permettait à chacun de lui parler un peu. C'était très rapide, mais, évidemment, chacun pouvait lui dire quelque chose, lui offrir un cadeau, voire lui poser une question, etc. selfiedemander une bénédiction pour une personne malade à l'aide d'une photographie, même un petit enregistrement.

L'idée était que ce contact avec le Pape François ne serait pas journalistique, c'est-à-dire que nous n'aurions pas à poser de questions, car les questions étaient posées sur le chemin du retour. Évidemment, il y a toujours quelqu'un qui "pose à moitié" une question, en théorie non ouvertement journalistique, mais dont les réponses peuvent devenir des nouvelles. Lorsque le Pape quittait notre cabine, la coutume était d'échanger des informations : ce qu'il vous a dit, ce que vous lui avez donné...Des détails qui ont également ajouté un peu de couleur au premier jour du voyage. 

... Je me souviens de beaucoup de choses, n'est-ce pas ?

-Il y a beaucoup de moments dont je me souviens avec beaucoup de tendresse. Par exemple, en 2015, j'ai eu 60 ans et nous revenions d'un voyage, des Philippines, je crois me souvenir. Le pape François m'a fait la surprise de m'offrir un gâteau, même avec une bougie, il n'a mis qu'un zéro, pour ne pas dire que j'avais 60 ans. Il est venu personnellement m'offrir le gâteau et, avec un grand sens de l'humour, il n'a pas mentionné mon âge, mais il a dit que j'étais venue au Vatican quand j'étais une très jeune fille, de bambina. Ce fut un moment très agréable, car nous savons que le pape François ne chante pas, mais il a également chanté "Joyeux anniversaire". C'était quelque chose qui n'était jamais arrivé auparavant dans un avion papal et la vérité est que pour moi, c'était un geste incroyable parce que, en plus du gâteau, il m'a donné une très belle crèche en céramique blanche, stylisée, moderne, que je garde avec moi et que je mets évidemment à chaque Noël. Je la chéris, parce qu'elle est sortie des mains du pape.

Valentina Alazraki gonfle les voiles sur le vol de retour des Philippines

En d'autres circonstances, il a également célébré mon 150e voyage papal et, plus récemment, mon 160e voyage papal, à mon retour d'un long voyage en Asie.

Il a toujours eu des gestes très affectueux, des gestes très gentils, qui pour moi, évidemment, représentent un immense trésor. Il y a eu des circonstances où, pour une raison ou une autre, je n'ai pas fait un voyage et le pape François, au début de ce voyage, a dit : "Nous sommes très désolés de l'absence de notre doyen". Toujours des mots d'affection, des gestes voulant me montrer cette affection.

Je pense que, s'agissant d'une relation entre un pape et un journaliste, c'est quelque chose de très beau et de très précieux. Évidemment, le pape a fait des gestes de ce genre avec d'autres collègues, mais dans mon cas, ayant été doyenne, il est peut-être allé un peu plus loin, comme, par exemple, en me remettant la décoration de l'ordre de Piana, qui est la plus haute décoration qu'un pape donne à un laïc, et je crois qu'elle n'a jamais été donnée à une femme auparavant. J'ai vécu cette décoration comme une reconnaissance du pape François à l'égard de tous les journalistes qui couvrent la source vaticane jour après jour, ce qui n'est évidemment pas un travail facile, car il comporte de nombreux aspects et exige des connaissances, de la préparation, de la prudence, du respect et de l'éthique.

Vous avez parlé des détails du pape François avec vous. Quels sont les moments avec le pape qui ont eu le plus d'impact sur vous sur le plan personnel et professionnel ? 

-Le souvenir le plus cher que je garde du pape François est la correspondance que nous avons échangée et dont je n'ai jamais parlé pendant son pontificat. Très tôt dans son pontificat, j'ai commencé à lui écrire des lettres de manière très personnelle, avec un contenu très personnel, dans lesquelles j'ai aussi, petit à petit, commencé à lui demander une interview, une réponse... Je me souviens, par exemple, d'une lettre concernant la possibilité que le pape François se rende dans mon pays, le Mexique.

Mais le plus extraordinaire dans tout cela, c'est que le Pape François a toujours répondu à mes lettres dans sa propre écriture, une écriture très petite, - j'avoue que parfois j'avais presque besoin d'une loupe pour pouvoir identifier l'écriture du Pape.

Il y a aussi eu des appels téléphoniques qui m'ont beaucoup surpris parce qu'il y avait un numéro caché, que je ne pouvais pas identifier, et je n'aurais jamais pu imaginer qu'ils venaient du Pape.

Je me souviens aussi d'une chose très agréable : je n'ai pas fait de voyage au Liban et, à mon retour, le pape François m'a envoyé une belle boîte de dattes, parce que je n'avais pas fait ce voyage.

Pour moi, ces lettres dont je n'ai jamais parlé (et dont je ne dirai jamais le contenu) et ces appels téléphoniques me parlent d'un pape à très forte valeur humaine, de sa proximité, d'une simplicité qu'on n'imagine pas chez un pape qui appelle au téléphone.

J'ai également été impressionné par les moments où nous avons organisé une interview. C'est à moi qu'il a accordé sa première interview télévisée et nous en avons eu quatre au cours de son pontificat. La vérité est un énorme privilège, car aucun autre média n'a eu autant d'interviews avec le pape François. Nous les avons organisées pratiquement par téléphone. Je "voyais" presque, j'imaginais le pape à l'autre bout du fil, avec son agenda, son crayon ou son stylo à la main... Il me demandait "quand voulez-vous venir ?" Et dans ma tête, je disais "comment est-il possible que le pape vous demande quand vous voulez venir ? Je veux dire, c'est lui qui doit prendre le rendez-vous". Et je répondais toujours : "Pape François, quand tu le diras, quand tu pourras, quand tu voudras"..., et il me donnait la date, l'heure. Je l'imaginais en train d'écrire la date et l'heure dans son agenda. 

Je crois que ces détails sont inédits et parlent clairement de cette personnalité extraordinairement humaine, accessible et simple. Un pape qui, en ce sens, se débrouillait un peu tout seul. Ses secrétaires l'aidaient évidemment pour mille choses, mais il y a eu des choses qu'il a voulu gérer seul, disons-le. Il me l'a expliqué un jour : pour lui, c'était comme jouir de la liberté, c'est pour cela qu'il vivait à Santa Marta. Lors d'une interview, il m'a dit qu'il n'était pas allé au Palais apostolique pour des "raisons psychiatriques", parce qu'il disait qu'il ne voulait pas être seul, comme dans un entonnoir, qu'il voulait être au milieu des gens. Cette liberté d'écrire, de répondre aux lettres, de téléphoner, c'était comme "marcher dans les rues d'Argentine". À Buenos Aires, il marchait beaucoup, il se déplaçait dans la ville en métro, en bus, il marchait ..... Cette liberté d'avoir un agenda personnel - qu'il gérait surtout l'après-midi à Santa Marta - lui a donné l'idée de la liberté. Il ne pouvait pas sortir de là, mais cet agenda personnel, je pense qu'il lui donnait de l'oxygène.

Ceux d'entre nous qui ont eu l'occasion d'échanger des lettres ou des appels téléphoniques considèrent cela comme un énorme trésor. Parce que le pape, dans ces lettres, écrivait avec une affection extraordinaire, avec une sensibilité, toujours attentif à ce que l'on pouvait lui dire, s'il y avait une situation complexe au niveau de la famille, de la santé ou du travail... Le pape répondait au diapason, c'est-à-dire sur ces sujets et en offrant toujours son aide et ses prières... Pour moi, c'est un héritage extraordinaire.

Avez-vous des anecdotes particulièrement marquantes dont vous aimez vous souvenir avec le pape ?

-Tout comme le pape François a fêté mon anniversaire dans l'avion avec un gâteau, j'ai fêté son anniversaire avec un gâteau en forme de chapeau de charro. Il s'agissait évidemment d'un "bon vœu" pour que le pape François visite mon pays, le Mexique. Je le lui ai apporté au début de l'audience générale sur la place Saint-Pierre.  

Depuis les derniers moments, par exemple, lorsque nous sommes revenus du dernier voyage que nous avons fait avec le pape François en Corse, son anniversaire allait avoir lieu le lendemain et je lui ai offert un gâteau, qu'un boulanger avait fait très joliment, avec un carnet et un stylo portant le nom de l'Association des journalistes accrédités au Vatican, dont je suis actuellement le président. Et le pape a apprécié. 

Comme le pape Jean-Paul II et le pape Benoît XVI, c'est à mon tour d'offrir au pape François un chapeau charro. Je l'ai toujours fait à l'occasion des voyages des pontifes au Mexique. Par chance, tous les trois ont visité mon pays - Jean-Paul II à cinq reprises - et je ne pouvais pas manquer un chapeau charro, que j'ai offert au pape dans l'avion en route vers le Mexique.

Comment le pape a-t-il été perçu dans un contexte de communication polarisé ?

-Sur le plan professionnel, couvrir le pape François a été une expérience extraordinaire mais complexe. Pour une raison : la façon proche, directe et spontanée dont le pape François s'exprime peut poser problème aux communicateurs qui ne sont pas bien préparés ou qui manquent de sens des responsabilités ou d'éthique. 

Je m'explique : en parlant de manière aussi familière et en coïncidant avec l'essor des réseaux sociaux - qui est l'ère qui a touché le pape François - j'ai parfois regretté qu'il y ait des phrases du pape, très spontanées, qui entrent ensuite dans les réseaux et deviennent virales, sans aucune contextualisation. 

Je considère qu'être vaticaniste aujourd'hui, comme c'est mon cas, est beaucoup plus complexe et compliqué qu'il y a 40 ou 50 ans. Parce qu'il y a 40 ou 50 ans, on avait tout le temps de vérifier l'information, de corroborer toutes les sources et de s'assurer qu'une nouvelle était bien réelle. Aujourd'hui, parce que tout est si immédiat, tout devient viral en une seconde, dans la jungle des réseaux sociaux, et il y a un danger de mettre sur les réseaux des phrases ou des opinions du pape François qui ne correspondent pas à la vérité, dans le sens où elles ne correspondent pas à ce qu'il a dit ou voulu dire, parce qu'il manque le contexte. Je pense que c'est très grave car cela peut créer beaucoup de confusion. 

J'ai essayé de replacer les propos du pape François - lorsqu'il les a prononcés de manière très familière - toujours dans leur contexte afin qu'ils soient réellement compris : pourquoi le pape les a prononcés, comment il les a prononcés et pourquoi il a utilisé certaines expressions qui font parfois partie d'un dialecte porteño, avec des mots qui sont très typiques de lui, de la manière dont il parlait en Argentine. 

Je pense que, de ce point de vue, il faut beaucoup d'éthique et beaucoup de sens des responsabilités. Dans un monde aussi polarisé, je pense que le pape François a également été l'objet et la victime de cette polarisation. 

Le pape François avait des priorités qui, souvent, ne coïncidaient pas avec celles des grands groupes de pouvoir - qui sont aussi ceux qui dirigent de nombreux médias. Il en résulte une confrontation, parfois agressive, de la part de certains médias, à propos de certaines positions du pape, qui peuvent être inhérentes à l'aspect social, comme toute la question de la migration, par exemple, le choix pour les plus défavorisés, la proximité avec les personnes les plus démunies, ou certaines ouvertures du pape qui vont dans le sens d'une grande tolérance, d'une grande miséricorde, mais qui sont également perçues par certains groupes presque comme une trahison de la doctrine. 

Je pense que ces années ont été complexes, sur le plan professionnel, en ce sens. Dans l'une des interviews, j'ai demandé au pape François s'il était conscient du risque qu'il courait en s'exprimant de manière aussi spontanée. Le pape m'a répondu que oui, il était conscient de ce risque, mais qu'il pensait que c'était ce que les gens aimaient, qu'il était si spontané, si direct, si proche, avec un langage si clair que tout le monde pouvait comprendre, et qu'il préférait courir le risque d'être parfois mal interprété ou mal compris. 

C'était une partie du travail. L'autre partie était vraiment extraordinaire, car nous suivions non seulement un pape, mais aussi un grand être humain. Il y a des images inoubliables, comme, par exemple, le premier voyage du pape à Lampedusa, lorsqu'il était devant la mer Méditerranée, qui pour lui est devenue un cimetière, et qu'il a jeté cette couronne de fleurs en pensant à tous les migrants qui meurent ; ou lorsque nous l'avons vu, tout seul, sous la pluie, sur la place Saint-Pierre pendant la pandémie, demandant la fin de cette catastrophe pour le monde. C'était extraordinaire de voir la façon dont le pape a pu toucher tant de gens. Ces images du pape François avec les malades, avec les migrants, dans les camps de réfugiés, dans les prisons, sont vraiment inoubliables.

Image du documentaire "Francesco" d'Evgeny Afineevsky dans lequel il est interviewé par Valentona Alazraki (CNS screenshot/Noticieros Televisa via YouTube).

Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase. Vous avez été à l'épicentre de l'information pendant plusieurs pontificats. Comment vivez-vous des moments aussi intenses qu'un conclave, un synode ? 

-Vivre un conclave est une expérience professionnelle vraiment impressionnante. Mon premier conclave a eu lieu après la mort du pape Paul VI. Je débutais dans cette carrière, j'étais très jeune, et je me souviens de l'excitation d'être sur la place Saint-Pierre, à attendre la fameuse fumée. Dans le cas de Jean-Paul Ier, je me souviens que j'étais sur la place avec mon caméraman, un homme qui avait beaucoup d'expérience, qui avait fait des guerres, beaucoup de reportages. Dans l'après-midi, une fumée grise a commencé à s'élever et il m'a dit : "Je m'en vais parce que la fumée est grise, à demain" ; et comme lui, beaucoup, beaucoup d'équipes sont parties. Je n'avais aucune expérience, j'avais 23 ans et j'étais complètement novice, mais quand j'ai vu la fumée grise, j'ai pensé que le gris n'était ni noir ni blanc. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, soudain, alors que les positions des commentateurs du Vatican étaient à moitié vides sur la place, la fumée blanche s'est définie et, en effet, l'élection du pape Jean-Paul Ier a été annoncée. J'ai trouvé un caméraman italien que je connaissais et je lui ai demandé l'énorme faveur de me filmer au moment où le Pape allait sortir sur le balcon pour la première fois. J'en garde un souvenir très fort, très fort, parce que cela a été une grande leçon : en tant que journaliste, il ne faut jamais quitter la scène. 

La suivante a été l'élection de Jean-Paul II, puis, après la mort de ce dernier, l'élection du pape Benoît XVI. Tous ces moments ont été d'une intensité à couper le souffle. 

Peut-être qu'au niveau professionnel, le moment le plus difficile est celui où l'on doit annoncer la mort d'un pape. Dans le cas de Jean-Paul II, nous avons vécu pendant des jours, des semaines, avec l'angoisse de "perdre" cette nouvelle, parce que le pape était très malade : nous ne savions pas quand il allait mourir. En termes de nouvelles, c'est un moment très fort, mais évidemment le conclave est une autre histoire, parce que vous attendez de connaître le nom du nouveau pape. Et il y a toujours une grande émotion lorsqu'ils apparaissent au balcon et commencent à prononcer le nom du futur pape, parce que tout le monde essaie de comprendre s'il connaît ou non le cardinal qui a été élu comme nouveau pontife. Ce sont des moments d'une grande intensité.

Monde

Les institutions ecclésiastiques apprécient le "témoignage de charité, de miséricorde et de foi" du pape François.

Diverses congrégations religieuses, ainsi que des mouvements et associations de fidèles et des prélatures ont exprimé leur douleur à la suite du décès du Pape, en soulignant le témoignage qu'il laisse aux fidèles.

Rédaction Omnes-22 avril 2025-Temps de lecture : 3 minutes

Les différentes institutions de l'Eglise ont exprimé leur tristesse pour la mort de l'homme. Pape François un appel unanime à la prière et à l'action de grâce à Dieu pour l'exemple du pape argentin.

Témoignage et remerciements

"Notre peine s'accompagne d'une gratitude émue pour le témoignage de foi inlassable que le pape François a donné au monde jusqu'à son dernier jour", a-t-il déclaré. Davide ProsperiPrésident de la Fraternité de communion et de libérationLe pape François a également rappelé la "grande estime et l'attention pour notre mouvement" manifestées par le pape et sa volonté de poursuivre le "chemin qu'il nous a indiqué, afin que le mouvement soit toujours fidèle au don de l'Esprit pour servir la gloire du Christ". 

Le prélat de la Opus DeiFernando Ocáriz a également voulu souligner l'exemple du défunt pontife qui "nous a exhortés à accueillir et à expérimenter la miséricorde de Dieu, qui ne se lasse pas de nous pardonner ; et, d'autre part, à être miséricordieux envers les autres, comme il l'a fait inlassablement avec tant de gestes de tendresse qui sont une partie centrale de son magistère de témoignage".

Également dans la Le Chemin néocatéchuménal Ils ont rappelé son "témoignage de don total de soi pour témoigner de l'amour de Dieu pour toute créature" et ont souligné leur gratitude envers le Seigneur, "pour nous avoir donné un pasteur zélé, qui a porté l'Évangile jusqu'aux confins de l'Église, se donnant lui-même pour montrer la proximité et l'amour de Dieu pour tous, en particulier pour les plus pauvres et les plus abandonnés dans leur corps et dans leur esprit". 

C'est cette même gratitude qu'il a voulu souligner Margaret Karram, présidente du mouvement des Focolari qui souligne qu'"avec toute l'Église, nous le remettons à Dieu, pleins de gratitude pour l'extraordinaire exemple et le don d'amour qu'il a représenté pour toute personne et pour tous les peuples".

Karram, d'origine catholique palestinienne, a également tenu à souligner "l'amour et l'attention personnelle que le Pape m'a accordés, surtout face aux souffrances de mon peuple en Terre Sainte, ainsi que ma profonde gratitude pour m'avoir invité à participer au Synode sur la synodalité, où il a lui-même ouvert les portes à une Église synodale qui commence maintenant à faire ses premiers pas dans le monde entier".

Des femmes et des hommes religieux mettent en avant leur accompagnement spirituel

Dans la Union Internationale des Supérieurs Généraux a publié une déclaration remerciant le pape "pour ses conseils spirituels, qui ont renforcé toutes les communautés religieuses à travers le monde dans leur mission d'incarner les enseignements du Christ. Sa voix pour la paix, la justice, la compassion et la protection de l'environnement continuera à résonner dans nos cœurs et nos actions".

Dans la l'union des supérieurs masculinsLa vocation religieuse du Pape François lui a permis de les comprendre "à partir de sa propre expérience de vie consacrée, mais aussi de sa vie de supérieur, de pasteur dans la vie religieuse. Il nous a compris comme un homme qui avait expérimenté, sans doute aussi de manière douloureuse, combien il peut être difficile de conduire un troupeau de frères et de sœurs qui veulent répondre à l'appel à suivre le Christ de près pour naviguer avec Lui".

Ils ont également souligné qu'"il a aussi initié avec nous un processus de renouvellement de la mystique, d'un cheminement avec le Christ présent, dans l'amour avec Lui ; des processus dans lesquels la vie consacrée, comme toute la vie chrétienne, se renouvelle dans une amitié toujours plus intime et élargie avec Jésus". 

Adieu à ses confrères jésuites

Il convient de mentionner tout particulièrement le communiqué signé par Arturo Sosa, SJ, Supérieur général de la Compagnie de JésusL'ordre auquel appartenait le pape François. 

Dans une longue lettre, envoyée à tous les frères et aux personnes proches de la Société, Sosa a voulu souligner la douleur de la mort de "notre cher frère dans ce monde". minimal Compagnie de JésusJorge Mario Bergoglio. Nous y avons partagé le même charisme spirituel et le même style à la suite de Notre Seigneur Jésus-Christ.

En ce sens, M. Sosa a souligné que le pape François "a su guider l'Église durant son pontificat, en communion et en continuité avec ses prédécesseurs, dans l'effort de mise en pratique de l'esprit et des orientations du concile œcuménique Vatican II".

Le supérieur jésuite a également rappelé que "lorsqu'il s'adressait à nous, ses frères jésuites, il insistait toujours sur la priorité de réserver un espace suffisant dans notre vie-mission pour la prière et le soin de notre expérience spirituelle" et a rappelé les mots du défunt pape lorsqu'il a décrit les membres de la Compagnie comme "...les jésuites qui sont membres de la Compagnie de Jésus...".serviteurs de la joie de l'Evangile". dans quelque mission que ce soit. De cette joie", poursuit Sosa, "découle notre obéissance à la volonté de Dieu, à l'envoi au service de la mission de l'Église et à nos apostolats". 

Vatican

Les funérailles du pape François auront lieu le samedi 26 avril.

À partir du mercredi 23 avril, les fidèles pourront faire leurs adieux au pape François, dont le corps sera exposé dans la basilique Saint-Pierre jusqu'à ses funérailles, qui seront présidées par le doyen du collège des cardinaux le samedi 26 à dix heures du matin.

Rédaction Omnes-22 avril 2025-Temps de lecture : < 1 minute

Le mercredi 23 avril, deux jours après l'ouverture de la conférence de presse de l décès Les fidèles pourront faire leurs adieux au pape François à partir de 9 heures dans la basilique Saint-Pierre, où sa dépouille sera exposée jusqu'à ses funérailles. funéraillesqui sera présidée par le doyen du Collège des cardinaux, Giovanni Battista Re, le samedi 26 à 10 heures du matin, également dans la basilique.

Après ses funérailles, le pape reposera à Santa Maria Maggiore, comme il l'a laissé par écrit dans sa lettre d'intention. volonté. Sa dalle sera au niveau du sol et sera très simple, avec seulement l'inscription "Franciscus".

Quant au Conclave et au début des Chapitres généraux, la date n'est pas encore claire, car tous les cardinaux sont encore en train d'arriver à Rome.

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L'appel prophétique du pape François à abolir la gestation pour autrui

Au cours de son pontificat, et plus particulièrement ces dernières années, le pape François s'est exprimé sur la grave violation des droits de l'homme que constitue la maternité de substitution.

22 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Ce mois-ci marque le premier anniversaire de la déclaration Dignitas Infinitaspublié le 8 avril 2024. Ce document contient les paroles prophétiques du Saint-Père au corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège le 8 janvier 2024: "Je considère déplorable la pratique de la gestation pour autrui, qui porte gravement atteinte à la dignité de la femme et de l'enfant ; elle est fondée sur l'exploitation de la situation de besoin matériel de la mère. Un enfant est toujours un don et ne fait jamais l'objet d'un contrat. J'appelle donc la communauté internationale à s'engager en faveur d'une interdiction universelle de cette pratique.". 

Quelques jours avant ce discours, le Pape François a reçu une lettre de Olivia Maurelféministe franco-américaine de 33 ans, née en France, est née par la maternité de substitution. Il s'agit d'une lettre très personnelle, dans laquelle elle raconte son histoire et invite le souverain pontife à soutenir la cause de l'abolition universelle de la maternité de substitution, promue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Déclaration de Casablancadont Olivia est la porte-parole. 

J'ai eu l'immense privilège d'accompagner Olivia, ainsi que son mari Matthias, Sofia Maruri et Vincenzo Bassi, promoteurs du Congrès sur l'abolition universelle de la peine de mort. maternité de substitution Le Pape était présent lors de cette inoubliable audience privée qui s'est tenue à Rome à l'époque.

Francis a écouté Olivia Olivia est athée, mais elle a voulu lui faire part de ses préoccupations. Le pape lui a exprimé son soutien et l'a encouragée à continuer, en lui rappelant l'importance de la bonne humeur, une alliée qui, comme il l'a dit, ne nous accompagne pas toujours dans les dures batailles pour protéger la dignité humaine. 

L'appel du pape a un caractère prophétique : il indique un horizon possible, comme tant d'autres défis que l'humanité a dû relever au cours de son histoire. La tâche n'est pas facile, mais certains fruits commencent déjà à apparaître.

Quelques jours après la rencontre avec le Saint-Père, le Parlement européen a reconnu l'exploitation dans le cadre de l'accord de coopération entre l'Union européenne et l'Union européenne. maternité de substitution comme une forme de traite des personnes.

Quelques mois plus tard, l'Italie a adopté une nouvelle loi qui érige en infraction la pratique de l'alcoolisme et de la toxicomanie. maternité de substitution même lorsqu'elle a lieu à l'étranger.

L'année 2025 sera également marquée par la présentation d'un rapport par Reem Alsalem, rapporteur spécial des Nations unies sur la violence à l'égard des femmes, qui se concentrera sur les violations des droits de l'homme commises sur le marché de la maternité de substitution.

L'auteurBernard Garcia Larrain

Docteur en droit. Directeur exécutif de la Déclaration de Casablanca.

Dernier voyage du pape François dans la "papamobile

Le 20 avril 2025, le pape François s'est avancé sur la place Saint-Pierre bondée comme un torero s'avance vers la plus grande des tâches, celle de faire ses adieux à son peuple le dimanche de Pâques.

22 avril 2025-Temps de lecture : 2 minutes

Le 20 avril, non pas en 1990 mais en 2025, c'était un jour de printemps sans pluie à Rome, comme si la nature savait déjà que c'était son dernier jour sur terre. Le pape François s'est rendu sur la place Saint-Pierre bondée comme un torero s'apprête à accomplir la plus grande des tâches, celle de faire ses adieux à son peuple le dimanche de Pâques. Avec l'engagement, le courage et le dévouement des géants qui font tout par amour jusqu'à leur dernier souffle.

Avec l'intuition que c'était la dernière fois que nous voyions François, nous nous sommes approchés de la "barrière", pour le voir passer dans la papamobile à travers les couloirs de barrières de la place Saint-Pierre, au milieu de son public. Auparavant, avant la bénédiction "urbi et orbi", il avait adressé ses derniers mots à tous avec une certaine clarté : "Chers frères et sœurs, joyeuses Pâques !

L'adieu

À ce moment-là, le groupe de pèlerins de Madrid, pèlerins gagnants du Jubilé, a pris conscience que nous étions la chrétienté qui contemplait ses adieux, car il allait bientôt partir dans la "papamobile" pour l'au-delà. C'est pourquoi nous nous sommes lancés, sachant que nous lui rendions une partie de ce qu'il nous avait donné, que nous savourions le moment historique que nous vivions et que nous assumions la responsabilité de ceux qui ont quelque chose à raconter.

Le lendemain matin, nous avons reçu la nouvelle de leur la mortQuelques heures plus tard, à la messe à Santa Maria de la Paz, dans l'église prélatice de l'Opus Dei, sur la tombe de saint Josémaria à Rome, avant de partir pour Madrid. Et là, nous avons demandé à ce saint, fidèle au pontife romain, de le remettre à sa juste place, pour le conclave et pour le prochain pape.

Les funérailles du pape François

L'un des pèlerins a partagé avec le groupe les mots du livre "Espérance", l'autobiographie du pape François, dans lequel il explique comment il a voulu que ce moment se déroule :

"Lorsque je mourrai, je ne serai pas enterré à Saint-Pierre, mais à Sainte-Marie-Majeure : le Vatican est la maison de mon dernier service, pas la maison de l'éternité. Je serai dans la salle où sont conservés les candélabres, près de cette Reine de la Paix à qui j'ai toujours demandé de l'aide et qui m'a embrassé plus de cent fois au cours de mon pontificat. Il m'a été confirmé que tout était prêt.

Le rituel funéraire était trop pompeux et j'ai parlé au maître de cérémonie pour l'alléger : pas de catafalque, pas de cérémonie de fermeture du cercueil. Avec dignité, mais comme tout chrétien. Bien que je sache qu'Il m'en a déjà accordé beaucoup, je n'ai demandé au Seigneur qu'une seule grâce supplémentaire : prenez soin de moi, quand vous le voulez, mais, comme Vous le savez, j'ai plutôt peur de la douleur physique... Alors, s'il vous plaît, ne me faites pas trop mal.

L'auteurÁlvaro Gil Ruiz

Professeur et collaborateur régulier de Vozpópuli.

Vatican

Les nouvelles règles pour les funérailles d'un pape

En décembre 2024, le Vatican a dévoilé la nouvelle édition de l'"Ordo Exsequiarum Romani Pontificis", le livre liturgique qui régit les funérailles du pontife romain de l'Église catholique. Benoît XVI avait déjà fait des adieux simples, comme il le souhaitait, et le pape François a encore simplifié le rituel.  

Francisco Otamendi-22 avril 2025-Temps de lecture : 5 minutes

Peut-être parce qu'il allait avoir 88 ans le 17 décembre, ou parce qu'il ne se sentait pas bien, ou pour d'autres raisons, le pape François pensait depuis un certain temps qu'il voulait des funérailles encore plus simples que celles de Benoît XVI, qui réduisaient les règles existantes et cherchaient également des funérailles plus simples que celles qu'il avait organisées pour Benoît XVI. un simple adieu.

Comme on s'en souvient, la dépouille du pape émérite Benoît XVI a été exposée du 31 décembre au 2 janvier au monastère Mater Ecclesiae et, mardi à 9 heures, son corps a été exposé pour la visite des fidèles dans la basilique Saint-Pierre. 

Dès le jeudi 5, dans l'atrium de la basilique Saint-Pierre, le Saint-Père François a présidé la messe de funérailles du défunt pape émérite. C'est la première fois dans l'histoire qu'un souverain pontife préside les funérailles de son prédécesseur immédiat, pour lequel il a été élu. a demandé des prières avant son décès.

Un pasteur, pas une puissance mondiale

Le pape François a voulu un rite qui souligne que "les funérailles du pontife romain sont celles d'un berger et d'un disciple du Christ, et non celles d'un puissant de ce monde", a expliqué Mgr Diego Ravelli, maître des célébrations liturgiques des pontifes.

En outre, le Pape a appelé, comme il l'a déclaré à plusieurs reprises, à " [...]simplifier et adapter certains rites pour que la célébration des funérailles de l'évêque de Rome exprime mieux la foi de l'Église dans le Christ ressuscité", a ajouté l'archevêque, selon l'agence de presse officielle du Vatican.

Nouvelles règles pour les funérailles d'un pape

Et à la fin de l'année, le Saint-Siège a rendu publiques les nouvelles règles de la ''.Ordo Exsequiarum Romani Pontificis".Le livre liturgique qui régit les rituels des funérailles du pasteur de l'Église catholique.

Le livre liturgique a été présenté comme une nouvelle édition du précédent, l'édition typique de l'"Ordo Exsequiarum Romani Pontificis" approuvé en 1998 par saint Jean-Paul II et publié en 2000, qui a été utilisé pour les funérailles du même souverain pontife en 2005 et, avec des adaptations, pour celles du pape émérite Benoît XVI en 2023. 

Les modifications concernent les "trois stations", c'est-à-dire la maison du pape défunt, où il meurt, les funérailles à Saint-Pierre et le transfert du cercueil dans la tombe, l'enterrement. 

Parmi les nouveautés introduites, comme le rapporte Vatican News, figurent la confirmation du décès non plus dans la chambre du défunt mais dans la chapelle, la déposition immédiate à l'intérieur du cercueil, l'exposition du corps du pape à l'intérieur du cercueil ouvert pour la vénération des fidèles, et l'élimination des trois cercueils traditionnels faits de cyprès, de plomb et de chêne. 

Le cardinal Camerlengo et les trois "stations" classiques.

Dans l'Église catholique, c'est au cardinal Camerlengo qu'il revient de certifier le décès d'un pape, après avis médical, et de diriger l'Église lorsque le siège est vacant pour cause de décès ou de démission. Il s'agit actuellement du cardinal Kevin Farrell.

Comme nous l'avons dit, le nouvel Ordo maintient les trois "stations" classiques : le domicile du défunt, la basilique vaticane et le lieu de sépulture, bien que Mgr Ravelli ait souligné que "la structure interne des "stations" et des textes a été revue à la lumière de l'expérience acquise avec les rites funéraires de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI, des sensibilités théologiques et ecclésiales actuelles, et des livres liturgiques récemment renouvelés".

À Santa María la Mayor

Les indications nécessaires "pour une éventuelle inhumation dans un lieu autre que la basilique vaticane" doivent être mentionnées ici : cela répond à la question suivante au désir anticipé Le pape François sera enterré dans la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome.

Dans cette basilique se trouve l'icône de la Vierge "Salus Populi Romani", patronne de Rome, à laquelle le pontife romain se rendait toujours pour prier avant et après ses voyages apostoliques, et à laquelle il adressait également ses prières. s'est rendu à de prier avant d'être élu au siège de Pierre.

Simplification des titres pontificaux

L'une des nouveautés les plus significatives est la simplification des titres pontificaux : la terminologie utilisée dans la troisième édition du Missale Romanum (2008) a été conservée, à savoir les appellations Pope, Episcopus (Romæ) et Pastor, tandis que dans les prémisses générales et les rubriques, l'expression Romanus Pontifex a été choisie, conformément au titre du livre liturgique, a ajouté l'agence vaticane.

Dans la traduction italienne, le vocabulaire utilisé dans la deuxième édition du Rite de l'Eucharistie (2010) publiée par la Conférence épiscopale italienne a été repris, à partir duquel une grande partie de la terminologie de la version italienne du Rite a été mise à jour, en préférant par exemple le terme cercueil pour indiquer le corps déjà fermé dans le cercueil.

Quelques détails

En ce qui concerne les "stations", on peut répéter que l'expression "dans la maison du défunt" inclut les nouveautés que constitue la constatation du décès dans sa chapelle privée.

La deuxième station a été remodelée : le dépôt dans le cercueil ayant déjà eu lieu après la confirmation du décès, le cercueil est fermé la veille de la messe des funérailles, et un seul transfert à Saint-Pierre est prévu. Dans la basilique vaticane, le corps du pape défunt est placé directement sur le cercueil et "non plus sur un haut cercueil".

Enfin, la troisième station "au lieu d'inhumation" comprend le transfert du cercueil dans la tombe et l'inhumation, comme relaté ci-dessus.

Les "novendiales" : des messes du suffrage de 9 jours

Le quatrième et dernier chapitre du livre liturgique est consacré aux dispositions relatives aux "novendiales", les messes en suffrage du pape défunt célébrées pendant neuf jours consécutifs après la messe des funérailles. 

Quatre - et non plus trois - formulaires de prière sont inclus dans le rituel, car les prières offertes dans le Missale Romanum pour le pape défunt et pour l'évêque diocésain défunt ont été incluses. 

La nouvelle édition ne comprend pas l'appendice avec l'Ordinaire de la Messe, les recueils de psaumes pénitentiels et graduels et les chants de l'Ordinaire avec notation grégorienne. 

L'Ordo Exsequiarum Romani Pontificis", explique Mgr Ravelli, "n'est pas conçu comme un 'missel plénier', mais comme un Ordo au sens propre du terme, c'est-à-dire qu'il contient les indications rituelles, le développement des rites et les textes propres, mais se réfère pour tout le reste aux livres liturgiques en usage, c'est-à-dire le missel, le lectionnaire et le graduel".

Les funérailles du pape François

Le 21 avril 2025 à 20 heures, le Camerlengo de la Sainte Eglise Romaine a présidé le rite de la confirmation de la décès du pape François et la mise en bière. Selon le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, il est probable qu'à partir du mercredi 23 avril, les fidèles pourront se rendre à la basilique Saint-Pierre pour faire leurs adieux au pape.

Lors d'une réunion dans la matinée du mardi 22, les cardinaux décideront de la manière de procéder concrètement pour les funérailles du Saint-Père, alors que l'ensemble du Collège des cardinaux arrive progressivement à Rome pour participer au futur Conclave qui s'ouvrira dans 20 jours au plus tard.

L'auteurFrancisco Otamendi